Coyote Girls
L'affiche du film
Titre original :
Coyote Ugly
Production :
Touchstone Pictures
Date de sortie USA :
Le 4 août 2000
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
David McNally
Musique :
Trevor Horn
Durée :
100 minutes (Version Cinéma)
107 minutes (Director's cut)
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

La jeune Violet quitte son New Jersey natal pour s'installer à New York afin de réaliser son rêve : devenir auteur/compositeur de chansons. En attendant de se faire remarquer, elle trouve un job au Coyote Ugly, un établissement mené par de drôles de barmaids qui assurent également le show...

La critique

Publiée le 21 janvier 2020

Il y a des petits films sans prétention qui voient le jour et deviennent cultes pour toute une génération. C'est le cas de Coyote Girls, comédie dramatique et romantique surfant sur la vague du girl power amorcée dans les années 90, dont le rêve de gloire de sa protagoniste a parlé à toutes les post-adolescentes et dont les chansons originales ont été sur toutes les lèvres. Qui ne se rappelle pas, en effet, de Can't Fight the Moonlight, diffusée à l’époque sur les ondes radio ?

Mais avant de parler davantage de Coyote Girls, un peu d’explications s’imposent. Car tout débute par le « Coyote Ugly ». Définition :
1. Terme d’argot américain désignant une personne très laide.
2. Expression illustrant le fait de se réveiller après une nuit un peu trop festive aux côtés d’une personne si affreuse qu’il est préférable de se ronger le bras pour fuir plutôt que risquer de la réveiller (tels les coyotes qui se rongeraient les membres pour se dépêtrer d’un piège).
3. Bar créé par Liliana Lovell qui ouvre ses portes en janvier 1993 dans l'East Village de la ville de New York. Étudiante, elle est préalablement employée pour servir classiquement des verres, avant de s’approprier le comptoir pour inviter les clients à consommer en dansant dessus. Gagnant plus d’argent en une soirée qu’en une semaine de stage, Liliana finit par fonder son propre établissement. Ambiance détendue, jolies filles et alcool faisant bon ménage, le bar est constitué d’une équipe féminine - les Coyotes - qui danse, chante et accueille les clients comme des amis.
Une telle histoire ne pouvait alors rester méconnue. Ainsi, lorsqu’Elizabeth Gilbert - l'auteur du célèbre livre Mange, Prie, Aime - relate son expérience farfelue en tant que barmaid dans cet établissement dans l’article « The Muse of the Coyote Ugly Saloon » du magazine GQ en 1997, la scénariste Gina Wendkos (Princesse Malgré Elle et Un Mariage de Princesse) en rédige un script. Seule créditée au générique - malgré une rumeur persistante qui impliquerait la participation de huit autres scénaristes - Wendkos s'étonne par la suite que Jerry Bruckheimer, le bien nommé « Mr. Blockbuster » né en 1943 dans le Michigan qui débute sa florissante carrière dans les années 80, s'intéresse à son écrit et que Disney en acquiert les droits à travers sa filiale Touchstone.

À la tête de ce produit cinématographique parfaitement huilé, ne pouvait être présent que ce producteur à succès sous contrat avec Walt Disney Pictures dès 1995. Il peut notamment se targuer d’avoir à son actif : Rock (1996), Armageddon (1998), 60 Secondes Chrono (2000) et Pearl Harbor (2001) via les filiales, ainsi que Pirates des Caraïbes (2003 à 2017), Lone Ranger : Naissance d’un Héros (2013), Benjamin Gates (2004 et 2007), L’Apprenti Sorcier (2010), ou encore Prince of Persia : Les Sables du Temps (2010) pour Disney. Mais il n'est pourtant pas si surprenant de retrouver Bruckheimer à la tête de ce projet, également producteur oublié de Flashdance (1983), à qui Coyote Girls reprend aussi le postulat de base de la jeune fille en quête de rêves artistiques. De même que le label Touchstone ne donne pas que dans l'action, comme en témoignent les cultissimes Cocktail (1988), qui peut être vu comme une autre source d'inspiration indirecte, et Pretty Woman (1990).
Le metteur en scène importe finalement peu face à ce mastodonte de la production et le studio qui lui est associé. Pour preuve, il revient au réalisateur de vidéo-clips et de publicités David McNally, né en 1960 à Liverpool en Angleterre - novice en matière de cinéma - de réaliser ce qui sera son tout premier long-métrage. Toujours sous la houlette de Bruckheimer, il réalise par la suite Kangourou Jack (2003) et co-crée la série Justice (2006) pour le réseau Fox Broadcasting Company, annulée dès sa première saison et inédite en France. Sa carrière semble s’arrêter ici. Mais pour l’équipe, l’enjeu majeur est avant tout de dénicher parmi les milliers de filles auditionnées l’actrice parfaite, capable de porter les illusions de son personnage et Coyote Girls à bout de bras.

Après que furent pressenties Juanary Jones (X-Men : Le Commencement), Britney Spears (qui fera ironiquement ses débuts et ses adieux au cinéma dans un rôle principal deux ans après avec Crossroads) et Jessica Simpson (qui refuse une scène de sexe finalement coupée au montage), le rôle de la candide Violet revient à une jeune comédienne méconnue et dont la situation est semblable à celle de l’héroïne : Piper Perabo. Née en 1976 à Dallas, elle quitte en effet son Texas natal pour étudier le théâtre, avant de s’installer à New York en 1998 pour devenir actrice. Un souhait réalisé dès l’année suivante, et en dépit d’une grande carrière, poursuivi avec Treize à la Douzaine (2003 et 2005) de 20th Century Fox, Le Prestige (2006), Le Chihuahua de Beverly Hills (2008) et la série Notorious (2016) d’ABC.
Malgré l’univers festif et nocturne promis, les premières minutes de Coyote Girls peuvent faire peur. Il faut bien avouer que les prémices de l’histoire n’ont rien d’original et empruntent les codes maintes et maintes fois recyclés de la comédie peu inspirée. En quelques minutes, Violet débarque dans une grande ville pleine de rêves, mais seule. Elle se retrouve dans un appartement sordide, mais ravie de vivre sa passion. Elle manque de confiance en elle, mais rencontre un charmant jeune homme qui croit en elle. Elle essuie tout naturellement les refus des maisons de disque, mais n'ose pas se produire dans les bars pour faire connaître sa musique. Elle se fait également cambrioler et se retrouve sans le sou (décidément), pour finir par mendier une part de tarte aux pommes (mais la meilleure de la ville, alors l’honneur est sauf). Rien de neuf à l’horizon, même si le passage des maisons de disque peut faire sourire quiconque à une dent contre les hôtesses d’accueil. Enfin pas encore…

Toujours aussi en forme et exubérantes après une nuit de travail, trois bruyantes jeunes femmes décompressent et comptent leurs nombreux billets au sein du restaurant. Cammie et Rachel fêtent le départ de leur amie Zoe pour l’université. Non, ce ne sont pas des « racoleuses » comme se demande Violet qui les remarque (oui, le vocabulaire français de la protagoniste reste très chaste), mais des Coyotes, version cinéma. Une place est donc vacante et Violet, qui a besoin d’un job alimentaire bien payé et lui laissant pas mal de temps libre pour sa véritable vocation, tente le tout pour le tout et frappe à la porte. Bienvenue au Coyote Ugly ! Le « café des amis » étant déjà pris comme le confesse ironiquement sa propriétaire Lil, s’amusant de l’approche innocente et de l’apparence bien trop sage de Violet. Enfin à l’essai ! Car hors de question pour la gérante de mettre en péril son business, son seul bien, pour une petite ingénue tout droit venue de sa campagne et starlette en devenir.
Justement, point de stars à l’horizon. Le studio souhaite présenter des visages méconnus ou tout juste familiers pour donner vie à ce groupe de jeunes femmes dynamiques. La présence de Maria Bello (Duos d’un Jour d’Hollywood Pictures, La Momie 3 : La Tombe de l'Empereur Dragon, McFarland, USA) est peut-être la petite exception qui confirme la règle. Née en 1967 en Pennsylvanie et diplômée en sciences politiques, Coyote Girls est le quatrième film de sa longue filmographie après ses débuts télévisés remarqués dans Urgences notamment. Son expérience de sept ans au sein d’un bar new-yorkais lui est profitable pour incarner la forte et inébranlable Lil (diminutif de Liliana mais non évoqué à l'écran), à la fois maman et véritable boss du clan en coulisses.

Sur scène, Izabella Miko (Save the Last Dance 2, Sexy Dance 5 - All in Vegas post ère Touchstone) est Cammie, « l’allumeuse venue de l’Est » comme elle se présente, pimpante midinette vêtue de rose. Née en Pologne en 1981, elle obtient une bourse pour New York grâce à sa formation de ballerine et vit sa première expérience américaine avec Coyote Girls, même si elle n’avait pas encore les 21 ans autorisant l’entrée dans les bars. Bridget Moynahan (I, Robot, John Wick et John Wick 2) est Rachel, « la mégère de New York », la dure en cuir aux légers problèmes comportementaux à qui chaque altercation avec un client lui vaut une augmentation ! Mannequin de formation née à New York en 1971, elle est aperçue dans la série Sex and the City l’année précédente. Enfin, la célèbre top Tyra Banks (Halloween Resurrection de Dimension Films, Hannah Montana - Le Film) née en Californie en 1973, est la loufoque Zoe, la Coyote sur le départ mais que le spectateur aura l’occasion de recroiser.
Des rôles certes caricaturaux, mais peu importe. Le spectateur s’amuse de la niaiserie décalée et exacerbée de Violet (l’attendrissante Perabo fait des merveilles), la blondeur de Cammie lors de la présentation des rôles de chacune et de l’incontournable séance de relooking, des vacheries de Rachel et du cynisme de Lil à l’encontre de la dernière recrue. C’est bien évidement l’occasion pour la débutante - présentée aux fêtards comme une ancienne institutrice de maternelle, bonne-sœur échappée du couvent et dernière vierge de la Grosse Pomme, mais relookée et rebaptisée Jersey (Violet n’étant définitivement pas un nom suffisamment accrocheur pour une Coyote) - de tirer parti de cette expérience et de puiser dans la personnalité de chaque fille pour grandir et prendre confiance en elle.

Lâchée au sein de la foule, Violet vit des débuts une nouvelle fois bien chaotiques. Avant qu’elle ne finisse bien sûr par se prendre au jeu et oublier sa peur de la scène, quitte à mettre de côté l'essentiel. Heureusement, son père interprété par l'excellent John Goodman (voix de Pacha dans Kuzco, l'Empereur Mégalo, de Sully dans Monstres & Cie et Monstres Academy et de Big Daddy dans La Princesse et la Grenouille) lui rappelle qu'elle ne doit pas tout abandonner comme sa mère. Et oui, il y a une tragédie familiale ! Sa meilleure amie, la néo-zélandaise Melanie Lynskey, est source de réconfort. Et son love interest Kevin campé par l'acteur australien Adam Garcia (Journal Intime d'une Future Star) veille au grain. Ce qui n'empêchera pas l'arrivée d'un mini scandale perpétré par le cameo de Michael Bay en personne, d'un quiproquo amoureux et d'un drame prêts à tout remettre en cause. Mais sans vouloir trop en dévoiler et gâcher l’effet de surprise, tout est bien qui finira bien !
Hormis son quatuor féminin original et inédit, ce qui sauve Coyote Girls de l'ennui et de l'impression de déjà-vu, c'est sa faculté à mêler habilement ses diverses petites trames, de même que son tempo plus que rythmé une fois tous les éléments de l'histoire mis en place. Ainsi, les rêveurs peuvent se concentrer sur le parcours artistique de Violet et les romantiques s'attarder sur son histoire d'amour naissance avec Kevin. Ce public toujours friand et indulgent étant le plus facile à contenter ! Ceux qui espèrent un peu de nouveauté sont invités à focaliser leur attention sur les soirées survoltées et les frasques bien plus animées des Coyotes. Pari tenu ! L'œuvre a ainsi de quoi satisfaire les plus nombreux et divertir les plus difficiles. Simple mais efficace ! Lui était-il demandé plus ?

S’il peut sembler légèrement guimauve sur le papier et savoureusement tarte à l’écran par moments, Coyote Girls s’adresse cependant aux post-adolescents et jeunes adultes qui finissent leurs études ou découvrent le monde du travail, à qui l’avenir semble appartenir. Si son langage relativement maîtrisé et l’absence de nudité rendent le long-métrage tout public - le studio veille tout de même à éviter qu'il ne soit déconseillé aux moins de 13 ans aux États-Unis - son environnement nocturne et alcoolisé ne s’adresse cependant pas aux plus jeunes. Contradictoirement, si les barmaids sont sensuelles mais pas vulgaires (un très bon point qui semble désuet désormais), la présence d’alcool n’est pas ménagée. Dans l'euphorie, il est même clairement stipulé lors d’une scène que « l’eau est pour les blaireaux » ! À croire que la boisson est moins dangereuse qu'un peu de peau dévoilée... Mais remis dans son contexte, aux yeux d’un adulte sain et équilibré, rien de choquant à l’horizon.
En ce sens, Coyote Girls peut être considéré comme un petit pivot dans le monde de la comédie, à la fois moins sage et moins adulte que ses prédécesseurs des années 80 et 90, tout en étant moins trash et moins vulgaire que ses successeurs des années 2000. Sur la forme, le film se veut aussi chaste que la vision du monde de Violet. Certains prépubères à la peau encore acnéiques peuvent néanmoins se satisfaire de quelques danses pseudo lascives et d’un concours de t-shirts mouillés (mais pas blancs). Blague à part, l’ambiance et le casting sont le véritable point fort de cette tranche de vie parfois détonante. Que celui ou celle qui n’a jamais rêvé d’avoir des copines qui savent régaler au bar et mettre l’ambiance jette, en effet, la première bouteille…

La vie sur le plateau de tournage est cependant à la fois bon enfant et studieuse. Le job semble de rêve, mais le rôle de Coyote n’est pas à prendre à la légère. Les journées débutent tôt avec l'incontournable séance de maquillage. Les actrices suivent des cours de danse mêlant hip-hop et claquettes dispensés par LaVelle Smith Jr. (chorégraphe ayant travaillé avec Michael et Janet Jackson ou encore Beyoncé). Et elles apprennent des mains de l’ancienne barmaid Jennifer Curann à jongler. Izabella Miko s’entraîne à manier verres et bouteilles malgré ses petites mains tandis que Bridget Moynahan tente de ne pas s’assommer à chaque fois qu'elle monte sur le comptoir, l'équipe artistique ne l'ayant pas vu si grande. Les filles peuvent depuis Coyote Girls (à vérifier si cela est toujours d’actualité) défier quiconque de danser en talons sur un espace réduit en hauteur et faire tournoyer les cocktails. Petit bonus plus conventionnel pour Piper Perabo, mélomane oblige : des cours de guitare et de piano.
Violet ne souhaitant pas interpréter ses compositions, mais étant obligée de chanter pour les faire connaître, une dernière personne prend part à l’aventure en studio : LeAnn Rimes. La jeune chanteuse de country née dans le Mississippi en 1982 - elle aussi mineure au moment du tournage - n'est autre que la voix chantée de Piper Perabo, pourtant en mesure d'assurer le tour de chant. Découverte à douze ans, elle dispose depuis d'un sacré bagage composé d'une discographie à succès (deux Grammy, quatre Billboard Music, trois Academy of Country Awards) aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, ainsi que quelques apparitions cinématographiques et télévisées.

Sa première apparition sur le grand écran est ainsi justement pour Coyote Girls dans son propre rôle, en tant qu'interprète finale de la première chanson produite de Violet (parce que bien-sûr, le début de succès conclut l'histoire). Car s'il y a un quatrième et dernier aspect à ne surtout pas négliger ici, c'est bien la musique. L’œuvre cinématographique se veut indirectement et complémentairement un véritable produit discographique. LeAnn Rimes interprète non moins que quatre titres inédits écrits par « la reine de la ballade » américaine Diane Warren (qui a signé des textes pour Aerosmith - dont I Don't Want to Miss a Thing illustrant Armageddon - Céline Dion, Mariah Carey, ou encore Whitney Houston). Ainsi, The Right Kind of Wrong, Please Remember, But I Do Love You et surtout Can't Fight the Moonlight - véritable hymne du long-métrage - peuvent être entendues tout du long dans leurs versions plus ou moins finalisées, servant également d'accompagnement sonore. Ces chansons sont produites par le musicien et producteur britannique Trevor Horn, né en 1949, autant à l'aise dans le monde du cinéma que celui de la musique (il a notamment collaboré avec Paul McCartney, Rod Stewart, Seal et le groupe controversé russe faussement lesbien t.A.T.u. Pas de bonne soirée, en effet, sans bonne playlist ! À cela s'ajoutent au juke-box de nombreux tubes aux titres évocateurs tels que All She Wants to Do is Dance de Don Henley (1985), Need You Tonight d'INXS (1987), Unbelievable d'EMF et The Power de Snap! (1990). Ainsi que le désuet mais étonnant The Devil Went Down to Georgia de The Charlie Daniels Band (1979) de style bluegrass/country, pour une routine endiablée où santiags et chapeaux de cow-boy sont de rigueur.

Localisation du récit oblige, le tournage se déroule entre août et décembre 1999 dans le New Jersey et sur l'île de Manhattan pour les prises de vues extérieures, ainsi qu'à Los Angeles pour les scènes en intérieur. Comme tout décor iconique, le Coyote Ugly est perçu comme un personnage à part entière, nécessitant une reconstruction en studio. La décoratrice Rosemary Brandenburg (Hocus Pocus - Les Trois Sorcières, Rock, Le Manoir Hanté et les 999 Fantômes, Kingsman : Le Cercle d'or et Star Wars : L’Ascension de Skywalker) se charge de donner une âme au plateau. Tandis que la costumière Marlene Stewart (Terminator 2 : Le Jugement Dernier, 60 Secondes Chrono, Real Steel et les deux derniers volet de La Nuit au Musée) - qui débute sa carrière sur les clips Material Girl, La Isla Bonita, Like a Prayer et le Who's That Girl Tour de Madonna - se charge de donner du style au casting et une personnalité visuelle en parfaite symbiose avec le tempérament de chaque Coyote.
La post-production offre également à Coyote Girls une belle esthétique et une atmosphère très singulière. Les couleurs sont chaudes et vives, presque agressives (le pastel est passé de mode), aussi bien de jour comme de nuit. Le montage se veut frénétique, aussi dynamique que les prestations des Coyotes. Par bon sens ou pour contourner la censure une nouvelle fois, il est évité avec bon goût les gros plans trop racoleurs (ou alors relativement furtifs), privilégiant les plans larges et les jeux de jambes. La version director's cut sortie en 2005, enrichie de gros plans de fessiers ondulants des Coyotes, ainsi qu'une scène de sexe entre Violet et Kevin dévoilant inutilement les atouts de la jeune femme (pour laquelle Piper Perabo s'est faite doubler) se charge de satisfaire inutilement les plus curieux.

Car malgré les apparences, même si les filles sont de véritables fantasmes ambulants, Coyote Girls prône le pouvoir des femmes. Sexy mais pas sexiste, lieu de détente plutôt que de perdition - où « mettre le feu » n'est plus qu'une simple expression et peut être pris au premier degré - les filles disposent toutes d'un caractère bien trempé et mènent la danse. L'accroche originale figurant sur l'affiche « calling the shots » préfère cependant pour traduction l'expression « tenir les rênes » (impliquant sûrement dans la langue de Shakespeare un jeu de mot avec les shots servis au bar). Un girl power décomplexé et totalement assumé, qui se retrouve dans la volonté de Violet (elle n'est pas si faible finalement), la stature professionnelle de Lil, l’insouciance de Cammie et la badass attitude de Rachel.
Si elles n'hésitent pas à se donner en spectacle et mettre en avant leurs charmes, ce sont finalement les rares hommes du casting qui sont mis aux enchères ! Le film est d'ailleurs sûrement plus apprécié lors des « soirées filles » que celles de leurs homologues masculins. La bonne dose de romantisme et le monde du spectacle y sont sûrement pour quelque chose. Sans oublier les poses dramatiques de Violet lors de ses grandes réflexions existentielles et les compositions sur les toits de la ville car c'est quand même bien plus joli et poétique. Ces messieurs préfèrent sûrement organiser leurs « soirées mecs » dans l'un des nombreux Coyote Ugly issus de la chaîne développée dans les grandes villes américaines et dans le monde après la sortie de l'œuvre. De même, une émission nommée The Ultimate Coyote Ugly Search produite par Touchstone Television voit le jour entre 2006 et 2008 dans le but de dénicher de nouveaux talents. Il y aura décidément eu - à petite échelle - un avant et un après Coyote Girls.

En attendant, le Coyote Ugly Made in Hollywood ouvre ses portes au public le 4 août 2000 aux États-Unis, après l'avant-première organisée à New York le 31 juillet. De quoi rafraîchir les têtes durant la période estivale ! Après une sortie mondiale étalée sur trois mois, Coyote Girls débarque tardivement en France le 1er novembre 2000. Malgré les critiques mitigées qui le résument à une énième comédie sans originalité dont le seul but est de mettre en scène des filles sexy malgré sa bonne énergie et son casting bourré de charme, il trouve vite ses fans et son budget de 45 millions de dollars se voit vite rentabilisé grâce aux recettes mondiales s'élevant à plus de 113,9 millions de dollars (dont 60,7 millions rien que sur le sol américain). Succès public, lors des Blockbsuter Entertainment Awards de 2001, Piper Perabo est nommée pour celui du meilleur Espoir Féminin (tout comme aux MTV Movie Awards), mais c'est Maria Bello qui remporte celui de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle.
De même, le titre de la Meilleure Bande Originale s'incline face à celui de la Meilleure Chanson pour Can't Fight the Moonlight. La bande originale, portée par ses inédits, devient cependant quadruple disque de platine aux États-Unis et d'or dans d'autres pays. Can't Fight the Moonlight se transforme, pour sa part, instantanément en tube partout dans le monde, se hissant bien évidemment en première place des charts américains, mais également en Australie, Belgique, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Roumanie, Royaume-Uni et Suède. Diane Warren reçoit d’ailleurs un ASCAP Film and Television Music Awards (de la société américaine des compositeurs, auteurs et éditeurs) en 2003 pour ce titre, année durant laquelle sort un second disque intitulé More Music from Coyote Ugly.

Coyote Girls est cousu de fil blanc et non exempt de clichés, mais très sincèrement peu importe. Le message positif de toujours croire en son rêve (forcement américain), l’ambiance parfois explosive du long-métrage, la bonne humeur communicative du casting, ainsi que la bande originale qui reste en tête et rappelle sûrement de jolis souvenirs à certains… font toujours des merveilles. Malgré l'évocation des antiques magnétoscopes, pellicules photos et autres cassettes audio, Coyote Girls - tel un bon millésime - n'a pas pris une ride. Bon pour le moral et excellent remède contre la morosité passagère, le spectateur aurait tort de s'en priver. De quoi passer une excellente soirée festive sans sortir de chez soi. Ou au contraire, donner envie de se précipiter dans le premier bar ou karaoké du coin.

Si l'abus d'alcool est dangereux pour la santé et si celui qui conduit c’est celui qui ne boit pas, Coyote Girls est lui (comme le précise son accroche française cette fois-ci) à consommer sans AUCUNE modération ! Il est surtout à découvrir ou à redécouvrir sans plus attendre.

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