Date de création :
Janvier 1948
Nom Original :
Gladstone Gander
Autre(s) Nom(s) :
Jonathan le Veinard
Créateur(s) :
Carl Barks
Apparition :
BD
Télévision
Jeux Vidéo
Voix Originale(s) :
Rob Paulsen (La Bande à Picsou - 1987)
Corey Burton (Donald Duck : Goin' Quackers!)
Paul F. Tompkins (La Bande à Picsou - 2017)
Voix Française(s) :
Roger Carel (La Bande à Picsou - 1987)
Jérémy Prévost (La Bande à Picsou - 2017)

Le portrait

Publié le 01 mars 2016

Gontran Bonheur est un personnage bien connu des lecteurs de bandes dessinées Disney ! C'est en effet le fameux cousin de Donald à qui la chance sourit tout le temps et qui s'amuse à le défier en permanence, que ce soit en amour pour les faveurs de Daisy, lors d'une course au trésor ou dans n'importe quel concours lambda. Et à chaque fois, Donald perd la partie…


La Bande à Picsou

Le Cousin Chanceux de Carl Barks

Gontran Bonheur doit son existence à Carl Barks, surnommé le Maître des Canards
Le dessinateur commence sa carrière chez Disney en 1935 comme intervalliste. Il travaille ensuite sur différents cartoons en qualité de scénariste. Notamment, il est en charge du succulent Donald se Camoufle. En 1942, il est missionné pour réaliser la bande dessinée Donald Duck Finds Pirates Gold sur le scénario qui fut envisagé dans un premier temps pour un long-métrage. Carl Barks va ainsi faire carrière dans le support B.D. et écrire et dessiner, jusqu'à sa retraite en 1966, des histoires mémorables sur le célèbre canard et sa famille. Il imagine tout un univers autour du palmipède malchanceux, à commencer par Balthazar Picsou (qui apparaît pour la première fois dans Christmas on Bear Mountain en 1947). Suivront le cousin chanceux de Donald : Gontran Bonheur (1948) ; les voleurs frères Rapetou (1951) ; l'inventeur Géo Trouvetou (1952) ; le machiavélique Gripsou (1956) ; la sorcière Miss Tick (1961). Ces personnages sont tellement inscrits dans l'inconscient collectif qu'ils inspirent des grands noms du cinéma, notamment Steven Spielberg, pour la scène de la boule de pierre dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue.


Carl Barks

Gontran Bonheur apparait pour la première fois en janvier 1948 dans le magazine Walt Disney's Comics and Stories #88 au sein de l'histoire Les Deux Vantards (Wintertime Wager). Dans cette aventure, il débarque chez Donald à Noël et lui rappelle un vieux pari : il doit se baigner dans le lac gelé le jour de Noël ou lui donner sa maison (le mettant lui et ses neveux à la rue). Malheureusement, Donald perd le pari et donc son logis. Il est finalement sauvé par Daisy qui avait, elle, parier avec Gontran de boire huit litres de limonade en une heure sous peine de devoir restituer sa maison à Donald. Gontran échoue lamentablement et Donald rentre chez lui. Mais c'est sans compter sur le caractère des deux cousins qui se lancent à nouveau des paris intenables… Dans cette première histoire, Gontran est donc le pendant de Donald : un vantard obstiné, peut-être juste un peu plus arrogant.

Les Deux Vantards (1948)
Walt Disney's Comics
and Stories #88

Carl Barks va ensuite beaucoup utiliser le personnage dans sa carrière, dans plus d'une cinquantaine d'histoires et dont la moitié sera publiée cinq ans après la création du personnage de 1948 à 1953. Il va ainsi développer sa personnalité au fur et à mesure des aventures. Dans les deux suivantes, datant de 1948, La Chasse aux Dollars (Gladstone Returns) et La Malchance Sourit aux Chanceux (Links Hijinks), Gontran demeure très proche de sa première apparition. Dans deux autres de 1949, Le Dernier Mot de la Fin (Rival Beachcombers) et Les Trois Ours (The Goldilocks Gambit), il est précisément dépeint comme quelqu'un de vrai paresseux, irritable et crédule.

La Chasse aux Dollars (1948)
Le Dernier Mot de la Fin (1949)

A partir de sa quatrième aventure, Course dans les Mers du Sud (Race to the South Seas) publiée en 1949, Gontran prend réellement toute son envergure. Il s'agit d'ailleurs de sa toute première histoire longue. C'est à partir de ce récit que la dimension chanceuse est rajoutée au personnage. Désormais, Gontran est le cousin à la chance insolente qui en profite toujours pour énerver le définitivement malchanceux Donald. Sa veine défie, en effet, toute probabilité et lui permet d'obtenir tout ce qu'il désir sans le moindre effort. En fait, il se refuse à fournir le moindre travail puisque sa chance lui met tout à portée de main. D'ailleurs, même quand il essuie un échec, il reste persuadé que c'est pour la bonne cause et que son destin lui prépare en fait quelque chose d'encore mieux. Il n'a donc et assez logiquement aucune ambition, ne prévoit jamais rien et attend que tout lui tombe (littéralement) dans les mains. L'arrogance de Gontran et sa chance s'opposent de la sorte souvent à l'égo de Donald et son incroyable foi en la possibilité de faire mentir la réputation de son cousin. Sur cette base, leur affrontement va être le terreau de très nombreuses histoires.


Course dans les Mers du Sud (1949)

Une des raisons de la rivalité des deux cousins, en dépit de leur caractère bien trempé, est également à rechercher dans leur dispute du cœur de Daisy. Elle s'établit dès 1949 dans Les Lettres de l'Amour (Donald's Love Letters), une histoire où Donald envoie régulièrement des lettres d'amour à sa douce sans savoir que son cousin Gontran fait de même. Il l'apprend finalement quand un jour, par inadvertance, Daisy donne à Donald les lettres qu'elle a reçues de son cousin… Cette rivalité amoureuse apparaîtra ensuite dans d'autres histoires comme Cueillette de Sauvages (Wild About Flowers) en 1950 ou Messire Donald contre le Chevalier Gontran (Knightly Rivals) en 1951. Néanmoins, elle marque les limites de la chance de Gontran puisque c'est le seul domaine où il perd très souvent face à Donald que Daisy choisit souvent comme fiancé. Elle estime en effet qu'en dépit de son mauvais caractère, il a un bien meilleur fond que son cousin chanceux.

Les Lettres de l'Amour (1949)
Messire Donald contre le Chevalier Gontran (1951)

Gontran est aussi un des prétendants, avec Donald, à l'héritage de son oncle Picsou. Là encore, c'est un sujet de grande rivalité avec son cousin comme précisé dans l'histoire L'Arc-en-Ciel aux Trésors (Some Heir Over the Rainbow) en 1953. Mais le plus amusant encore sur le thème reste l'affrontement entre Picsou et Gontran, le premier ayant bâti sa fortune non sur la chance mais par son travail et son indéfectible ambition. Dans Le Bateau Pépite (The Gold Nugget Boat), publié en 1961, l'oncle richissime essaye, par exemple, de battre son neveu dans la recherche d'une pépite en Alaska. Or, il s'avère impossible pour le milliardaire de battre Gontran à sa propre chance ; celle-ci ne se démentant jamais. Picsou perd donc le concours mais trouve, en dehors, une pépite bien plus grosse que celle qui a fait gagner "officiellement" Gontran ! Ici se remarque d'ailleurs la seule faille de la chance de Gontran. Il l'emporte, en réalité, toujours à la lettre près par rapport au règlement des concours et se prive de fait d'autres opportunités, plus belles encore. Il existe ainsi des occasions qui permettent à Donald ou Picsou de contourner la chance de Gontran et sa victoire finale.

L'Arc-en-Ciel aux Trésors (1953)
Le Bateau Pépite (1961)

Mais quelle donc est l'origine de la chance de Gontran ? Carl Barks donne un élément de réponse dans Un Sou pas Fétiche (Gladstone's Terrible Secret) publié en 1952. Cette histoire est passionnante à plus d'un titre. Déjà, elle introduit pour la première fois le personnage de Géo Trouvetou. Ensuite, elle s'attache à donner une explication à la chance incroyable de Gontran. Donald, Riri, Fifi et Loulou mais aussi Picsou voudraient, en effet, connaitre son secret afin de faire venir sur eux la baraka. Au final, ils ne trouveront pas l'explication mais dénicheront, au fond d'un coffre, le plus grand secret et surtout la plus grosse honte de Gontran : une pièce ! Il s'agit, en effet, de la seule pièce qu'il ait jamais gagné en travaillant. Une honte absolue pour celui qui revendique sans cesse son état de rentiers paresseux et chanceux. Donald, Picsou et les enfants repartent alors dépités ne pouvant pas dire tout haut ce qu'ils pensent…

Un Sou pas Fétiche (1952)

Après cinq ans d'utilisation intensive, Carl Barks va finir par se lasser de Gontran. A partir de 1954, il n'apparaitra, il est vrai, chez l'auteur que deux fois par an en moyenne. Barks le trouvait, en fait, antipathique et il devenait difficile pour lui de trouver des idées d'histoires avenantes, surtout que, vu son caractère, il ne pouvait avoir le premier rôle. Gontran est en effet toujours relégué au rôle, forcément secondaire, de rival. Des créations plus tardives du Maître, comme Géo Trouvetou chez les gentils ou Les Rapetou chez les méchants, sont ainsi par rapport à lui bien plus sympathiques, à tel point, qu'elles auront droit, elles, à des collections de comics à leurs noms, honneur que Gontran Bonheur n'obtiendra jamais. Il n'empêche. Au moment du début de la lassitude de Carl Barks pour le personnage, il est devenu un incontournable de Donaldville. Pour preuve, un certain nombre d'auteurs américains puis étrangers vont l'utiliser abondement. Le premier dessinateur d'entre eux sera d'ailleurs Bob Moore dans Des cadeaux pour Tous (Presents For All) en 1951…

La Dynastie de Donald Duck
           
   

A la suite de son œuvre fleuve, La Jeunesse de Picsou, Don Rosa va s'atteler dès 1993 à établir un arbre généalogique des Duck. Il prend pour postulat de départ d'utiliser uniquement les personnages créés ou dessinés par Carl Barks à l'exception notable de Popop Duck imposé par son éditeur danois, Egmont. En effet, ce dernier est très populaire en Europe. Par contre, il fait totalement l'impasse sur les personnages créés par d'autres auteurs qu'ils soient américains, italiens ou autres. Ainsi et bien qu'imparfait, son arbre généalogique des Duck et des Picsou est désormais considéré comme le seul officiel. Pour Gontran, Don Rosa se base sur la phrase que prononce le personnage dans l'histoire de Carl Barks, Course dans les Mers du Sud (Race to the South Seas) où il dit que Balthazar Picsou est « le beau-frère du frère de sa mère ».

Don Rosa
Course dans les Mers du Sud (1949)
par Carl Barks

Autre détail d'importance, Gontran Bonheur est, malgré ce qu'en pense le grand public, un jars (le mâle de l'Oie) et non un canard ! Pour être plus précis, il est donc le fils de la canne Daphnée Duck et du jars Gustave Bonheur. Cette filiation explique pourquoi Carl Barks a toujours dessiné Gontran Bonheur avec un bec allongé. D'ailleurs, son nom anglais confirme son état puisque « Gander » signifie « jars » dans la langue de Shakespeare. Ce sont les dessinateurs qui reprendront Gontran par la suite qui transforme son bec et lui donne l'apparence de celui des autres canards de la famille Duck et allant même à parler de canard pour le désigner !

Daphnée Duck et Gustave Bonheur sont, quant à eux, tous deux des créations de Carl Barks dans l'arbre généalogique The Duck Family Tree dessiné en 1990. Dans celui-ci, Daphnée Duck est bien la mère biologique de Gontran mais Gustave Bonheur n'est que son père adoptif. Dans l'arbre généalogique de Don Rosa, en revanche, Daphnée Duck et Gustave Bonheur sont des époux et tous deux les parents biologiques de Gontran. Si Gustave Bonheur n'apparaitra dans aucune histoire, Daphnée Duck fait, pour sa part, deux apparitions dans L'Envahisseur de Fort Donaldville de La Jeunesse de Picsou en 1994 et dans Un Jour Sans Bol... en 1998.

L'Envahisseur de Fort Donaldville (1994)
par Don Rosa
Un Jour Sans Bol... (1997)
par Don Rosa

Don Rosa propose d'ailleurs dans cette dernière histoire d'enrichir la mythologie du personnage de Gontran Bonheur. Dans Un Jour Sans Bol... (The Sign of the Triple Distelfink) publiée en 1998, Gontran est, en fait, introuvable, comme chaque jour de son anniversaire. Il se cache, en effet, car c'est le seul jour de l'année où le mauvais bougre a une malchance du diable ! Grand-Mère Donald explique alors au reste de la famille comment Gontran, qui est né le même jour que sa maman Daphnée Duck, a acquis la chance de sa mère. Le jour de la naissance de Daphnée, un symbole de chance triple fut peint sur la grange de la famille Duck. Combiné au symbole de bon vœux pour les nouveaux nés et à celui inversé derrière la grange rejetant la malchance, il a donné à Daphné le don d'être chanceuse, don qu'elle a transmis par gêne à son fils. Malicieusement, dans le reste du récit, Gontran apprendra que sa malchance le jour de son anniversaire est, elle, bien plus récente et due à la faute involontaire de son cousin... Donald !

Au-delà des Cases…

En dehors de la bande dessinée, Gontran Bonheur affiche une carrière assez discrète. Il fait sa première apparition en animation dans La Bande à Picsou en 1987. Sa plus grande aventure se remarque ainsi dans l'épisode, Le Sou Fétiche de Picsou où il est hypnotisé par Miss Tick afin de voler le sou fétiche de Picsou. Il a également un petit rôle avec dialogues dans Docteur Jekyll et Mister Picsou tandis qu'il apparait en simple caméo dans les épisodes La Fontaine de Jouvence et Des Histoires de Canard. Son doublage est alors effectué par Rob Paulsen en anglais et Roger Carel en français. Enfin, pour être tout à fait complet, il est présent dans un écran statique dans l'épisode de Disney's Tous en Boîte, Dingo Père et Fils.

Le Sou Fétiche de Picsou
(1987)
Docteur Jekyll et Mister Picsou
(1987)
La Fontaine de Jouvence
(1987)
Des Histoires de Canard
(1988)

Il signe son grand retour en 2017 avec le reboot de La Bande à Picsou. La série est alors créée par Matt Youngberg et scénarisée par Francisco Angones. Elle débute le 12 août 2017 par le téléfilm pilote La Bande à Picsou et l'Atlantide puis se voit diffusée à partir du 23 septembre 2017. Le but de ce remake est de replacer les personnages dans une vision plus moderne de la famille, en particulier en incorporant mieux le personnage de Donald qui était vraiment secondaire dans la première version et donnant aussi plus d'importance à Zaza. Le plus impressionnant dans le reboot est le respect mis par l'équipe dans le matériel original. La Bande à Picsou de 2017 va, il est vrai, bien au delà du statut de simple remake de la série de 1987. Il reprend certes des éléments de la série originale mais lorgne aussi du côté des comics de Carl Barks (bien plus que dans la première série d'ailleurs), de ceux de Don Rosa, des cartoons des années 30 aux années 50, et même des jeux vidéo ! Le personnage de Gontran Bonheur, désormais doublé en anglais par Paul F. Tompkins, conserve sa chance légendaire, ses côtés arrogant et paresseux dans la nouvelle série. En revanche, et c'est notable, en un seul épisode, The House of the Lucky Gander !, il réussit à décrocher un rôle plus étoffé que toutes ses précédentes apparitions audiovisuelles réunies et plus encore, totalement conforme à sa version papier. Sa rivalité avec son cousin Donald mais aussi sa vision différente de la vie avec son oncle Picsou y sont, en effet, parfaitement retranscrites.

Disney's Tous en Boîte (2001)
La Bande à Picsou (2017)

Gontran apparait également dans le livre Luck of the Ducks de la série Big Little Book publié en 1969 mais aussi dans le jeu vidéo Donald Duck : Goin' Quackers sorti en 2000. Dans ce dernier, il est à nouveau le rival de Donald essayant de ravir le cœur de Daisy. Au sein du jeu, Corey Burton lui prête sa voix...

Luck of the Ducks
(1969)
Donald Duck : Goin' Quackers
(2000)

Gontran est, en revanche, un personnage quasi inexistant dans les Parcs à Thème Disney. En fait, et étrangement, il est présent uniquement à Tokyo Disney Resort. Gontran se remarque ainsi non seulement dans certains décors du Parc Tokyo DisneySea mais aussi dans les chambres du Tokyo DisneySea Hotel MiraCosta où il fait aussi partie d'un tableau, style renaissance, représenté sur un bateau avec un moulin à vent dans la main. Dans la boutique Villa Donaldo Home Shop de Tokyo DisneySea, il fait partie de l'attablée, à gauche de l'oncle Picsou, dans une grande fresque où toute la famille des Duck se voit peinte lors d'un banquet de la Renaissance.

Tokyo DisneySea
Hotel MiraCosta
Villa Donaldo Home Shop
à Tokyo DisneySea

Gontran Bonheur est un personnage qui ne brille qu'en bandes dessinées sans jamais avoir réussi à exister en dehors de l'édition. Et pourtant... Bien qu'il soit l'éternel rival de Donald, toujours confiné aux rôles secondaires et postures agaçantes, il n'en reste pas moins un personnage connu et reconnu dans l'univers des canards Disney dont la réputation s'étend bien au-delà du seul lectorat des BDs Disney.

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