X-Men
L'affiche du film
Titre original :
X-Men
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 14 juillet 2000
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Bryan Singer
Musique :
Michael Kamen
Durée :
104 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Alors que le monde se questionne sur la dangerosité des mutants, ces êtres aux pouvoirs parfois dévastateurs, une jeune fille désorientée et un homme au passé brisé font la rencontre de Charles Xavier, créateur d'une école pour "surdoués"...

La critique

rédigée par
Publiée le 13 juin 2016

S'il y a bien un film qui a lancé la grande vague des adaptations Marvel au cinéma dans les années 2000, c'est X-Men. Certes, Blade a préparé le terrain en 1998, et Spider-Man reçoit le succès escompté en 2002, mais sans les mutants en 2000, la notoriété des super-héros n'aurait jamais pu exister. Paradoxe suprême, la saga enchaine films réussis et navets absolus ; reçoit des accueils critiques soit très bons, soit glacials ; réalise des scores acceptables mais jamais extraordinaires et contient un nombre incroyable d'incohérences. Pourtant, la popularité des personnages ne s'est jamais démentie...
Un retour sur la toute première apparition des mutants au cinéma s’impose : X-Men, un film produit par la 20th Century Fox, et réalisé par Bryan Singer, loin d'être alors un pari gagné d'avance...

Au début du deuxième millénaire, le constat pour Marvel au cinéma est simple : c'est un échec cuisant !
Captain America a eu une adaptation en 1944 sous forme de sérial totalement désuète. Howard... Une Nouvelle Race de Héros en 1986 est considéré comme un nanar absolu (avant de devenir plus ou moins culte), et les quelques sorties au cinéma en France des téléfilms Spider-Man (L'Homme Araignée, La Riposte de l'Homme Araignée) ou Hulk (L'Incroyable Hulk, Hulk Revient) sont kitchs à souhait. Les essais en vidéo ne sont pas bien fameux non plus. Captain America en 1990, Punisher en 1991 et le risible The Fantastic Four en 1994. Reste au milieu de ce ridicule persistant, Blade, la première tentative sérieuse d'offrir une véritable crédibilité à un personnage Marvel.
Le constat est d'autant plus consternant qu'à côté, la Warner et DC Comics signent trois grands succès ancrés désormais dans l'inconscient collectif. Superman de Richard Donner en 1978 qui est une petite révolution dans le monde du cinéma et bien-sûr les deux superbes films gothiques Batman en 1989 et Batman, le Défi, en 1992 de Tim Burton. Et si les autres opus de la major déçoivent, (Superman II, Superman III, Superman IV, Batman Forever et Batman et Robin), ils permettent à DC Comics d'avoir une confortable présence à l'écran et de rendre encore plus iconiques ses deux premières stars, Superman et Batman. Le retard est énorme pour Marvel, qui souhaite à partir de 1990, changer la donne avec notamment l'adaptation du comics des X-Men... 

Les X-Men sont un groupe de super-héros, créé par Stan Lee et Jack Kirby, dont les premières aventures sont publiées dans le comic X-Men #1 édité par Marvel Comics en septembre 1963. En France, ils apparaissent en janvier 1970 dans le journal Strange #1 publié aux éditions Lug. Dans l'univers des X-Men, les mutations génétiques sont monnaie courante, octroyant de superpouvoirs à une part croissante de la population, qualités se dévoilant en général à l’adolescence. Afin de les aider à franchir ce moment difficile, sorte de coming-out qui ne dit pas son nom, le Professeur Charles Xavier crée ainsi une école spécialisée où ses élèves pas comme les autres se forment non seulement à maitriser leurs pouvoirs mais aussi à s’accepter eux-mêmes. Il leur apprend de la sorte à vivre en harmonie avec les humains dits « normaux » pour organiser ensemble un monde meilleur. Mais tous les mutants n'ont pas la chance d'être repérés suffisamment tôt et échappent alors à son programme éducatif. La plupart du temps rejetés par les leurs, ils s'égarent sur le chemin du mal et se forgent une véritable aversion contre la terre entière. Réunis autour du plus ou moins malfaisant mutant Magneto, ils n’ont pour but que d’affirmer leur prééminence sur l'Homme voulant réduire l’humanité en esclavage. Le comics aborde ainsi les thèmes complexes du rapport de l'homme à son évolution et de sa capacité à accepter les différences. Les mutants se répartissent ainsi en deux groupes : les élèves du Professeur Charles Xavier qui croient à l'avantage de la différence et aux bénéfices du métissage des capacités, contre les disciples de Magnéto, qui se considèrent comme l'incarnation de l'évolution ultime de l'homme et à ce titre, condamnent tous les stades "inférieurs" à disparaître, au motif qu'ils ralentissent l'émergence d'une nouvelle humanité...

Le projet cinématographique avec eux commence à naitre à la fin des années 80. Stan Lee, scénariste et créateur des X-Men, et Chris Claremont, dessinateur du comics pendant des années, approchent, en effet, James Cameron et le studio Carolco Pictures pour réaliser le film. Mais le réalisateur de Titanic est déjà occupé sur un autre projet : l'adaptation de Spider-Man ! (qui ne verra pas le jour avec Cameron mais avec Sam Raimi en 2002). Les discussions tombent donc à l'eau, définitivement noyées à la suite de la faillite de Carolco Pictures en 1995. Entre temps, Columbia Pictures se montre intéressé pour reprendre le bébé, mais c'est pourtant véritablement le succès de la série d'animation X-Men (produite par Avi Arad, le codirecteur de Marvel Entertainment, et diffusée sur Fox Kids) qui pousse 20th Century Fox à acquérir les droits d'exploitation cinématographique de l'univers des X-Men en 1994.
La machine est lancée ! La première tentative pour réaliser un film basé sur l'univers des X-Men remonte ainsi à 1996, avec Generation X, un téléfilm produit par la Fox.
La Major hollywoodienne vise pourtant le grand écran et plusieurs scénaristes se succèdent pour donner vie au film, dont Joss Whedon (futur réalisateur de Marvel's Avengers et sa suite) qui verra son scénario rejeté à l'exception de deux dialogues. Côté réalisation, le choix se porte d'abord sur Robert Rodriguez, qui décline l'offre. Le studio engage alors un jeune réalisateur peu connu mais prometteur, Bryan Singer.

Bryan Singer est un réalisateur américain né le 17 septembre 1965 à New York aux États-Unis. Il commence une formation de cinéaste à la School of Visual Arts de New York avant de rejoindre l'Université de Californie du Sud. Après quelques courts-métrages qu'il écrit et réalise, il produit son premier long-métrage, Ennemi Public, en 1993. Son film reçoit alors un accueil positif, et se voit récompensé dans de nombreux festivals.
Fort de ce premier succès, il continue sur sa lancée avec Usual Suspects, en 1995. Ce thriller au casting quatre étoiles offre vite au réalisateur une reconnaissance mondiale. Il reçoit tout de go une proposition par la Fox afin de réaliser X-Men... qu'il décline par deux fois avant de se raviser, ayant lu, entre temps, les différents comics consacrés aux mutants. Le projet est néanmoins retardé, Bryan Singer souhaitant avant tout terminer un autre de ses films, Un Élève Doué, qui sort en 1998.
Suite au succès d'X-Men en 2000, il réalise sa suite X-Men 2 en 2002, puis passe la main à Brett Ratner pour X-Men - L'Affrontement Final. Le réalisateur ne quitte pour autant pas le monde des super-héros, puisqu'il permet à l'Homme d'Acier de faire son grand retour dans Superman Returns en 2006, qui déçoit au point de ne pas connaitre de suite.
Bryan Singer change alors de genre et s'essaye au drame historique avec Walkyrie, puis à l'heroic-fantasy avec Jack, le Chasseur de Géants. L'après X-Men ne l'ayant pas trop réussi, il retourne vers les mutants en réalisant X-Men : Days of Future Past en 2014, et X-Men : Apocalypse en 2016...

À l'image de Sam Raimi sur Spider-Man ou Christopher Nolan sur Batman quelques années plus tard, Bryan Singer livre sa vision propre des X-Men. Grande trahison ou prise de risque artistique bienvenue, il n'en demeure pas moins qu'X-Men arrive à proposer quelque chose d'unique. Un "road-movie" de Malicia et d'un Wolverine adouci, faits de rencontres de personnages aux pouvoirs extraordinaires ; le tout sur un fond de message d'acceptation des différences et d'un duel au sommet entre deux mutants charismatiques, Charles Xavier et Erik Lershern.
X-Men par Bryan Singer, c'est la volonté de faire avant tout un film personnel. Impossible d'ailleurs de lui en vouloir : les codes du genre, au début des années 2000, ne sont pas encore établis. Tout est ici à créer et Bryan Singer, comme sans doute Tim Burton sur ses Batman, dispose d'une grande liberté artistique. 

L'histoire d'X-Men est ainsi facilement résumable. D'un côté, le professeur Charles Xavier, puissant télépathe et fondateur d'une école pour jeunes surdoués, croit que la coexistence entre mutants et humains est possible. En face, Magnéto, ancien détenu des camps de concentration, éprouve un ressentiment énorme contre les humains, en plus de sa capacité à contrôler toute forme de métal ! Et au milieu, se trouve un homme griffu un peu perdu accompagné d'une adolescente qui se découvre des pouvoirs dévastateurs.
Bryan Singer ne cherche donc pas ici la démesure. Il expose une intrigue toute simple, qui, bien qu'elle puisse manquer de consistance parfois, tient la route. Même ses scènes d'actions n'ont pas de quoi impressionner. En fait, le film donne l'impression d'être un téléfilm au budget élevé. Et pourtant, il fonctionne complètement, grâce à une réalisation soignée, propre et lisible. Le réalisateur offre à son X-Men un premier degré salvateur, évite toute forme de kitsch, de ridicule, surtout à une époque où les collants ne sont pas encore démocratisés au cinéma. Les costumes jaunes moulants ? Il les enlève. Les pouvoirs tape-à-l'œil ? Ils sont presque inexistants. Le film se permet ainsi de sacrifier certains membres fondateurs de l'équipe dans les comics qui pourraient difficilement passer sur grand écran.
Mais plus encore que dans n'importe quelle production super-héroïque, X-Men est avant tout un manifeste à la tolérance, et à l'acceptation des différences. Toujours aussi actuel, il est une belle métaphore pour toutes les minorités stigmatisées. 

X-Men est naturellement porté par une poignée de personnages célèbres des comics.
Wolverine, le mutant indestructible est campé par Hugh Jackman. Moins bestial que sa version papier, l'acteur quasiment inconnu alors lui offre un charisme et un physique approprié. Le rôle est simplement taillé sur mesure pour lui si bien qu'il le gardera plus de quinze ans sans jamais faillir. Il se lie rapidement à une jeune mutante désorientée, Malicia, correctement interprétée par Anna Paquin.
Deux acteurs mythiques incarnent les non moins cultes Charles Xavier et Magnéto. Patrick Stewart, célèbre Jean-Luc Picard dans Star Trek, semble sortir tout droit des comics tant la ressemblance avec le Professeur X est frappante. Chef des X-Men, il met tout en œuvre pour garantir une coexistence pacifique entre les humains et les mutants.
Sir Ian McKellen connait, quant à lui, aux débuts des années 2000 une belle notoriété en incarnant Gandalf dans la trilogie du (Le) Seigneur des Anneaux. Il ajoute à sa carrière le rôle d’Erik Lershern, un mutant charismatique et complexe aux idées arrêtées mais qui évite le manichéisme.
Enfin, le trio des élèves du Professeur X, Cyclope, Jean Grey et Tornade est respectivement porté à l'écran par James Marsden, Famke Janssen et Halle Berry. Bien qu'ils soient en retrait et manquent de consistance, les trois posent les bases de relations qui seront plus approfondies par la suite. 

X-Men souffre, par ailleurs, de vraies lourdeurs. Des "punchlines" un peu forcées, un humour discret qui ne marche pas forcément à chaque fois font du film une œuvre qui s'oublie un peu vite, sans véritablement de marqueurs, en dépit de ses qualités certaines. Tous les efforts de Bryan Singer n’empêcheront pas quelques scènes de faire sourire malgré elles tandis que deux personnages, Le Crapaud et Dent de Sabre paraissent totalement ridicules par moment.
Sa musique est également anecdotique. Composée par un Michael Kamen, choisi par défaut (John Williams, retenu sur un autre projet, n’a pas pu se mettre à l’ouvrage tout comme John Ottman repêché pour la suite sur X-Men 2, avec succès !), elle ne parvient pas à rester en tête. Enfin, les effets spéciaux, honorables à l'époque, accusent bien trop vite leur âge, même s'il est malhonnête intellectuellement de condamner (ou d'encenser !) un film sur ce seul critère...

X-Men est LE film fondateur du genre des adaptations de comics au cinéma. Il n'est pas le premier évidemment, et Warner Bros. a connu de nombreux succès avant les années 2000 avec la licence DC Comics. Mais pour Marvel, X-Men marque (avec Blade et Spider-Man), le départ de la grande cession des droits d'exploitations cinématographiques de ses personnages. Après les échecs des deux tentatives d'adaptations de Captain America, The Fantastic Four et le discret Punisher, X-Men est donc le premier véritable succès d'un film portant le logo Marvel. Quasiment 300 millions dollars dans le monde, pour un budget approchant les 75. Un succès conforté deux ans après par les plus de 800 millions de dollars de Spider-Man (chez Columbia Pictures cette fois-ci).
La Fox en sort évidemment gagnante et lance dans la foulée plusieurs projets mettant en scène des super-héros. Daredevil, Les 4 Fantastiques et la suite de la saga X-Men, avec X-Men 2, toujours réalisé par Bryan Singer. 

X-Men est un film pionnier. Fondateur du genre dans les années 2000, il arrive également à être un film personnel porté par la vision de son réalisateur. Son histoire simple, son casting impeccable et sa belle maitrise technique en font une œuvre réussie !

Les personnages

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