Titre original :
Godmothered
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 4 décembre 2020 (Disney+)
Genre :
Comédie
Réalisation :
Sharon Maguire
Musique :
Rachel Portman
Durée :
110 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Eleanor est une apprentie bonne fée qui cherche coûte que coûte le moyen de prouver au monde qu’il a toujours besoin de magie. En découvrant la lettre égarée de la jeune Mackenzie, alors en recherche d'espoir, elle part à sa recherche dans le monde réel et découvre une fillette qui a bien grandi et qui est désormais une mère veuve de 40 ans, ayant abandonné ses illusions et tout espoir de connaître une vie aussi heureuse que celle décrite dans les contes...

La critique

rédigée par
Publiée le 17 décembre 2020

Marraine ou Presque est un film de Noël aux multiples inspirations, qui, s'il est long au démarrage, sait tout de même trouver le chemin de la magie. À mi-chemin entre le téléfilm Une Fée Bien Allumée et le film Il Était une Fois avec un hommage appuyé à La Mélodie du Bonheur, il revisite sans grande originalité la quête du bonheur avec un message aussi moderne qu'inclusif. Pourtant, et étonnamment, il fonctionne le plus dans ses moments les plus classiques, quand il essaye simplement de décrocher un sourire aux spectateurs.

Pendant des années, le label Disney avait perdu l'habitude de proposer des films à prises de vues réelles tournant autour des fêtes de Noël. Le plus ancien, Un Drôle de Noël, remonte ainsi à 1985. Il est suivi par le cultissime Noël Chez les Muppets en 1992 avec les fameuses marionnettes ; enchaînant ensuite par le non moins célèbre Super Noël en 1994 avec l'acteur Tim Allen au début de sa gloire. Par la suite, il viendra l'anecdotique Sacré Père Noël (1998) avec Jonathan Taylor Thomas puis les deux suites de Super Noël, Hyper Noël (2002) et Super Noël Méga Givré (2006). Le label Disney ne sort alors plus aucun film de Noël au cinéma mais continue à en proposer directement en vidéo avec la saga des Copains (Air Buddies en anglais) et ses dérivés : Les Copains Fêtent Noël : La Légende de Chien Noël (2009), La Mission de Chien Noël (2010) et Les Chiots Noël : La Relève est Arrivée (2012). L'ouverture de Disney+ permet alors au studio d'offrir des genres cinématographiques qu'il n'osait plus sortir en salles, faute de succès. Et les films de Noël sont de ceux-là ! La nouvelle plateforme propose ainsi Noëlle en 2019 suivi par Marraine ou Presque en 2020. Ici, le thème de Noël n'est pas fatalement central à l'intrigue mais la magie des fêtes s'accorde néanmoins à merveille à l'histoire.

Quand Disney annonce en septembre 2019 son idée de proposer un film sur le personnage de la Marraine la Bonne Fée, la presse et les fans du studio de Mickey s'attendent à un énième remake de Cendrillon. Il faut dire que depuis une dizaine d'année, la branche chargée des films "live" des studios est passée maître pour réadapter, en prises de vues réelles ou en animation réaliste, les classiques de l'animation du label, d'Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton au (Le) Roi Lion de Jon Favreau en passant par Cendrillon de Kenneth Branagh ou La Belle et la Bête de Bill Condon. Contre toute attente, Disney offre ici un conte de fée moderne, totalement original, même s'il trouve l'inspiration dans d'autres œuvres du label.

La réalisation de l'opus se voit confiée à Sharon Maguire. Né au Pays de Galles en 1960, elle fait ses premiers pas dans le monde télévisuel en travaillant à la BBC sur le programme de nuit The Late Show dès 1991. En 1996, elle réalise les documentaires H.G. Wells : The Panther and the Jaguar et H.G. Wells : Bromley Boy, tous deux destinés également au petit écran. Amie dans la vie de Helen Fielding, elle inspire à l’écrivaine les personnages de Shazza et Jude. C’est donc logiquement qu’elle réalise en 2001 Le Journal de Bridget Jones, premier épisode de la saga. Très à l’aise dans cet univers qu’elle considère « comme le sien », elle met en scène le troisième volet de l’héroïne en 2016, Bridget Jones Baby. Enfin, en 2008, elle dirige Ewan McGregor dans le drame Incendiary, adapté du roman éponyme de Chris Cleave.

Marraine ou Presque semble ainsi tirer son inspiration de deux longs-métrages Disney. Le premier est surement le téléfilm Une Fée Bien Allumée, diffusé le 5 octobre 1997 dans l'émission The Wonderful World of Disney. Dans ce long-métrage, le spectateur retrouve, il est vrai, une fée pas très douée qui part dans le monde réel pour essayer de remplir sa mission afin de se sauver du purgatoire qui l'attend en punition divine de la méchanceté dont elle a fait preuve quand elle était mortelle. Mais le Disney+ Original Movie possède tout de même pas mal de différences avec ce téléfilm qui place Kirstie Alley dans le premier rôle : la fée est en réalité une Fée des Dents et non une Marraine la Bonne Fée ; elle n'est pas en outre une fée par conviction mais par obligation. Pour autant, Marraine ou Presque semble lui faire un clin d'œil appuyé quand les Marraines les Bonnes Fées apprennent que suite à la suite la fermeture de leur école pour manque d'activités, elles vont être obligées de se recycler en Fées Quenottes.

L'autre inspiration encore plus évidente du long-métrage de Disney+ est bien-sûr le film mêlant animation et prises de vues réelles Il Était une Fois, sorti au cinéma le 21 novembre 2007. Marraine ou Presque propose ainsi une fée qui part d'un monde féérique vers le monde réel. Eleanor affronte donc l'effroyable scepticisme des gens de la vie moderne ainsi que leur manque flagrant de foi dans le bonheur et la gentillesse. La comparaison est encore plus évidente quand le spectateur remarque que les deux héroïnes sont tout aussi maladroites et décalées par rapport aux habitudes des personnes qu'elles rencontrent. Et toutes deux font aussi appel aux animaux pour les aider aux tâches ménagères ! Néanmoins, l'ambiance des deux films est radicalement différente. Si Giselle était une roturière sans pouvoir magique aussi naïve qu'innocente, Eleanor est quant à elle une fée empotée aux pouvoirs balbutiants. Là où Il Était une Fois possédait une candeur bienveillante apte à plaire aux parents comme aux enfants, Marraine ou Presque est plus enfantin, à prendre plus au premier degré, le privant d'une grosse partie du charme de son aînée.

En réalité, le principal problème de Marraine ou Presque est que le film est long à démarrer. L'introduction dans le monde des fées est laborieuse et a bien du mal à mettre en place les tenants et les aboutissants du récit. Il faut dire que ce dernier insiste plutôt lourdement pour démontrer que le monde des fées est dépassé, ennuyeux et poussiéreux. Il est rempli de vieilles mégères qui ne croient même plus à grand chose. La seule qui sort du lot est ainsi Eleanor, une fée plus jeune, très appliquée mais terriblement naïve. Avec ses habits rose bonbon, elle détonne tout de suite dans le décor, ce qui a la fâcheuse tendance à la rendre un peu niaise. Le souci de cet entame est ainsi qu'elle a du mal à rendre ses personnages attachants et sympathiques, aussi bien les vieilles fées qu'Eleanor. Quand cette dernière arrive finalement dans le monde réel, elle semble dès lors aussi godiche que gourde. La scène des citrouilles détruites, censée montrer sa maladresse, est ainsi bien trop enfantine dans sa propension très disneyenne à asperger ses héros de diverses substances, le plus souvent culinaire, dans la veine de Disney Channel, histoire de faire rire aux éclats les bambins.

Heureusement, Marraine ou Presque démarre doucement à partir du moment où Eleanor trouve finalement Mackenzie. Le ressort comique commence en effet à se mettre en place quand elle découvre qu'au lieu de trouver une adolescente pleine de rêve, elle est face à une mère de famille de quarante ans qui élève seule sa famille après la mort de son mari, avec pour unique aide sa sœur. Son travail de journaliste dans une chaîne de télévision locale n'est devenu qu'un boulot alimentaire qu'elle ne peut se permettre de perdre si elle veut continuer à avoir les revenus nécessaires pour subvenir aux besoins de ses deux filles. Quand Eleanor rentre dans sa vie, Mackenzie est ainsi complètement désabusée et sans illusion aucune sur ce que lui réserve la vie. La candeur un peu loufoque de la fée va alors commencer à faire basculer son existence. Des éléments surnaturels vont d'ailleurs vite apparaître. Le film propose ici un humour, peut-être un peu poussif, qui fait la part belle aux chutes et au comique de situation aptes à plaire aux enfants. Pour autant, certaines réparties ou dialogues apportent tout de même le sourire et amuseront aussi les adultes.

Néanmoins Marraine ou Presque décolle vraiment, un peu avant la moitié du film, quand Eleanor est amenée à s'occuper des enfants de Mackenzie et qu'elle leur rend, petit à petit, courage et confiance en elles. Le long-métrage propose alors des scènes, certes déjà vues, mais qui fonctionnent à merveille et fleurent bon Noël. L'hommage appuyé au classique La Mélodie du Bonheur où la fée et les deux filles improvisent un concert sur une chanson du film de 1965, Mes Joies Quotidiennes, est ainsi une scène simple mais vraiment réussie. De la même façon, dans un moment de joie, Mackenzie en profite pour s'occuper d'elle, faire du shopping, aller chez le coiffeur et rencontrer, de façon fortuite, en dehors de son travail, un collègue de bureau qui a des vues sur elle. Et cette longue séquence se termine par la décoration extérieure de la maison et son illumination pleine de joie. Ces instants de bonheur ne réinventent pas la poudre mais fonctionnent à merveille car ils amènent une touche de magie sincère qui met du baume au cœur.

À partir de là, Marraine ou Presque accroche définitivement le spectateur car il a enfin su rendre ses personnages attachants et leur destin important aux yeux du public. Le long-métrage continue ainsi d'alterner entre les bourdes d'Eleanor et l'évolution dans le bon sens de la vie de Mackenzie et de sa famille, le tout avec un zeste de magie bienvenu, notamment avec la scène du carrosse. Le final lors du concert donnera des frissons aux spectateurs, portant un message dans l'air du temps, vraiment appréciable. L'amour est présent en effet sous toutes les formes dans le monde et il faut réussir à le voir et l'apprécier pour ce qu'il est. La morale est ainsi particulièrement positive et inclusive, montrant qu'il n'y a pas une seule façon d'être heureux dans la vie, comme le sermonne d'anciens dictats poussiéreux. Certaines images de diversité font ici du bien et même si la démarche semble un peu forcée, il est tout de même plaisant de voir Disney les mettre en avant.

Les personnages de Marraine ou Presque, qui parviennent en cours de film à se rendre attachants, en constituent à l'évidence un bel atout.
L'actrice Jillian Bell, connue pour son rôle dans la sitcom Workaholics sur Comedy Central, joue ainsi une Eleanor plein de fraîcheur et d'optimisme mais maladroite et un peu godiche. Elle veut prouver à la Supérieure de son école de magie qu'elle existe encore et que le monde réel a encore besoin des Marraines les Bonnes Fées. Pour prouver ses dires, elle se fixe alors comme mission de sauver la vie de Mackenzie. Mais plus elle essaye de lui rendre service, plus ses actes se retournent contre sa protégée. Finalement, alors qu'elle se rend compte qu'elle faisait tout ça dans un désir un peu égoïste de sauver en réalité sa propre situation et son propre rêve, elle va petit à petit apprendre à revoir sa vision des choses sur le sens de sa mission et sur la signification du mot bonheur qu'elle croyait immuable.
Son duo avec Mackenzie fonctionne alors plutôt bien. Le rôle est tenu par Isla Fisher, qui a été remarquée la première fois dans Scooby-Doo en 2002 chez Warner Bros. puis dans Confessions d'une Accro du Shopping en 2009 chez Touchstone Pictures ou Insaisissables en 2013 chez Lionsgate. Cette jeune femme, veuve dans la quarantaine, élevant seule ses enfants, a perdu foi en la vie et au bonheur. Ses malheurs ont fini par la rendre toujours morne, défaitiste et en colère, au point qu'elle ne fait même plus attention à ses filles et à ce qu'elles ressentent. L'arrivée de la fée excentrique va donc lui permettre de comprendre quelles sont ses vraies priorités et de remettre sa vie sur des bons rails.
Parmi le reste du casting, il sera apprécié les deux enfants de Mackenzie, Jane (Jillian Shea Spaeder) et Mia (Willa Skye), deux enfants ordinaires mais attachantes qui ont des problèmes de confiance en elles mais vont apprendre à devenir courageuses pour profiter de la vie. De même, Hugh (Santiago Cabrera), le collègue de Mackenzie, est aussi sympathique alors qu'il essaye de lui faire comprendre qu'elle doit avoir plus d'ambition professionnelle tout en essayant maladroitement de flirter avec elle. Enfin, Gary, le raton laveur magique qui fait le ménage, est particulièrement amusant dans sa propension à faire sa mauvaise tête mais aussi des bêtises, en particulier en faisant sauter le courant.

Le tournage de Marraine ou Presque a commencé au début de l'année 2020 et s'est terminé à la fin du premier trimestre de façon un peu abrupte à cause de la pandémie de la COVID-19 qui a obligé à stopper les tournages aux quatre coins des États-Unis. Ainsi, les quelques scènes manquantes ont dû être réalisées en post-production. Il est alors possible de se demander si la conclusion du film en animation était vraiment prévue à l'origine. Dans un style CGI imitant la 2D, il est produit par le studio anglais Aka. Sans être extraordinaire, la présence de cette petite scène fait plaisir. Surtout, elle montre encore plus l'inspiration de Marraine ou Presque avec Il Était une Fois. Il est aussi amusant de noter que Disney+ propose en bonus une ouverture alternative où le début du film est réalisé dans le même style d'animation que la conclusion présente dans le long-métrage. Le montage est plus dynamique et les personnages des vieilles fées bien plus drôles. Il est d'ailleurs presque dommage que la réalisatrice n'ait pas choisi d'utiliser cette entame, bien que cela aurait donné un air trop prononcé de copier/coller avec le film de 2007. Pour le reste, les effets visuels d'Industrial Light & Magic sont plutôt réussis. Il y en encore quelques années, Marraine ou Presque aurait eu droit, sans rougir, à une sortie au cinéma.


Ouverture alternative

La musique de Rachel Portman (La Belle et la Bête 2 : Le Noël Enchanté, L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable) s'accorde à merveille avec les images et amène une petite touche de magie bienvenue. Il sera aussi apprécié que la compositrice prolonge l'hommage avec La Mélodie du Bonheur en offrant quelques notes de la bande originale du classique de 1965 dans quelques morceaux de sa propre composition. Enfin, il faut aussi souligner la belle chanson Rise Up (Joy to the World), interprétée merveilleusement par Jane (Jillian Shea Spaeder). Par contre, il est consternant de remarquer que la version française a omis de mettre dans son mixage les chœurs, laissant les chanteurs ouvrir les lèvres dans le vide, ôtant toute puissance à la chanson pourtant particulièrement belle et émouvante.

Marraine ou Presque est un film qui a du mal à démarrer et où il faut attendre cinquante bonnes minutes pour qu'il décolle vraiment. Pour autant, si le spectateur lui laisse sa chance jusqu'au bout, sans a priori, il trouvera une histoire sans prétention qui sait rendre ses personnages attachants et apporter sa touche de magie de Noël. Une sorte d'Il Était une Fois du pauvre mais qui a le mérite de fonctionner.

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