Star Wars
La Menace Fantôme

Star Wars : La Menace Fantôme
L'affiche du film
Titre original :
Star Wars : The Phantom Menace
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 19 mai 1999
Genre :
Science-fiction
3-D
Réalisation :
George Lucas
Musique :
John Williams
Durée :
136 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Anakin Skywalker est un jeune esclave de la planète Tatooine. Remarquable pilote de Podracer, la Force est déjà très puissante en lui. Il attire dès lors l'attention du maître Jedi Qui-Gon Jinn qui prend conscience de son immense potentiel. Au même moment, l'armée de droïdes de la Fédération du Commerce envahit Naboo, une planète pacifique, suivant là un plan secret des Sith pour la conquête du pouvoir. Les chevaliers Jedi accourent donc défendre la reine de Naboo, Amidala, et se préparent à affronter le redoutable Sith, Dark Maul.

La critique

rédigée par
Publiée le 04 mai 2015

Prétendre que Star Wars : La Menace Fantôme a été un film très attendu avant sa sortie est un doux euphémisme. Prétendre également qu'il a déçu plus d'un fan de la trilogie originale en est un autre. En revanche, dans tous les débats menés autour de cet opus, une affirmation est incontestablement fausse : c'est celle entendue partout chez les fans, le grand public et les critiques qui accusent George Lucas d'avoir trahi sa propre saga en cédant aux sirènes du merchandising et de l'argent facile. Ce reproche n'est ni plus, ni moins un mauvais procès fait au réalisateur mythique qui, ici comme avant, a toujours mené son projet comme il entendait le faire. Il avait une vision assez précise de l'introduction qu'il voulait donner à Star Wars et a attendu des années pour avoir les moyens techniques de ses ambitions. Il est donc temps de revenir sur un film, qui, s'il n'est pas parfait, pose une pierre bien plus complexe sur l'univers Star Wars que de nombreux cinéphiles ne le pensent...

L'origine de la prélogie remonte au tout début de la trilogie originale. Alors qu'il écrivait le scénario de Star Wars : Un Nouvel Espoir, George Lucas s'est, en effet, vite rendu compte que son histoire était bien trop complexe et vaste pour tenir dans un seul film. Il disposait ainsi de la matière suffisante pour tenir sur plusieurs suites en cas de succès du premier opus. Et l'accueil réservé à Star Wars : Un Nouvel Espoir a dépassé toutes ses espérances. Le réalisateur se met donc à construire le scénario du deuxième film, Star Wars : L'Empire Contre-Attaque, avec l'idée de génie de bouleverser la saga toute entière. Il fait, il est vrai, de Dark Vador, le père de Luke Skywalker et développe ainsi, dans un synopsis de seize pages, le passé du Sith noir et notamment son parcours initiatique de chevalier Jedi Anakin Skywalker jusqu'à sa bascule dans le côté obscur de la Force devenant Dark Vador. George Lucas a, dès lors, dans les mains une nouvelle trilogie se passant avant Star Wars : Un Nouvel Espoir. Mieux encore, il voit plus grand avec une trilogie se passant après celle qu'il est en train de construire. Le réalisateur veut ainsi raconter l'histoire de trois générations de Skywalker ! Il envisage au moins neufs films tandis que certaines sources parlent même de douze. En 1980, quand sort Star Wars : L'Empire Contre-Attaque, les spectateurs sont donc surpris de voir au début de l'iconique texte déroulant, l'étonnante mention « Épisode V ». Personne ne sait alors que Star Wars, le premier film a été renommé en Star Wars : Un Nouvel Espoir avec le sous-titre Épisode IV ; la mention n'étant officiellement révélée que lors de sa ressortie de l'opus en salles en 1981. La conclusion de Star Wars : Le Retour du Jedi, voit donc Dark Vador connaitre un destin tragique mais surtout trouver le chemin de la rédemption, un passage narratif obligé pour permettre au réalisateur de revenir ensuite sur son passé. Mais voilà, la première trilogie a véritablement éreinté George Lucas et il veut absolument faire une pause dans la série. Elle sera, pour le cinéma, incroyablement longue !

Mais le studio, lui, ne l'entend pas de cette oreille. La Fox qui considérait avant sa sortie Star Wars : Un Nouvel Espoir comme un petit film de série B a pris conscience de l'ampleur du phénomène soulevé et compte désormais bien le faire fructifier. La major décide seule de le transposer sur le petit écran et s'octroie le droit de proposer, sur sa seule initiative, à la télévision en 1978, le téléfilm Au Temps de la Guerre des Étoiles, une fiction tellement bizarre que George Lucas la rejette en bloc (et la renie définitivement !). Ce dernier reprend ainsi les rênes de sa destinée télévisuelle au cours des années 80, à la suite du succès du Star Wars : Le Retour du Jedi, en proposant trois téléfilms : deux en prises de vues réelles autour des personnages des Ewoks, Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Caravane du Courage en 1984 et Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor en 1985, et un animé qui sera l'épisode final de la série Star Wars : Droïdes : Heep Le Destructeur en 1986. Parallèlement, entre 1985 et 1986, George Lucas a en effet également proposé deux séries animées autour des personnages secondaires de l'univers Star Wars : Star Wars : Droïdes et Star Wars : Ewoks.

Mais à partir de 1987, la folie Star Wars commence sérieusement à s'émousser... Un phénomène dû en partie d'ailleurs à son propre créateur. George Lucas vient, il est vrai, de vivre en 1986 un échec colossal avec la production d'Howard... Une Nouvelle Race de Héros via sa filiale Lucasfilm, Ltd. mais aussi un divorce en 1983 qui lui fait perdre une grande partie de sa fortune. Officieusement, il a abandonné l'idée de faire une suite à la trilogie, c'est-à-dire de produire les Épisodes VII à IX. Par contre, il reste toujours fasciné par le passé de Dark Vador mais il met l'idée de s'y consacrer en suspens. L'année 1991 change alors la donne. Le succès en librairie du roman L'Héritier de l'Empire par Timothy Zahn chez l'éditeur Bantam Spectra mais aussi celui du comics L'Empire des Ténèbres de Tom Veitch et Cam Kennedy chez Dark Horse relance de façon phénoménale la franchise Star Wars et pose déjà les bases de ce qui sera appelé par la suite l'Univers Étendu. Au cinéma, en 1993, la société d'effets spéciaux Industrial Light & Magic, créée par George Lucas, fait elle aussi un travail remarquable et remarqué sur le film de Steven Spielberg, Jurassic Park en créant des dinosaures plus vrais que nature à l'aide de l'imagerie numérique. Tout cela finit de convaincre Lucas que la technologie est enfin prête pour la vision qu'il a du film. Il commence alors officiellement à travailler sur le script le 1er novembre 1994.

George Lucas décide donc de se concentrer sur le passé d'Anakin en faisant de lui le personnage principal de son intrigue, et non en se focalisant sur Obi-Wan Kenobi comme il pensait le faire durant un temps. Ainsi, il veut créer une saga unifiée qui raconte la vie d'Anakin Skywalker de sa jeunesse à sa mort. Par rapport à ses premières notes écrites 15 ans plus tôt, il descend l'âge du petit Anakin pour ce premier film en le faisant passer de 12 à 9 ans. Il considère, en effet, que le fait de quitter sa mère en pleine enfance affectera plus le personnage que s'il vit cette rupture au début de son adolescence. George Lucas va également se permettre d'introduire des éléments qu'il n'avait pas eu le temps ou la possibilité d'exploiter lors des précédents opus, et notamment le principe de la Force en la faisant reposer sur les midi-chloriens. Présents dans tous les êtres vivants, leur taux déterminerait la réceptivité de l'individu à la Force et donc la capacité de chacun à devenir un Jedi. De nombreux fans vont alors être déçus par cette explication scientifique qui enlève la part de spiritualité qu'il y avait dans la première trilogie rendant le tout par trop rationnel. Un autre pan va être aussi largement développé par George Lucas : l'aspect politique de l'Ancienne République. Dès le début du film, Star Wars : La Menace Fantôme parle, il est vrai, de litige commercial, d'embargo, de pourparlers et se poursuit sur une motion de censure envers le Suprême Chancelier Valorum. Cet aspect déstabilisera énormément les fans qui trouvent le film faussement politique et compliqué là où la première trilogie était une bataille entre Rebelles et Empire. Ici, le mal est insidieux et caché ; parfaitement en adéquation avec le titre de l'opus. Il n'en reste pas moins que Star Wars : La Menace Fantôme sait aussi être très léger dans son ton malgré l'affrontement qui s'y produit entre la planète Naboo et la Fédération du Commerce. George Lucas a ainsi fait un film à l'image de son héros principal, Anakin Skywalker, qui voit la vie, à cette époque-là avec les yeux d'un enfant plein de naïveté, d'énergie et de couleur. La nature même de l'épisode épouse en réalité ce que ressent son héros déstabilisant par là son public qui lui reproche sa superficialité.

Pour autant, en y réfléchissant bien, Star Wars : La Menace Fantôme est assurément le film de la saga le plus riche via ses non-dits et sous-entendus. Si la première trilogie était une parabole à la Seconde Guerre Mondiale, avec un dictateur et son régime qui mettent sous sa coupe toute une galaxie et se voient combattus uniquement par une poignée de rebelles, la seconde trilogie fait elle clairement un parallèle avec la montée du nazisme dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres. Dark Sidious a, en effet, deux possibilités pour prendre le pouvoir : soit faire un coup d'état par la force, soit utiliser le système pour y accéder légalement. Il choisit la deuxième solution pensant que c'est la meilleure façon de s'adjoindre le soutien du peuple. Star Wars : La Menace Fantôme montre ainsi comment il agit sur les deux fronts pour se donner l'opportunité de prendre le pouvoir à la barbe de tout le monde, y compris des Jedi.
Star Wars : La Menace Fantôme contient d'ailleurs deux autres atouts narratifs. Le premier est l'incroyable richesse et la diversité des cultures de l'Ancienne République. De par la beauté des décors, des architectures, des différentes races extra-terrestres au sein du Sénat, le spectateur se rend compte que les mille ans de paix ont permis l'expansion sans précédent des arts et de la culture en général. En fait, l'Ancienne République ressemble à l'Antiquité avant que l'époque ne sombre dans l'obscurantisme symbolisé dans la première trilogie par l'Empire qui uniformise les arts et la technique et mène une chasse xénophobe aux non-humains. Dès que cet élément est connu, l'accusation de la trop grande rationalité dans l'explication de la Force tombe. En effet, la différence entre la perception de la Force entre la première et la seconde trilogie s'explique par le régime vécu. Dans l'Ancienne République, les arts et les sciences sont plus développés et les Jedi présents partout. Il est tout à fait normal qu'une certaine rationalité se retrouve dans l'explication de la Force, un élément connu, recherché et respecté. Dans l'Empire, au contraire, les Jedi ont été anéantis et sont entrés dans la légende. En ces temps d'obscurantisme, la spiritualité a pris chez les populations asservies le pas sur la science, y compris parmi les survivants de la purge.

L'autre atout de Star Wars : La Menace Fantôme se retrouve dans l'envie de symétrie de George Lucas. Le premier épisode ressemble ainsi beaucoup au quatrième, Star Wars : Un Nouvel Espoir, et ce, dès leur nom. Les deux titres sont en effet énigmatiques en révélant le moins d'informations possibles. Les deux opus passent également par la planète désertique Tatooine, décidément primordiale dans la dynastie Skywalker. Mais Star Wars : La Menace Fantôme contient aussi des ressemblances avec Star Wars : Le Retour du Jedi dernier opus de la saga. Comme lui, Star Wars : La Menace Fantôme est le plus léger des trois films de la nouvelle trilogie. Comme lui, il se finit par une fanfare (qui a certes été rajoutée pour Star Wars : Le Retour du Jedi dans l'édition spéciale de 1997). Et enfin, comme lui, il connait l'incinération d'un Jedi en toute fin. Les deux possèdent, en outre, des personnages mignons, plus dirigés vers le public des enfants : Jar Jar Binks et les Gungans d'un côté, les Ewoks dans l'autre. En fait, tout ceci montre que Star Wars : La Menace Fantôme est un film totalement cohérent dans la saga Star Wars et non bâclé comme certains fans ou critiques le prétendent. George Lucas a clairement bâti le film qu'il voulait. Il y plante les graines de la seconde trilogie qu'il souhaitait foncièrement différente de la première tout en s'inscrivant toujours dans une grande cohérence. Vus dans son ensemble, le script et l'ambiance de Star Wars : La Menace Fantôme ne peuvent que se délecter.

Star Wars : La Menace Fantôme est donc une préquelle. En ce sens, elle propose aux spectateurs une histoire dont ils connaissent déjà la fin : l'avènement de l'Empire, la fin des Jedi et le passage vers le côté obscur d'Anakin Skywalker. Des personnages de la trilogie originale reviennent ainsi logiquement dans le premier volet de cette nouvelle trilogie. Il est d'ailleurs intéressant de voir leur origine et la manière dont ils vont évoluer.
Anakin Skywalker n'est pas encore le Sith Dark Vador mais un jeune esclave de neuf ans originaire de la planète Tatooine. Sa mère ne s'explique pas sa conception, ne lui connaissant aucun père potentiel. Le garçon est de fait un génie du pilotage mais aussi de la mécanique. Et il ne rêve que d'une chose : être affranchi et devenir un chevalier Jedi. La chose est possible grâce à son taux de midi-chloriens, le plus élevé de la galaxie, le rendant apte à ressentir la Force. Et s'il était l'élu capable de ramener l'équilibre dans la Force ?
Le jeune Jake Lloyd a donc la lourde tâche de jouer le jeune Dark Vador. Il s'en sort relativement bien donnant au garçon une énergie et un optimisme communicatif, loin de la noirceur qui envahira plus tard le personnage ; l'enfant-comédien permet à son stade de poser les bases de la profondeur d'Anakin. Le voir enfant, empli de rêves et d'espoirs, rend, en effet, encore plus tragique la destinée qui sera la sienne...
Ewan McGregor relève, quant à lui, le défi de reprendre le rôle d'Alec Guinness pour interpréter le jeune Obi-Wan Kenobi. Ce n'est alors qu'un jeune Padawan, un Jedi en formation. Il suit son maître Qui-Gon Jinn afin d'apprendre auprès de lui tout ce qu'il doit savoir. Il se caractérise d'ailleurs par bien plus de sagesse que son propre maître qui s'avère plus téméraire. Dans cet épisode, Obi-Wan Kenobi est un personnage relativement effacé même s'il prend de l'assurance au fur et à mesure du récit.
Ian McDiarmid reprend son rôle de Palpatine / Dark Sidious, seize ans plus tard après Star Wars : Le Retour du Jedi. Il livre ici une performance tout simplement incroyable, en créant assurément un des personnages les plus intéressants du film, voire de la trilogie toute entière. Il est jouissif de voir comment le personnage ruse pour jouer sur les deux tableaux surtout pour le fan qui connait sa véritable identité grâce à Star Wars : Le Retour du Jedi. Seul le néophyte commençant la saga par Star Wars : La Menace Fantôme tombera dans le panneau de la perfidie du Seigneur Sith qui se cache sous l'apparence d'un Sénateur respectable, représentant de la petite planète isolée de Naboo.
Le film permet également d'apprendre l'origine de R2-D2. L'astro-mécano se révèle être ainsi un droïde appartenant à la flotte personnelle de la Reine Amidala. C'est en la sauvant, elle et tout son équipage, qu'il est devenu un fidèle compagnon de la monarque et c'est ensuite qu'il fait, sur la planète Tatooine, la connaissance de C-3PO (toujours doublé par Anthony Daniels). Le droïde de protocole est d'ailleurs une invention d'Anakin Skywalker que ce dernier n'a pas eu le temps de terminer avant son départ de la planète et qu'il a confié à sa mère, n'envisageant pas de le retrouver un jour.
Enfin, un autre personnage connu fait son grand retour dans Star Wars : La Menace Fantôme : Yoda. Le Maître Jedi, qui avait fait sensation dans Star Wars : L'Empire Contre-Attaque, est ici un membre éminent du conseil Jedi. Il apparait lors des scènes sur Coruscant ainsi qu'à la fin du long-métrage.

Parmi les nouveaux personnages, cinq ressortent du lot.
Le premier est assurément le Maitre Jedi, Qui-Gon Jinn. Interprété par Liam Neeson (l'acteur avait déjà travaillé pour The Walt Disney Company dans Le Prix de la Passion en 1988 sous le label Touchstone Pictures), il peut être considéré comme le premier rôle du film. Indépendant par nature, il refuse de rentrer dans le rang et a des idées arrêtées sur la Force. Ce constat fait, il n'est donc pas étonnant que ce soit lui qui découvre le potentiel du jeune Anakin. Il est même persuadé qu'il est l'Elu de la prophétie et veut absolument le former à devenir un Jedi malgré l'âge avancé du garçon et le fait qu'il ait déjà sous son aile un Padawan en la personne d'Obi-Wan Kenobi.
La Reine de Naboo, Padmé Amidala, est, quant à elle, âgée de 14 ans. Elle est élue afin de représenter son peuple et le protéger en toutes circonstances. Natalie Portman (qui a été vue par la suite dans Thor chez Marvel Studios) campe à merveille ce personnage tout en prestance, volonté et compassion. Elle est à la fois touchante dans sa relation avec Anakin et forte dans le conflit qui oppose Naboo à la Fédération du Commerce.
Dark Maul est une autre superbe création de Star Wars : La Menace Fantôme. L'apprenti du Sith Dark Sidious a, en effet, une présence incroyable. Son double sabre laser, et son style de combat proche des arts martiaux font qu'il rayonne littéralement dès qu'il apparait à l'écran. Son combat final contre Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi est sans conteste l'un des moments forts du film. C'est le cascadeur Ray Park qui incarne lui-même le personnage avec la particularité d'être doublé y compris en version originale : sa propre voix ne correspondant pas à celle que voulait George Lucas pour le personnage.
A noter également, la présence d'un autre acteur de renom jouant un petit rôle dans le film : Samuel L. Jackson (Incassable chez Touchstone Pictures, Marvel's Avengers chez Marvel) interprète en effet Mace Windu, un Maître Jedi humain qui siège lui aussi au Conseil Jedi aux côtés, entre autres, de Yoda.
Star Wars : La Menace Fantôme décroche enfin et malheureusement le triste prix du personnage de la Galaxie Star Wars, le moins aimé - voir le plus haï - des fans. Jar Jar Binks est, il est vrai, profondément détesté. Il s'agit d'un Gungan, humanoïde vivant sous la mer de la planète Naboo. Maladroit, il s'est fait bannir de chez lui. Il est alors recueilli par Qui-Gon Jinn qu'il décide de suivre dans ses aventures. Totalement décrié, nombreux vont être les spectateurs à le conspuer en accusant George Lucas d'avoir créé le personnage pour des raisons mercantiles histoire d'infantiliser grossièrement le film. Cette accusation est d'ailleurs vraie, partiellement du moins. George Lucas n'a jamais considéré Star Wars comme une saga adulte mais bien comme des films intergénérationnels ! Des personnages comme Jar Jar Binks ou les Ewoks dans Star Wars : Le Retour du Jedi permettent donc aux plus jeunes spectateurs d'avoir des éléments légers qu'ils apprécieront particulièrement comme autant de respirations entre les scènes intenses. Cela dit, George Lucas ne restera pas sourd aux flots de critiques : il assagira considérablement Jar Jar Binks par la suite...

Si le désir ne manquait plus à George Lucas pour poursuivre l'expérience Star Wars, les progrès techniques fulgurants observés les années le précédant ont aussi largement contribué à l'acte de naissance de l'épisode I. Industrial Light & Magic a en effet livré durant les années 90 à travers des films comme Jurassic Park, Casper ou Jumanji de sublimes effets spéciaux. George Lucas est désormais convaincu que sa filiale est à même de mettre en place toutes les envies qu'il a pour son film que ce soit pour les décors ou les créatures. Il compte d'ailleurs bien utiliser l'imagerie virtuelle pour ne donner aucune limite à son imagination. Ainsi, les acteurs ont souvent joué devant des écrans verts afin d'être insérés dans des images construites ensuite par ordinateurs. En fait, près de 2 000 plans ont nécessité des effets spéciaux. Seules 15 minutes du film n'en disposent d'aucun. Si le film est objectivement d'une grande beauté, nombreux sont les fans à détester son aspect tout numérique là où la trilogie originale n'utilisait que les effets spéciaux mécaniques. Mais voilà, c'est méconnaitre la volonté de George Lucas qui veut faire tendre sa saga vers cette apparence. Il va d'ailleurs jusqu'à modifier ses premiers films pour ajouter des effets numériques histoire d'uniformiser le tout. Il a commencé lors de leurs ressorties au cinéma pour les Éditions Spéciales de 1997 puis continué dans les différentes ressorties en vidéo que cela soit en DVD ou en Blu-ray. Il n'empêche, les décors de Star Wars : La Menace Fantôme sont tout simplement superbes : des palais aux paysages de Naboo en passant par la planète ville de Coruscant ou les étendues désertiques lors de la course sur Tatooine. De même, les créatures extraterrestres ne sont pas en reste et sont aussi réussies et bien plus variées que dans la trilogie originelle.

S'il y a un élément où tout le monde est tombé d'accord sur Star Wars : La Menace Fantôme, critique, fan comme public lambda, c'est assurément la merveilleuse musique de John Williams. Le compositeur reprend donc son rôle comme il l'avait fait pour la trilogie originelle et propose, une nouvelle fois, une partition de toute beauté. Il délaisse ici les musiques à consonance militaire qui représentaient l'Empire pour des musiques plus mystiques comme celle illustrant le duel entre Dark Maul et les deux Jedi. Le morceau Duel of the Fates utilise en effet une chorale pour restituer un aspect religieux au combat et s'impose depuis comme l'un des meilleurs airs de la saga toute entière. Mention spéciale également au final très enjoué du morceau Augie's Great Municipal Band qui termine le long-métrage sur une note plein d'espoir pour conclure sur la fanfare mythique de Star Wars. La musique du film est clairement un régal pour les oreilles.

Malgré ses indéniables qualités, Star Wars : La Menace Fantôme est accueilli très fraichement par la Critique dont toutes les voix regrettent de ne pas retrouver la magie de la première trilogie. Il est aussi reproché à George Lucas de ne pas avoir fait le même type de film et d'aborder des thèmes à la fois trop complexes et trop enfantins. L'opus est pitoyablement nommé à trois Oscars techniques (Meilleurs Effets Visuels, Meilleurs Mixage de Son et Meilleur Montage de Son) et s'incline pour les trois face à Matrix. Preuve, s'il en était encore besoin, de son grand rejet dans le milieu des critiques, il obtient pas moins de sept nominations aux Razzie Awards : Pire Film, Pire Réalisateur, Pire Scénario, Pire Second Rôle Masculin pour Ahmed Best (Jar Jar Binks), Pire Second Rôle Masculin pour Jake Lloyd (Anakin Skywalker), Pire Second Rôle Féminin pour Sofia Coppola, Pire Couple de Cinéma pour Jake Lloyd et Natalie Portman. Finalement, il ne gagnera qu'un seul prix, mais le plus logique vue la haine portée au personnage : Pire Second Rôle Masculin pour Ahmed Best (Jar Jar Binks).

Lors de sa sortie en 1999, l'attente était telle que Star Wars : La Menace Fantôme génère devant les cinémas du monde entier d'interminables files d'attente. De nombreux fans font la queue pendant des heures pour être les premiers à voir le film. Tout autant sont les Américains à avoir posé une journée de congé pour aller voir l'opus le jour de sa sortie, certaines entreprises ayant même fermé pour l'occasion. Star Wars : La Menace Fantôme bat alors et logiquement de nombreux records au box-office, à commencer par celui de la meilleure première journée (avec plus de 28 millions de dollars le jour de sa sortie !) mais aussi celui du film atteignant le plus vite les 100 millions de dollars (en cinq jours seulement) ; il fait de même pour les barres des 200 et 300 millions de dollars pour atteindre un cumul de 431 millions de dollars aux États-Unis. Au niveau mondial, il frôle le milliard de dollars et devient le film ayant le plus rapporté en 1999. Néanmoins, il n'arrive pas à battre, et de loin, le record de Titanic obtenu l'année précédente. En France avec 7 303 131 entrées, le film se classe en troisième position du box-office 1999 derrière Astérix et Obélix contre César et Tarzan des Walt Disney Animation Studios.

Bien que Star Wars : La Menace Fantôme soit assez récent le film connait, comme ses pairs, des modifications par rapport à sa sortie cinéma. Quelques séquences ont, en effet, été corrigées numériquement lors de la sortie DVD en 2001 et Blu-ray en 2011. Deux scènes ont, en outre, été rallongées lors de la sortie DVD en 2001 (et maintenues modifiées en 2011) : la course de pods et la séquence de taxis aériens. Mais le plus gros changement se produit lors de la version Blu-ray de 2011. Pour la scène du Conseil Jedi, le personnage de Yoda était, en effet, joué à l'origine par une marionnette actionnée par Frank Oz. Sauf qu'objectivement, elle est bien moins bien réussie que celle de Star Wars : L'Empire Contre-Attaque et Star Wars : Le Retour du Jedi. Dans les deux autres films de la prélogie, George Lucas choisit ainsi de recréer le personnage en imagerie numérique : et cela s'avère judicieux ! Dans l'édition Blu-ray de 2011, la marionnette est donc remplacée par la version numérique. Et bizarrement, les fans qui sont les premiers à crier dès que le réalisateur retouche un de ses films n'ont strictement rien dit pour ce changement qui, s'il est logique, est tout de même de belle ampleur !

Star Wars : La Menace Fantôme a droit à une ressortie cinéma en 3-D le 10 février 2012. Lucasfilm, Ltd. prévoyait d'ailleurs de faire convertir en 3-D les six films et de les proposer en salles de façon chronologique. Le premier récolte alors près de 100 millions de dollars supplémentaires dans le monde entier. Mais voilà, les critiques trouvent la conversion non seulement mal faite mais surtout sans intérêt. Le rachat de Lucasfilm, Ltd. par The Walt Disney Company change la donne : les ressorties 3-D des cinq autres films sont annulées pour se concentrer sur le nouveau film : Star Wars : Le Réveil de la Force.

Star Wars : La Menace Fantôme est l'épisode de la saga le plus mal aimé par les critiques et par les fans. George Lucas a même été considéré comme un traitre par certains obtus de la trilogie originale qui ne lui ont pas accordé le bénéfice du doute sur ses intentions et n'ont pas plus compris, qu' il reste, en tant que créateur, maître absolu de ses œuvres et de sa vision sur elles. Ce procès en sorcellerie est bien injuste. Le premier volet de la saga, sans être objectivement le plus réussi, n'a, en effet, pas à rougir de son état. Il est au final très cohérent avec le reste des épisodes mais pose surtout de solides bases pour la suite. Son esthétique, même si elle ne fait pas l'unanimité, est intéressante et indéniablement très belle.

Star Wars : La Menace Fantôme se doit d'être réhabilité car il offre un voyage bien plus profond que certains font mine de négliger : il convient pour l'apprécier à sa juste valeur d'accepter son statut d'œuvre sociale et politique, là où ses pairs étaient eux mystiques et militaires !

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