Titre original :
Sneakerella
Production :
Disney Branded Television
Date de mise en ligne USA :
Le 13 mai 2022 (Disney+)
Genre :
Comédie
Réalisation :
Elizabeth Allen Rosenbaum
Musique :
Elvin Ross
Durée :
113 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Dans le Queens, El, tout en dissimulant son talent pour créer des sneakers, travaille dans le magasin de chaussures de son beau-père. Lorsqu'il rencontre par hasard Kira King, la fille du grand créateur de Manhattan, c'est le coup de foudre...

La critique

rédigée par
Publiée le 06 septembre 2022

Sneakerella est un film Disney+ Original qui lorgne du côté des Disney Channel Original Movies mais avec plus de moyens.

Afin de proposer de façon régulière des nouveautés sur la plateforme Disney+, en plus des œuvres de son catalogue patrimonial, The Walt Disney Company demande à ses différentes filiales de produire du contenu pour sa plateforme. Question long-métrage, cible familiale oblige, la filiale mise en avant est clairement le label Disney, aka Walt Disney Pictures, le studio "live action" chargé principalement du cinéma. Pour autant, la plateforme fait aussi appel à d'autres filiales du label comme Disney Television Animation avec le long-métrage Phinéas et Ferb - Le Film : Candice Face à l'Univers et Disney Branded Television, la filiale chargée du label Disney en dehors du cinéma, avec Société Secrète de la Royauté ou encore Sneakerella. Même si au final, la filiale n'est jamais mentionnée dans le générique du long-métrage, il s'agit bien ici d'une production supervisée par elle pour Disney+. La ressemblance avec les Disney Channel Original Movies est dès lors troublante, la seule différence venant peut-être du budget, notamment pour les effets spéciaux, bien plus conséquent.

Sneakerella, comme son titre l'indique, est un dérivé du titre anglais du conte Cendrillon, Cinderella. Le film livre ici une adaptation déformée et inversée de l'histoire universellement connue. La légende raconte même qu'il existe plus de trois cents versions du conte dont une remonterait à l'Égypte antique. Quand le Maître de l'Animation, Walt Disney, l'adapte en long-métrage d'animation en 1950 sous le titre de Cendrillon, il choisit d'en retenir toutefois la version de l'auteur français, Charles Perrault.
Issu du milieu aisé de la bourgeoisie d'offices, ce dernier est le benjamin d'une famille de quatre frères. Après des études de droit et une première œuvre burlesque, Les Murs de Troie, il entre en 1654 en qualité de commis chez son frère aîné Pierre, receveur général. Ses poèmes, notamment les Odes au Roi, le font vite remarquer. Nommé commis auprès de Colbert, conseiller de Louis XIV, il devient ensuite Premier commis des bâtiments du Roi en 1665. Élu en 1671 à l'Académie française, il en est le bibliothécaire trois ans plus tard. Son œuvre la plus célèbre reste aujourd'hui ses contes (Cendrillon, La Belle au Bois Dormant...) nourris de l'imaginaire médiéval légendaire, chevaleresque et courtois. Charles Perrault reprend dans une prose faussement naïve des histoires transmises par la tradition orale, encore considérées aujourd'hui comme une influence majeure de l'inconscient collectif.

Lors de la sortie de Cendrillon, le film d'animation de 1950, le public lui réserve un véritable triomphe. Et c'est heureux ! Sans lui, il en était, en effet, fini des films d'animation chez Disney. Le pari financier de son créateur, qui investit alors les dernières ressources de son studio - encore une fois - est gagné ! Les studios de Walt Disney sortent enfin d'une décennie difficile due à la Seconde Guerre mondiale et peuvent ainsi plonger à nouveau dans l'ivresse du succès et de la richesse. Ce vote de confiance du public encourage, comme jamais, le papa de Mickey à continuer de produire des longs-métrages d'animation. Des années plus tard, Cendrillon a droit à deux suites sorties directement en vidéo. Cendrillon 2 : Une Vie de Princesse, en 2002, est une véritable calamité qui fait honte au premier opus tandis que Le Sortilège de Cendrillon, en 2007, est lui de bien meilleure facture même s'il n'atteint pas, et de loin, la qualité du Grand Classique. Enfin, il sera noté également La Légende de Cendrillon, une comédie musicale adaptée d'un classique de Broadway composé par Rodgers & Hammerstein, produite en 1997 tout spécialement pour l'émission de télévision The Wonderful World of Disney et qui constitue une vague adaptation du long-métrage d'animation originel. En 2014, le personnage de Cendrillon apparaît dans le film, lui aussi tiré d'une adaptation d'un autre classique de Broadway composée par Stephen Sondheim, Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois. Enfin, en 2015, Kenneth Branagh propose avec Cendrillon, un long-métrage cinéma en prises de vues réelles offrant aussi bien un remake du classique Disney qu'une revisite du conte de Perrault.

Sneakerella est vraiment original dans son approche du conte. Déjà, en intervertissant le sexe du protagoniste principal, il permet de donner un regard neuf sur l'histoire. Il est ainsi rafraîchissant que Cendrillon, soit ici un garçon, prénommé El dans le récit. Le jeune homme a perdu sa mère, propriétaire d'une boutique de chaussures dans le Queens. Son beau-père le fait travailler comme un forcené tandis que ses deux beaux-frères sont vraiment infects et cruels avec lui, voulant à tout prix quitter le Queens pour retourner dans le New Jersey où ils vivaient heureux avant que leur père rencontre la mère d'El. Mais le jeune homme n'est pas qu'un pauvre hère rêvant uniquement de trouver sa princesse qui le sortirait de sa condition. El a aussi un grand talent et cherche à le faire épanouir. Son plus grand rêve serait en effet de faire reconnaître son art, et encore mieux, d'en vivre afin de pouvoir sauver la boutique de sa mère menacée de fermeture. Bien sûr, comme dans tout conte de fée, même moderne, le destin va mettre son grain de sel et lui faire rencontrer une riche héritière d'un grand créateur, lui permettant de trouver aussi bien l'amour que la gloire.

L'autre idée originale de Sneakerella se trouve également dans son titre. Le talent d'El est en effet de concevoir des sneakers, des chaussures de sport. Il tient ce savoir-faire de sa mère qui lui a appris à développer son sens artistique. Pour lui, les sneakers sont une porte vers l'âme de leurs détenteurs, non seulement selon le modèle qu'ils choisissent mais aussi comment ils en prennent soin ou comment ils les customisent. Son rêve est donc de devenir un grand créateur de chaussures et de les partager avec le monde. Mais il manque de confiance en lui car il ne pense pas que cette aptitude puisse plaire au public. Et surtout, même s'il était finalement remarqué, qui pourrait bien lui donner sa chance alors qu'il est un juste un garçon pauvre venu d'un quartier défavorisé ? Il n'a aucune expérience ni aucun carnet d'adresse. L'idée est en tout cas une approche plutôt moderne dans le ton tout en permettant pas mal de figures de style dans la forme. Surtout, elle permet à la fois de mettre en avant la créativité artistique tout en la liant au sport et à la mode, jouant ainsi sur tous les tableaux. Et encore mieux, ici c'est un jeune garçon hétérosexuel qui a ce talent, là où d'habitude, dans ce genre de long-métrage, ce sont plutôt des adolescentes ou des gays qui possèdent ce genre d'aptitude créatrice.

Malgré sa modernité, Sneakerella n'en oublie pas les fondamentaux des contes de fées en proposant une belle histoire d'amour. La rencontre entre El et Kira est ainsi attendrissante à souhait et leur relation qui se construit sur des non-dits ajoute un peu de piquant au film. La symbiose entre les deux jeunes gens passe merveilleusement bien à l'écran, en particulier lors de leur visite du Queens ou durant le bal. Il règne ainsi à chaque fois une ambiance romantique vraiment réussie qui fait que le spectateur croit à cet amour naissant. Surtout que, pour parfaire le tout, le long-métrage rajoute un zeste de magie grâce à la présence de Gustavo, qui tient le rôle inversé de la Marraine la Bonne Fée. Ange gardien, il apporte le petit coup de pouce pour que le destin d'El aille dans le sens de la réalisation des rêves. Naturellement, adaptation de Cendrillon oblige, la scène de la transformation de la citrouille pour partir au bal existe. Sauf qu'ici, le carrosse est une belle décapotable rouge qui était cachée sous une bâche tandis que les habits tombent littéralement d'un camion et ne sont pas créés grâce à une baguette magique. Ces éléments fantastiques apportent au film un côté enchanteur vraiment plaisant, apte à mettre des étoiles dans les yeux du public.

Sneakerella est aussi très réussi dans ses visuels, sa photographie et sa mise en scène. Le long-métrage est particulièrement original dans sa façon de présenter les talents artistiques d'El. Pour illustrer le processus créatifs du jeune garçon, des éléments graphiques sont ainsi rajoutés sur les images à prises de vues réelles comme des traînées de couleurs ou des dessins. Un montage dynamique et des mouvements de caméra audacieux permettent également de rendre ces moments vraiment insolites, modernes et énergiques. Autre exemple de mise en scène inspirée, le long-métrage choisit une jolie métaphore en introduction comme en conclusion pour montrer qu'il est possible de réaliser ses rêves en osant prendre de la hauteur et tenter l'impossible. Le film montre ainsi furtivement au début le héros marcher dans les airs lors d'une séquence de rêve puis, à la fin, transmettre sa passion à un autre jeune rêveur qui va lui aussi donner l'impression de flotter. Il convient aussi de saluer les chorégraphies particulièrement réussies qui sont parfaitement exécutées et donnent du rythme aux parties chantées mais aussi au récit tout entier. Il sera tout aussi apprécié des petits clins d'œil au film d'animation Disney de 1950 comme les deux petits oiseaux bleus vus en tant que graffitis, l'extrait de la scène de la pantoufle de verre ou encore les bulles de savon animées qui rappellent Cendrillon faisant le ménage. Même le film à prises de vues réelles de 2015 a droit un petit hommage avec son horloge qui apparaît brièvement lors d'un montage pour indiquer qu'il est désormais minuit.

Côté casting, Sneakerella est également convaincant.
El y est joué par Chosen Jacobs qui s'est fait remarquer dans les films Ça et Ça : Chapitre 2 adaptés du chef d’œuvre de Stephen King. Ici, il change totalement de registre en étant un jeune garçon plein de rêves et de talents qui tombe amoureux d'une riche héritière. Néanmoins, il manque de confiance en lui et n'arrive pas à s'extraire de sa condition pour réaliser ses ambitions. Ce qui le fait avancer reste le souvenir de sa défunte mère qui était aussi aimante qu'inspirante. Le personnage du jeune garçon est ainsi vraiment attachant et touchant grâce au jeu solaire de l'acteur qui arrive parfaitement à faire passer ses émotions et étonne aussi de par ses capacités de chanteur.
Lexi Underwood interprète, quant à elle, Kira King, la fille du magnat de la chaussure de sport. La jeune actrice arrive également à apporter beaucoup de fraîcheur à son personnage qui cherche à impressionner son père en montrant qu'elle peut avoir une vision innovante de l'entreprise familiale. Son instinct créatif fait d'elle en quelque sorte l'opposée de sa grande sœur, bien plus pragmatique, préférant la sécurité à l'innovation. À côté de cela, elle tombe sous le charme de ce garçon capable de deviner le caractère des gens rien qu'avec les sneakers. Mais si elle cherche une franchise exemplaire chez son partenaire, elle ne se rend pas compte qu'elle est loin d'être elle-même parfaite de son côté.
Parmi le reste du casting, il sera aussi apprécié Sami (Devyn Nekoda), la meilleure amie d'El qui le pousse à se surpasser ; Gustavo (Juan Chioran), le vieux voisin attentionné qui aide le jeune El avec sa magie ; Zelly (Kolton Stewart) et Stacy (Hayward Leach), les méchants beaux-frères d'El particulièrement exécrables ; Trey (Bryan Terrell Clark), le beau-père complètement dépassé et frustré et Darius King (John Salley), le père bienveillant de Kira.

Là où Sneakerella déçoit par contre, c'est sur ses chansons. Autant les chorégraphies sont très belles, autant les chansons sont au mieux juste sympathiques et au pire irritables.
Kicks, qui entame le film, rentre plutôt dans la seconde catégorie. Ni le rythme ni la mélodie ne sont très avenants, faisant que la séquence est assez décevante malgré de beaux visuels et des danseurs vraiment performants. Heureusement, la deuxième, Best Ever, remonte le niveau. Durant ce joli passage, El présente à Kira le quartier du Queens en lui faisant découvrir les endroits qu'il préfère. In Your Shoes est une chanson touchante, également réussie, où El se rappelle avec tendresse de sa mère disparue. Work Up est pour sa part une chanson où El laisse parler son talent et sa créativité pour concevoir une paire de sneakers parfaite. Là encore, le visuel est bien plus intéressant que la musique. Life Is What You Make It, en revanche, est clairement bien meilleure et sûrement la plus réussie du film. Dans un air très Broadway, Gustavo prépare ainsi El et Sami à aller au bal avec l'aide d'un peu de magie. A Dream Is a Wish Your Heart Makes est une reprise du film d'animation Disney de 1950, Cendrillon, et sert ici de chanson romantique où El danse avec Kira. Perfect Fit propose ensuite une mélodie joyeuse où Kira recherche activement son créateur dont elle ne connaît pas le nom et qui est parti en lui laissant uniquement une chaussure. Shut It Down est, quant à elle, une chanson insupportable interprétée par les deux beaux-frères d'El, tout aussi insupportables. Finale sert d'explication entre El et Darius King d'une part et El et son beau-père d'autre part, dans un air façon hip-hop, mi-parlé mi-chanté, très loin d'être convaincant. Heureusement, le film se termine par une superbe reprise entraînante de Life Is What You Make It offrant un beau feu d'artifice final.

Sneakerella est un film original autant par ses visuels enthousiasmants que par son approche iconoclaste du conte de Cendrillon. Porté par de belles chorégraphies et des personnages attachants, il pèche juste par ses chansons décevantes dans l'ensemble.

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