Une Vie Entre Deux Océans

Titre original :
The Light Between Oceans
Production :
DreamWorks Pictures
Date de sortie USA :
Le 02 septembre 2016
Distribution :
Touchstone Pictures
Genre :
Drame
Réalisation :
Derek Cianfrance
Musique :
Alexandre Desplat
Durée :
132 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Tom, vétéran traumatisé de la guerre de 14-18, décide de s'isoler en Australie en devenant gardien de phare. Sa nouvelle vie le fait alors rencontrer, dans un petit village voisin, Isabel avec laquelle naît une idylle qui les conduit bientôt au mariage...

La critique

rédigée par
Publiée le 02 janvier 2017

Une Vie Entre Deux Océans est un film produit par DreamWorks Pictures, distribué aux États-Unis par Disney via le label Touchstone Pictures. Malgré une histoire touchante, Il se noie malheureusement bien vite dans le pathos, niais et lourdingue, qui empêche toute émotion de naître. Au final, seul son casting talentueux et ses magnifiques décors naturels sauvent les meubles. Il n'en reste pas moins qu'Une Vie Entre Deux Océans occupe une place particulière pour Touchstone Pictures. Il s'agit en effet du tout dernier film DreamWorks que le studio distribue !

Le label catalogué "adulte" de Disney, Touchstone Pictures, est créé en 1984 sous l'impulsion de Ron Miller, gendre de Walt Disney, avec le film Splash. Le but est alors de proposer une alternative aux films familiaux produits par le label historique Walt Disney Pictures.
Le côté adulte des productions Touchstone Pictures va ainsi aller en s'accentuant au fil du temps avec une série de comédies s'éloignant clairement de l'ambiance Disney, à l'exemple du (Le) Clochard de Beverly Hills ou du Y'a-t-il Quelqu'un Pour Tuer ma Femme ?. La fin des années 80 et le début des années 90 amènent ensuite un lot de films non seulement salués par les critiques mais également plébiscités par le public comme les magnifiques Good Morning VietnamLe Cercle des Poètes Disparus ou Pretty Woman. Pour autant, il faut attendre la seconde moitié des années 90 et la première moitié des années 2000 pour voir Touchstone Pictures s'aventurer, avec plus ou moins de bonheur, sur le terrain des blockbusters (ArmageddonPearl Harbor).
En 2003, le succès de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl démontre que le label Walt Disney Pictures est capable dorénavant de porter des films plus adultes. L’arrivée de Bob Iger à la tête de The Walt Disney Company entérine cet état de fait. Sa compagnie se focalise alors sur le label historique et sur le nom de DisneyTouchstone Pictures voit implacablement son champ d'activités se réduire comme peau de chagrin, n’empêchant pas, ici ou là, quelque beaux succès comme Bande Sauvages ou La Proposition.
The Tempest en 2010 est ainsi le dernier film à être, à proprement parler, produit par Touchstone Pictures. Il faut dire qu'avec les rachats de Pixar, Marvel, puis quelques temps après, Lucasfilm Ltd., Disney ne semble plus savoir quoi faire de Touchstone. Et des rumeurs d'une vente du studio, à l'image de Miramax plusieurs années auparavant, se font régulièrement entendre.

Pourtant, et à la surprise générale, Disney conclut un accord avec le studio de Steven Spielberg DreamWorks SKG pour que Touchstone Pictures distribue, sur une période de cinq ans, trente de ses films ! L'annonce étonne alors son monde. Dreamworks (le label concurrent "ennemi" de toujours !), que nombreux voyaient s'associer avec Universal Studios, se tourne en effet vers le studio de Mickey.
Cet accord a l'avantage indéniable d'offrir un tout nouveau souffle à Touchstone qui semble renaître de ses cendres. Pas moins de douze films sont ainsi distribués de 2011 à 2015, dont certains connaissent un franc succès critique et public tel que La Couleur des Sentiments (The Help), Lincoln ou Le Pont des Espions. Mais le deal initial n'apporte pas tous les fruits escomptés. La sanction tombe donc en septembre 2015 quand DreamWorks Pictures et Walt Disney Studios Motion Pictures annoncent leur séparation. Si Une Vie Entre Deux Océans est alors toujours prévu pour être distribué par Touchstone Pictures, deux films voient leur destin lui échapper. Le BGG - Le Bon Gros Géant, réalisé par Steven Spielberg, initialement prévu pour sortir sous label Touchstone, est, en effet, finalement confié au navire amiral, Walt Disney Pictures tandis que Ghost in the Shell, l'adaptation du manga culte avec Scarlett Johansson, produite par DreamWorks et inclus normalement dans le contrat de distribution avec Touchstone, devient le premier film distribué par Universal Studios... Nouveau distributeur de DreamWorks SKG !
Une Vie Entre Deux Océans présente ainsi une double particularité : il est le dernier film DreamWorks distribué par Touchstone, mais également le tout dernier long-métrage en date pour lequel Touchstone Pictures est crédité. Le studio n'a plus aucune production annoncée dans les prochaines années. De là à voir là sa mort (ou sa vente prochaine), il n'y a qu'un pas...

Une Vie Entre Deux Océans (The Light Between Océans) est à l'origine un livre écrit par M.L. Stedman, née en Australie et vivant désormais à Londres. Une Vie Entre Deux Océans, sorti en 2013, est ainsi son tout premier roman, plébiscité dans de nombreux pays et détenteur du Prix des Lecteurs en 2015, avant d'être porté à l'écran en 2016. Tom, rescapé de la guerre de 14-18 et désireux de s'éloigner de la civilisation, retourne donc en Australie en acceptant le poste de gardien de phare sur une ile isolée. Il y rencontre tout de même une jeune femme, Isabel qu'il épouse quelques temps après. Tout deux vivent ensuite dans le phare dans l'attente d'un enfant...

Derak Clanfrance se charge donc d'adapter cette histoire romantique pour le grand écran. Né en 1974,  il écrit et réalise dès l'âge de 23 ans, son premier long-métrage, Brother Tred, qui le fait remarquer dans plusieurs festivals. Il faut ensuite attendre 2010 pour le voir retourner à la case réalisation au cinéma, avec Blue Valentine, un drame mettant en scène Ryan Gosling et Michelle Williams, présenté au festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard. En 2012, il retrouve Ryan Gosling, accompagné cette fois ci de Bradley Cooper et Eva Mendes pour The Place Beyond the Pines puis adapte en 2016 le roman Une Vie Entre Deux Océans...

L'histoire du livre a tous les ingrédients nécessaires pour faire naître une certaine émotion. Les personnages y sont attachants et les péripéties rencontrées sont touchantes, voir, parfois, surprenantes. Malheureusement, le film rate totalement son sujet. La faute à une caméra mal maîtrisée, qui, au lieu de se vouloir sobre lors de certaines scènes en adoptant un style contemplatif, se force à toujours abuser d'effets filmiques lourdingues empêchant toute émotion de naître. C'est même tout le contraire ! Devant tant de pathos et de niaiserie, le spectateur rejette en bloc ce qu'il a devant les yeux. Et une histoire au potentiel certain se transforme en une attente en rebondissements qui n'en finit plus au désespoir du public. Plus de subtilité et de recul auraient assurément donné de la force au récit, là où il n'a rien à offrir que l'ennui.
Même la photographie en rajoute une couche avec une image saturée à l'extrême. Elle oscille entre le très beau (pour les scènes extérieures) et le très laid (pour les scènes intérieures) : ainsi, lorsque les personnages se trouvent en intérieur, la lumière extérieure parait floue restituant une couleur contre naturelle flagrante qui vire au jaune. Ce constat est effarant tant le directeur de la photographie Adam Arkapaw est un artiste de talent ; ses derniers travaux sont en effet particulièrement remarquables sur MacBeth (également avec Michael Fassbender) et la série True Detective mais aussi son travail sur le film Disney McFarland, USA. Dommage donc de le voir autant se fourvoyer sur Une Vie Entre Deux Océans  son style ne convient pas malgré le potentiel du sujet.

La musique, composée par le français Alexandre Desplat arrive, quant à elle, parfois à sublimer les décors avec de très beaux thèmes, mais également à exagérer à outrance les scènes émouvantes, sortant les violons à tout bout de champ sans aucune subtilité que celle de donner un top au spectateur pour pleurer...
Alors qu'à Une Vie Entre Deux Océans à offrir ? D'abord, ses décors naturels ! Ils sont, il faut le reconnaître, de toute beauté. Que cela soit le phare, isolé et immense au milieu d'une île (Janus Rock), les côtes australiennes, ou bien les petites bourgades typiques du siècle dernier, les décors confèrent au film un charme certain. Ensuite, son casting quatre étoiles !

Michael Fassbender incarne Tom. L'immense acteur semble décidément à l'aise dans n'importe quel rôle, que cela soit un blockbuster (X-Men : Apocalypse), ou un film d'auteur (Hunger) : il brille donc encore une fois dans Une Vie Entre Deux Océans. Charismatique à souhait, brisé par la guerre et se reconstruisant tout au long du récit, son personnage est assurément le plus intéressant à suivre. 
Alicia Vikander (Le Cinquième Pouvoir) l'accompagne en jouant la jeune Isabel qui trouve en Tom le mari idéal, avant qu'elle ne soit mise à rude épreuve par la vie. Le rôle est d'autant plus difficile que le personnage peut sembler ne faire que se lamenter tout au long du film. Il est toutefois suffisamment bien incarné par l'actrice pour qu'il gagne en profondeur et sincérité. Les deux acteurs forment ainsi un couple dont l'alchimie explose littéralement à l'écran.
A leurs cotés, Rachel Weisz (Le Monde Fantastique d'Oz) surprend, quant à elle, par son apparition dans l'histoire. Si l'actrice est tout à fait convaincante, son personnage a, tout de même, la fâcheuse habitude d'être à l'origine de toutes les longueurs interminables qui pèsent sur l'histoire.
Au final, et c'est un déséquilibre de plus, le film tout entier se joue à travers le destin de seulement trois personnages ; les autres acteurs ne faisant guère plus que de la figuration. 

Décors naturels magnifiques et casting impeccable, d'un côté ; une histoire touchante sur le papier mais exaspérante à l'écran, de l'autre, Une Vie Entre Deux Océans est plombé par des choix de réalisation qui le desservent tout du long. Reste alors pour seul bilan : l'ennui.

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