Zorro Contre Aigle Noir

Bien décidé à surfer sur le succès de la série télé Zorro, Disney reprend pour elle la solution inaugurée pour la première fois avec les films Davy Crockett, roi des trappeurs et Davy Crockett et les pirates de la rivière. L'astuce consiste ainsi à monter un simple conglomérat de certains épisodes d'une série télé en un long métrage de cinéma. Pourtant, ce qui avait plutôt bien marché avec le trappeur fait un four pour le vengeur masqué. Et pour cause : la série Zorro ayant été tournée en noir et blanc sur la base d'épisodes d'une durée moitié moindre que ceux de Davy Crockett, la création d'un long-métrage à partir d'épisodes du feuilleton apparaît bien vite totalement artificielle.

Signé Zorro est ainsi le premier film du héros à voir le jour dans ces conditions. D'abord testé sur le marché japonais en 1958, où la série n'a pas été diffusée, il rencontre un réel succès commercial. Enthousiaste, Disney le propose deux ans plus tard dans les salles obscures aux U.S.A. Fatale erreur ! Le studio a, en effet, mal envisagé le sentiment de trop plein du public américain, qui abreuvé par les multiples rediffusions de la série sur le petit écran au cours des années précédentes, s'est désormais lassé du cavalier masqué.

Fort logiquement, Zorro Contre Aigle Noir, le deuxième film mis en chantier en 1959 toujours pour le public nippon et sur le même principe, ne sera jamais proposé aux USA. Il a droit en revanche à une carrière internationale, notamment en Europe, et plus précisément encore en France. Sa distribution connait cependant de bien curieuses péripéties. La version française est, en effet, raccourcie à 40 minutes par rapport à la japonaise, transformant l'opus en moyen-métrage, finalement présenté en avant-programme du film Le Jaguar, Seigneur de l'Amazone sorti dans l'hexagone le 21 avril 1961.

Zorro Contre Aigle Noir est donc un montage de plusieurs épisodes de la saison 1. Il débute par l'introduction de l'épisode 27 (Les complices de l'Aigle Noir) où l'Aigle Noir fait messe basse avec ses collaborateurs. La suite est un montage de scènes d'actions du justicier provenant de l'ère du Magistrat Galindo, agent de l'Aigle Noir (extraits des épisodes 14 à 26) - autant de prétextes servant à magnifier le héros ! L'essentiel du long-métrage est enfin issu de la juxtaposition des épisodes 35 (Le nœud coulant se resserre), 36 (Les regrets du sergent), 37 (L'aigle s'envole) et 39 (La fuite de l'Aigle).
Le lien entre toutes ces scènes venues d'horizons divers se base sur quelques plans inédits tournés par Guy Williams et Gene Sheldon dans le décor de l'antichambre secrète peu avant la commercialisation du film au cinéma.

Film en noir et blanc, au récit aussi artificiel que bancal, Zorro Contre Aigle Noir peine à convaincre. Il reste aujourd'hui une curiosité pour les fans souhaitant tout voir de l'œuvre du vengeur masqué. Les autres peuvent tranquillement passer leur chemin...