Elizabeth II
Destin Royal

Titre original :
Being the Queen
Production :
National Geographic
1895 Films
Date de diffusion USA :
Le 31 août 2020
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Tom Jennings
Musique :
Adam Lukas
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Durant ses soixante-dix ans de règne, la reine Elizabeth II a profondément marqué son époque et laissé une trace indélébile dans l’Histoire du Royaume-Uni. Images d’archives et témoignages inédits permettent de mettre en lumière quelques épisodes importants et éprouvants de la vie de la souveraine et de son entourage.

La critique

rédigée par
Publiée le 07 janvier 2023

Depuis sa naissance et surtout depuis son couronnement, la Reine Elizabeth II a su capter l’œil des caméras du monde entier qui déroulèrent pour elle des kilomètres de bobines pour immortaliser chacun de ses faits et gestes. Des centaines de films, de reportages et d’émissions ont ainsi été consacrés à celle qui régna sur le Royaume-Uni durant un peu plus de soixante-dix ans. En 2020, le réalisateur Tom Jennings ajoute à son tour une pierre à l’édifice avec le documentaire Elizabeth II, Destin Royal.

Née à Londres le 21 avril 1926, Elizabeth Alexandra Mary est la fille aînée du prince Albert, duc d’York, et d’Elizabeth Bowes-Lyon, l’héritière d’une grande famille aristocratique écossaise. Élevée avec sa sœur Margaret sous les ors de la monarchie, l’enfant voit sa vie totalement chamboulée en décembre 1936 lorsque son oncle, le roi Edward VIII, abdique afin de pouvoir se marier avec la femme de sa vie, Wallis Simpson, deux fois divorcée. En vertu des règles constitutionnelles du Royaume, le père d’Elizabeth prend la succession et devient roi sous le nom de George VI. La petite fille, alors âgée d’un peu plus de dix ans, devient pour sa part de fait l’héritière directe de la couronne. Héroïque durant la Seconde Guerre mondiale durant laquelle elle servit notamment comme ambulancière et mécanicienne, Elizabeth est en voyage officiel au Kenya avec son époux, le prince Philip Mountbatten, lorsqu’elle apprend le 6 février 1952 la mort de son cher père. Rentrée d’urgence à Londres, la jeune femme de vingt-six ans est immédiatement proclamée Reine sous le nom d’Elizabeth II. Son sacre est organisé un an plus tard, le 2 juin 1953, en l’Abbaye de Westminster.

Épaulée par Sir Winston Churchill, Elizabeth II débute un règne long de plus de soixante-dix ans – un record pour la monarchie anglaise. La guerre froide et la poursuite de la décolonisation impactent les premières décennies. L’Empire britannique laisse place au Commonwealth dont elle est la première dirigeante. Les années 1970 et 1980 sont marquées par l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne, la guerre des Malouines et la grogne sociale gérée d’une main de fer par Margaret Thatcher et sa politique ultra-libérale. L’Irlande du Nord devient le théâtre d’un conflit sanglant entre la Couronne et les indépendantistes souhaitant la réunification de l’Île verte. Malgré tout, les jubilés s’enchaînent. La popularité de la Reine est grande mais elle est parfois contredite par un faible vent républicain et des tentatives d’attentats ratées comme celle de 1981.

Après Churchill, quatorze chef de gouvernement se succèdent à la tête d’un Royaume-Uni en pleine mutation. Mère de quatre enfants, Charles, Anne, Andrew et Edward, Elizabeth II voit son clan s’agrandir encore avec une succession de mariages royaux et la naissance de petits-enfants. Sa famille devient alors la proie des médias qui ne perdent pas une miette des bonheurs et des frasques de chacun de ses membres. La princesse Diana, mariée à Charles le 29 juillet 1981, cristallise en particulier l’attention, d’autant plus que le mariage bat de l’aile dès les premières heures. La séparation du couple en 1992 termine de défrayer la chronique au cours d’une année catastrophique pour la Reine qui, après avoir assisté aux divorces d’Andrew, d’Anne, puis à l’incendie du château de Windsor, parlera d’annus horribilis.

Au cœur de la tourmente au sein d’un royaume où un certain désamour pour la monarchie se fait ressentir un peu plus chaque jour, Elizabeth II célèbre ses quarante ans de règne au moment de la signature du Traité de Maastricht. Le Royaume-Uni prend néanmoins une place à part au sein de l’Union européenne avec le refus de la monnaie unique et le maintien des contrôles aux frontières. Les réformes vont bon train, en particulier sous l’égide du Travailliste Tony Blair dont la popularité auprès du public est au moins aussi grande que la méfiance de la souveraine à son encontre. La mort de Diana, tuée dans un accident de voiture survenu à Paris le 31 août 1997, continue d’entacher une monarchie exsangue. La Reine vit là l’une des pires crises de sa vie. L’hostilité, grandissante, n’est calmée que grâce à quelques entorses aux protocoles salvatrices et l’apparition – tardive – de la souveraine qui s’incline devant le cercueil de feu la princesse à qui elle rend hommage en direct à la télévision.

Les années passant, la popularité d’Elizabeth II est finalement revigorée. Les festivités se succèdent pour célébrer les cinquante, soixante et soixante-dix ans de règne de la monarque acclamée dans le monde entier. Vue comme un repère incontournable, Elizabeth II affronte les bonheurs et les malheurs, privés et publics. Les scandales liés à Andrew et à son petit-fils Harry sont une énième tare au sein d’une famille scrutée jour et nuit par la presse. Son apparition remarquée aux côtés de Daniel Craig lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres en 2012 est en revanche un moment génial témoignant de l’humour incroyable de la souveraine. Sa présence au Parlement de Westminster vêtue d’un manteau bleu et d’un chapeau rehaussé de fleurs jaunes est perçue comme une opposition personnelle au Brexit approuvé par la majorité des Britanniques en 2016. Son allocution à la télévision durant la pandémie de Covid-19 et le confinement de tout le Royaume est une autre preuve de son empathie. Sa présence, seule sur l’un des bancs de la chapelle Saint-George du château de Windsor, lors des obsèques de son bien-aimé mari, le prince Philippe, décédé le 9 avril 2021, sont un autre moment d’une profonde tristesse ayant ému le monde entier. Sa causerie autour d’un thé avec l’ourson Paddington à l’occasion de son jubilé de platine est une tendre parenthèse au crépuscule de sa vie...

Préférant vivre à Windsor plutôt qu’au palais de Buckingham, Elizabeth II nourrit toute sa vie une passion pour les chevaux, la chasse et les grandes étendues sauvages d’Écosse. Laissant de plus en plus de responsabilités à son fils Charles et à son petit-fils William, c’est ainsi en son château de Balmoral qu’elle s’éteint le 8 septembre 2022. L’annonce de son décès est alors suivie d’une vive émotion et d’une pluie d’hommages à travers le monde, marquant la fin du règne le plus long de toute l’Histoire du Royaume-Uni.

Proclamée Reine en 1952 et sacrée l’année suivante, Elizabeth II n’a cessé, durant toute sa vie, d’attirer, parfois malgré elle, les caméras du monde entier. Dès sa naissance en 1926, la petite princesse fait la Une des actualités diffusées au cinéma. Onze ans plus tard, elle apparaît dans The Coronation of King George VI and Queen Elizabeth, un court-métrage produit par 20th Century Fox à l’occasion du sacre de son père. Mise sur le devant de la scène durant la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle elle parle à la radio et encourage autant les troupes que les civils, la souveraine tient ensuite le haut de l’affiche de Voyage Autour du Monde de la Reine d’Angleterre, un long-métrage documentaire également produit par 20th Century Fox en 1954 dans lequel il est fait état du voyage de six mois que son époux Philippe et elle ont réalisé, avec notamment un passage remarqué en Australie et en Nouvelle-Zélande.

D’autres périples sont à leur tour filmés, comme sa visite en Amérique du nord montrée dans Queen Elizabeth Hailed by United States and Canada (1957). Les galas et autres jubilés sont eux aussi portés sur le grand et le petit écran. La vie de la Reine et de la famille royale sont par ailleurs retracées dans pléthore de documentaires tels que les récents Elizabeth II, Destin Royal produit par National Geographic en 2021, et Elizabeth: A Portrait in Parts de Roger Michell sorti en 2022. En 1969, Richard Cawston réalisait par ailleurs Royal Family, un film commandé tout spécialement par la Couronne. Diffusé sur les ondes de la BBC, le documentaire était alors destiné à montrer aux Britanniques la vie privée de la souveraine et de ses proches. L’expérience fut cependant malheureuse. Jugé trop intimiste par la Reine, le film fut rapidement censuré et interdit de diffusion.

La fiction s’est également emparée de l’image de la Reine notamment incarnée par Jeannette Charles (Y a-t-il un Flic pour Sauver la Reine), Caroline Sadowska (Hubert, son Altesse Caninissime), Freya Wilson (Le Discours d’un Roi), Emma Thompson (Playhouse Presents), Penelope Wilton (Le BGG - Le Bon Gros Géant) puis Claire Foy, Olivia Colman et Imelda Staunton (The Crown). Côté animation, l’image d’Elizabeth II est, entre autres, reprise dans Royal Corgi, Les Simpson ou bien encore Cars 2.

En 2020, le réalisateur Tom Jennings décide de se pencher à son tour sur le destin incroyable de la reine Elizabeth II. Originaire de Cleveland où il voit le jour le 7 août 1961, le cinéaste est l’auteur de dizaine de documentaires produits depuis la fin des années 1990. Nommé pour un prix Pulitzer en 1994, Jennings s’est ainsi intéressé à des dizaines de sujets aussi divers et variés que les trains (Trains Unlimited, 1998), les armes à feu (Tales of the Gun, 1999-2000), la Seconde Guerre mondiale (Dangerous Missions, 2001), l’épopée des cavaliers Louis Brunke and Vladimir Fissenko (20,000 Miles on a Horse, 2007), l’assassinat de John Kennedy (JFK, Mort en Direct, 2009), le tueur en série Ted Bundy (The Ted Bundy Death Row Tapes, 2012), la catastrophe de Pearl Harbor (The Lost Tapes: Pearl Harbor, 2016), le monstre du Loch Ness (Loch Ness Monster: New Evidence, 2019) ou bien encore la conquête spatiale (Apollo: Mission to the Moon, 2019 ; Derrière l’Étoffe des Héros, 2020). Il s’est par ailleurs déjà penché sur la famille royale britannique en consacrant en 2017 un film à Diana Spencer, Diana: In Her Own Words, réalisé à partir des confessions faite par feue la princesse au journaliste Andrew Morton en 1992.

Écrit par Tobiah Black et Laura Verklan, Elizabeth II, Destin Royal propose de revenir sur quelques grands événements vécus par la souveraine et surtout son entourage, ainsi que sur l’influence que ces événements ont pu avoir sur sa vie et son règne. Pour ce faire, des centaines d’heures d’archives ont été visionnées afin d’extraire des images rares et, pour certaines, inédites. Pour compléter la narration, les scénaristes et le réalisateur ont par ailleurs pioché dans les témoignages passés de personnalités ayant côtoyé la famille royale au fil des années. Michael Parker (le secrétaire privé du prince Philippe entre 1948 et 1957), Lady Pamela Hicks (la cousine du prince Philippe), Elizabeth Pakenham (la comtesse de Longford), Larry Adler (un ami un prince Philippe), Tim Heald et Hugo Vickers (deux biographes royaux), Michael Mann (le chapelin de la Reine), Nicholas Owen (un correspondant royal), Lord Armstrong (le secrétaire privé des premiers ministres Edward Heath et Harold Wilson), Robert Lacey (un historien royal) ou bien encore George Lascelles et Margaret Rhodes (un cousin et une cousine de la reine Elizabeth) font ainsi partie des intervenants.

Outre les présentations et les transitions d’usage, Elizabeth II, Destin Royal se découpe en six parties indépendantes. La première évoque la mort de son père, le roi George VI, et l’accession soudaine de la jeune princesse au trône. La deuxième, quant à elle, met l’accent sur le prince Philippe, l’amour de sa vie dont le rôle fut totalement redéfini et la place reléguée au second plan. La troisième est consacrée à la princesse Margaret, la jeune sœur de la Reine poursuivie toute sa vie par la presse et marquée par des amours impossibles avec le capitaine d’escadrille Peter Townsend, avec Antony Armstrong-Jones qu’elle épouse en 1960, et avec son amant Roddy Llewellyn de dix-huit ans son cadet.

La quatrième partie du film aborde l’abdication d’Edward VIII qui provoqua l’accession au pouvoir de George VI et, par extension, celle d’Elizabeth II. La cinquième revient sur l’année 1992, annus horribilis durant laquelle la Reine vit les mariages de ses enfants Charles, Anne et Andrew voler en éclats et son château de Windsor partir en fumée. La sixième et dernière partie parle enfin de la mort de la princesse Diana qui entacha la réputation de la souveraine au moins autant que la terrible catastrophe survenue à Aberfan en 1966...

Après quarante-quatre minutes de visionnage agrémenté de très belles images d’archives, le public peut donc se targuer d’en savoir un peu plus sur les destins croisés d’Edward VIII et de George VI, de Margaret et de Peter Townsend, de Charles et Diana ou bien encore sur la tragédie de ces familles de mineurs d’Aberfan endeuillées après le glissement d’un pan de terril qui coûta la vie à cent-quarante-quatre personnes dont cent-seize enfants. Toutefois, une fois le générique terminé, une question demeure... Le spectateur en sait-il vraiment beaucoup plus sur la reine Elizabeth II ?

Et c’est là où le bât blesse... Le parti pris du réalisateur Tom Jennings est en effet très surprenant et surtout déconcertant. Si raconter certains épisodes succincts de la vie de la Reine par l’intermédiaire des frasques de ses proches pouvait paraître au départ comme une idée intéressante, le réalisateur sombre malheureusement bien vite dans le hors-sujet. Au fil des images et des anecdotes sur la famille royale, Jennings perd en effet très rapidement son sujet principal, la reine Elizabeth II elle-même... Le spectateur regrettera par conséquent forcément d’avoir passé trois quarts d’heure en compagnie des Windsor sans finalement connaître grand-chose de plus au sujet de la souveraine.

Complété par des vues aériennes très belles bien que fort inutiles, Elizabeth II, Destin Royal tombe également dans un second piège grossier, le racolage. « Voyez comme les grands problèmes de la Reine et de la monarchie durant sa vie ont tous à voir avec l’amour, le mariage ou le sexe ». En démarrant son film par cette citation, le réalisateur part directement dans la mauvaise direction, comme s’il s’agissait de rabattre dès les premières secondes ce public assoiffé de potins croustillants sur les incartades sentimentales de la famille royale... La vie incroyable de la Reine se retrouve dès lors noyée sous un flot ininterrompu d’anecdotes futiles. Les histoires éculées concernant Edward VIII, Margaret ou bien Diana ressurgissent dès lors bien vite. Maintes fois racontées et commentées, elles ternissent dès lors forcément le documentaire en mettant dans l’ombre des pans entiers de la vie d’Elizabeth II qui auraient bien davantage mérité d’être mis en lumière... Et que dire de ce « pauvre » prince Philippe, homme à la vie tonitruante et absolument passionnante qui se retrouve ici relégué à un rôle de faire-valoir et de père de famille obligé de s’occuper de ses enfants pendant que « maman gouverne » !

D’un parti pris fort intéressant, celui de raconter la vie de la Reine de la bouche même de ceux et de celles qui l’ont côtoyée, Elizabeth II, Destin Royal bascule ainsi dans les mêmes travers que tant de films ou d’émissions qui, plutôt que de devenir des documents historiques majeurs à la disposition des générations futures, basculent finalement dans le sensationnel pour rassasier un public friand d’indiscrétions pourtant bien superficielles. Seule la partie sur la catastrophe d’Aberfan, et dans une moindre mesure celles montrant le sacre à Westminster et l’incendie du château de Windsor, restent dignes d’intérêt tant les images sont impressionnantes et choquantes. Les autres séquences se limitent quant à elles à une sorte de voyeurisme puéril. Le prince Philippe jouant avec les enfants... La princesse Margaret flirtant avec son amant dans une piscine des Caraïbes... Diana et Dodi Al-Fayed sur leur yacht ancré en Méditerranée sont ainsi autant d’images hors-sujet tout juste bonnes pour cette presse people à grand tirage qui s’évertue, années après années, à déterrer toutes sortes de secrets de polichinelle et de scandales pour plaire à un lectorat amateur d’indiscrétions pourtant maintes fois ébruitées.

Documentaire aux ambitions fort décevantes, Elizabeth II, Destin Royal ne vaut finalement que pour ses superbes images d’archives qui surpassent, et de loin, un contenu éditorial racoleur et un fil conducteur totalement déconnecté de son sujet initial...

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