Marvin Davis

Date de naissance : Le 21 décembre 1910 Lieu de Naissance : Clovis, au Nouveau-Mexique, aux États-Unis Date de Décès : Le 08 mars 1998 Lieu de Décès : Santa Monica, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Imagineer Directeur Artistique |
La biographie
Lorsque le projet Disneyland devient définitivement concret en 1953, Walt Disney comprend que les architectes qu’il a engagés ne partagent pas vraiment sa conception des choses. Trop rationnels, ces derniers ne comprennent pas le souci qui est le sien de privilégier la mise en scène plutôt que la praticité des lieux. Après s’en être séparé, Disney se lance alors à la recherche d’hommes et de femmes qui connaissent sur le bout des doigts l’industrie du divertissement. Plusieurs talents sont ainsi débauchés chez la concurrence, à l’instar de Marvin Davis, l’un des directeurs artistiques de 20th Century Fox qui devient bientôt le concepteur du plan directeur du Parc.
Stan Jolley, Marvin Davis et Carroll Clark
Marvin Aubrey Davis naît le 21 décembre 1910 à Clovis, dans le sud-est du Nouveau-Mexique. Après avoir passé deux ans sur les bancs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), il poursuit ses études à l’Université de Californie du Sud où il décroche un diplôme en architecture. Major de la promotion 1935, il est pour l’occasion honoré par la prestigieuse médaille de l’American Institute of Architects. En 1937, Marvin Davis met son talent au service du studio 20th Century Fox qui l’engage en tant que directeur artistique. À ce poste durant quinze ans, il travaille notamment sur les longs-métrages Quand la Ville Dort de John Huston avec Sam Jaffe, Sterling Hayden et Jean Hagen (1950) et Les Hommes Préfèrent les Blondes d’Howard Hawks avec Marilyn Monroe et Jane Russell (1953).


En mai 1953, Marvin Davis entend parler de Disneyland grâce à l’entremise de son ami Richard (Dick) Irvine, son ancien mentor qui vient récemment de quitter Fox pour rejoindre les studios Disney. Intrigué par l’idée, Davis fait le même chemin et intègre au début de l’été les équipes de WED Enterprises (actuelle Walt Disney Imagineering). Prenant la suite d’Harper Goff, l’un des directeurs artistiques de la compagnie désormais occupé par la production de 20 000 Lieues Sous les Mers, Marvin Davis collabore avec Irvine et Dale Hennesy aux côtés de qui il commence à réfléchir à la création d’attractions inspirées de Blanche Neige et les Sept Nains, Cendrillon et Peter Pan. De ce travail de recherche, naîtront les attractions Snow White and Her Adventures et Peter Pan Flight.


Impliqué dans l’élaboration de Main Street, U.S.A., la rue principale à laquelle il offre tout son charme, Marvin Davis produit aussi différentes esquisses dépeignant le Far West. Sur certains dessins, apparaît notamment Tom Sawyer Island. En plus d'un système de monorail aérien, il imagine par ailleurs le concept de hub, un endroit central dans le Parc permettant aux visiteurs de s’orienter et de pénétrer dans les autres Lands. Celui-ci est alors marqué par la présence d’un château de conte de fées. Davis l’imagine dans un style proche de la Renaissance française et italienne. Pour le dessiner, il demande que soit rassemblée une importante documentation. Celle-ci lui est fournie par les petites-mains de WED, en particulier Marjorie Sewell, la nièce de Lillian qui travaille aux côtés de la sœur de cette dernière, Hazel. Observant les dizaines de photographies compilées pour lui, Marvin Davis est immédiatement séduit par le château de Neuschwanstein qui devient la source d’inspiration principale du Château de la Belle au Bois Dormant.


Nommé directeur des opérations, Marvin Davis s’attèle en parallèle durant l’été 1953 à imaginer le plan du futur Parc. Avant même de connaître sa localisation à Anaheim, il trace des dizaines de versions différentes du site. Pour ce faire, il est régulièrement assisté par Walt Disney qui, dès que son agenda le lui permet, vient partager avec lui sa conception des choses. « Ça, ce sera le tracé de mon train », lui dit le 8 août 1953 Disney qui n’hésite pas à prendre un crayon pour dessiner directement sur les concept arts de ses collaborateurs. Validé par Walt Disney, le plan directeur pensé par Marvin Davis avec l’aide de Dick Irvine est ensuite confié à Herb Ryman, lequel est chargé de concevoir une vue d’ensemble du site. Magnifique, celle-ci est mise en couleur par Davis et Irvine avant d’être envoyée à New York afin que Roy, le frère de Walt, s’en serve pour présenter le projet et convaincre les investisseurs, notamment la chaîne de télévision ABC, de participer au financement.
Plan directeur de Disneyland, 1954
Incontestablement, Marvin Davis est l’un des grands artisans à l’origine du succès de Disneyland, inauguré en grande pompe en direct à la télévision le dimanche 17 juillet 1955. Pour le remercier de son engagement, Walt Disney le gratifie, comme d’autres directeurs artistiques, en inscrivant son nom sur l’une des fenêtres de la banque de Main Street, U.S.A.. Quelques jours après l’ouverture de Disneyland, Marvin Davis est par ailleurs au comble du bonheur au moment d’épouser Marjorie Sewell. Le couple donnera naissance à trois enfants.


Invité à assister à cette grande journée d’inauguration, Marvin Davis s’en retourne au cinéma dès l’été 1955. Un an plus tôt, déjà, il avait participé à la production de Davy Crockett, la série phénomène pour laquelle il avait imaginé, entre autres, la reconstitution de Fort Alamo. Cette fois, il s’attèle à la création de Zorro (1957) et dirige, avec Emile Kuri et Hal Gausman, la construction des décors dans le coin nord-est des studios de Burbank où est entièrement assemblé le village de Pueblo la Reina de Los Angeles, avec son hacienda, son église, le palais du gouverneur et la caserne. Plus tard, il planche sur Le Renard des Marais (1959). Cette fois, William Tuntke et lui investissent le Golden Oak Ranch où est reproduite l’atmosphère de la Caroline du Sud dans les années 1780. Pour compléter l’ensemble, un décor de manoir colonial est loué au studio 20th Century Fox.


Pour la réalisation de Sam l’Intrépide (1963), Carroll Clark, William Tuntke et Marvin Davis prennent leurs quartiers au ranch de Thousand Oaks où une équipe de quarante-cinq ouvriers accomplissent d’énormes travaux de terrassement pour creuser un lac artificiel. La filmographie de Davis comprend également des longs-métrages comme Sur la Piste de l’Oregon (1956), Babes in Toyland (1961), Un Pilote dans la Lune (1962), Bon Voyage ! (1962), Compagnon d’Aventure (1962), Les Pas du Tigre (1964), Quatre Bassets Pour Un Danois (1966) et Demain… Des Hommes (1966).


En plus des téléfilms Sammy, le Phoque (1962), Mooncussers (1962), For the Love of Willadean (1964) et Kilroy (1965), le nom de Marvin Davis est attaché aux séries The Hardy Boys : The Mystery of the Applegate Treasure (1956) et Corky et White Shadow (1956), toutes les deux diffusées au sein du Mickey Mouse Club, ainsi qu’aux feuilletons Texas John Slaughter (1958) et Daniel Boone (1960). Il collabore à plusieurs épisodes des émissions Walt Disney Presents et Walt Disney’s Wonderful World of Color, notamment Man and the Moon (1955), Searching for Nature’s Mysteries (1955), Le Plausible Impossible (1956), Notre Ami l’Atome (1957), Magie Expliquée (1957), Adventure in Wildwood Heart (1957), L'Histoire de Tchaïkovski (1959) et Backstage Party (1961). Pour leur travail sur Mooncussers, Carroll Clark et lui reçoivent l’Emmy Award de la Meilleure Direction Artistique en 1962. L'art de Marvin Davis est enfin parfois mis au service d'autres entreprises, notamment la firme automobile Hudson Hornett qui fait appel à ses services pour l'une de ses publicités.


En 1965, Marvin Davis revient chez WED Enterprises. Au travail sur New Orleans Square et la construction d’Haunted Mansion, il est de nouveau sollicité par Walt Disney qui lui demande de participer au développement de Mineral King, un projet de station de sports d’hiver dans la Sierra Nevada. Surtout, ce dernier l’informe qu’il a une fois encore besoin de lui pour son autre grand chantier du moment, la construction d’un nouveau Parc en Floride. Au cours des derniers mois, le créateur de Mickey a en effet acheté des hectares de terres dans le centre de l’État ensoleillé. Souhaitant rester incognito, il s’est maintes fois rendu sur place en se faisant passer pour un certain Walter E. Davis, un pseudonyme imaginé à partir du nom de Marvin Davis et qui, opportunément, coïncide avec les initiales WED inscrites sur ses bagages !

années 1960

réalisé avec Sam McKim, 1960's
Se rêvant en grand urbaniste, Disney demande à Marvin Davis de réfléchir principalement à EPCOT, son concept de Ville du futur. La mort soudaine de Walt, emporté le 15 décembre 1966, réduit toutefois l’idée à néant. Aucune ville nouvelle ne verra le jour. À la place, l’objectif initial est altéré et repensé, donnant naissance à Epcot, un parc d’attractions basé sur les sciences et l’avenir.


En plus d’Epcot, Marvin Davis dessine entre autres le plan directeur de Walt Disney World. Si près de soixante-dix tentatives ont été nécessaires à l’époque de la création de Disneyland, il parvient cette fois au résultat escompté au bout de sept essais. Il réalise également ceux du Disney's Contemporary Resort et du Disney's Polynesian Resort, inaugurés tous les deux en même temps que le Resort le 1er octobre 1971. L’année suivante, ouvre le Lake Buena Vista Golf Course, également conçu par lui.


Victime depuis plusieurs années de douleurs provoquées par la contraction jadis d’une poliomyélite, Marvin Davis prend finalement sa retraite en 1975 après vingt-deux ans au service de Disney. Cette brillante carrière est couronnée le 22 novembre 1994 par la remise d’un Disney Legends Award. Davis s’éteint le 8 mars 1998 à l’hôpital de Santa Monica, dans le sud de la Californie. Il avait quatre-vingt-sept ans.
Marvin Davis recevant son Emmy Award en 1962
À l’annonce de son décès, les témoignages se multiplient :
« La seule chose que tout le monde pouvait remarquer chez Marvin », explique John Hench, un autre artisan de Disneyland, « c’est à quel point il était déterminé à finir tout travail commencé. Certains y voyaient de l’entêtement. Lui ne voulait rien d’autre que d’aller au bout des choses. Personne ne pouvait l’arrêter. Grâce à sa riche expérience dans le domaine du cinéma, il avait un sens et une compréhension aiguisés de la mise en scène. Il savait comment donner de la vie et du sens aux différentes structures du Parc, alors même que cela n'intéresse généralement pas les architectes. Il savait comment créer une architecture inspirante pour les gens. Par exemple, les bâtiments de Main Street, U.S.A. expriment tous un irrémédiable optimisme. Marvin a apporté beaucoup de soin dans le développement de Disney », poursuit Hench, « Il a toujours travaillé extrêmement dur pour donner vie au rêve de Walt. Il a conçu Disneyland exactement comme Walt l’envisageait ».
« Marvin était un dur à cuire », note pour sa part Marty Sklar, « Il a mené les choses, encore et encore, jusqu’à ce que tout le monde soit totalement satisfait. Il était extrêmement minutieux et professionnel. Déterminé est le mot parfait pour désigner Marvin ».
Fenêtre de la banque de Main Street, U.S.A., Disneyland Park
« C’est Marvin qui m’a engagé », complète Sam McKim, « Je travaillais chez 20th Century Fox. Je ne le connaissais pas mais il a jeté un œil à mon portfolio. Il a visiblement aimé ce qu’il a vu puisqu’à m’a demandé de venir dès le lundi suivant. Ce qui ne devait être qu’un emploi temporaire s’est changé en carrière de trente-deux ans. Nous avons développé une belle amitié. Marvin n’était pas autoritaire. Mais il savait ce qu’il voulait et il vous donnait la possibilité de bien faire votre travail. Je m’estime chanceux d’avoir travaillé avec un homme comme lui ».
« Ma rencontre avec Marvin remonte aux années 1940 », raconte Bill Martin, « C’était chez 20th Century Fox. Comme une demi-douzaine d’employés, nous sommes partis chez Disney. Pour être tout à fait honnête, aucun de nous ne croyait que Disneyland verrait le jour car personne ne savait réellement comment créer un tel parc. Marvin a cependant maintenu le cap. Il avait cette ténacité. Il était très calme, très modeste. Surtout, il restait vaille que vaille fidèle à ce qu’il était en train de faire ».
« Le plus remarquable chez Marvin », ajoute Bill Evans, « c’était son tempérament. Il pouvait se mettre en colère au sujet de sa maladie. Mais il continuait malgré tout à aller de l’avant, toujours dans un esprit positif et constructif. Il était joyeux, créatif et une source d’inspiration incroyable pour tous ceux qui le connaissaient ».
La filmographie
001 |
Les Hommes Préfèrent les Blondes
Directeur Artistique • Comédie musicale
1953
Cinéma
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1953
Cinéma
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002 |
Davy Crockett
Directeur Artistique • Western • Minisérie
1954 • 1955
Télévision
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1954 • 1955
Télévision
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006 |
Corky and White Shadow
Directeur Artistique • Aventure • 18 Épisodes
1956 • 1956
Télévision
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1956 • 1956
Télévision
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008 |
Searching for Nature's Mysteries
Directeur Artistique • Documentaire
1956
Télévision
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1956
Télévision
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009 |
The Hardy Boys : The Mystery of the Applegate Treasure
Directeur Artistique • Suspense • 20 Épisodes
1956 • 1956
Télévision
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1956 • 1956
Télévision
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014 |
Au Cœur de la Forêt Sauvage
Directeur Artistique • Documentaire
1957
Télévision
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1957
Télévision
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016 |
Texas John Slaughter
Directeur Artistique • Western • Minisérie
1958 • 1961
Télévision
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1958 • 1961
Télévision
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019 |
Le Renard des Marais
Directeur Artistique • Aventure • Minisérie
1959 • 1961
Télévision
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1959 • 1961
Télévision
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