Titre original :
Bears
Production :
Disneynature
Date de sortie USA :
Le 18 avril 2014
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Alastair Fothergill
Keith Scholey
Musique :
George Fenton
Durée :
86 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

La première année de la vie d’un ourson est celle où tout se joue : dans des paysages grandioses, une mère grizzly veille sur sa nouvelle progéniture et lui enseigne tout ce qu’elle doit savoir pour vivre et survivre...

La critique

rédigée par
Publiée le 26 mai 2014

Avec Grizzly, Disneynature réitère le schéma déjà utilisé avec Félins et Chimpanzés : la personnification du documentaire animalier. Encore une fois, en nommant les animaux qui défilent à l'écran, le studio à l'iceberg permet au spectateur de vibrer devant ce qui est décidément plus qu'un documentaire. C'est un vrai film avec une histoire où le rire alterne avec l'émotion comme Walt Disney en a signé lui-même avec les mythiques True-Life Adventures.

En 2008, la compagnie de Walt Disney renoue avec le genre du documentaire animalier que le papa de Mickey lui-même avait décidé de populariser quelques soixante ans auparavant. Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut, en effet, être considéré comme le pionnier du documentaire animalier grand public. Dès 1948, il met, ainsi, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini documentaire, L'Ile aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la compagnie au château enchanté dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages dont La Vallée des Castors (1950), La Terre, Cette Inconnue (1951), Le Seigneur de la Forêt (1952), Les Oiseaux Aquatiques (1952), Au Pays des Ours (1953), Everglades, Monde Mystérieux (1953), avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages. Ce dernier devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures et concerne, au final, six œuvres dont La  Grande Prairie (1954), Lions d'Afrique (1955), Les Secrets de la Vie (1956), Le Grand Désert Blanc (1958), Le Jaguar, Seigneur de l’Amazone (1960). Au total, en comptant les courts et longs-métrages, la série aura gagné en tout, pas moins de huit Oscars !

Cocorico ! La renaissance de la production de documentaires axés sur la nature et les animaux sauvages au sein du catalogue Disney est due à l'initiative du français Jean-François Camilleri. Alors manager de la filiale hexagonale de Walt Disney Studios Motion Pictures, il a, en effet, en 2005, la brillante idée d'accorder sa confiance à un jeune réalisateur tricolore, Luc Jacquet, en acceptant de produire son premier film, La Marche de l'Empereur. Le pari est osé. Proposer sur grand écran, à destination du grand public, un long-métrage, documentaire animalier, sur la vie des manchots empereurs vivant en Antarctique apparait, il est vrai, à l'époque comme un rêve doux-dingue, caprice d'un producteur, en mal de respectabilité auprès de l'intelligentsia hexagonale, sacrifiant, pour une fois, la recherche du seul profit commercial sur l'autel de l'expérimentation cinématographique. L'avenir prouvera le parfait contraire. Seul contre tous, Jean-François Camilleri démontre l'incroyable potentiel du genre, confirmant son rang dans le milieu du cinéma français de producteur hexagonal à part entière, véritable découvreur de talents. La réussite commerciale de La Marche de l'Empereur est, en effet, loin d'être un succès d'estime. En France, le film taquine allègrement les deux millions d'entrées ! Le résultat est tel que l'intérêt de proposer le documentaire à l'export apparait vite évident. Comble de l'ironie, le marché américain lui ouvre rapidement ses portes, mais sans Disney. La maison mère de la filiale française menée par Jean-François Camilleri fait, en effet, la fine bouche et refuse cette histoire de manchots incongrue. Warner, elle, sent le joli coup venir et accepte de distribuer le film sur le sol américain. Il devient vite à l'époque le plus gros succès pour un long-métrage français en Amérique du Nord. Il remporte même l'Oscar du Meilleur Documentaire, véritable pied de nez à la France qui lui a refusé le moindre César. Devant l'ironie de l'histoire, Jean-François Camilleri ne prend pas ombrage et pardonne à sa tutelle, son erreur d'appréciation. Il la comprend même tant son pari était osé... Il entend d'ailleurs l'aider à la réparer et à l'amener à occuper enfin le terrain du documentaire grand public, à destination des salles obscures. Il crée pour cela, une société de production spécifique, Disney Nature Productions, qui présente ainsi un premier long-métrage en 2007, Le Premier Cri, film ethnologique sur la naissance à travers le monde, beaucoup moins abordable qu'un simple documentaire animalier. Il continue ensuite de faire confiance à Luc Jacquet et distribue son deuxième long-métrage, Le Renard et l'Enfant, un docu-fiction axé sur l'amitié d'une petite fille et d'une renarde. L'œuvre très personnelle séduit à nouveau le public français.

Patiemment, le remuant patron de la filiale française convainc sa maison-mère d'investir le marché. Elle accepte finalement de créer un nouveau label de films à l'instar de Disney, Touchstone Pictures ou Hollywood Pictures. Disneynature est ainsi présenté mondialement en avril 2008. Basé en France, il est logiquement dirigé par Jean-François Camilleri et poursuit deux objectifs : distribuer des productions "maison" à l'international et productions étrangères aux Etats-Unis. Les premiers chantiers sont déjà sur les rails. Le programme est alléchant. Les Ailes Pourpres, Le Mystère des Flamants sort ainsi en décembre 2008, Pollen le 16 mars 2011 en France tandis que les USA accueillent Félins à sa place le 22 avril 2011 (les français devant attendre le 1er février 2012 pour le découvrir). Chimpanzés, est, quant à lui, proposé le 20 avril 2012 (le 20 février 2013 pour la France) et Grizzly le 18 avril 2014 aux USA ; Au Royaume des Singes étant attendu la même année… Un Jour sur Terre s'intercale dans ce calendrier déjà dense et débarque sur les écrans aux États-Unis, sous label Disneynature, à partir du 22 avril 2009, soit un an et demi après le reste du monde et notamment l'hexagone, où il est sorti en premier, le 10 octobre 2007. Dans la même veine, et toujours en attendant la réalisation de productions "maison", Disneynature se charge de labéliser aux USA un autre long-métrage français - distribué dans son pays d'origine par Pathé. Le public tricolore découvre ainsi Océans dès le 27 janvier 2010 tandis que les spectateurs outre-Atlantique patientent eux jusqu'au 22 avril 2010...

Grizzly est donc réalisé par Alastair Fothergill et Keith Scholey.
Alastair Fothergill débute à la télévision anglaise sur des documentaires animaliers. Il investit ensuite vite le grand écran, sur le même créneau et toujours avec succès. Ce scénariste et réalisateur britannique est ainsi à l'origine du long-métrage La Planète Bleue, de la série télévisée Planète Terre ainsi que du film dérivé de celle-ci, Un Jour sur Terre (celui-là même distribué par Disneynature aux USA). L'homme et le label commencent alors une jolie collaboration qui aboutit aux réalisations de Félins, Chimpanzés et Grizzly.
Sur Grizzly précisément, Alastair Fothergill est secondé par Keith Scholey qui réalise ici son second long-métrage pour les salles obscures, après Félins en 2011. Avant cela, l'homme se cantonnait à la seule production, notamment d'une petite dizaine de documentaires animaliers...

La réussite de Grizzly est due avant tout à ses personnages ! Certes, cela peut paraitre un comble d'avancer un tel argument puisque qu'il s'agit, à la base, d'un documentaire représentant des animaux réels vivant à l'état sauvage avec tous les dangers présents dans la Nature. Mais il se trouve que les réalisateurs ont trouvé l'angle idéal pour passionner le public et capter son attention. Ils n'ont - ni plus, ni moins - choisi de raconter une histoire. Et cela fait toute la différence ! Les films animaliers de Disneynature sont, en effet, souvent de véritables paris où les caméramans suivent un spécimen en espérant qu'une aventure digne de ce nom se déroule sous leurs objectifs. En prenant alors le risque que l'animal soit tué ou que sa trace soit simplement perdue ; le film pouvant alors être annulé du jour au lendemain. C'est évidemment tout un art que de choisir l'individu qui sera le bon ! Comme dans un film de fiction, le casting est, en effet, primordial afin que la vie de créature amène un récit palpitant. Et il est d'ailleurs tout aussi évident que les cinéastes se prennent d'affection pour leur sujet d'observation. Rien de plus normal, après cela, de voir les spectateurs ressentir de l'empathie pour la mère, Sky, et ses deux petits, l'ourson Scout et l'oursonne Amber. Il est impossible de ne pas pouvoir rire devant les pitreries des bambins ours ou d'être tenue en haleine quand le danger rode. Le rude combat que mène Sky pour élever ses enfants est, de la sorte, aussi touchant que passionnant.

Au-delà de ses personnages, Grizzly propose - c'est une marque de fabrique chez Disneynature - des images absolument superbes. Les contrées enneigées et boisées de l'Alaska sont tout simplement époustouflantes à tel point que le spectateur est happé par l'émerveillement devant tant de beauté. Les grandes forêts, les rivières de saumon, les contreforts des montagnes, les bords de mer, tout est ici magnifique avec une impression incroyable de plonger littéralement dans des paysages somptueux et de suivre les animaux à quelques mètres d'eux. La musique de George Fenton souligne d'ailleurs parfaitement la grandeur des décors tout en n'hésitant pas à proposer de vrais moments d'émotion que cela soit lors des scènes amusantes, stressantes ou simplement poignantes.

En fait, le seul (petit) reproche à faire à Grizzly est qu'il est probablement le film de Disneynature le moins surprenant. Il ne montre pas, en effet, d'images rares comme Félins, ni de gros plans inédits comme Pollen, ou même des séquences inattendues comme Chimpanzés. Ici, il y a un petit air de déjà-vu car, à tort ou à raison, le spectateur pense déjà tout connaitre des ours et n'a pas l'impression de découvrir de choses nouvelles, tout juste pense-t-il compléter son savoir. De plus, les lieux visités ne sont pas aussi exotiques que ceux des précédentes œuvres du studio. Ce sentiment explique peut-être le moins bon démarrage de l'opus au box-office des Disneynature : 4.7 millions de dollars à comparer avec les 10.6 millions de dollars de Chimpanzés qui détient le record du label. L'autre explication est aussi peut-être le trou dans le calendrier observé par le studio en 2013 qui n'a proposé aucun film et s'est éloigné du cœur des spectateurs. Par contre - et c'est mérité - le bouche-à-oreille a permis à Grizzly de remonter la pente pour atteindre au final le score de 17 millions de dollars et dépasser les 15 millions de Félins qui avait, lui, mieux démarré à 6 millions de dollars…

Film magnifique aux images époustouflantes réussissant à créer l'empathie entre les spectateurs et ses personnages, Grizzly ne souffre finalement que d'une chose : ce sentiment diffus qui fait, des ours, une espèce que le spectateur semble déjà connaitre. Il n'empêche ! Son histoire touchante et son parti pris narratif en font un Disneynature digne des plus beaux True-Life Adventures : Walt Disney en serait fier !

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