X-Men
Apocalypse

Titre original :
X-Men : Apocalypse
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 27 mai 2016
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Bryan Singer
Musique :
John Ottman
Durée :
144 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Dix ans après les évènements de Washington, l’école de Charles Xavier est une réalité et les Mutants sont désormais connus de tous. Mais la paix reste fragile, plus encore quand une menace nouvelle naît avec l’émergence d’Apocalypse, le Dieu autoproclamé des Mutants.

La critique

rédigée par
Publiée le 28 mai 2016

Après un Deadpool relativement fauché qui a explosé le box-office pour le compte de la Fox, voici venu le blockbuster X-Men : Apocalypse qui doit justifier ses (à peu près) 230 millions de dollars de budget. Le film semble aussi vouloir conclure une trilogie X-Men qui a commencé sur les chapeaux de roue avec X-Men : Le Commencement et s’est mélangé les pinceaux dans un pompeux X-Men : Days of Future Past. Deux opus qui ont cependant convaincu la critique en général et surtout le public pour le deuxième. Bryan Singer revient donc aux manettes d’un X-Men pour la quatrième fois aux côtés d’un Simon Kinberg scénariste à l’œuvre sur de nombreux films marveliens pour la Fox sachant qu’il a aussi participé à l’élaboration et l’écriture de la série Star Wars : Rebels pour Lucasfilm Ltd. et est annoncé à la tête d'un prochain A Star Wars Story. La montée en puissance de Simon Kinberg ces dernières années peut cependant questionner : rien que chez Marvel, ses « chefs-d'œuvre » se nomment en effet X-Men - L’Affrontement Final (peut-être un des plus mauvais longs-métrages de la saga mutante au cinéma !), Les 4 Fantastiques (un échec retentissant aussi bien public que critique !), X-Men : Days of Future Past et X-Men : Apocalypse. Une caractéristique semble inlassablement se dessiner chez Kinberg, résumable en une expression : « Comme c’est pratique ! ». X-Men : Apocalypse est, en effet, truffé une fois encore de facilités scénaristiques que la piètre qualité des dialogues et la faible caractérisation des personnages n’ont plus la capacité de masquer. Les failles du script sont béantes ! Un scénario ambitieux comme celui de X-Men : Days of Future Past permettait de pardonner son florilège de raccourcis scénaristiques ; ici, ce n’est plus possible tant X-Men : Apocalypse est d’une linéarité déconcertante. Alors, certes, l’opus reste globalement sympathique : les X-Men y semblent enfin former une équipe de super-héros luttant contre un vrai vilain « invincible » de comics. C’est mince et c’est fâcheux de constater que la production ferme les yeux sur un scénario vérolé de simplifications pensant que les spectateurs ne rechercheront pas plus au bout de neuf films.

Une petite mise au point est à ce stade nécessaire sur l’immense fouillis qu’est devenu l’univers partagé de la Fox ! Il convient de garder à l’esprit que depuis X-Men : Days of Future Past, la première trilogie de films, X-Men Origins : Wolverine et Wolverine, le Combat de l’Immortel ne font pas partie de la nouvelle timeline. Ainsi, certains évènements peuvent toujours exister mais les trois premiers X-Men (qui se déroulent autour de l’année 2000) et le deuxième film Wolverine ne sont pas l’avenir figé de la trilogie conclue par X-Men : Apocalypse dans les années 80. Un exemple parlant : le personnage d’Angel est né bien plus tôt dans cette timeline (pour être présent dans les années 80, adolescent) que dans celle de X-Men - L'Affrontement Final où il apparait dans une toute autre situation, au même âge, autour de 2006. De quoi perdre le spectateur exigeant ! Pour garder la cohérence, il est donc impératif  d’oublier tous les films X-Men et ne conserver que X-Men : Le Commencement et X-Men : Days of Future Past pour profiter des (maigres) ressources d’X-Men : Apocalypse. Ce n’est d’ailleurs pas forcément désagréable que de remettre un peu d’ordre dans l’univers partagé de la Fox, reprenant ici la démarche entreprise par J.J. Abrams sur Star Trek. Surtout que X-Men : Apocalypse réserve un fabuleux dialogue dans sa conclusion qui renvoie au tout premier X-Men formant alors un clin d’œil narratif assez succulent.
Quant à savoir où se place Deadpool dans tout ça, c’est trop en demander à la Fox qui n’a cure de respecter une quelconque logique et ne s’embarrasse pas d’une narration feuilletonnante. Ses séries mutantes qui pointent à l’horizon tomberont d’ailleurs sans doute elles aussi comme un cheveu sur la soupe...

X-Men : Apocalypse réunit donc une nouvelle génération de mutants après celle vue et décimée dans X-Men : Le Commencement. Face au vilain ultra puissant joué par Oscar Isaac, malheureusement caché sous un masque de latex qui lui rend impossible de présenter le moindre talent d’acteur à la caméra, ces nouveaux jeunes visages de héros bien connus pour les amateurs de la saga sont pour la plupart brillants. Alors que Cyclope est un vrai petit crétin incarné par Tye Sheridan, Jean Grey campée par Sophie Turner est elle saisissante : affaiblie par ses pouvoirs, elle n’est en effet plus la tombeuse confiante présentée jusque-là. Kodi Smit-McPhee incarne pour sa part Diablo dans une prestation identique à celle visible dans X-Men 2 tandis que Lana Condor, en Jubilée, brille… par le peu de présence dont elle dispose à l’écran ! Elle fait partie ainsi de ces mutants des films X-Men qui, annoncés et attendus, n’apparaissent finalement à l’image qu’une quinzaine de secondes en arrière-plan. Elle rejoint dès lors le club des sous-exploités comptant parmi ses rangs notamment Colossus dans X-Men 2,  Shadowcat dans les deux premiers X-Men ou encore Angel dans X-Men - L’Affrontement Final...

Du coté des cavaliers de l’apocalypse, Ororo Munroe est jouée par Alexandra Shipp, Angel par Ben Hardy et Psylocke par Olivia Munn. Les nouveaux venus sont certes là et bien là, mais le film laisse la part belle aux plus ou moins anciens. Magnéto par Michael Fassbender est comme toujours mal utilisé et mal défini ; Professeur X par James McAvoy, touchant à souhait, étale enfin clairement sa puissance ; Quicksilver par Evan Peters, terriblement amusant, se réserve une fois de plus la scène la plus mémorable du film (même si les dix ans censés être écoulés depuis le précédent opus sont plombées par ses interventions) ; Le Fauve par Nicholas Hoult devient l’étonnant sideckick de Charles Xavier et, enfin, Mystique par Jennifer Lawrence apparait bien plus inspirée que dans le précédent film par ses partenaires de jeux. Ce casting, décidément interminable, se referme avec Moira Mactaggert par Rose Byrne qui se demande le plus souvent ce qu’elle a fait pour mériter autant de temps à l’écran sans rien avoir à faire.

Ce volet introduit par ailleurs un méchant de grande envergure, En Sabah Nur ou Apocalypse ! Le personnage a été créé dans les pages de X-Force #5 par Jackson Guice et Louise Simonson en 1986 sous l’impulsion de l’éditeur de Marvel Bob Harras qui voulait un vilain de l’ampleur de Magnéto. Son histoire diffère un peu de l’Apocalypse développé dans le film : elle est bien plus complexe et se voit liée au personnage de Cable non encore vu dans l’univers cinématographique de la Fox. A priori immortel et pouvant contrôler jusqu’à la moindre molécule de son corps, sa vie traverse les époques et le multivers alors que son passé comme son futur sont en permanence réécrits. Celui qui est suggéré comme le premier mutant sur la planète deviendra obsédé par une théorie de Darwin revisitée et l’ascension des mutants les plus forts : le personnage apparaît ainsi souvent comme un scientifique cinglé surpuissant, faisant toujours preuve d’intelligence ce qui est globalement occulté dans le film de Bryan Singer où n'est présentée qu'une déité soutenue par quelques mutants. Cette dernière caractéristique est néanmoins bien présente dans le comics puisque son sang est guérisseur pour les mutants et mortel pour les humains ! Aborder le cas d'Apocalypse sur papier, oblige à revenir sur le grand crossover mutant des années 90 : L’ère d’Apocalypse (Age of Apocalypse) en 1995 et 1996. S’étendant sur toutes les séries mutantes de l’époque avec une liste d’auteurs appréciés juste énorme, et en particulier sur certains numéros l'excellent dessinateur Joe Madureira, l’histoire se déroule dans un futur alternatif où le fils de Charles Xavier a tué son père, où le Phénix n’a jamais existé et où Magnéto a pris le place de Charles Xavier pour faire vivre son rêve. Dans cette version de l’Histoire, Apocalypse a pris le contrôle des Etats-Unis avec une armée de soldats clonés (les infinis) et ses cavaliers. Dantesque et épique, cette histoire est rééditée à plusieurs reprises aux États-Unis ou en France par Panini Comics. Le méchant du long-métrage n'a malheureusement pas autant de place pour ses méfaits, ni même autant de charisme.

Le scénario du film tient, quant à lui, sur un ticket de métro : Apocalypse a revu ses motivations à la baisse. Il est en effet un super vilain mutant qui n’aime vraiment, mais vraiment pas la société de consommation du XXème siècle et qui, avec la complicité de quatre autres mutants (les cavaliers de l’apocalypse), souhaite revoir l’architecture mondiale façon pyramides égyptiennes pour avoir du monde avec qui placer deux trois répliques. Diantre ! Les gentils mutants que sont les X-Men ne peuvent laisser faire cela ! Il faut donc se réunir et assembler ses forces pour faire sauter la caboche du vilain. Ce scénario terriblement simpliste n’est pourtant pas un problème. Même le look ridicule d’Apocalypse et sa grosse voix ne sont pas un souci. Que les motivations d’Apocalypse soient vagues  l’inscrit tout simplement au panthéon des super vilains juste très énervés par la vie : aucune raison d’en vouloir au film pour cela, pas plus qu’à 90 % de la production de blockbusters. Non, le problème est de voir à quel point le script rate son coup pour profiter de ce scénario simple afin d’étoffer ses personnages et son contexte. Au lieu de cela, le film ressert une fois de plus le mode d’emploi de Cérébro et insiste sur un Magnéto « Caliméro ». Un tiers du film sert ainsi à l’installation des personnages et de l’histoire avec un montage très série télé, enchaînant les cliffhangers comme si une coupure de publicité suivait, au détriment d’une narration temporelle fouillée. Le deuxième tiers est lui constitué d’une séquence (plutôt sympathique au demeurant) pouvant totalement être extraite de l'opus tant elle ne sert en rien l’intrigue et ne fait que taper dans le dos des fans afin d’initier un caméo attendu et pas forcément très convaincant. Le dernier tiers reprend le cours de l’aventure et s’avère dantesque bien qu’un peu court, forcément. Pour une conclusion de trilogie qui se nomme Apocalypse, le spectateur était tout de même en droit d’attendre un peu plus ! Mais qu’il soit su que la boucle est bouclée !

X-Men : Apocalypse, sans être une révolution du genre super-héroique, a tout pour former un bon divertissement. Son esthétique assez marqué eighties ne fera certes pas l’unanimité, mais permet de présenter les X-Men plus super-héros que jamais. Le costume de Psylocke, aussi sexy que dans le comics, peut laisser songeur tant elle détonne parmi les costumes plus terre à terre des autres personnages mais passe aussi comme un signal de reconnaissance envers le matériel original. Plus préoccupant, Bryan Singer a la main lourde sur les effets spéciaux et les incrustations ne sont pas incroyables, voire des fois carrément mal détourées. Derrière la caméra, le papa des X-Men au cinéma semble ici manquer d’inspiration et d’envie, malgré une formidable scène autour de Quicksilver, encore une fois ! Et alors que l’action se déroule dans les années 80, l'opus semble ne jamais vouloir totalement profiter de sa décennie pour étoffer son propos et son rythme comme l'ont fait les deux précédents (que cela soit les teintes très pop de X-Men : Le Commencement ou la fuite de Mystique télévisée dans X-Men : Days of Future Past). Les scènes d’actions sont quant à elles d’un classicisme absolu, les combats souvent fouillis et leur chorégraphie sommaire. Cependant, même si le film est loin des élans héroïques d’un Avengers, quelques moments de bravoure sont de la partie bien que maladroitement mis en images.
Coté bande-son, la musique de John Ottman est conforme à l’ensemble dans ce qu’elle ne reste pas vraiment en tête, enchaînant les gros “pouin pouin” et les thèmes plus mélancoliques, piano et violons : ce n’est pas très finaud, c’est ronronnant mais cela souligne une ou deux fois plutôt bien l’intensité de quelques scènes.

Le film X-Men : Apocalypse réunit enfin de nombreux éléments de la saga X-Men au cinéma. Il aurait pu en cela décrocher le gros lot mais il se contente d’accumuler les poncifs : les officiels de l’armée au visage tétanisé devant la puissance des mutants, des mutants sous utilisés, des raccourcis scénaristiques énormes et un Magneto soupe au lait. L’écriture du film est d’ailleurs vraiment problématique sur Magnéto (et dans une moindre mesure sur Tornade) : pour justifier son passage comme cavalier de l’apocalypse, il est mis au point laborieusement une accumulation de malchances allant jusqu’à la nécessité de convoquer Auschwitz une fois de plus ! C’est assez limite dans un film à l’écriture si pauvre et aux teintes si « comics neuneu des années 90 » de s’aventurer dans cette démarche : le procédé mal maitrisé rend en effet le personnage antipathique en cherchant à justifier ses tendances meurtrières. Pire, la fin du film s’inscrit dans les créneaux du blockbuster un peu idiot d’Hollywood avec son absence de recul sur les actes de ses « héros »… Reste cependant, quelques bonnes surprises sur d’autres personnages : le professeur Xavier crèvant décidément l’écran, et pour le meilleur !

X-Men Apocalypse souffle le chaud et le froid : le spectateur applaudit une génération de mutants brillamment interprétée et un final assez dantesque mais grimace devant un scénario cousu de fil blanc avec des dialogues tristement plats et une réalisation sans génie. X-Men: Apocalypse apparaît dès lors comme un sympathique film de super-héros… du début des années 2000 ! Il serait grand temps que la Fox, qui a été pionnière de l’ascension de Marvel au cinéma, prenne enfin conscience que quinze ans sont passés !

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