X-Men 2
L'affiche du film
Titre original :
X2
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 2 mai 2003
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Bryan Singer
Musique :
John Ottman
Durée :
134 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Magnéto sous contrôle, une trêve fragile perdure tant bien que mal entre les humains et les mutants jusqu'à l'attaque par l'un d'eux du Président des États-Unis en personne, qui plus est, au sein même de la Maison Blanche. Le symbole est décidément trop fort et le conflit larvé repart de plus belle. Tandis que les X-Men tentent de temporiser, le Colonel Stryker est, lui, bien décidé à éradiquer la menace mutante, à commencer par l’Institut du Professeur Xavier.

La critique

Publiée le 04 novembre 2018

Créée par Stan Lee chez Marvel en 1963, la franchise X-Men met en scène un groupe d'humains dotés de capacités extraordinaires, suite à la mutation génétique naturelle d'une partie de l'humanité. En marge de la société, le Professeur Charles Xavier s'est ainsi donné pour mission de recueillir dans son école ceux qui souhaitent s'intégrer. Il crée également le groupe des X-Men, dont le but est de défendre les humains contre son ami d'enfance Magnéto et sa confrérie de mutants qui souhaitent faire valoir leur suprématie.
À l’aube des années 2000, une adaptation cinématographique ouvre timidement mais brillamment la voie des salles obscures aux mutants. X-Men met donc en scène le combat entre les deux amis et rivaux, sur fond de débat politique quant à leur place au sein d'une société où deux espèces humaines doivent désormais coexister. Véritable métaphore des questions sociétales qui perdurent depuis le début des années 60 dans le monde occidental, la saga transposée sur grand écran prouve qu’un film de super-héros peut être également intelligent. Joli succès critique et commercial, une suite est logiquement envisagée par 20th Century Fox et le réalisateur Bryan Singer.

Tombé amoureux de l’univers et des personnages lors de la préparation du premier épisode, Bryan Singer - qui s’est illustré dans le monde du cinéma dès ses trois premiers films, Ennemi Public en 1993, Usual Suspects en 1995 et Un Élève Doué en 1998 - rempile donc pour un deuxième volet. Certes, il délaisse par la suite la franchise qu'il a lancée pour réaliser Superman Returns en 2006 et Walkyrie en 2009, mais revient aux fondamentaux en mettant en scène X-Men : Days of Future Past en 2014 et X-Men : Apocalypse en 2016, les deuxième et troisième épisodes de la prélogie.
En guise de conclusion, le réalisateur laissait donc à la fin du premier volet le Professeur X et Magnéto en pleine réflexion sur la guerre imminente qui couve entre les hommes et les mutants. Inspiré par le comic-book X-Men : Dieu Crée, l’Homme Détruit paru en 1982, Bryan Singer décide cette fois-ci de confronter l’ensemble des mutants à William Stryker, un humain qui leur voue une haine féroce. S'il est un évangéliste et un extrémiste religieux dans l’œuvre originale, il devient au cinéma un militaire qui en veut personnellement à l’Institut Xavier, secrètement décidé qu'il est à anéantir l’ensemble de la communauté mutante.

Cette confrontation est un excellent postulat de départ pour approfondir les sujets tels que le racisme et la xénophobie dont sont victimes les mutants, ainsi qu’un contexte idéal pour offrir au spectateur une histoire bien moins linéaire et manichéenne. Il ne s’agit plus d’une simple guerre entre bons et mauvais mutants, les rancœurs faisant place à des alliances improbables pour faire face à cet ennemi commun qu’incarne Stryker. Éternels rivaux, le Professeur X et Magnéto - qui personnifient les deux points de vue de l’histoire - sont amenés malgré eux à s’entraider même si leurs opinions divergent. Après tout, cet épisode a bien pour titre promotionnel X2 : X-Men United.
Toujours impeccablement interprétés par Sir Patrick Stewart et Sir Ian McKellen, les figures patriarcales que sont l'utopique Professeur X et le fataliste Magnéto conservent ici leurs lettres de noblesse. Légèrement en retrait pour laisser plus d’espace à la nouvelle génération, le premier se retrouve ainsi isolé au beau milieu d'un combat psychologique perpétré par Stryker, tandis que le second en soif de liberté, s’allie malgré lui aux X-Men pour stopper la menace et venir en aide à son ami.

Si le scénario plus complexe tient toutes ses promesses, il ne met pour autant pas de côté les scènes d’action attendues dans un film de super-héros. Le premier X-Men qui fit office d’introduction, a en effet, posé le contexte et présenté une multitude de personnages mais pêchait d'un manque cruel d’ambition. Fort de son succès, X-Men 2 affronte, lui, un défi de taille : il doit faire aussi bien que le premier épisode et apporter, en plus, ce qui lui a fait défaut. Le spectacle doit être à la hauteur de ces héros aux pouvoirs exceptionnels, mais également des attentes encore plus grandes du public - aussi bien pour les novices conquis que les puristes accomplis.
Et c’est chose faite dès la scène d’ouverture magistralement orchestrée : un ballet aérien tout en virtuosité permettant d’introduire le mutant Kurt Wagner, alias Diablo, porteur d’un message qui sera lourd de conséquences. L’acteur Alan Cumming campe ici avec facétie, sensibilité et beaucoup de patience - pour endurer les huit heures nécessaires au dessin de ses multiples symboles, pose de prothèses et maquillage - un mutant solitaire et rejeté par tous à cause de son apparence démoniaque. Il livre ainsi une très belle prestation sur ce nouveau personnage choisi pour ses contradictions, se révélant finalement doux et angélique et permettant également d’aborder les thèmes délicats du divin et de la foi.

Le film peut ensuite entrer dans le vif du sujet et voir les choses en grand. Combats, vengeances, surprises, drames et enjeux planétaires sont de mise. L’histoire - bien plus étoffée - est, il est vrai, composée d’arcs narratifs multiples qui entraînent les personnages dans diverses directions. Les X-Men sont certes plus unis que jamais, mais chacun doit assurer sa mission, tout en menant sa propre quête personnelle. L’aventure est ainsi beaucoup plus riche et bien plus passionnante, promettant des moments héroïques à couper le souffle.
Ainsi, le récit offre à chacun l’opportunité d’occuper une place bien particulière et d’être mis en valeur. Car X-Men est avant tout une galerie de personnages et de destins - véritables trésors de l’univers Marvel - dont pas loin d’une quinzaine se partagent l’affiche dans X-Men 2. Une véritable obsession pour Bryan Singer qui souhaite offrir au public le plus de personnages emblématiques. Un équilibre difficile à trouver mais réalisé non sans mal. Si la plupart des protagonistes sont bien mieux développés et plus intéressants, certains en font malheureusement les frais. Parmi les victimes de ce lourd casting, Cyclope, le leader même des X-Men - pourtant très justement campé par James Marsden - se retrouve juste cantonné à jouer un rôle toujours aussi mineur dans l’intrigue.

Les femmes prennent en revanche le pouvoir… et possession du X-Jet pour une mission sauvetage de la plus haute importance. Véritable surprise du film, l’apprentie télépathe et maître en télékinésie Jean Grey s’affirme enfin. Quiconque connaît son histoire n’en attendait pas moins. Elle n’est plus la mutante hésitante au rôle minimisé du premier épisode. Tourmentée par ses sombres pressentiments et la perte de contrôle de ses pouvoirs, elle découvre ici l’étendue de ses capacités. Famke Janssen incarne sur elle une héroïne à la mesure de son talent, toute en douceur et élégance.
Fraîchement oscarisée en 2002, Halle Berry retrouve, quant à elle, la crinière blanche de la fière Tornade dans un rôle lui aussi plus conséquent pour l’occasion. Plus forte, plus solide et déterminée que jamais, elle fait au passage démonstration d’imposants pouvoirs météorologiques. Elle forme avec Diablo un joli duo à l’idéologie une nouvelle fois contrastée, entre celle qui s’est résignée à ne plus rien attendre de personne et celui qui préfère continuer à croire en l’humanité.

Parmi ceux qui se la jouent solo, le bourru Wolverine est toujours en quête de son passé. Servi par un Hugh Jackman parfaitement à l’aise dans la peau de Logan, il dévoile enfin le côté bestial de son personnage pour le plus grand plaisir des fans et affirme sa place au sein du triangle amoureux qu’il forme avec Jean Grey et Cyclope. Cela ne l’empêche toutefois pas de faire preuve de fragilité quand son histoire personnelle est abordée, ou encore de compassion lorsqu’il se retrouve malgré lui à devoir veiller sur les plus jeunes menés par Malicia.
Cette dernière - qui permettait au spectateur de découvrir l’école en même temps qu’elle - s’émancipe enfin et permet à son interprète Anna Paquin de faire preuve davantage de caractère. Elle forme un groupe plus fragile et inexpérimenté en compagnie d'Iceberg et Pyro, un duo encore une fois ambivalent entre l’élève discipliné qui maîtrise la glace et l’élève perturbateur qui dompte le feu. Shawn Ashmore incarne tout en retenue le premier, en plein coming out de sa condition mutante, personnifiant habilement les thèmes de la différence et de l’intolérance. Aaron Stanford campe lui avec fougue le second, exprimant le sentiment de frustration que ressentent les incompris.

Le monde n’est malheureusement pas composé que de mutants bienveillants. Seule rescapée de la confrérie - aux apparitions très appréciées lors du premier volet - Mystique est au cœur de l’action et ne se résume plus au simple corps qui lui sert d’instrument. Motivée par sa haine inconditionnelle envers les humains et sa fidélité aveugle à Magnéto, elle s’offre pour l’occasion quelques gestes irrévérencieux dénotant dans un film tout public. De plus, les spectateurs peuvent découvrir le magnifique minois qui se cache derrière les cinq heures de maquillage nécessaires à l'incarnation de la mutante, dans une scène à visage découvert. Une bien jolie consécration pour l'ancien mannequin Rebecca Romijn, dans la peau (bleue) d’un personnage haut en couleurs, tout en charisme et magnétisme.
Sans le moindre pouvoir mais à la détermination sans faille, l’impitoyable William Stryker se révèle être un ennemi redoutable (En fait, l'un des plus récalcitrants pour la future saga) et des plus machiavéliques, grâce à la prestation convaincante de Brian Cox. Il offre également à Wolverine son alter ego en la personne de Lady Deathstrike. Kelly Hu, bien que mutique, en impose par sa prestance (ancienne Miss Hawaï et ceinture noire en karaté tout de même). Mais cette machine à tuer froide et efficace jusqu’au bout des ongles est malheureusement sous employée.

Pour mettre toutes ces péripéties en image, X-Men 2 ne fait visuellement pas dans la demi-mesure. Le fameux X-Jet, qui tient cette fois-ci une vraie place dans l’histoire, est totalement repensé pour pouvoir contenir les nombreuses scènes qui s’y passent. De même, le célèbre détecteur de mutants nommé le Cerebro, véritable enjeu central du film, est ré-imaginé pour satisfaire les exigences du scénario. Enfin, la prison de plastique qui clôturait le premier film atteint l'envergure que souhaitait Bryan Singer, lui qui avait dû revoir ses ambitions à la baisse dans le premier opus, faute de budget.
Les nouveaux décors n’ont d'ailleurs rien à leur envier. Ils sont à l’époque les plus importants construits au Canada, dans les studios de Vancouver, telle la reproduction fidèle du Bureau Ovale (quoique légèrement plus grand que l'original pour contenir l'ensemble de l'équipe technique) et de nouveaux couloirs aux multiples passages secrets pour le Manoir Xavier. Le sinistre et labyrinthique repère de Stryker est, quant à lui, beaucoup trop volumineux pour tenir dans les studios et se voit recréé dans des entrepôts abandonnés de la ville. Avec ses 5 000m², il est à l'époque le plus grand décor jamais construit au Canada.
Les effets spéciaux, plus nombreux et toujours plus grandioses, subliment les pouvoirs des mutants avec une mention spéciale aux projections du Cerebro, aux démonstrations climatiques de Tornade et téléportations vaporeuses de Diablo. Certaines scènes disposent également d’une esthétique particulièrement léchée, telle la sublime séquence d’ouverture à la Maison Blanche, l'atypique évasion de Magnéto de sa prison de plastique, l’attaque commando survitaminée du manoir, ou bien encore l’apogée éclatante des pouvoirs de Jean Grey.

La bande originale est également revisitée. Pour faire suite à la timide partition de Mickael Kamen du premier volet, John Ottman prend sa place de compositeur fétiche de Bryan Singer. Á l’exception du premier X-Men, il a, en effet, composé l’intégralité des bandes originales des œuvres du réalisateur. Polyvalent, il en assure également le montage. Bien plus confiant et audacieux que son prédécesseur, il offre ici en ouverture un thème ambitieux aux grandes envolées, enfin digne de super-héros. Véritable signature, il sera repris dans les autres volets de la saga dirigés par le réalisateur, à savoir X-Men : Days of Future Past et X-Men : Apocalypse.
Après cette excellente surprise, le reste de la partition n'est pas en reste. Elle alterne brillamment tonalités héroïques pour les séquences d’action et mélodies plus douces pour les scènes intimistes. Certains personnages ont, en outre, l’honneur de se voir attribuer un thème faisant office de véritable fil conducteur, telle la composition qui illustre l’évolution de la bienveillante Jean Grey ou les intonations sensuelles qui accompagnent les apparitions de Mystique.

Pour mener son épopée à bien, X-Men 2 dispose d’un confortable budget de 110 millions de dollars, soit 35 millions de plus que pour le premier volet. Une jolie rallonge qui confirme la confiance des studios mais qui nécessite tout de même quelques sacrifices comme l'apparition à l'écran de la Salle des Dangers ou encore des Sentinelles. De même, les personnages du Fauve et Angel - membres des premiers X-Men sur le papier - répondent encore une fois aux abonnés absents.
Présenté en avant-première mondiale en Angleterre le 24 avril 2003, X-Men 2 a le privilège de sortir en France le 30 avril, soit 2 jours avant la sortie américaine. Un rituel qui portera chance aux futurs épisodes de la saga. Les fans du premier opus sont à nouveau au rendez-vous et entraînent avec eux ceux qui ont découvert plus tardivement les X-Men en vidéo. Le film engendre pas loin de 408 millions de dollars de recettes mondiales, accompagnées par des critiques dithyrambiques qui le définissent comme un blockbuster intelligent offrant la part belle à ses personnages mais aussi comme une suite ambitieuse des plus réussie.

Reprenant la magie qui avait opéré dans le premier épisode, en prenant bien soin de corriger toutes ses petites lacunes, X-Men 2 déploie donc ses ailes et offre au public un film spectaculaire, qui fait honneur à l'une des plus grandes familles de super-héros. Les scènes d'action sont impressionnantes, sans pour autant prendre le dessus sur une histoire riche en intrigues, et sans entraver l’aspect psychologique des personnages et des grandes thématiques qui font depuis des décennies la véritable force des X-Men chez Marvel.
Le tout est en outre servi par un casting irréprochable où chaque acteur trouve sa place. Le Professeur X, Magnéto, Wolverine et Malicia ne perdent pas en charisme. Les personnages malheureusement sous-développés lors du premier épisode tels Mystique, Tornade et surtout Jean Grey gagnent en intérêt et en profondeur. Et les petits nouveaux comme Iceberg (furtivement aperçu dans le premier épisode), Pyro, Diablo et Lady Deathstrike parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Plus complexe, plus sombre et plus violent, ce X-Men est également plus adulte et romantique sans être dénué d’humour pour convenir au plus large des publics. De nombreux clins d’œil au premier film et aux comics originaux sont en outre jubilatoirement présents tout au long du récit pour les plus connaisseurs. Certains mutants attendus mais absents du casting sont ainsi subtilement évoqués. Les références à l'histoire originale du comics vont jusqu’à se nicher dans certains costumes et accessoires, tels les différents ornements de phénix portés par Jean Grey (sur son manteau et son collier notamment). Il est aussi possible de citer cette courte séquence entre Mystique et Diablo, filmée dans l’unique but de rendre hommage à leur lien de parenté dans le comics. Un élément canon qui n'a pu être intégré au long-métrage.
La boucle est-elle bouclée pour autant ? Jamais dans l’univers inépuisable des X-Men ! Au tournant de leur histoire, ils concluront cette première trilogie avec le décrié X-Men : L’Affrontement Final.

La mutation, c’est la clé de notre évolution. C’est elle qui nous a mené de l’état de simple cellule à l’espèce dominante sur notre planète. Le processus est long et remonte à la nuit des temps. Mais tous les deux ou trois cent mille ans, l’évolution fait un bond en avant.
C’est avec sobriété et intelligence que le spectateur quitte les X-Men sur ces mots de Charles Xavier qui introduisait déjà le premier film ; ce discours, susurré par un narrateur inattendu, concluant ainsi l'épisode avec force.

Loin de sa double et réductrice étiquette de suite et blockbuster, X-Men 2 offre au public un message profond d'acceptation de la différence, encore assez rare aujourd'hui dans ce genre de productions. Appuyée par un scénario tout en contraste et une réalisation magistrale, après plusieurs rebondissements menant à un final aussi intense que saisissant - les photos promotionnelles ont d'ailleurs été falsifiées pour garder l'effet de surprise - l’aventure s'y termine avec un vrai pincement au cœur.

Conçu volontairement sur le même modèle que Star Wars : L’Empire Contre-Attaque, X-Men 2 est assurément le meilleur opus de la première trilogie.

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