Star Wars : Visions
Volume 1

Titre original :
Star Wars : Visions
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de mise en ligne USA :
22 septembre 2021 (Disney+)
Genre :
Animation 2D / Animation 3D
Création :
Takanobu Mizuno
Taku Kimura
Hiroyuki Imaishi
Hitoshi Haga
Kenji Kamiyama
Abel Góngora
Masahiko Otsuka
Yuki Igarashi
Eunyoung Choi
Musique :
Keiji Inai
Yoshiaki Dewa
Michiru Oshima
Kevin Penkin
Kazuma Jinnouchi
Nobuko Toda
A. Bee
Keiichiro Shibuya
Michiru Oshima
Yoshiaki Dewa
U. Zhaan
Durée :
139 minutes
Star Wars : Visions - Autre(s) saison(s) :
Volume 01
Volume 02
Disponibilité(s) en France :

Liste et résumés des épisodes

1. The Duel
Le Duel
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Takanobu Mizuno
Durée : 13 minutes
Un guerrier, surnommé Ronin, assiste au pillage d'un village par d'anciens stormtroopers...
2. Tatooine Rhapsody
Tatooine Rhapsody
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Taku Kimura
Durée : 12 minutes
Un membre du groupe de rock Star Waver est arrêté par Boba Fett sur ordre de Jabba le Hutt...
3. The Twins
Les Jumeaux
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Hiroyuki Imaishi
Durée : 17 minutes
Des jumeaux du Côté Obscur veulent mettre au point une arme de destruction massive...
4. The Village Bride
La Mariée du Village
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Hitoshi Haga
Durée : 17 minutes
Une jeune fille, tout juste mariée, se sacrifie pour sauver son village...
5. The Ninth Jedi
Le Neuvième Jedi
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Kenji Kamiyama
Durée : 21 minutes
Le Margrave Juro invite sept Jedi dans son temple aérien pour recréer l'ordre Jedi disparu...
6. T0-B1
T0-B1
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Abel Góngora
Durée : 13 minutes
Un droïde nommé T0-B1, créé par le professeur Mitaka, rêve de devenir un chevalier Jedi...
7. The Elder
L'Ancien
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Masahiko Otsuka
Durée : 16 minutes
Un Jedi et son Padawan affrontent un vieux Sith...
8. Lop & Ochō
Lop & Ochō
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 8
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Yuki Igarashi
Durée : 19 minutes
Lop, une esclave en fuite, est adopté par Yasaburō et sa fille Ochō...
9. Akakiri
Akakiri
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Visions
Saison 1 Épisode 9
Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021
Réalisé par : Eunyoung Choi
Durée : 13 minutes
Le Jedi Tsubaki vient aider la Princesse Misa à combattre sa tante passée du Côté Obscur...

La critique

rédigée par
Publiée le 11 janvier 2022

Star Wars : Visions est une série animée d'anthologie de neuf épisodes proposée dans son intégralité le 22 septembre 2021 et qui offre la possibilité à sept studios d'animation japonais de proposer des courts-métrages sur le thème de Star Wars tout en restant d'inspiration foncièrement nipponne.

George Lucas a toujours été fasciné par la culture japonaise. D'ailleurs, les films du réalisateur Akira Kurosawa comme Les Sept Samouraïs, La Forteresse Cachée ou Le Garde du Corps l'ont beaucoup inspiré lorsqu'il a créé la saga Star Wars. La responsable de Lucasfilm Ltd., Kathleen Kennedy, est elle aussi une grand amatrice d'animes, notamment du fameux Studio Ghibli. Elle avait ainsi la vague idée de mélanger les deux univers, l'animation japonaise et Star Wars, mais hésitait sur la manière de mettre en place un tel projet. Puis est venue la plateforme Disney+ avec la nécessité pour la maison mère Disney de toujours proposer de nouveaux contenus pour nourrir son service de vidéo à la demande ; chaque filiale devant offrir des séries, des émissions ou des films afin de contenter la soif insatiable des abonnés pour les nouveautés. Disney+ était donc le média idéal pour tenter une approche inédite de la saga. Lucasfilm, via le producteur James Waugh, est donc allé frapper à la porte de plusieurs studios japonais pour bâtir ensemble une collaboration hors norme. Chacun se voit en effet attribuer une quasi carte blanche pour réaliser un court-métrage de dix à vingt minutes sachant que le cahier des charges avait une seule contrainte : que les œuvres s'inspirent de leur propre vision de Star Wars et que la culture et la spécificité des animes transparaissent dans le produit fini. Au total, sept studios sont choisis et neuf épisodes réalisés. Il va sans dire que toutes les histoires contées ici sont non canon et ne rentrent pas dans la chronologie officielle. Enfin, le titre de la série s'inspire directement d'un livre d'art sorti en 2010, Star Wars Art : Visions, qui contenait 120 pages en couleur et en noir-et-blanc où cent artistes de renom avaient proposés des peintures sur le thème de Star Wars.

Le premier épisode, Le Duel, est idéal pour faire rentrer le spectateur dans le concept de la série. Le court-métrage est réalisé par Takanobu Mizuno et produit par le studio Kamikaze Douga, créé en 1999, spécialisé dans l'animation 3D avec un rendu 2D, qui s'est fait connaître pour le long-métrage Batman Ninja en 2018. Ce qui frappe dans Le Duel est d'abord son incroyable graphisme très stylisé tout en noir et blanc réalisé en 3D avec un rendu 2D, un peu à la façon de Paperman des Walt Disney Animation Studios mais sur un dessin plus réaliste. L'excellente idée est alors de mettre une touche de couleur avec les lasers présents dans le film, que ce soit les sabres mais également les blasters. Le récit est aussi étonnant. Clairement inspiré du Japon féodal de l'époque des samouraïs, les touches Star Wars sont minimes avec ses combattants aux sabres laser, ses droïdes, ses stormtroopers et ses aliens. Le village, lui, tout comme d'ailleurs l'apparence des habitants humains, est typiquement japonais et se retrouve attaqué par d'anciens stormtroopers désormais dirigés par une guerrière Sith sanguinaire. Mais un valeureux samouraï se dresse contre eux. L'épisode propose alors un twist sympathique qui amène un non manichéisme bienvenu dans la saga Star Wars, mais propre à la culture japonaise. Les combats sont quant à eux superbement chorégraphiés, notamment celui sur le rondin de bois sur la rivière. Pour le spectateur, ce premier épisode est à la fois grisant dans l'univers dépeint et déroutant dans son aspect graphique. Le Duel a, en tout cas, inspiré Lucasfilm Ltd. puisque le studio a commandé un roman adulte qui prolonge les aventures du héros, Ronin : A Visions Novel, écrit par Emma Mieko Candon et publié en octobre 2021 tandis que la traduction française arrive elle en juillet 2022.

Le second court-métrage, Tatooine Rhapsody, développe un style bien plus reconnaissable pour le passionné d'anime. Le court-métrage est réalisé par Taku Kimura et produit par le Studio Colorido, créé en 2011, connu pour notamment avoir produit les longs-métrages cinéma Le Mystère des Pingouins (2018) ou Loin de Moi, Près de Toi (2020). La grande originalité de Tatooine Rhapsody est sûrement de proposer un opéra rock dans l'univers Star Wars. D'ailleurs le titre du court-métrage s'inspire naturellement du film 20th Century Fox, Bohemian Rhapsody. La chanson Galatic Dreamer, qui est au centre du récit, est musicalement sympathique à défaut d'avoir des paroles foncièrement originales. Le scénario de l'opus est lui plus convenu car il reprend un thème cher aux Japonais : celui de l'amitié forte entre deux individus dont l'un est en déshérence et l'autre va l'aider à trouver sa voix, permettant à son nouvel ami de se donner un rêve et une stabilité. Les deux personnages, Jay et Geezer, ont ainsi fui ce que la vie leur avait imposé d'être : l'un, fier Jedi durant la Guerre des Clones ; l'autre, Hutt, prince de la pègre. En réalité, tous deux ne cherchent qu'à vivre de leur musique, librement. Le récit se montre alors un brin naïf mais il arrive tout de même à retranscrire cette émotion forte digne de Star Wars. D'une point de vue technique, Tatooine Rhapsody possède une animation typique des productions japonaises. Ce qui étonne ici est peut-être l'apparence des adultes qui semblent avoir des corps frêles d'enfants. Cette impression est accentuée par le fait qu'il s'agit du seul épisode des neuf de la série à proposer des personnages existant dans le canon comme Boba Fett, Jabba le Hutt ou Bib Fortuna. Le doublage anglais est aussi intéressant car le spectateur reconnaîtra Joseph Gordon-Levitt (Angels : Une Equipe aux Anges, Dix Bonnes Raisons de Te Larguer, Miracle à Santa Anna, Lincoln) dans le rôle de Jay ainsi que Temuera Morrison (Star Wars : L'Attaque des Clones, Star Wars : The Mandalorian) dans la reprise de son rôle de Boba Fett.

Le troisième court-métrage, Les Jumeaux, est produit par le studio Trigger. Fondé en 2011 par des anciens membres du studio Gainax, Masahiko Otsuka et Hiroyuki Imaishi, le label s'est fait remarqué principalement pour les séries Kill la Kill (2013) ou Little Witch Academia (2017) mais aussi le long-métrage Promare (2019). Les Jumeaux reprend à son compte beaucoup d'images iconiques de Star Wars à commencer par les faux jumeaux, à l'image de Luke et Leia, en la personne de Karre et Am. La chose intéressante ici est de voir que les deux frères et sœurs sont cette fois-ci du Côté Obscur et surtout que la noirceur est plutôt du côté de la fille, là où le garçon arrive à s'en extraire. Dans les films Star Wars, Luke et Leia n'ont en fait jamais vraiment été vers les ténèbres ; par contre, dans l'Univers Étendu, c'était plutôt Luke qui basculait, ou du moins frôlait, vers le Côté Obscur. Souvent dans Star Wars, les créateurs se sont éloignés des cohérences physiques ou scientifiques. Les Jumeaux va encore plus loin dans ce postulat car le réalisateur Hiroyuki Imaishi privilégie la beauté visuelle à la crédibilité scénaristique. Le spectateur voit en effet les deux protagonistes se battre dans l'espace, sans casque en faisant des bons incroyables. Le plus drôle étant qu'à un moment, un droïde arbore un casque qui, pour le coup, ne lui sert à rien. Cette liberté dans les mouvements et les choix narratifs apporte beaucoup aux chorégraphies qui sont vraiment superbes et propose des plans époustouflants. Le réalisateur s'inspire d'ailleurs des autres trilogies comme par exemple le style de combat de Am qui ressemble beaucoup à celui du Général Grievous dans Star Wars : La Revanche des Sith ou encore une séquence qui rappelle la scène de Star Wars : Les Derniers Jedi en reprenant l'idée des dégâts que peuvent faire un saut dans l'hyperespace à proximité d'un croiseur stellaire. Et que dire de l'utilisation intensive du cristal Kyber qui était au centre du film Rogue One : A Star Wars Story et qui retrouve ici la même importance. Les Jumeaux propose, enfin, une fin ouverte qui laisse place à l'imagination que le public aura plaisir à combler.

Le quatrième court-métrage, La Mariée du Village, est développé par le studio Kinema Citrus. Fondée en 2008, la structure est connue pour avoir produit des séries telles que Tokyo Magnitude 8.0 (2009), Black Bullet (2014), Barakamon (2014) et Made in Abyss (2017). La Mariée du Village est sûrement le court-métrage qui s'inscrit le plus dans la continuité de la saga puisqu'il pourrait tout à fait s'intercaler dans la chronologie de l'Univers Officiel juste après Star Wars : La Revanche des Sith et la Guerre des Clones. Il n'y a ici en effet rien de vraiment contradictoire avec le lore Star Wars. Le spectateur retrouve ainsi les fameux droides de combats, les droides sondes impériaux mais aussi tout ce qui concerne la Force et les Jedi. F, une Jedi, vient ainsi d'échapper à la purge et se cache de l'Empire sur une planète éloignée, aidée en cela par son ami Valco. Pour se faire accepter des autochtones, elle participe à un mariage, celui de Asu et de Haru, la petite-fille du chef de village. Mais cette cérémonie est triste. Le jeune couple a en fait décidé de se constituer prisonniers auprès de bandits afin de protéger leurs sujets. La Mariée du Village est intéressant car il fait se croiser plusieurs destins différents. Le premier est celui de cette Jedi qui tente de se faire discrète pour ne pas se faire repérer par l'Empire. Pour autant, elle ne peut rester insensible face à l’injustice qui se déroule devant ses yeux. Vient ensuite le récit de ce jeune couple, formé par les personnages de Asu et de Haru, qui sont sur le point de se marier. Leur sacrifice, leur envie de paix, leur non violence, leur humilité face à la nature font que leur parcours est particulièrement touchant. Même s'ils ne sont pas Jedi, leur connexion à la Force est vraiment forte, même si pour eux, elle porte un autre nom : le Magina. La résolution et la sérénité de Haru s'opposent d'ailleurs à la fougue et l'indignation de sa sœur Saku. Cette dernière veut au contraire affronter les bandits pour défendre son village et empêcher le sacrifice des mariés qu'elle juge inutile et injuste. Au final, La Mariée du Village prend le temps de poser son récit et ses personnages. Il se permet même quelques moments contemplatifs de toute beauté portés par une musique proposant des sonorités japonaises particulièrement envoûtantes. Enfin, le court-métrage développe également une belle morale, lumineuse et pleine d'espoir. La Mariée du Village est sûrement l'un des plus beaux épisodes de Star Wars : Visions.

Le cinquième court-métrage, Le Neuvième Jedi, est réalisé par le studio Production I.G. Fondé en 1987 sous le nom de I.G Tatsunoko avant de devenir Production I.G en 1993, le label est mondialement connu pour le long-métrage Ghost in the Shell (1995) mais aussi deux films de la franchise Neon Genesis Evangelion, Death & Rebirth (1997) et The End of Evangelion (1997), tout comme le film Jin-Roh, la Brigade des Loups (1999) et des séries comme Ghost in the Shell : Stand Alone Complex (2002) ou xxxHOLiC (2006). Le Neuvième Jedi est peut-être l'épisode avec le récit le plus ambitieux de la série. Le spectateur ressent en effet que d'autres histoires pourraient être racontées au-delà de la conclusion donnée. Le réalisateur Kenji Kamiyama avoue d'ailleurs qu'il a imaginé le court-métrage comme le point de départ d'une éventuelle série. Il faut dire que le scénario est assez riche, en faisant l'épisode le plus long de Star Wars : Visions. Il raconte en parallèle l'histoire d'une réunion de Jedi rassemblés par un certain Margrave Juro dans un temple aérien et l'aventure de Kara, la fille du forgeron de sabres laser, sensible à la Force, poursuivie par des êtres obscurs qui ne veulent pas que l'Ordre Jedi renaisse. Les deux récits se rejoignent alors et proposent une conclusion dantesque, avec un rebondissement très inattendu et bien écrit, tout en laissant des portes ouvertes à d'éventuelles suites. Les artistes ont ainsi voulu proposer un scénario qui, s'il n'est pas canon, n'est pas totalement incohérent avec la saga Star Wars. Le récit se déroule donc longtemps après Star Wars : L'Ascension de Skywalker où, de façon intéressante, l'ordre Jedi n'a finalement pas été restauré par Rey. Au contraire même, la conception des sabres laser a été perdue et ceux qui se définissent comme Jedi sont dispersés dans la galaxie, traqués par les descendants des Sith qui veulent perpétuer le Côté Obscur. Au final, Le Neuvième Jedi est sûrement l'épisode le plus ambitieux avec une mythologie qui donne vraiment envie aux spectateurs de continuer à l'explorer.

Le sixième court-métrage, T0-B1, est l'œuvre du studio Science SARU. Fondé en 2013, le label commence à d'abord travailler sur des projets tiers comme sur un épisode de la série américaine Adventure Time pour la chaîne Cartoon Network en 2014. Il va ensuite produire quelques séries en intégralité comme Devilman Crybaby (2018) ou se faire remarquer pour certains longs-métrages comme Lou et l'Île aux Sirènes (2017) et Ride Your Wave (2019). T0-B1 est sûrement l'épisode le plus enfantin de Star Wars : Visions et peut-être celui qui s'éloigne le plus de la mythologie Star Wars. Voir un robot devenir un Jedi est en effet assez incongru puisque la Force est censée être ressentie par les êtres vivants ce qui n'est pas le cas ici. Par contre, à cause de cette contradiction, l'épisode se rapproche plus du conte philosophique où la véritable voie du Jedi est d'aider les plus faibles. Peu importe que l'être soit de chair ou de métal, ce qui fait un Jedi est son âme. Le récit est alors très manichéen, notamment sur la fin où le robot pour s'accomplir doit terrasser un inquisiteur Sith. Si l'histoire est toute simple, le court-métrage vaut principalement pour ses références et ses inspirations. T0-B1 est tout d'abord un bel hommage à Astro Boy, le fameux manga d'Osamu Tezuka. Le robot dans l'épisode rappelle bien évidemment celui du Walt Disney japonais mais les similitudes ne s'arrêtent pas là ; le Professeur Mitaka se rapprochant également du Professeur Ochanomizu dans le manga. Le personnage de T0-B1 qui veut devenir un vrai Jedi fait aussi penser à Pinocchio, ce pantin de bois qui aspire à devenir un vrai petit garçon. Enfin, il faut aussi saluer les magnifiques décors qui s'inspirent beaucoup de l'artiste français Mœbius, auteur de L'Incal, et pseudonyme du dessinateur de bandes dessinées Jean Giraud connu pour être le co-créateur de Blueberry.

Le septième court-métrage, L'Ancien, est le deuxième épisode de la série à être produit par le studio Trigger après Les Jumeaux. Le ton est ici beaucoup plus posé, bien plus lent par rapport au précédent. Ici, le spectateur ressent vraiment l'influence de Star Wars : La Menace Fantôme, et surtout la relation entre Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi, dans celle qui lie le Jedi Tajin à son Padawan Dan. L'épisode prend d'ailleurs le temps d'installer la connexion entre le maître et son apprenti à travers un long dialogue tandis qu'ils admirent la route hyperspatiale depuis le cockpit de leur vaisseau. Les deux personnages sont immédiatement attachants ; l'épisode pouvant dès lors être apprécié selon les deux facettes qu'ils représentent chacun : le maître calme qui transmet son savoir à la nouvelle génération avec bienveillance et sérieux et l'apprenti fougueux qui reçoit avec humilité l'enseignement de celui qui a l'expérience et la sagesse. Ils finissent alors par atterrir sur une planète où Tajin a ressenti une aura sombre et ténébreuse et souhaite enquêter dessus. Ils tombent bien vite sur un vieillard avec une puissance hors du commun qui va les affronter l'un après l'autre. Les combats au sabre laser sont alors chorégraphiés à l'image des affrontements de samouraïs japonais, leur donnant ainsi une ambiance bien particulière de toute beauté. Après une jolie morale, cet épisode se termine en donnant aux spectateurs l'incroyable envie de continuer à suivre ces personnages aussi charismatiques qu'attachants.

Le huitième court-métrage Lop & Ochō, est réalisé par Geno Studio. Fondé en 2015, en tant que filiale de la société de production Twin Engine, le jeune label travaille d'abord sur le long-métrage Genocidal Organ (2017) puis les OAV de Golden Kamui (2018) et les séries Kokkoku (2018), Golden Kamui (2018) et Pet (2020). Lop & Ochō vaut surtout pour le design du personnage de Lop. Elle ressemble, en effet, a une lapine sur deux jambes. Son apparence, toute mignonne et typiquement dans le style japonais, n'est pourtant pas si incongrue que ça dans la saga Star Wars. Elle s'inspire ainsi du personnage de l'Univers Étendu Jaxxon T. Tumperakki, un lapin humanoïde à fourrure verte, apparu en 1977 dans le comics Légendes Star Wars #8. Il a ensuite été utilisé dans une œuvre Canon parue dans Star Wars Adventures Annual 2018. Lop & Ochō est pour sa part assez classique dans son approche Star Wars avec une opposition entre deux sœurs, l'une attirée par le Côté Obscur et l'autre par la Voie des Jedi. Ce qui est intéressant ici, à l'image de ce que tentait de dire Star Wars : Les Derniers Jedi, est peut-être que l'héritage du côté lumineux ne vient pas forcement du sang mais du cœur. Ochō choisit ainsi d'aller contre l'avis de son vrai père Yasaburō qui veut s'opposer à l'Empire tandis que sa fille est persuadée que l'avenir de sa famille comme de sa planète est justement dans l'allégeance au nouvel ordre autoritaire. Yasaburō choisit finalement de confier l'artefact familial, transmis de père en fils depuis des générations, à sa fille adoptive qu'il considère bien plus digne de le détenir. Le court-métrage s'inspire aussi beaucoup de l'ambiance japonaise, dans les décors et les costumes des autochtones de la planète Tao. Yasaburō, notamment, donne vraiment l'impression d’appartenir à un clan de yakuza avec son code d'honneur et ses traditions. L'épisode se termine ensuite sur une conclusion satisfaisante même si le spectateur aimerait en savoir plus et découvrir comment les personnages évoluent par la suite... Il n'empêche : il s'agit sûrement de l'épisode le plus politique de la série. Ce qui oppose Yasaburō et Ochō est en effet leur vision opposée du pouvoir et de l'honneur : se soumettre à l'envahisseur ou se rebeller contre lui, avec, dans les deux cas, l'optique de survivre.

Le neuvième et dernier court-métrage, Akakiri, est le deuxième épisode à être réalisé par le studio Science SARU après T0-B1. Son inspiration est double, et étonnamment, ce n'est pas celle venant de Star Wars qui lui donne son sel. Le récit du Jedi Tsubaki est en effet très proche du parcours d'Anakin Skywalker dans Star Wars : La Revanche des Sith ; celui d'un Jedi, fou amoureux, qui veut absolument sauver celle qu'il aime, quitte à se perdre lui-même. Une chose amusante tout de même est à signaler parmi les protagonistes. Les deux guides Senshuu et Kamahachi font ici beaucoup penser à R2-D2 et C-3PO, mais en humains, aussi bien dans leur physiques que leur personnalités. Mais en réalité, Akakiri vaut bien plus pour son influence japonaise très prononcée. Le court-métrage s'inspire ainsi beaucoup dans l'ambiance, les décors et les couleurs de La Forteresse Cachée (1958) du réalisateur nippon d'Akira Kurosawa. Le titre de l'épisode, quant à lui, prend son inspiration dans la notion japonaise du « akakiri » qui représente une brume rouge qui trouble ici le Jedi. Ce brouillard mental symbolise la difficulté du héros à discerner le bien du mal : il va alors faire des mauvais choix même si pour lui ils seront les seuls possibles. D'un point de vue visuel, le court-métrage propose un design assez sommaire au niveau des personnages, ce qui fait que le spectateur a un peu de mal à rentrer dedans ; un handicap dommageable tant les décors sont eux de toute beauté. En outre, et malheureusement, l'aspect graphique n'aide pas à surmonter le bilan d'une histoire somme toute peu palpitante. La conclusion rehausse néanmoins l'intérêt de l'ensemble en offrant une fin douce amère et tragique même s'il convient de reconnaître que Star Wars : Visions ne se termine pas sur son meilleur épisode.

De façon globale, Star Wars : Visions offre une expérience grisante et sûrement le projet Star Wars le plus original depuis des années. Le mariage entre la saga de George Lucas et l'animation japonaise semble en effet vraiment aller de soi. Certains épisodes sont de toute beauté et l'inspiration nipponne apporte beaucoup à l'univers même si parfois les liens avec la saga galactique sont ténus. Des épisodes mériteraient d'ailleurs d'avoir des suites pour découvrir la vie des personnages rencontrés par exemple dans Le Neuvième Jedi, L'Ancien, Les Jumeaux ou Lop & Ochō. D'autres, comme Le Duel ou La Mariée du Village, ont des univers bien singuliers qui leur donnent un cachet vraiment particulier tandis que certains comme Tatooine Rhapsody ou T0-B1 sont plus à destination d'un public plus jeune tout en restant intéressants. Seul Akakiri est au final difficile d'accès en offrant des designs très stylisés méritant un temps pour rentrer dedans et parfaitement apprécier sa proposition. Il n'en reste pas moins que l'expérience Star Wars : Visions est plus que concluante : il reste à espérer que Lucasfilm Ltd. poursuivra cette magnifique série d'anthologie.

Œuvre de Star Wars certes incongrue mais surtout très osée artistiquement parlant, Star Wars : Visions est apte à plaire aussi bien aux fans de la saga qu'aux otakus.

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