Nutcrackers

Titre original :
Nutcrackers
Production :
Rivulet Films
Rough House Pictures
Date de mise en ligne USA :
29 novembre 2024 (Hulu)
Distribution :
Hulu
Genre :
Comédie
Réalisation :
David Gordon Green
Musique :
Aaron M. Fernandez Olson
Durée :
104 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Mike Maxwell, un magnat de l’immobilier sur le point de décrocher le plus gros contrat de sa carrière, doit se rendre dans l’Ohio suite aux décès tragiques de sa sœur et de son mari pour s’occuper de ses quatre neveux dont il devient le tuteur légal, le temps qu’ils soient placés dans une famille d’accueil. Turbulents et excentriques, ces derniers se révèlent rapidement ingérables…

La critique

rédigée par
Publiée le 19 décembre 2024

Distribué par la plateforme Hulu, dont The Walt Disney Company est devenu actionnaire majoritaire depuis le rachat, par cette dernière, d'une partie de l'ex-21st Century Fox, et disponible à l’international sur Disney +, Nutcrackers est une comédie de Noël destinée à réunir les familles autour d’une intrigue douce et bienveillante, où humour et émotion s’allient pour divertir et toucher le spectateur. Si les intentions du film sont honorables, la mission n’est toutefois que partiellement remplie.

Nutcrackers est avant tout tiré de l’esprit de son réalisateur David Gordon Green, dont le parcours derrière la caméra est extrêmement varié. Né à Little Rock, Arkansas, et ayant suivi des études de cinéma à l’Université du Texas à Austin et à l’Université de Caroline du Nord des Arts Dramatiques, où il se spécialise dans la mise en scène, David Gordon Green commence à réaliser des courts-métrages à la fin des années 1990 avant de sortir son tout premier film, dont il signe également le scénario, le drame George Washington acclamé par la critique lors de sa sortie en 2000. Il se spécialise alors dans le registre avec les films indépendants avec All the Real Girls (2003), L’Autre Rive (2004) et Snow Angels (2007), ce dernier étant en compétition au festival de Sundance.
Il se tourne ensuite vers la comédie en sortant Pineapple Express (2008), Votre Majesté (2011) et Baby-Sitter Malgré Lui (2011). Après être revenu brièvement au cinéma indépendant entre 2013 et 2014 (les films Prince Avalanche, Joe et Mangelhord), il revient au genre qui l’a fait connaître avec Que le Meilleur Gagne (2014), Stronger (2015) et Goat (2018).
Il effectue un virage dans sa carrière à la fin des années 2010 en prenant les rênes de deux franchises horrifiques bien connues : il réalise ainsi Halloween (2018), suite directe du film culte de John Carpenter et ignorant tous les précédents volets de la saga avec Michael Myers, mais aussi ses séquelles Halloween Kills (2021) et Halloween Ends (2022), sans oublier L’Exorciste : Dévotion (2023), une suite se déroulant plusieurs années après les événements du premier film de 1973 réalisé par William Friedkin.
David Gordon Green travaille également pour la télévision en mettant en scène plusieurs épisodes de séries dont Kenny Powers (2009-2013), Red Oaks (2014-2017), Vice Principals (2016-2017), The Righteous Gemstones (à partir de 2019) ou encore Mythic Quest : Raven’s Banquet (2020).

Nutcrackers marque donc une nouvelle étape dans la filmographie du réalisateur puisqu’il s’agit ici de sa première fiction se déroulant au cours des fêtes de fin d’année, mais aussi un retour au genre qui l’a fait connaître. Le film est ainsi basé sur une idée originale de Green : il se trouve qu'il a séjourné chez Karey Williams, l'une de ses anciennes camarades de classe à l’école de cinéma vivant en rase campagne, et qu'il a été totalement charmé par ses quatre fils et leurs personnalités au point d’écrire une fiction sur eux avec l’aide d’un ami scénariste, Leland Douglas, au générique de plusieurs téléfilms (Détresse en Plein Ciel, Accusée par Erreur, Ma Fille, Accusée de Meurtre). 
Comme beaucoup de fictions festives, Nutcrackers se concentre sur le stéréotype du bourreau de travail qui se retrouve contraint de quitter sa jungle urbaine provisoirement pour régler une affaire familiale ou professionnelle en province, où la vie est plus simple, et sur le choc des cultures entre citadins et provinciaux, le tout dans une ambiance joviale et chaleureuse. Si les bases sont assez classiques et sans surprises, Nutcrackers demeure un projet très personnel de David Gordon Green, puisqu’il engage les enfants de son amie pour tenir les rôles principaux de son film. Homer, Ulysses, Atlas et Arlo Janson, qui font ainsi leurs premiers pas au cinéma, incarnent donc respectivement Justice, Junior, Samuel et Simon Kicklighter, quatre frères devenus orphelins suite aux décès soudains de leurs parents dans un tragique accident de voiture et désormais placés sous la tutelle provisoire de leur oncle, Mike, campé par Ben Stiller, qu’ils ne connaissent que très peu.

Tout droit venu de Chicago, ce dernier atterrit donc dans la ferme délabrée de sa sœur, avec qui il avait rompu, et doit s’occuper de ses neveux le temps qu’ils soient placés dans une famille d’accueil. Mais Mike est rapidement dépassé par les événements, les enfants, intrépides, excentriques et aux personnalités exubérantes, se montrant nettement moins dociles qu’il ne le croyait. Ce qui devait ne durer qu’un simple week-end se transforme rapidement en parcours du combattant pour leur oncle, qui peine à concilier son rôle de parent provisoire et ses obligations en tant que chef de projet immobilier contraint de travailler à distance. Peu à peu, alors que Mike cherche par tous les moyens de leur trouver un nouveau foyer avant de retourner en ville et reprendre le cours de sa vie tumultueuse, son séjour va durer plus longtemps que prévu... Il va finir par apprendre à les connaître et à s’attacher à eux, tout en essayant de faire le deuil de sa sœur décédée et de les aider à surmonter la disparition de leurs parents. 

D’apparence sans grande originalité, l’intrigue de Nutcrackers peine dans un premier temps à maintenir l’attention, le récit étant assez prévisible et propre à toute fiction prenant pour thème les fêtes de fin d’année. Pour introduire le public à son histoire, le film ne fait d'ailleurs pas véritablement d’effort et il est difficile de se prendre au jeu et d’affection pour les personnages, dont les comportements n’aident pas à éprouver de la sympathie. Les pérégrinations de Mike face à des enfants turbulents qui ne lui facilitent pas la tâche, à force de mauvaises blagues, ne sont pas toujours drôles et manquent de finesse. Tout repose sur les mêmes stéréotypes rouillés et le scénario ne sait pas trouver le ton juste entre émotion et comédie pour distraire son public. Les rires sont, en effet, rares ou tout simplement forcés, les malentendus et situations burlesques allant à la limite du ridicule, tandis que les moments plus touchants ont du mal à provoquer l’attendrissement ou la compassion. Il faut donc attendre la seconde partie du film pour que l’ensemble démarre réellement.

Une fois la phase d’adaptation terminée, Mike se donne pour mission de trouver pour ses neveux un foyer qui accepterait de les prendre tous ensemble afin qu’ils ne soient pas séparés. Une idée originale lui vient en tête : faire passer ses petits diables, dont la réputation au sein de la ville n’est pas très positive, pour des enfants parfaits afin de convaincre de potentielles familles d’accueil. Pour cela, les jeunes garçons et leur oncle se réunissent dès lors autour d’un objectif commun, créer un spectacle basé sur une relecture du ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski (The Nutcracker dans la langue de Shakespeare et dont le titre du film est donc tiré) écrite par l’un d’entre eux et faire une représentation devant tous les habitants sur les planches du théâtre municipal. Mike espère ainsi maximiser leurs chances d’adoption et en profite pour rouvrir provisoirement l’école de danse de sa sœur et y organiser des répétitions, ses neveux ayant hérité de la passion de leur mère pour la scène et les arts dramatiques.

Progressivement, le spectateur se laisse aller à la fougue de ces jeunes héros qui ont été élevés sans règles ou ordres précis, ni cadre d’autorité, le film parvenant aussitôt à véhiculer un sentiment de liberté et d’affranchissement. Les quelques moments d’humour font alors mouche et suscitent l’enthousiasme. Les jeunes acteurs apportent une légèreté qui contraste avec le sujet grave du film, que le scénario traite sans artifice ni grosses ficelles. Si les enfants Kicklighter détonnent par leur attitude décomplexée, leur impertinence dissimule malgré tout une peur de l’abandon. Désormais orphelins et effrayés à l’idée de devoir possiblement quitter la ferme familiale, seule et unique maison qu’ils ont connue, ils espèrent de tout cœur que cet oncle qu’ils ne côtoyaient pas, mais qui est à présent la seule famille qu’il leur reste, sera encore là le lendemain. La question du deuil est donc traitée avec justesse aussi bien de leur côté que de celui de Mike, qui, lui aussi, a du mal à masquer sa culpabilité de s’être éloigné de sa sœur et de ne revenir que lorsque la tragédie a frappé. S’il semble accaparé par ses exigences professionnelles et pressé de revenir à sa vie normale, il n’est pas indifférent au sort de ces enfants. 

L’homme d’affaires cherche à se faire pardonner ses années d’absence en voulant s’assurer qu’ils ne manqueront de rien, oubliant peu à peu ses obligations, même lorsque son projet professionnel menace de s’écrouler. Le ton du film est alors sombre et défaitiste, ce qui dénote totalement avec l’ambiance joviale de ce genre de production et peut initialement perdre le public. Or, pour son premier film de Noël, David Gordon Green parvient à instaurer un esprit familial. Pour cela, il insiste sur l’importance des proches en cette période de l’année, d’autant que le film est tourné en grande partie dans la maison des jeunes acteurs, avec leurs animaux et dans le studio de danse de leur mère. Basé sur la vie de personnes réelles, il ressort de la mise en scène de Green un fort sentiment d’authenticité et de sincérité, tandis que le scénario de Leland Douglas, bien qu'un peu générique, intègre quelques notes d’humour au détour de répliques bien senties et de situations rocambolesques déclenchant instantanément le sourire. Cela permet à Nutcrackers de se démarquer, tant il offre une réflexion intelligente et perspicace sur la perte d’un être cher, en particulier lorsqu’un tel événement se réalise dans une période où tout est synonyme de chaleur humaine et de joies partagées, le deuil, le regret et l’absolution. 

Au casting de Nutcrackers, aux côtés des frères Janson, Ben Stiller interprète le personnage de Mike et effectue ici son retour au cinéma dans un rôle de premier plan après sept ans durant lesquels il s’était consacré exclusivement à la production. Connu initialement pour ses rôles dans des comédies familiales (les sagas Mon Beau-Père et Moi, La Nuit au Musée, Madagascar) et potaches (Mary À Tout Prix, Zoolander, Même Pas Mal ! (Dodgeball), Starsky et Hutch, Tonnerre Sous les Tropiques), il se tourne vers des productions plus dramatiques à partir des années 2010, notamment les films La Vie Rêvée de Walter Mitty, While We’re Young et The Meyerowiz Stories. Avec Nutcrackers, Ben Stiller poursuit son virage dramatique et confirme qu’il est aussi doué pour faire rire le public que pour l’émouvoir, ses interactions avec les jeunes acteurs étant d’une surprenante justesse.
À ses côtés, l’actrice Linda Cardellini joue le rôle de Gretchen Rice, une travailleuse sociale chargée elle aussi de trouver un foyer aux enfants et à qui Mike fait souvent appel lorsqu’il est dépassé par les événements. Attendrie par les efforts déployés par l’homme d’affaires, elle l’aide à prendre conscience qu’il est attaché à ses neveux, même s’il refuse de l’admettre. Révélée à la télévision dans les séries Freaks and Geeks et Urgences, Linda Cardellini se fait un nom au cinéma dans des fictions comiques, dont La Revanche d’Une Blonde, l’adaptation du dessin animé Scooby-Doo et sa suite, avant de se consacrer, tout comme sa co-star, à des rôles plus dramatiques : Le Secret de Brokeback Moutain, American Gun, L’Ombre d’Emily, Green Book : Sur les Routes du Sud, La Malédiction de la Dame Blanche, les séries Bloodline et Dead to Me pour la plateforme de streaming Netflix. En 2015, elle rejoint le Marvel Cinematic Universe en interprétant Laura Barton, l’épouse de Clint Barton alias Hawkeye, dans Avengers : L’Ère d’Ultron, rôle qu’elle reprend, brièvement, dans Avengers : Endgame (2019) et la mini-série Hawkeye (2021) pour Disney+.

Parmi les autres acteurs, essentiellement des seconds couteaux, est à noter en premier lieu Toby Huss, connu dans le milieu du doublage (les séries animées The Adventures of Pete & Pete, Les Rois du Texas) et de la télévision (les séries La Caravane de l’Étrange et Halt and Catch Fire) incarne Al Wilmington, un riche mondain que les enfants Janson convoitent afin d’être adoptés par lui et dont Mike tente d’intégrer le cercle pour que ses neveux aient une chance d’avoir de potentielles familles d’adoption. Enfin, l’actrice, scénariste et comédienne de doublage Edi Patterson, connue pour avoir joué dans les films À Couteaux Tirés, Plan B, produit par Hulu, et Violent Night, et avec qui David Gordon Green a déjà travaillé sur les séries télévisées Vice Principals et The Righteous Johnsons, campe Rose, une femme au foyer qui n’est pas insensible au charme de Mike et qui a recours à tous les stratagèmes pour susciter l’attention du citadin, allant jusqu’à lui proposer d’être famille d’accueil pour ses neveux afin de passer du temps avec lui.

Tourné entre le dernier trimestre 2023 et janvier 2024, produit en partie par Ben Stiller grâce à sa société Red Hour Films, Nutcrackers est en premier lieu projeté lors de l’ouverture du festival international du film de Toronto le 5 septembre 2024, mais ne trouve pas de distributeur pour une éventuelle sortie au cinéma. C’est finalement la plateforme Hulu qui en acquiert les droits de diffusion dans le cadre d’un accord financier à huit chiffres, pour une sortie lors des fêtes de fin d’année. Par la suite, l'opus est mis en ligne le 29 novembre 2024 sur Hulu aux États-Unis et sur Disney+ à l’international le même jour. Les critiques ne sont toutefois pas très tendres avec le film, qui lui réservent un accueil mitigé. Les prestations de Ben Stiller, Linda Cardellini et des enfants Janson sont saluées, les enjeux dramatiques globalement appréciés, ainsi que le développement des héros. La majorité des avis considèrent Nutcrackers comme un film de Noël empreint de nostalgie, offrant au spectateur le divertissement attendu d’une telle production, à défaut d’être mémorable. En revanche, beaucoup lui reprochent son histoire clichée, son scénario brouillon, sans surprise et générique, le manque de profondeur de ses personnages adultes et son rythme jugé trop lent. 

Desservi par une introduction poussive et peu engageante, Nutcrackers est tout de même une comédie dramatique de Noël touchante, humaine et profondément sincère narrant le parcours de personnages authentiques interprétés avec justesse. Si l'humour et l'émotion y sont savamment dosés, le film nécessite toutefois que le spectateur s’accroche et ne perde pas patience, tant il est à l’opposé des fictions du genre et met du temps à démarrer.

Poursuivre la visite

2011 • 2025
2007 • 2025
2018 • 2025
2010 • 2025

Le Forum et les Réseaux Sociaux

www.chroniquedisney.fr
Chronique Disney est un site de fans, non officiel, sans lien avec The Walt Disney Company, ni publicité,
utilisant des visuels appartenant à The Walt Disney Company ou des tiers par simple tolérance éditoriale, jamais commerciale.