Le Labyrinthe
L'affiche du film
Titre original :
The Maze Runner
Production :
20th Century Fox
Temple Hill Entertainment
TSG Entertainment
Gotham Group
Date de sortie USA :
Le 19 septembre 2014
Genre :
Science-fiction
IMAX
Réalisation :
Wes Ball
Musique :
John Paesano
Durée :
120 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Quand Thomas reprend connaissance, il n’a pas idée de qui il est, ni où il est. Au milieu de trente adolescents de son âge, il se retrouve ainsi dans une clairière entourée de murs gigantesques et située au centre d’un énorme labyrinthe. Thomas, avec l’aide de ses compagnons de fortune, doit alors trouver un chemin pour retrouver la liberté, tout en évitant les pièges et les monstres peuplant le labyrinthe.

La critique

rédigée par
Publiée le 15 novembre 2020

L'adolescence est une période charnière du développement humain. Au cours d'une dizaine d'années, de l'âge de 10 ans jusqu'à 19 ans, l'enfant devient adulte à travers des modifications physiologiques importantes. Si le corps change, cela va de pair avec une remise en question de certaines des certitudes de l'enfance. La découverte que les parents sont faillibles pousse notamment le jeune à se questionner, à chercher son identité propre. Il teste des personnalités, s'introduit dans différentes communautés de son âge afin de répondre à ses questions. Ce chemin, semé d'embûches, peut être rapproché de la métaphore du labyrinthe. Pénétrant dans ce lieu comme il entre dans l'adolescence, le jeune est perdu, emprunte des chemins, se trompe, revient en arrière. Avec un peu de chance, il peut être aidé par d'autres, afin d'atteindre la sortie. Une fois dehors, il a ainsi trouvé sa propre identité.

Cette métaphore que l’adolescence est un labyrinthe est prise au pied de la lettre par un jeune écrivain, James Dashner. En 2005, il a trente ans et est déjà l’auteur d’une quadrilogie intitulée La Saga Jimmy Finger. Quatre livres durant lesquels le lecteur suit un jeune homme de 14 ans, le fameux Jimmy, découvrant l’existence d’autres mondes, la résurgence de vieilles légendes et de conspirations. Au cours de son aventure, il doit acquérir certains pouvoirs afin de protéger non seulement son monde, mais aussi tous les mondes existants. Suite au succès de cette première série littéraire, Dashner trouve une idée un poil sadique pour son prochain ouvrage. Le point de départ est simple : un groupe d’adolescents est enfermé dans un labyrinthe insoluble rempli de créatures monstrueuses qui tentent de les tuer. L’idée germe et se développe en trois ans. C’est en 2008 qu’il publie Le Labyrinthe, le premier tome de sa série L'Épreuve. Le succès est au rendez-vous tant auprès du public que de la critique, ce qui lui vaut de gagner le prix de la meilleure fiction pour adolescents aux American Library Associations Awards. Car si le livre met en scène des adolescents se confrontant à un danger plus ou moins inconnu, il vise un public de la même tranche d’âge, soit les adolescents et les jeunes adultes. De cet ouvrage découlent deux suites directes, La Terre Brûlée et Le Remède Mortel, sorties respectivement en 2010 et en 2011.

En pleine recherche du successeur de Harry Potter ou de Twilight, les grands studios investissent dans des séries littéraires visant les jeunes adultes et qui reprennent souvent les mêmes caractéristiques. L’histoire se déroule ainsi soit dans un monde fantastique, soit dans un futur dystopique, où règne un régime autoritaire perçu comme injuste par le héros ou l’héroïne. Brisant ses chaînes et les codes de la société, ce héros s’entoure alors d’un groupe d’amis fidèles et se bat contre les adultes afin de sauver le monde ou, au moins, d’en proposer un meilleur. Ainsi, depuis le début des années 2000, les studios sortent de manière récurrente des adaptations cinématographiques de ces livres pour attirer cette tranche d’âge dans les salles. Pourtant, malgré le succès littéraire, les adaptations connaissent un destin mitigé. Si des sagas comme Hunger Games et Divergente rencontrent un certain succès, il existe aussi de nombreux départs ratés comme The Mortal Instruments : La Cité des Ténèbres ou La Stratégie Ender. Dans cette lutte pour attirer les jeunes, 20th Century Studios fait office d’outsider, puisque le studio n’a pas, en 2014, adapté la moindre série littéraire pour jeunes adultes. Afin de combler ce manque, les producteurs misent donc sur l’adaptation de l’oeuvre de Dashner, sur laquelle ils jettent leur dévolu en 2011 en acquérant les droits d’adaptation. Pour eux, Le Labyrinthe peut égaler le succès du premier Hunger Games sorti en 2012.

20th Century Studios s’associe dès lors avec trois autres studios : les studios Gotham Group, TSG Entertainment et Temple Hill Entertainment. Ce dernier partenaire n’est pas un choix anodin, puisque Temple Hill Entertainment a déjà mis en scène une série de films pour jeunes adultes, la saga Twilight, qui a connu un gros succès, notamment le premier volet de l’histoire de Bella et d'Edward. Avec un budget de 37 millions de dollars, Twilight, Chapitre I : Fascination, réalisé par Catherine Hardwicke, connaît en effet lors de sa sortie en 2008 un gros succès populaire auprès des fans, mais aussi un beau retour sur investissement pour le studio. Fort de cette réussite commerciale, il met en avant Hardwicke pour réaliser le projet d’adaptation de l’œuvre de Dashner. Envisagée un temps, son nom s’efface toutefois, lorsque les studios se penchent vers une autre “candidature” en la personne de Wes Ball, un néophyte dans le monde de la réalisation.

Lorsque Ball entre dans les bureaux des producteurs, il n’a aucune intention de se porter candidat pour un projet qu’il ne connaît absolument pas. En 2012, ayant réalisé son premier projet, un court-métrage d’animation du nom de Ruin se déroulant dans un monde post-apocalyptique, il se présente donc pour en proposer une adaptation en long-métrage, qui doit lui permettre d’entrer à Hollywood. Au lieu de recevoir une réponse favorable à sa demande, il se voit sollicité pour prendre les rennes d’un tout nouveau projet dont les studios viennent d'acquérir les droits : l’adaptation du livre Le Labyrinthe. L'offre lui est faite car les deux univers - de Ruin et du (Le) Labyrinthe - se ressemblent et le ton employé est le même. Wes Ball accepte donc sans se faire prier et se met à travailler sur le scénario. Ce qui lui plaît dedans, c’est la rencontre entre le film Sa Majesté des Mouches et Lost, Les Disparus qui jalonne l’histoire. Livre adapté en film, le premier nommé retrace la mise en place d’une organisation sociale par des adolescents se retrouvant seuls sur une île déserte. L’auteur William Golding y offre une vision très pessimiste de la cohésion sociale d’un groupe. La vie des adolescents tourne rapidement au cauchemar lorsqu’une guerre entre eux débute, que des offrandes sacrificielles et des chasses à l’homme prennent place. La série de J. J. Abrams, Lost, Les Disparus, s’insère dans le scénario du film de par son côté de jeu, d’étude d’un groupe de personnes abandonnées par une société. Des points communs entre la série et le film se retrouvent donc : les deux suivent un groupe de personnes (adolescents / survivants d’un crash d’avion), abandonnées et étudiées dans un monde dangereux (labyrinthe / île) qu’ils ne connaissent pas et dont ils veulent s'échapper. Si la rencontre entre Sa Majesté des Mouches et Lost, Les Disparus est déjà présente dans le livre de Dashner, Ball veut aussi s’inspirer de Jurassic Park de Steven Spielberg, dont la carrière mélange des films d'aventures, comme la saga Indiana Jones, les récits de mondes dystopiques comme Minority Report, et les ambiances plus sombres et intimistes avec notamment Le Pont des Espions, ainsi que des films de Terrence Malick. Son objectif est clair : même s'il se destine à un public adolescent, le metteur en scène veut livrer un long-métrage mature et sophistiqué.

Une fois le réalisateur trouvé, les studios se mettent en quête des acteurs. Le film mettant en scène des adolescents, les producteurs recherchent donc des comédiens jeunes, âgés d’une vingtaine d’année tout au plus et qui n’ont pas forcément besoin d’avoir une longue carrière derrière eux. Et, dans cette quête aux acteurs, certains rôles sont pourvus relativement facilement, tandis que d’autres sont plus chaotiquement distribués. C’est le cas pour le premier rôle du film, un certain Thomas, qui est incarné par l’une des stars de la série de MTV Teen Wolf, Dylan O’Brien. Et pourtant, le jeune acteur a bien failli ne pas obtenir le rôle à cause… de sa coupe de cheveux ! Si la raison de ce refus avancée par Ball lui-même peut être saugrenue, elle ne vient pas sans une certaine raison pour le réalisateur. Le personnage de Thomas entre en effet dans le labyrinthe en tant qu’enfant et en sort, non seulement en tant qu’homme, mais en tant qu’un leader de groupe badass. Ball a ainsi une certaine image de ce qu’il recherche, lorsque O’Brien réalise ses essais. Sa coupe de cheveux, la même qu’il a dans Teen Wolf, ne convient pas, trop lisse pour le réalisateur qui l’élimine d’office du projet. D’autres acteurs sont donc envisagés : le futur Henri Turner de Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, Brenton Thwaites, ou encore Thomas Brodie-Sangster qui obtient un autre rôle dans la production. Un jour, les producteurs déclarent avoir un acteur qui semble avoir la vingtaine et qui pourrait être intéressant pour le film. D’autant qu’il sort de la production du film Les Stagiaires pour 20th Century Studios, dans lequel il incarne un programmateur informatique en herbe. Intéressé, Ball regarde quelques autres projets du jeune et des photos de lui sur Internet. Et quelle surprise pour Ball lorsqu’il se souvient d’avoir lui-même recalé cet acteur pour jouer Thomas ! Le réalisateur reprend donc contact avec Dylan O’Brien pour de nouveaux essais, durant lesquels il est perçu par Ball comme étant "le mec le plus cool". Le film a trouvé son Thomas !

Dylan O’Brien incarne donc Thomas, un jeune homme que les spectateurs découvrent dès les premières secondes du film. Amnésique, il se trouve couché dans une cage d’ascenseur qui monte rapidement et finit par déboucher dans une clairière. Cette dernière est entourée par des murs gigantesques et déjà peuplée par une trentaine de garçons. Il apprend ainsi que chaque mois, un nouvel adolescent arrive au milieu de la clairière, en ayant ses souvenirs effacés. Dans ce “bloc”, le plus ancien est Alby, le chef du groupe. Il est incarné par Aml Ameen, dont la carrière se contente à des présences dans de petits films et des apparitions dans des séries. Alby est en réalité le chef des “Blocards” - “the Gladers” en anglais -, le nom donné par les adolescents à la communauté qu’ils forment du fait qu’ils se trouvent au milieu d’un bloc de béton. Les adolescents ont ainsi installé une certaine organisation sociale et se sont répartis les tâches au travers de la clairière : certains réparent et construisent, d’autres s’occupent du potager. Parmi eux, Thomas se lie d’amitié avec Newt et Chuck, le dernier arrivant dans ce lieu avant Thomas. Il apprend dès lors que la clairière se trouve au centre d’un labyrinthe géant qu’ils peuvent explorer seulement la journée. Car, une fois la nuit tombée, la porte donnant sur la clairière se referme. Des monstres sont lâchés dans les couloirs du labyrinthe et tuent tous les intrus qu’ils découvrent.

Déposer sa candidature est un doux euphémisme pour le travail qu’a fourni Blake Cooper pour incarner Chuck. Wes Ball parlant souvent du film sur Twitter, il a reçu des milliers de candidatures spontanées pour incarner celui qui deviendra le meilleur ami de Thomas. Mais si la plupart envoient un message et s’arrêtent là, ce n’est pas le cas pour Blake. Il envoie ainsi continuellement des messages au réalisateur pendant des semaines, jusqu’à ce que Ball lui propose d’envoyer une cassette montrant ses talents à la responsable du casting. Aussitôt dit, aussitôt fait pour Cooper qui se filme et transmet sa démo aux studios. Et cela paie. Ball est conquis par les prouesses du jeune de dix ans et lui offre le poste tant désiré. Newt est lui le second en chef d’Alby, le leader des Blocards. Ce personnage est incarné par un jeune, mais déjà expérimenté Thomas Brodie-Sangster, le même qui fut recalé pour le rôle de Thomas. Brodie-Sangster débute ainsi sa carrière comme le jeune écolier amoureux dans Love Actually, puis comme l’un des enfants Brown dans Nanny McPhee. Entre 2007 et 2015, il prête sa voix au personnage de Ferb dans la série Phinéas et Ferb pour Disney Television Animation. Enfin, dans une série à l’ambiance plus sombre et mature, il incarne Jojen Reed dans Game of Thrones.

De tous les travaux à réaliser dans la clairière, Thomas est intrigué par un en particulier : quatre jeunes qui, au petit matin, partent dans le labyrinthe. Les “coureurs” ont pour objectif d’explorer les couloirs et de trouver une sortie pour le groupe. Le chef des coureurs est Minho, interprété par Ki Hong Lee. Un soir, alors que la porte de la clairière se referme, Minho et un Alby blessé n’arrivent pas à revenir dans la zone sécurisée. Thomas les rejoint alors et les aide à passer la nuit dans le labyrinthe en tuant notamment un des “Griffeurs”, un monstre mi-organique, mi-robot. Le lendemain, un nouvel adolescent est envoyé dans la clairière et cela en brisant deux règles : la première en ne respectant pas le délai d’un mois entre deux arrivées, la seconde en y envoyant une fille, la première et seule fille à fouler l’herbe de la clairière. Pire que cela, Teresa se souvient du nom de Thomas, ce qui renforce la rivalité qu’il a avec un autre Blocard du nom de Gally. Pour incarner Teresa, Wes Ball a une actrice en tête dès le début : Kaya Scodelario, qu’il considère comme fantastique dans la série qui l’a révélée, Skins. À Hollywood, elle obtient un petit rôle dans Le Choc des Titans en 2010, avant de devenir la Carina Smyth de Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar. Will Poulter, qui prête ses traits à Gally, a deux films à son actif avant de débuter la production du (Le) Labyrinthe. En 2007, il joue un mauvais garçon dans l’acclamé Le Fils de Rambow, avant de rejoindre, en 2010, le monde de Narnia en tant que Eustace Scrubb, dans Le Monde de Narnia : L’Odyssée du Passeur d’Aurore.

Une fois les acteurs trouvés, Wes Ball se permet de leur offrir une belle surprise avant le début du tournage. Alors que personne, lors des essais, n’a testé les capacités physiques des acteurs, le réalisateur les oblige à suivre un camp d'entraînement, un camp de survie dans le labyrinthe. Ou plutôt le décor du labyrinthe, qui a été entièrement créé sur une portion de ferme de 18 acres en Louisiane. En une semaine, les acteurs apprennent à créer des outils et des abris à partir de la nature environnante. Et pour les mettre dans l’ambiance, il les force à passer une nuit entière dans le décor de la clairière, comme leurs personnages doivent le faire. Après une semaine d’entraînements intensifs, la production est prête à tourner… ou presque. Tournant en extérieur, sur un terrain d’une ferme existante, les producteurs engagent des chasseurs de serpents pour s’assurer que la zone est sécurisée pour les acteurs. Près de 25 serpents venimeux, dont un de plus de deux mètres de longs, sont ainsi retirés du lieu de tournage. Le tournage débute le 13 mai 2013 et dure jusqu’au 12 juillet de la même année, soit 44 jours en ne comptant pas les jours de repos.

Si les studios veulent faire du projet un film pour jeunes adultes, Wes Ball en profite un maximum pour poser des questions d’ordres philosophiques sur le développement humain, le caractère humain et l’organisation sociale qui régit toute société. Ces questions enrichissent alors grandement l'opus. Tout comme les enfants de Sa Majesté des Mouches, ses personnages sont seuls, “abandonnés”, et ne connaissent aucune contrainte extérieure. Aucune pression parentale ou sociétale. Aucune règle ou loi préexistante influençant potentiellement leur comportement. La seule influence qu’ils vont connaître, c’est celle de leurs pairs, des autres adolescents prisonniers dans le labyrinthe. Le mur entourant la clairière est ainsi une très belle image de l’esprit d’un adolescent qui se ferme au monde extérieur, au monde des adultes, et se recentre sur lui et ses camarades pour trouver sa personnalité. Et dans cette quête, le film démontre bien les différents biais qui vont influencer le développement des adolescents. Chuck, le plus jeune Blocard, est petit, en surpoids et moqué par les plus forts du groupe. Son tempérament dans le film, en tout cas au début, est celui d’une personne effacée, mise de côté et qui s’en accommode très bien. Le développement de Thomas ne se fait pas par lui-même. C’est en opposition à la personnalité de Gally que se construit la position de chef entreprenant du héros. Le film illustre ainsi parfaitement cette construction de l’adolescent. De plus, les jeunes, sans prédispositions sociales externes, développent les mêmes sentiments et les mêmes relations (amitié, haine, etc.) que toute société existante. Ball semble poser un constat effrayant : les relations sociales sont bien évidemment influencées par l’expérience, mais pourraient aussi être innées à l’être humain.

Et dans cette quête d’identité, les adultes n’ont pas leur place. Les seuls adultes présents dans le film sont les scientifiques de la compagnie W.I.C.K.E.D, World In Catastrophe : Killzone Experiment Department - Monde Sinistre : Département Expérience de la Zone Mortelle en français - qui observent l’évolution de ces jeunes en restant à l’écart. La majorité du temps, ils occupent le rôle de spectateurs. Ainsi, lorsque les jeunes sont dans la clairière, aucun adulte ne peut ou ne doit y pénétrer. C’est leur refuge, le lieu où ils peuvent prendre le temps de se construire, de se chercher et de se trouver une identité propre. Au cours du film, le seul moment où les jeunes ont une rencontre avec les adultes, et encore elle est indirecte, c’est avec les Griffeurs, ces monstres gérés par W.I.C.K.E.D. et donc des adultes. Et cette relation est plutôt destructrice pour les jeunes. Ils se font tuer, déchiqueter s’ils n’arrivent pas à rejoindre un espace sûr, la clairière ou la sortie du labyrinthe. Les adultes représentent donc une menace mortelle pour les jeunes et, de facto, pour la quête identitaire de l’adolescent. Si la clairière représente un endroit sûr et de recherche de soi, les couloirs et le labyrinthe peuvent se rapprocher des commentaires, des critiques et des jugements des adultes et de la société sur l’identité choisie par le jeune. Si elle ne convient pas, n’est pas validée, le jeune la voit être détruite, comme les coureurs dans le film, ou il est poussé à en chercher une autre dans la clairière et à y rester potentiellement à jamais, comme Gally. Aucune des deux options offertes par les adultes n’est acceptable et saine pour le jeune. Soit il meurt en se confrontant aux adultes, soit il devient fou. Au delà de simplement illustrer le malaise des adolescents face à cette quête identitaire, Ball critique allègrement le comportement même de la société qui tend à détruire tout jeune qui n’entrerait pas dans un cadre posé. De par ce questionnement intéressant, Ball ouvre donc le film à un public plus grand, aux adultes et parents eux-mêmes.

Dans le sigle W.I.C.K.E.D., il y a le terme expérience qui apparaît et qui pourrait être rapproché du terme de la recherche. Et cette connexion entre science, expérience et recherche est accentuée dans le film par les prénoms des personnages qui sont tous une référence à un grand chercheur. Thomas fait allusion à Thomas Edison, inventeur, pionnier de l'électricité et l’un des créateurs du cinéma. Le chef Alby fait le lien avec Albert Einstein, un physicien à la base de la physique quantique. Père de la théorie de la gravitation universelle, Isaac Newton est référencé par le personnage de Newt. Charles Darwin, qui a théorisé la théorie de l’évolution, et le savant Galilée sont représentés respectivement par Chuck et Gally. Ce dernier lien entre Galilée et Gally est d'ailleurs très bien utilisé dans le film. Galilée a soutenu les idées de Copernic établissant que la Terre n’était pas au centre de l’univers, mais qu’elle tournait autour du Soleil. Gally, très géocentriste, centré sur lui-même, doit faire cette découverte afin de pouvoir se développer. Enfin, d’autres personnalités plus politiques sont introduites dans le film : mère Teresa donne son nom à Teresa, tandis que Winston Churchill et Benjamin Franklin sont illustrés par les personnages de Winston et de Ben.

Alors qu’il est néophyte en la matière, Wes Ball propose une réalisation très bien maîtrisée entre les scènes d’actions et les scènes de repos dans la clairière. Son utilisation de la lumière définit aussi parfaitement les lieux. La clairière est majoritairement éclairée soit par la lumière naturelle du soleil lors du tournage, soit par quelques rajouts qui en font un espace de sécurité, de chaleur et de réconfort pour les personnages. Et cette lumière est réellement la pierre angulaire pour créer la tension ou le danger chez le spectateur. Alors que la clairière est illuminée, le labyrinthe est assombri, laissant penser que le danger, même en plein jour, peut apparaître de n’importe où. Cette impression de froideur est renforcée par les murs en béton, vides de vie. Et quand Ball doit inclure un endroit plus dangereux et créer la tension dans la clairière, il utilise la même lumière que dans le labyrinthe.

La tension que transmettent les images est approfondie par une bande-son aux notes angoissantes. Le compositeur John Paesano a brièvement travaillé avec certains grands noms de la composition de musique de films, comme Jerry Goldsmith, John Williams et Hans Zimmer, rien que cela ! Mais pour lui, Le Labyrinthe est l’une de ses premières créations personnelles et il mélange à la perfection les quelques instants, très brefs, d’espoirs, avec les moments de tensions et de doutes. Avec la piste What Is This Place?, Paesano use parfaitement de la guitare pour en tirer des complaintes faisant écho aux doutes et à la crainte de Thomas, tout juste débarqué dans la clairière. En opposition, Ben’s Not Right arrive à faire monter la tension, dans un style rappelant certaines pistes de la bande originale de Jurassic Park de John Williams. Conjuguées ensemble, les images et la musique offrent un rendu exceptionnel des sentiments des personnages au cours du film. Le travail de Paesano est d’ailleurs récompensé par le prix du public au World Soundtrack Awards 2015.

Après 44 jours de tournage et quasiment une année de post-production, le film débouche dans les cinémas américains le 19 septembre 2014, et un peu plus d’un mois plus tard dans les salles français, le 15 octobre 2014. Sur le plan des spectateurs, le film est très bien reçu avec, en France, un peu plus de 3 millions de spectateurs - 3 127 112 pour être précis -, tandis que dans le monde il engrange près de 350 millions de dollars de recettes, pour un budget de 34 millions. Ce qui est plus surprenant est la bonne réception du film par les critiques du cinéma elles-mêmes qui ont plutôt tendance à critiquer massivement ce genre d’adaptation. Tim Ryan, pour The Wall Street Journal, considère l'opus comme meilleur que la plupart des fictions cinénatographiques adressées aux jeunes adultes, grâce au très bon jeu des acteurs et à l'atmosphère mystérieuse et terrifiante. Et si le long-métrage se démarque par sa réalisation et sa musique, le travail des acteurs et leur implication dans leurs personnages sont absolument parfaits. Maniant à la perfection les changements de ton et d’atmosphère, ils incarnent avec conviction leur rôle. Pour Dylan O’Brien, son implication dans son personnage lui vaut même une fracture de la mâchoire, tandis que Thomas Brodie-Sangster dépose un caillou dans sa chaussure à chaque scène pour lui rappeler de boiter. Cette communion entre une bonne réalisation et un casting jouant juste, portée par les notes de Paesano, est la base du succès du film. Rapidement après sa sortie, les studios lancent donc la mise en chantier de la suite, l’adaptation de Le Labyrinthe : La Terre Brûlée, qui sort sur les écrans en 2015. Le troisième et dernier tome de la saga, Le Labyrinthe : Le Remède Mortel, conclut l’histoire de Thomas et des Blocards trois ans plus tard.

Le Labyrinthe se base sur un scénario solide qui a déjà fait ses preuves en librairies avec le premier volet de la saga L'Épreuve et possède une base de fans importante. Pour sa première réalisation, Wes Ball remplit alors parfaitement le cahier des charges pour un film de ce genre et peut compter sur un casting en tout point irréprochable, malgré la jeunesse et les carrières toutes relatives des acteurs et des actrices. Le ton plus sombre et l’exclusion d’une romance le démarquent de ses prédécesseurs - Twilight, Chapitre I : Fascination et Hunger Games - et le rendent particulièrement intéressant. Mais le tour de force de Ball est d’avoir su prendre un projet destiné uniquement aux jeunes adultes et d’en faire un questionnement plus profond sur la société et la manière dont elle traite le développement adolescent.

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