Titre original :
The Predator
Production :
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 14 septembre 2018
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
Shane Black
Musique :
Henry Jackman
Durée :
107 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Après plusieurs invasions gardées secrètes, un nouveau Predator se crashe sur Terre. Affaibli et désarmé, il décime pourtant l'unité du militaire Quinn McKenna avant d'être finalement immobilisé par ce dernier puis récupéré par un obscur agent du gouvernement dans le but d'être étudié par une équipe scientifique. La biologiste Casey Bracket découvre alors que le prédateur est porteur d'ADN humain. Mais les expérimentations sont interrompues lorsqu'un nouveau vaisseau extraterrestre, en approche, le réveille de sa stase.

La critique

Publiée le 01 octobre 2018

En 1987, les salles obscures révèlent pour la première fois aux yeux du monde l’un des monstres les plus emblématiques du cinéma de science-fiction. Le public frémit alors en faisant la connaissance du Predator, une imposante créature extraterrestre aux mandibules et aux dreadlocks inimitables : un redoutable chasseur au camouflage, à la vision et à l’armement de pointe qui collectionne les crânes de ses proies.
La superstar montante de l’époque, Arnold Schwarzenegger, qui interprète l’inoubliable Major « Dutch », s’est bien sûr donné pour mission de stopper l’ennemi. Cela n’empêche pas l’humanoïde récalcitrant d'envahir les écrans à deux nouvelles reprises : en 1990 dans Predator 2 (face à Danny Glover), puis en 2010 dans Predators (face à Adrien Brody), dont le pluriel du titre fait référence à un autre film du genre sorti en 1986, le concurrent direct du prédateur : Aliens, le Retour.

Justement ! Avant même que le public n’ait le temps d’imaginer un crossover dans lequel le Predator affronterait LE monstre iconique du cinéma de science-fiction, l’Alien, l’éditeur Dark Horse publie une série de comics nommée Alien versus Predator dès 1989, soit deux ans après le premier film (et trois ans après le deuxième volet d’Alien). Deux œuvres annexes sortiront aussi sur grand écran : Alien vs. Predator en 2004 et Aliens vs. Predator : Requiem en 2007.
Après cet interlude et le troisième volet de la saga Predator, une suite directe centrée autour du dernier survivant est un temps envisagée par son réalisateur Nimród Anta et Robert Rodriguez producteur. Mais le projet ne voit jamais le jour. Il faut alors attendre 2014 pour qu’un quatrième film soit enfin annoncé, réalisé cette fois-ci par Shane Black et produit par John Davis (producteur de tous les volets de la franchise étendue).

Scénariste, réalisateur et acteur à l’occasion, Shane Black rencontre le succès en 1987 avec son premier scénario : L’Arme Fatale. La même année, il fait ses débuts d’acteur dans le premier volet de Predator. Sa carrière oscille ensuite entre de petits rôles au cinéma et l’écriture de films d’action comme L’Arme Fatale 2 en 1989, Le Dernier Samaritain en 1991, Last Action Hero en 1992, puis Au Revoir à Jamais en 1996 (qu’il produit également).
Ces trois derniers opus étant des échecs commerciaux - alors qu’il est à l’époque le scénariste le mieux payé d’Hollywood - il prend de la distance avec la profession. Revenant dix ans plus tard à ses premiers amours, il repasse à la réalisation tout en continuant à écrire des scripts : Kiss Kiss Bang Bang en 2005, Iron Man 3 en 2013 et The Nice Guys en 2016. Éternel fan d’action sur le papier et derrière la caméra, il effectue un retour aux sources avec The Predator en 2018, 31 ans après sa première incursion dans l’univers du chasseur.

Retour aux sources justement... Si la science-fiction est l'essence même de la saga, chaque épisode possède sa propre identité. Predator, aux allures de films de guerre, met brillamment en scène un commando d’élite plongé au cœur de la jungle guatémaltèque lors d'une mission sauvetage. Ce premier volet joue la carte du suspense et de la surprise : le prédateur ne se dévoile entièrement (c’est-à-dire exempt de camouflage et de casque) qu'à la toute fin du film.
Malheureusement, sa suite (bien qu’il n’y ait aucun lien entre les deux histoires) plonge de façon maladroite le spectateur en pleine guerre des gangs à Los Angeles. Exit les militaires. 22, v’là les flics ! Tirant sans originalité les mêmes ficelles que l’épisode précédent et lorgnant sur le mauvais film policier (l'opus aurait pu être baptisé « Predator Fatal » ou « Le Predator de Beverly Hills »), le seul intérêt de ce second volet est de dévoiler l'esprit de collection du chasseur et l’existence de plusieurs d'entre-deux.

Après deux premiers films et deux crossovers sur Terre, le dernier volet assume son coté SF et emmène de redoutables mercenaires humains dans l’espace, à la rencontre d’une horde de Predators pour une chasse à l’homme effrénée. Changement de héros une nouvelle fois et rien de vraiment palpitant malgré un peu de nouveautés. Le spectateur apprend de la sorte qu'il existe différentes castes au sein de leur peuple.
Que reste-il donc du phénomène après trois premiers films aussi différents les uns des autres ? Qu'y aurait-il de plus à raconter dans un nouvel épisode ? Après l’ébauche d’une suite directe, puis les premières rumeurs d’un reboot, il est décidé de revenir aux fondamentaux et de produire une énième suite totalement indépendante et portée comme il se doit par du sang neuf, pour faire face à (presque) un seul et unique adversaire : The Predator !

Les fans de l’univers Marvel reconnaîtront d’ailleurs certains visages. L’adversaire de la redoutable bestiole est cette fois-ci Quinn McKenna, un sniper des Forces Spéciales incarné par Boyd Holbrook. Ancien mannequin, il obtient son premier rôle dans le film Harvey Milk en 2008 et apparaît notamment dans Gone Girl en 2014 et Logan en 2017. Il est principalement connu pour sa participation aux deux premières saisons de la série Narcos en 2015 et 2016.
Il est secondé par la scientifique Casey Bracket, campée par Olivia Munn. La belle fait ses débuts au cinéma dans Iron Man 2 en 2010 et dans Magic Mike en 2012, enchaînant ensuite les tournages de films et de séries. 2016 est une année particulièrement chargée pour elle avec la sortie de Zoolander 2, Joyeux Bordel ! et surtout X-Men : Apocalypse où elle interprète le rôle de la mutante Psylocke.

Pour leur prêter main forte - puisque tout amateur de l’univers Predator sait que ce dernier ne s’attaque qu’aux plus durs - Sterling K.Brown (dissident du Wakanda dans Black Panther en 2018), Trevante Rhodes (révélé dans le drame Moonlight en 2016), ou encore Thomas Jane (dans la peau de The Punisher en 2004 et connu pour ses rôles dans les adaptations de Stephen King Dreamcatcher en 2003 et The Mist en 2007), complètent de manière musclée le casting.
Enfin, puisque le monde n'est pas uniquement peuplé de gros bras, les gamers et aficionados du space opera Mass Effect, reconnaîtront l'actrice Yvonne Strahovski (des séries Chuck de 2007 à 2012 et Dexter de 2012 à 2013) qui a prêté sa voix et son visage au personnage virtuel de Miranda Lawson, ainsi que le jeune et excellent Jacob Tremblay (dans les très salués Room en 2015 et Wonder en 2017), qui jouent respectivement l'ex-femme et le fils du héros.

Malgré tout ce beau monde, ne serait-ce pas finalement le Predator la principale star de la saga mais aussi, en fin de compte, sa seule et unique continuité  ? La série échoue, en effet, là où son homologue Alien - doté d’une véritable héroïne qui évolue dans un univers à la continuité parfaite - excelle à chaque épisode. Un soin est donc apporté cette fois-ci au protagoniste principal pour qu’il soit plus intéressant et doté d'une véritable mission, ne le limitant plus au simple rôle de chasseur avide de distractions. Après tout, la promotion du film aguiche le public en promettant que la chasse a évolué.
Il est de ce fait appréciable que The Predator débute par son apparition. Le spectateur, pour une fois, n'aura pas à attendre la moitié de l'opus pour l'apercevoir. Il n'y aurait d'ailleurs eu aucun intérêt à jouer une quatrième fois sur un effet de surprise totalement obsolète, puisque tout le monde connaît désormais son apparence. L'efficacité est donc de rigueur et le chasseur débarque sur Terre pour tomber sans plus attendre sur un homme prêt à en découdre avec lui.

Original ? Pas pour l'instant, mais le film ne s’arrête pas là. Affaibli dès le début du récit, capturé, dépouillé de sa technologie et étudié - pendant que l'ensemble des personnages font connaissance - le monstre perd de sa superbe. Les temps auraient-ils changé ? En apparence seulement. Aussitôt remis sur pied, la chasse peut enfin commencer. Un sniper d'élite désavoué, une scientifique spécialisée en évolution, un membre du gouvernement peu scrupuleux, un enfant autiste capable de déchiffrer les codes aliens et l'habituelle bande de têtes brûlées, ne se seront pas de trop pour essayer de le stopper.
Certes, le scénario de The Predator ne fait pas dans l’originalité et souffre de quelques situations tirées par les dreadlocks, mais il n'est pas aussi linéaire qu'il n'y paraît de prime abord. Tout le récit ne se passe pas dans un seul et unique endroit. Les motivations du prédateur ne sont pas si évidentes que cela. Tous les humains ne sont pas forcément bons. Quelques rebondissements rehaussent donc tout de même l'ensemble. Et pour une fois, les personnages, plutôt variés, disposent eux aussi d'un minimum d'aura ou de suffisamment de caractère pour permettre au spectateur de s'intéresser un peu à eux. Mieux vaut tard que jamais !

Mais que le public friand de sacrifices ne s'inquiète pas ! Le film ne démérite pas côté action. The Predator réserve son lot de chasses nocturnes, rencontres fatales et de meurtres en tous genres. Gore comme il faut - ni plus, ni moins - le sang gicle abondamment sans donner dans la surenchère. Pas de réelles peurs ou angoisses cependant : l'opus mise une nouvelle fois plus sur le spectaculaire plus que sur la frayeur. Le ton est en revanche décomplexé et totalement assumé. Certains spectateurs pourront même le trouver un brin ridicule.
De leurs côtés, les effets spéciaux, de bonne facture, bien que légèrement inégaux (le sang vert fluo ne sera-t-il décidément jamais bien restitué à l'écran ?), rendent enfin hommage à la technologie de pointe du Predator. À noter que les studios, le réalisateur, ou qui que ce soit d'autres à remercier, épargnent au spectateur les trop nombreuses et sempiternelles visions infrarouges du chasseur, certes canoniques, mais plus du tout originales et à la limite du supportable après trente ans d'usage.

Pour donner le rythme et apporter la touche finale à l'aventure, Henry Jackman se charge de la partition. Simple, discrète mais efficace, elle a pour principal atout de reprendre les codes de la bande son de l’œuvre originale composée par l'illustre Alan Silvestri en 1987 (à qui Marvel doit la musique de Marvel's Avengers en 2012). Ce compositeur - très actif depuis 2010 - est connu pour son travail sur de gros blockbusters tels que les deux volets de Kick-Ass en 2010 et 2013, ceux de Kingsman en 2015 et 2017, ou bien encore Kong : Skull Island et Jumanji : Bienvenue dans la Jungle en 2017.
Après avoir collaboré sur les musiques additionnelles de Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit en 2006 et sa suite Pirates des Caraïbes : Jusqu'au Bout du Monde en 2007, puis s’exercer sur les films d’animation Monstres contre Aliens en 2009, Le Chat Potté en 2011 et Turbo en 2013, il travaille à maintes reprises pour Disney au sein d’univers très variés tels que les gentils Winnie l'Ourson en 2011, Les Mondes de Ralph en 2012 et Les Nouveaux Héros en 2014, ou les plus musclés X-Men : Le Commencement en 2011, Captain America : Le Soldat de l'Hiver en 2014 et sa suite Captain America : Civil War en 2016.
Outre son travail à plein temps pour le cinéma, il a également composé la musique de jeux vidéo tels qu’Uncharted 4 : A Thief’s End et Uncharted : The Lost Legacy.

Prévu initialement en début d’année 2018, The Predator sort finalement le 14 septembre aux États-Unis et un peu partout dans le monde, avant de finir sa course en France le 17 octobre de la même année. Malgré les premières critiques outre-Atlantique plutôt frileuses, un scandale étalé au grand jour (la présence d'un acteur et ami du réalisateur au passé de délinquant sexuel sur mineur, dont la scène avec Olivia Munn a été coupée de justesse par le studio) et un casting qui ne répond pas présent durant l’habituel exercice de la promotion, le film rafle tout de même la première place au box-office dès son premier week-end d’exploitation, malgré une restriction aux USA pour les enfants de moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte.
Avec un résultat financier correct sans être exceptionnel, les 24 millions de dollars engendrés à l’occasion ne sont peut-être pas le résultat attendu par les studios, mais le « petit » budget du film (88 millions de dollars seulement) est amorti dès la première semaine d’exploitation avec un peu moins de 50 millions de dollars amassés aux États-Unis et au Canada, ainsi que presque 55 millions récoltés lors de son invasion mondiale. Mais le véritable enjeu n’est pas là : de la course finale et du nombre planétaire des complices du Predator dépendra surtout la réalisation des deux suites dont le film fait déjà rumeur. Sa gueule de porte-bonheur jouera-t-elle en sa faveur ?

Loin de la catastrophe annoncée et relayée par les médias, The Predator est un film plus que divertissant qui, à défaut de révolutionner le genre, a le mérite de remettre au goût du jour une saga à la qualité plus qu'inégale et ravagée par le temps, sans pour autant la renier. Il reprend les codes qui ont fait le succès du premier épisode à travers de jolis clins d’œil, tout en trouvant son propre ton, moins sérieux, pour peu que la saga l'eût été un jour.
The Predator peut, en effet, surprendre par un humour très présent, peut-être un peu trop... Souvent très bien placé (certaines répliques font vraiment mouche), mais parfois très lourd et vulgaire (ce parti pris était fort dispensable), il vaut mieux au final que le film soit drôle volontairement plutôt qu'à ses dépens et que le plaisir soit, une bonne fois pour toute, total et coupable. Cela n’empêchera malheureusement pas certains de frôler l'overdose.
Pour le spectateur, ce sera donc tout l'un ou tout l'autre : enjoué ou une nouvelle fois déconcerté, tout dépend de ce qu'il attend de The Predator ! Malgré ses petits défauts et une fin bâclée, l'opus a, pourtant, la capacité d'offrir de passer un bon moment. Culte ? Non. Navrant ? Non plus. Il ne lui est d'ailleurs jamais demandé de rester dans les annales. Il n'est pas non plus attendu qu'il remporte un Oscar. N'a-t-il pas finalement, pour mission d'être - comme certains de ses confrères - tout simplement distrayant et amusant ? N'est-ce pas ce qu'il faut juste attendre de ce genre de film ? Si oui : la mission de The Predator est largement accomplie...

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