Ernest en Prison

Ernest en Prison
L'affiche du film
Titre original :
Ernest Goes to Jail
Production :
Touchstone Pictures
Date de sortie USA :
Le 6 avril 1990
Genre :
Comédie
Réalisation :
John R. Cherry III
Musique :
Bruce Arnston
Kirby Shelstad
Durée :
81 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Ernest P. Worrell n’est pas vraiment l’employé modèle dans la banque où il travaille même s'il y met de la bonne volonté. Alors qu’il remplit son rôle de citoyen lorsqu’il est désigné juré dans une affaire de crime, il se retrouve à la place d’un détenu, Mr Nash, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau… du moins physiquement ! Le criminel alors en liberté prend la place d’Ernest dans la banque qu’il compte voler…

La critique

rédigée par
Publiée le 15 janvier 2018

Troisième aventure d’Ernest P.Worrell chez Disney et quatrième incursion du personnage sur un grand écran, Ernest en Prison est produit par Touchstone Pictures en association avec Silver Screen Partners IV. Faisant suite après un peu moins de deux ans au (Le) Père Noël Est en Prison, cette comédie montre une réelle évolution du personnage d’Ernest, tout en démontrant les talents d’acteur indéniables de Jim Varney, son interprète… KnowhutImean?

Comédie empreinte de références au genre policier, mettant en vedette le gaffeur Ernest, Ernest en Prison est réalisé par John R. Cherry III. Né en 1948, il crée, avec son associé Jerry Carden, l’agence de publicités Carden & Cherry, basée à Nashville dans le Tennessee. Alors qu’il doit trouver un moyen de faire la promotion d’un parc d’attractions, le Beech Bend Raceway Park sans le montrer pour autant, l’endroit étant peu aguicheur à l’époque, il imagine alors un personnage atypique, capable de vendre tout à n’importe qui : Ernest Powertools Worrell, un je-sais-tout gaffeur qui parle du nez de façon très rapide, simplet mais jamais méchant. Inspiré d’un employé de son père clamant tout savoir tout en prouvant le contraire, il demande à Jim Varney avec qui il travailla de par le passé, d’user de ses talents pour s’approprier le personnage. Le contrat est plus que rempli et Cherry en fait dès lors un personnage omniprésent sur le petit écran enchaînant à tour de bras des publicités pour tout type de produits : pizzas, stations de radios, boissons ou encore produits laitiers... Le benêt grimaçant Ernest devient un vendeur de génie ! Il a trouvé sa poule aux œufs d’or tandis que Jim Varney goute enfin au succès ! Dès 1983, un mini film sort directement en vidéo Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album permettant à Cherry d’étendre l’aura de son personnage, lui ajoutant une famille entière, chaque membre étant joué par Jim Varney lui-même. Son succès est tellement retentissant que Cherry, dès 1986, lance la production du premier film des aventures d’Ernest Worrell sur grand écran : Dr Otto and the Riddle of the Gloom Beam, mélangeant science-fiction et comédie. Disney sentant le phénomène prendre de l’ampleur décide de produire le prochain film des aventures d’Ernest sous le label Touchstone Pictures. Ainsi, Ernest et les Joyeuses Colonies arrive sur les écrans en 1987 et devient le premier film de la franchise arborant le nom du personnage principal. Fort du succès de cette première collaboration, Disney décide tout de go la production de trois autres films, tous réalisés par John Cherry : Le Père Noël Est en Prison (1988), Ernest en Prison (1990) et Ernest à la Chasse aux Monstres (1991). La franchise développe même une série, Hey Vern, It’s Ernest! dès 1988, pour laquelle Varney décroche le Daytime Emmy Award, l’équivalent d’un Oscar dans le monde télévisuel. En 1989, Disney Channel utilise le personnage pour une émission spéciale (Ernest Goes to Splash Mountain) pour l’ouverture de Splash Mountain à Disneyland Park à Anaheim ! En 1993, Ernest Frappe Encore est un échec au cinéma ; dès lors, les longs-métrages du personnage clownesque se retrouvent directement en vidéo mais toujours à rythme soutenu : Ernest Va à l’École (1994), Ernest le Champion (1995) distribué sous le label Touchstone Home Video, Ernest Va en Afrique (1997) et Ernest à l’Armée (1998). John Cherry arrête ensuite la franchise à la mort de l’interprète principal. En 1999, il produit en effet Pirates of the Plain, avec Tim Curry (Les Trois Mousquetaires, L'île au Trésor des Muppets) en pirate égoïste et narcissique. Il avoue lui-même que le succès de son personnage fétiche est essentiellement dû au talent de son interprète, Jim Varney.

James Albert Varney Junior, dit Jim, naît, quant à lui, à Lexington dans le Kentucky, en 1949. Dès son plus jeune âge, il s’amuse à imiter ses personnages de cartoons préférés, une aptitude qui n’échappe pas à sa mère qui décide alors de l’inscrire au théâtre du coin pour révéler ses talents pour la scène. Plus tard, à ses 15 ans, il joue le personnage glacial Ebenezer Scrooge dans un théâtre et décroche même son premier rôle officiel, Puck, dans la pièce de Shakespeare : Le Songe d’une Nuit d’Été. Arrivant à Broadway en 1967, il enchaîne les diners-spectacles et autres stands-ups où il se complait à évoluer sur scène. Il s’envole ensuite pour Hollywood où il se produit dans quelques séries à l’instar de Operation Petticoat, Pink Lady and Jeff ou encore The Rousters en 1983. En revenant dans son Kentucky natal, il reprend contact avec John Cherry avec lequel il avait déjà tourné quelques publicités et découvre le personnage d’Ernest P. Worrell qui ne le quittera désormais plus. Ce sont ainsi plus de 3000 spots commerciaux qui seront tournés sur toute la carrière de Varney, qui ne fait désormais qu’un avec son alter-ego Ernest. S’exprimant toujours à un personnage hors-champ, Vern son voisin, il aime ponctuer ses interventions par son accroche devenue célèbre "KnowhutImean?" (littéralement "Tu vois c’que j’veux dire ?") ! Il est alors le héros de plus de neuf films, une série et moults spots télévisés, l’aura d'Ernest le dépassant complètement. Il arrive cependant à se détacher de ce personnage qui lui colle tant à la peau en jouant un patriarche chanceux dans Les Allumés de Beverly Hills (1993) puis en prêtant sa voix à Zigzag dans les deux premiers opus de la saga Toy Story. Grand fumeur, Jim Varney affronte l’inévitable nouvelle en 1998 : un cancer des poumons lui est diagnostiqué. Malgré un traitement chimiothérapeutique et une ablation partielle, il meurt dans sa maison dans le Tennessee à l’âge de 50 ans. Il laisse en héritage un personnage sincère, un ami que chacun souhaiterait avoir. Pour son dernier rôle, il donne sa voix au vieux Jebidiah Allardyce "Cookie" Farnsworth dans le Classique Disney Atlantide, l’Empire Perdu, un film qui lui est d’ailleurs dédié.

La série des longs-métrages d’Ernest dénote d’une évolution constante du personnage déluré, admirablement tenu par son interprète. Contrairement à l’épisode précédent où Ernest apparaissait peu à l’écran, il est omniprésent dans Ernest en Prison ; Jim Varney bénéficiant même de deux rôles à honorer, complètement antagonistes ! D’un côté, Ernest Worrell est toujours l'individu clownesque mais attachant rencontré dans Ernest et les Joyeuses Colonies, décrit par son interprète comme "un voisin ou un membre de la famille que l’on a tous eu à un moment de notre vie", un Monsieur Tout-le-monde, savant mélange de bienveillance et d’humour, atypique dans l’univers télévisuel et cinématographique, facilement reconnaissable par son son look simple mais efficace (une casquette de baseball, une veste en jeans un tee-shirt et un jean). Inventeur du "KnowhutImean?" il est plus gaffeur que jamais et prouve aux spectateurs qu’il n’est pas si niais que cela lorsque ceux-ci découvrent - pour la première fois - l’intérieur de sa maison, débordant de gadgets et inventions créés par lui-même (un décor qui rappelle aux plus avertis celui d’un autre personnage, Pee-Wee Herman interprété par Paul Reubens) ! De l’autre, il y a Felix Nash, un criminel prêt à tout pour échapper à la chaise électrique même si cela implique d’échanger sa place avec un innocent ! Avec sa voix roque et son regard glaçant, il se situe aux antipodes d’Ernest – psychologiquement parlant - mais il en est, pour autant, son sosie parfait, casquette de baseball excepté.

Les talents de Jim Varney opèrent à la perfection, l’illusion des deux personnages (donc joués par le même acteur) étant absolument réussie ! Il se grime également en Tante Nelda pour quelques minutes, un rôle qu’il a développé dans le mini-film Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album et qu’il réutilise dans d’autres opus comme Le Père Noël Est en Prison ou Ernest à la Chasse aux Monstres. Il démontre ainsi qu’il est avant tout un acteur accompli, capable de faire oublier en quelques instants le personnage qui l’a rendu célèbre. La scène où il enchaîne les imitations d’acteurs, parmi lesquels il est possible de reconnaître Sylvester Stallone, Humphrey Bogart, Walter Brennan ou encore James Mason est à ce titre absolument irrésistible ! Le scénario jouit également d’une certaine originalité, abusant toutefois du fantastique donnant une fin grotesque, mais aussi d’un casting de personnages secondaires plus ou moins réussis.

Les spectateurs retrouvent toutefois avec plaisir le duo Bill Byrge – Gailard Sartain qui avait fait sa première apparition sur grand écran dans l’épisode précédent. Les deux acolytes n’en sont pas à leurs débuts car ils ont fait les beaux jours de l’entreprise Carden & Cherry dans de nombreux spots publicitaires réunis sous le nom de Me and My Brother Bobby, et sont présents également dans la série télévisée Hey Vern, It’s Ernest!. Ces deux frères, supposés jumeaux ne se ressemblant pas, revêtent, dans Ernest en Prison, l’uniforme d’agents de sécurité dont l’un, Bobby, tire sur tout ce qui bouge pendant que l’autre est avide de montrer ses nouvelles technologies en matière de sécurité au directeur de la banque, interprété par Dan Leegant (L’Évadé d’Alcatraz). Leur duo, fonctionnant à merveille, offre des scènes drôles et agréables à regarder. Cette aventure sera pourtant leur dernière apparition aux côtés d'Ernest...

D’autres petits rôles notables peuvent être soulignés comme celui de Charlotte Sparrow, interprétée par Barbara Tyson. L’actrice canadienne connue pour avoir joué dans diverses séries comme Neon Rider ou Another World offre une interprétation convaincante de la toute première prétendante d'Ernest. Les rôles des détenus, Lyle et Rubin Bartlett respectivement joués par Randall ‘Tex’ Cobb et Bary Scott, sont eux, en revanche, à oublier. Enfin, le directeur de la prison principale est incarné par Charles Napier (Philadelphia, The Blues Brothers), célèbre pour ses rôles de policiers ou de militaires, et qui en impose ici dès ses premières répliques.

La musique de l’opus est confiée à Bruce Arnston et Kirby Shelstad. Le premier est un compositeur américain qui a déjà travaillé avec le personnage d’Ernest, notamment sur la série Hey Vern, It’s Ernest!. Il signe là le titre Coconut Tree, quelque peu hors propos mais toutefois entraînant. Accompagné de Shelstad, originaire de Nashville où le film a été tourné, les deux n’arrivent pas, en fait, à créer un thème marquant les esprits permettant de lier le personnage d’Ernest à une mélodie propre.

Sur Ernest en Prison, John Cherry décide de revenir dans le Tennessee qui a vu naître son personnage fétiche en utilisant comme décor la Tennessee State Prison, déjà aperçue dans des films comme Nashville ou La Ligne Verte et qui ferme peu après le tournage, en 1992. Côté succès, l'opus rembourse son budget et atteint même un gain final supérieur au premier, à plus de 25 millions de dollars, mais derrière le film précédent, Le Père Noël Est en Prison. Il faut dire que, véritable phénomène outre-atlantique, les aventures d’Ernest ont bercé toute une génération d’Américains, absolument comblés par l’humour et la répartie de l’alter-ego de Jim Varney.

Comédie sympathique remplie de gags et scènes mémorables, Ernest en Prison est à prendre, comme les autres films de la franchise, au deuxième, troisième voire quatrième degré. Jim Varney profite néanmoins de cet épisode pour démontrer ses talents d’acteur en endossant d’autres rôles sans pour autant oublier celui qui lui apporta la célébrité. Loin d’être la meilleure comédie du Studio, Ernest en Prison est sans nul doute l’une des plus belles réussites de la franchise.

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