Titre original :
Blackbeard's Ghost
Production :
Walt Disney Productions
Date de sortie USA :
Le 8 février 1968
Genre :
Comédie
Réalisation :
Robert Stevenson
Musique :
Robert F. Brunner
Durée :
107 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Depuis son arrivée dans la petite ville portuaire de Godolphin, le nouvel entraîneur de l'équipe d'athlétisme du lycée local, Steve Walker, est hanté par le décidément très collant fantôme du tristement célèbre Capitaine Barbe Noire. Le pirate entraîne en effet le jeune homme dans une multitude de quiproquos plus gênants les uns que les autres...

La critique

rédigée par
Publiée le 11 janvier 2017

Le Fantôme de Barbe Noire est une comédie Disney typique des années 60 avec les acteurs fétiches Dean Jones et Peter Ustinov. Grâce à ses gags amusants, ses personnages attachants et sa bonne humeur, le film est devenu un classique des studios Disney que les spectateurs prennent toujours autant de plaisir à regarder.

Edward Drummond de son nom de baptême, surnommé Barbe-Noire, serait né vers 1680 à Bristol, en Angleterre. Une vingtaine d’années plus tard, sous le pseudonyme d’Edward Teach, il embarque sur un bâtiment corsaire au service de la reine Ann (1665-1714), durant la guerre de succession d’Espagne. Il se fait alors remarquer pour sa bravoure au combat, tandis que ses origines modestes le privent de la récompense suprême : prendre le commandement d’un bateau. Meurtri, il se détourne du droit chemin et propose, dès 1716, ses services au capitaine Hornigold, un maître en piraterie. Quelques mois plus tard, il s’empare du Concorde, un navire français pourtant armé de 40 canons. Il le rebaptise en (La) Revanche de la Reine Anne (Queen Ann’s Revenge) et, cadeau d’Hornigold, en prend finalement le commandement. Le 22 novembre 1718, repérés dans une baie au large de la Caroline du Nord, Barbe-Noire et son équipage sont attaqués par la marine anglaise. La bataille fait rage et le célèbre pirate y perd la vie. Il n’en faut pas plus pour que Barbe Noire ne devienne une légende de la Piraterie. Sa représentation finit par se fixer en l’image d’un homme à la barbe tressée aux bouts fumants, en uniforme et portant des pistolets accrochés aux cartouchières qui lui bardent le torse. Depuis la fin de l'âge d'or de la piraterie au milieu du XVIIIème siècle, Teach et ses exploits intègrent le folklore, inspirant des livres, des films ou des attractions de parcs à thème.

L'illustrateur et l'écrivain américain Ben Stahl s'est passionné pour la vie de ce personnage historique devenu légende. En 1965, il écrit ainsi un roman sur Barbe Noire sous le titre Blackbeard's Ghost. L'histoire raconte en effet comment deux jeunes garçons à l'époque contemporaine trouvent un grimoire qui libère le fantôme du pirate. Ils se trompent toutefois dans l'incantation et seuls eux demeurent capables de voir le spectre de Barbe Noire. Ils vont alors tenter de l'empêcher de tuer les descendants des ennemis responsables de sa mort.

Alors qu'il est en voyage du côté de Burbank, l'auteur décide de présenter son manuscrit en cours d'écriture à Walt Disney. Ce dernier se montre tout de suite intéressé et l'encourage à finir son livre et le lui envoyer une fois terminé. Ben Stahl suit les conseils du Maître, et avant la publication, lui soumet son roman, attendant anxieusement son avis. Trois jours plus tard, Walt Disney lui adresse un télégramme lui demandant les droits pour une adaptation cinématographique. Il s'investit alors beaucoup dans le script et le casting du film bien qu'au final il sortira un an après sa mort. Pour autant, fin 1966, le tournage a déjà commencé et Walt Disney visite en personne le plateau, quelques semaines avant de décéder. Nombreux parmi l'équipe du film prennent alors conscience que le maître de l'animation est mal en point...

Depuis, Monte là-d'ssus en 1961 et Après Lui, le Déluge en 1963, Walt Disney a toujours aimé le fait de mélanger des épreuves sportives avec des impossibilités cartoonesques. Pour Le Fantôme de Barbe Noire, il va donc non seulement modifier le ton du livre en le faisant passer du mystère effrayant à la comédie de situation mais également changer le héros oubliant les deux jeunes garçons et les remplaçant par un entraîneur d'une équipe d'athlétisme plutôt calamiteuse. Rien que la scène du stade vaut ainsi son pesant d'or. Elle fourmille en effet de nombreuses idées aussi drôles qu'improbables comme par exemple le fait de couper avec son épée invisible les barres des perchistes concurrents ou remplacer les relais des coureurs avec des hot dogs et autres bouteilles. Mais l'humour ne se limite pas à cette séquence. Il peut être cité également la poursuite en voiture, le rendez-vous au restaurant ou encore la bataille finale dans le repaire des gangsters. Ce qui a d'extraordinaire dans le récit est de mélanger de la sorte humour avec effets spéciaux. Le film est drôle et ses effets réussis, même si les trucages accusent bien sûr le poids des années.

Au delà de l'humour, Le Fantôme de Barbe Noire s'éloigne à la fois du roman et de la vérité historique. Ici, c'est la légende qui est mise en lumière avant tout autre forme d'authenticité. Le maléfice qui a transformé le pirate en fantôme est ici due à sa dixième femme, Aldetha, sorcière de son état. Le sort ne pourra ainsi être rompu qu'à la seule condition que le cruel Barbe Noire apprenne l'empathie et fasse une bonne action. Naturellement, le fantôme va s'avérer plus drôle qu'effrayant. Le film est d'ailleurs parfaitement ancré dans l'ambiance bienveillante que délivraient les studios Disney dans les années 60. Une énorme sensation de nostalgie ressort logiquement de son visionnage. Par contre, il est amusant de noter de-ci de-là quelques différences de comportement des personnages par rapport à la façon dont ils pourraient réagir aujourd'hui. Le meilleur exemple est assurément le baiser d'un dollar fait pour récolter des fonds. L'entraîneur se trompe de femme et s'y livre sans retenu tandis que cette dernière se venge en lui retournant un baiser encore plus fougueux. La scène se verrait aujourd'hui sans nul doute accusée d'incitation insidieuse à l'agression sexuelle...

La grande force du (Le) Fantôme de Barbe Noire provient également de son casting de premier choix servi par des acteurs rendant leurs personnages particulièrement attachants.
Le premier d'entre eux est assurément Dean Jones, l'acteur fétiche des studios Disney du milieu des années 60 à la fin des années 70. Il commence, il est vrai, sa carrière avec le film culte, L'Espion aux Pattes de Velours en 1965. Il continue ensuite avec un bon nombre de long-métrage dont certains sont aussi devenus mémorable : Quatre Bassets pour un Danois (1966), Singes, Go Home ! (1967), Le Fantôme de Barbe Noire (1968), Le Cheval Aux Sabots d'Or (1968), Un Amour de Coccinelle (1969), La Cane aux Œufs d'Or (1971), 3 Etoiles, 36 Chandelles (1972), Un Candidat au Poil (1976) et La Coccinelle à Monte-Carlo (1977). Par la suite, il revient à ses premiers amours via la la mini-série télévisée Herbie, un Amour de Coccinelle en 1982 mais également trois remakes des années 60 réalisés dans les années 90 : Un Cerveau Artificiel (1995), Le Nouvel Espion aux Pattes de Velours (1997) et Un Nouveau Départ pour la Coccinelle (1997). Pour qualifier ses rôles chez Disney, Dean Jones disait souvent qu'il ne jouait pas vraiment car ils ne nécessitaient pas une grande panoplie de jeu. Il se dévalorisait alors réellement tant il avait une belle capacité à rendre ses personnages à la fois drôles et attachants. D'ailleurs, si ses films ont eu autant de succès, c'est évidemment aussi grâce à son apport. Ici, il livre une prestation réellement convaincante où il est à la fois drôle, séducteur et droit tout en ayant un petit côté énervé le rendant particulièrement humain. Il faut aussi souligner la qualité du doublage français assuré par Dominique Paturel qui développe plus encore le charme du personnage.

Le Fantôme de Barbe-Noire marque la première collaboration entre Peter Ustinov et les studios Disney. Il y interprète le fantôme du légendaire pirate, revenu d'entre les morts grâce à une formule magique cachée dans une vieille bassinoire et prononcée inconsciemment par Steve Walker, l'entraîneur d'athlétisme d'une petite bourgade à qui le revenant va prêter main forte. L'illustre comédien britannique est tout simplement magnifique dans ce rôle, mélange de pirate débonnaire et de brute sanguinaire. Il rend son personnage particulièrement efficace et attachant. Son travail pour Disney se poursuit en 1973 avec le grand classique Robin des Bois dans lequel il prête brillamment sa voix au Prince Jean. S'en suit la comédie Objectif Lotus en 1975, dans laquelle Peter Ustinov incarne Hnup Wan, un espion chinois à la recherche du secret du Lotus X. Enfin, en 1976, il apparaît dans Le Trésor de Matacumba, un film d'aventure se déroulant dans l'Amérique au lendemain de la Guerre de Sécession.

Suzanne Pleshette est pour sa part Anne Baker, la présidente du comité de soutien de la sauvegarde de l'auberge de Barbe Noire. L'actrice s'avère elle aussi particulièrement charmante que cela soit dans la défense des vieilles dames ou dans son attirance pour Steve Walker. Il faut dire qu'elle retrouve ici l'acteur Dean Jones qu'elle avait déjà côtoyé dans ce qui était son premier film pour les studios, Quatre Bassets pour un Danois (1966). Elle jouera de nouveau à ses côtés dix ans plus tard dans Un Candidat au Poil. Entre temps, elle a tourné dans L'Honorable Griffin (1967) tandis que bien des années après, elle assumera la voix de Zira dans Le Roi Lion 2 : L'Honneur de la Tribu (1998).

Parmi le reste du casting, le spectateur notera également le personnage de Gudger Larkin, le capitaine de l'équipe d'athlétisme qui accueille son coach Steve Walker. C'est en effet le jeune acteur Hank Jones qui tient ce rôle dans ce qui constitue sa première production pour Disney. Il s'agit là en réalité de son plus grand rôle pour les studios puisque par la suite, il fera juste quelques apparitions ou de la figuration notamment dans The One and Only, Genuine, Original Family Band (1968), Un Singulier Directeur (1971), La Cane aux Œufs d'Or (1971), Le Nouvel Amour de Coccinelle (1974), La Folle Escapade (1976), Un Candidat au Poil (1976) ou Le Chat Qui Vient de l'Espace (1978).
Une autre tête connue est présente dans Le Fantôme de Barbe-Noire en la personne d'Elsa Lanchester qui tient le rôle d'Emily Stowecroft, une descendante de Barbe Noire. L'actrice a déjà été, chez Disney, Katie Nounou dans Mary Poppins en 1964 et livre également des apparitions dans les films L'Espion aux Pattes de Velours (1965) et Un Raton Nommé Rascal (1969) mais aussi le téléfilm Saint-Bernard et Cambrioleur (1969).

Côté réalisation, les studios Disney font appel à un fidèle parmi les fidèles, Robert Stevenson. Ce dernier a signé, pour la compagnie de Mickey, pas moins de dix-neuf long-métrages (Mary Poppins, L'Espion aux Pattes de Velours, Un Amour de Coccinelle, L'Apprentie Sorcière, etc.), un téléfilm (Saint-Bernard et Cambrioleur), et plusieurs épisodes de séries télé. Souffrant d'une réputation de bon technicien, maîtrisant parfaitement son métier mais dénué d'un vrai sens artistique, il présente néanmoins l'avantage d'offrir toujours un travail de réalisation soigné et efficace, épousant à merveille la ligne éditoriale disneyenne, à commencer par le rendu obtenu sur la magie, la fantaisie et le comique. Le Fantôme de Barbe Noire brille ainsi pour ses effets spéciaux, plutôt réussis pour l'époque mais aussi dans la merveilleuse façon de mélanger le fantastique et la comédie.

Si Le Fantôme de Barbe Noire n'est pas particulièrement apprécié par la critique, le public en redemande en lui permettant d'obtenir un joli succès à plus de 21 millions de dollars, une belle somme pour l'époque. Le film sera d'ailleurs assez populaire pour avoir droit à une ressortie au cinéma aux États-Unis en 1976 tandis qu'il fera partie des premiers films à sortir en VHS, et ce dès 1982. Il a même droit bien plus tard à un clin d'oeil dans la version californienne de l'attraction Pirates of the Caribbean. En 1997, une nouvelle scène avec deux brigands est en effet rajoutée avec dans leur butin un tableau du pirate Barbe Noire. Il s'agit là de la réplique du tableau réalisé pour le film par l'artiste David Jonas et exposé dans le lobby de l'auberge de Barbe Noire dans l'opus ; Peter Ustinov ayant à l'époque du tournage été particulièrement impressionné par ce portrait très ressemblant. En 2011, Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence le quatrième de la saga inspirée par l'attraction de Disneyland intègre le personnage de Barbe Noire dans son intrigue puis, plus tard, sa représentation se retrouve elle-même dans l'attraction. La boucle est définitivement bouclée.

Le Fantôme de Barbe Noire est une comédie culte des studios Disney qui a su passer les années et conserver tout son charme malgré des effets spéciaux et un humour forcément datés. Avec des acteurs aussi attachants que Dean Jones et Peter Ustinov, la nostalgie joue à plein et le film est en capacité de toujours offrir un bon moment de divertissement au spectateur qui le redécouvre.

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