Héros de l'Olympe
La Maison d'Hadès
Titre original : The Heroes of Olympus : The House of Hades Éditeur : Albin Michel (Collection Wiz) Date de publication France : Le 26 février 2014 Collection : Héros de l'Olympe |
Auteur(s) : Rick Riordan Autre(s) Date(s) de Publication : Disney•Hyperion (US) : Le 8 octobre 2013 Nombre de pages : 592 |
Le synopsis
La critique
La Maison d'Hadès est le quatrième et avant-dernier volume de la série des Héros de l'Olympe publiée chez Disney•Hyperion entre 2010 et 2014 et par Albin Michel en France de 2011 à 2015 et qui met en scène les demi-dieux grecs et romains de l'univers de Percy Jackson.
Rick Riordan est l'un des auteurs de fantasy jeunesse et jeunes adultes les plus connus du monde occidental, ayant créé l'univers de Percy Jackson traduit dans quarante-deux langues et inspiré de la mythologie grecque. Son premier roman s'intitule pourtant Big Red Tequila et appartient à une autre série du genre policier nommée Tres Navarre. Au-delà de l'univers mythologique auquel l'immense majorité de ses romans appartiennent, il a coécrit la série The 39 Clues publiée chez Scholastic entre 2008 et 2016.
Le troisième tome de la pentalogie se terminait en suspens par Percy et Annabeth tombant dans la bouche des Enfers avec l’un des meilleurs cliffhangers de la franchise, et un glissement vers une tonalité plus dramatique. Pour rétablir la situation, Rick Riordan débute le roman par une dédicace humoristique s'excusant d’avoir joué avec les sentiments de ses lecteurs.
Comme à son habitude, l’auteur entame la narration par une bataille menée cette fois-ci par Hazel dont le point de vue n'avait pas été recueilli dans La Marque d'Athéna. Elle se bat alors contre des créatures, aidée de son frère Nico di Angelo et de Léo, dont l'importance n'a fait que croître dans le tome précédent. Après ces quelques scènes d'action, le lectorat retrouve Percy et Annabeth qui amorcent leur marche vers les Portes de la Mort et espèrent ressortir vivant des Enfers. D’emblée, il est clair que cette épreuve va rapprocher les amoureux dont la relation est devenue très sérieuse depuis la première série de livres. Malgré leur situation, c’est la première fois qu’ils sont réellement seuls depuis qu'ils se sont retrouvés au Camp Jupiter, ce qui confère ainsi à ces scènes un caractère d'intimité, même si ces dernières ne sont pas non plus exemptes d’humour grâce aux références contemporaines d’Annabeth qui cherche par exemple un distributeur de snacks aux Enfers.
La représentation du Tartare selon Riordan est très intéressante et l’auteur parvient à créer un environnement pesant, digne de la représentation chrétienne de l’Enfer. Des voix murmurent aux oreilles des héros des messages pour les décourager, l’atmosphère est lourde et des créatures rôdent autour d’eux. Pendant leur cheminement, les héros traversent certains des célèbres fleuves des morts qui ont chacun des pouvoirs particuliers. Cela constitue un terrain idéal pour développer des aventures épiques, et permet aussi au lectorat de se familiariser avec les différentes étapes de l'âme dans la vie après la mort selon l'ancienne religion grecque. Le Twisted Tale Ce Monde qui est le Mien de Jen Calonita (Disney•Hyperion (US) et Hachette Heroes (France), 2021) mettant en scene Mégara offre lui aussi une vision détaillée des Enfers, non pas dans la région du Tartare, mais dans beaucoup d’autres, telles que les prés d'Asphodèle et les Champs Élysées. Les deux romans sont donc assez complémentaires, même si la référence commune est bien sûr la carte des Enfers de Virgile. Durant leur périple, le passage où Percy est obligé de boire l'eau de la rivière Phlégéthon, laquelle le rend profondément malade, fait grandement écho à la scène dans Harry Potter et les Reliques de la Mort de J.K. Rowling (Bloomsbury Publishing (Royaume-Uni) et Gallimard Jeunesse (France), 2007), où Albus Dumbledore doit boire l'eau du lac pour récupérer un Horcruxe de Voldemort, le pendentif de Salazar Serpentard. Tout comme la série littéraire britannique, les enjeux des romans deviennent de plus en plus profonds à mesure que les héros, et les lecteurs, grandissent.
Tandis que les deux amoureux sont en train de trouver leur chemin dans le Tartare, Léo apporte sa touche d'humour habituelle en se débattant avec l'Athéna Parthénos pour le faire fonctionner. L'un des leitmotivs de la série, les rêves des demi-dieux, sont très présents dans ce tome, car ceux-ci se révèlent souvent être des visions qui les informent sur le présent et l'avenir. À travers ces visions, Rick Riordan permet au lecteur de devenir omniscient en assistant à des séquences représentant les antagonistes qui échafaudent leur plan ou passent à l'action, mais aussi des scènes ou il peut renouer avec les personnages qui ne font pas partie du voyage, tels que Clarisse, Grover, Rachel, Octave, Mellie, etc. C'est une technique littéraire pratique, dont l'auteur n'abuse pas outre mesure et qui s'insère bien dans l'univers de Percy Jackson.
Dans cet ouvrage, Rick Riordan a fait un gros travail de recherches s'agissant des lieux empruntés par les personnages, tels que le passage utilisé par Hannibal pour marcher sur Rome et les différentes villes italiennes, croates et grecques par lesquelles passent les héros pour rencontrer des entités spécifiques et atteindre leurs objectifs. Il continue de multiplier la présence de nouveaux dieux, lesquels doivent choisir leur camp et aider ou non les demi-dieux. Les héros rencontrent ainsi la déesse Hécate, qui contrairement à la plupart des dieux revêt un caractère de mystère et de sérieux sans humour, à l’image de ses grands pouvoirs et attributs, dont la magie fait partie. Elle est en effet une Titan et la déesse chthonienne de la magie, de la lune et des intersections, fille du Titan Persès et de la Nymphe Astéria. C’est la seule des Titans à être passée dans le camp des dieux durant la première guerre, et elle aurait fait partie des sages-femmes ayant aidé à cacher Zeus de son père Cronos à sa naissance. Il est intéressant de noter que ses origines probables ne sont pas grecques mais cariennes, du peuple des Cariens situé en Anatolie dans l'actuelle Turquie, où une inscription comportant son nom a été retrouvée. Cependant, d'autres historiens lui attribuent des origines pré-indo-européennes.
Les références au monde contemporain sont toujours aussi drôles. Sciron utilise par exemple du nettoyant multi-surfaces anti-bactérien, et plusieurs mentions sont faites à l'univers Disney, les héros mentionnant ainsi Peter Pan (1953), Les 101 Dalmatiens (1961) et Tarzan (1999), même si ces trois films sont à l'origine des classiques de la littérature. Les parents des demi-dieux se mettent à montrer davantage de fierté pour leur progéniture et les encouragent, notamment Pluton avec Nico, à remplir leurs quêtes. Les autres personnages tels qu'Hazel commencent à faire leurs preuves, et Frank devient un guerrier capable de se transformer en n'importe quel animal possible et imaginable.
La mention faite à Dioclétien, considéré par l'auteur comme le dernier grand empereur romain, est habile et audacieuse, étant donné que l'univers de Percy Jackson se situe dans le monde polythéiste, et que le prochain empereur qui aura un impact dans l'histoire est Constantin Ier qui mènera à la fin de la tolérance religieuse et aux Âges Obscurs. Cet âge plongera le monde dans plus de mille ans d'obscurantisme jusqu'à l'humanisme de la Renaissance, ce qui n'empêchera cependant pas l'Inquisition de perdurer jusqu'au XIXe siècle. L’auteur établit aussi que Dioclétien est le dernier demi-dieu ayant été un empereur romain, ce qui est cohérent du point de vue des valeurs véhiculées par la franchise.
Le tome marque également le meilleur retour d’un personnage dans une série avec Calypso, une déesse bien différente de celle de la franchise de Pirates des Caraïbes (2003-2017), qui va aider Léo dans la poursuite de ses aventures. Le récit se termine enfin avec le point de vue de Percy Jackson, réaffirmant ainsi sa place de héros principal dans la série, malgré la multiplicité des voix narratives.
Avant-dernier tome de la série des Héros de l'Olympe, La Maison d'Hadès est une excellente continuité à l'histoire et la qualité du récit ne fait que croître, laissant présager une fin spectaculaire.