The Lion King : The Gift
La jaquette
Éditeur :
Parkwood • Columbia
Date de sortie USA :
Le 19 juillet 2019
Coproduction :
Disney Pictures
Genre :
R&B
Durée :
54 minutes

Liste des morceaux

01. Balance (Mufasa Interlude) (par James Earl Jones) - 0:43
(Jeff Nathanson)
02. Bigger (par Beyoncé & RAYE) - 3:46
(Beyonce, Derek Dixie, Stacy Barthe, Rachel Keen, Akil King, Ricky Lawson) 
03. The Stars (Mufasa Interlude) (par James Earl Jones) - 0:46
(Nathanson)
04. Find Your Way Back (Circle of Life) (par Beyoncé) - 2:42
(Beyonce, Brittany Hazzard, Bubele Boii, Robert Magwenzi, Abisagboola Oluseun, Niniola Apata, Osabuohien Osaretin)
05. Uncle Scar (Scar Interlude) (par Chiwetel Ejofor) - 0:13
(Nathanson)
06. Don’t Jealous Me (par Tekno, Yemi Alade & Mr Eazi) - 2:35
(Beyonce, Augustine Kelechukwu, Nana Afriyie, Yemi Alade, Oluwatosin Ajibabe, Ariowa Irosogie)
07. Danger (Young Simba & Young Nala Interlude) (par JD McCrary & Shahadi Wright Joseph) - 0:16
(Nathanson)
08. Ja Ara E (par Burna Boy) - 3:10
(Damini Ogulu, Richard Isong)
09. Run Away (Scar & Young Simba Interlude) (par JD McCary & Chiwetel Ejofor) - 0:29
(Nathanson)
10. Nile (par Beyoncé & Kendrick Lamar) - 1:47
(Beyonce, Kendrick Lamar, Mark Spears, Hykeem Carter, Keanu Torres)
11. New Lesson (Timon, Pumbaa & Young Simba Interlude) (par Billy Eichner, Seth Rogen & JD McCrary) - 0:53
(Nathanson)
12. MOOD 4 EVA (par Beyoncé, Jay-Z, Childish Gambino & Ourmou Sangaré) - 4:32
(Beyonce, Donald Glover, Khaled Khaled, Floyd Hills, Shawn Carter, Denisia Andrews, Brittany Coney, Anathi Mnyango, Ant Clemons, Michael Uzowuru, Teo Halm, Jeff Kleinman, Jimmy Seals, James Brown)
13. Reunited (Nala & Simba Interlude) (par Beyoncé Knowles-Carter & Donald Glover) - 0:09
(Nathanson)
14. Water (par Salatiel, Pharrell & Beyoncé) - 2:32
(Beyoncé, Afriyie, Nija Charles, Richard Isong) 
15. Brown Skin Girl (par Beyoncé, Saint Jhn, Wizkid & Blue Ivy Carter) - 4:08
(Beyonce, Carlos St. John, Adio Marchant, S.Carter, Barthe, Anathi Mhyango, Ayodeji Balogun, Michael Uzowuru, Isong)
16. Come Home (Nala Interlude) (par Beyoncé Knowles-Carter) - 0:14
(Nathanson)
17. Keys to the Kingdom (par Tiwa Savage & Mr Eazi) - 3:18
(Beyoncé, Kim Krysiuk, Rickie Time, A. King, Tiwatope Savage, Dixie, Gerald White, Irosogie, Rich King, Ajibade, Ronald Banful, Isong) 
18. Follow Me (Rafiki Interlude) (par Donald Glover & John Kani) - 0:31
(Nathanson)
19. Already (par Beyoncé, Shatta Wale & Major Lazer) - 3:42
(Beyonce, Hazzard, Toumani Dibaté, Clément Picard, Maxime Picard, Thomas Wesely, Charles Mensah, Banful)
20. Remember (Mufasa Interlude) (par James Earl Jones) - 0:45
(Nathanson)
21. Otherside (par Beyoncé) - 3:39
(Beyoncé, Sydney Bennett, Dave Rosser, Nick Green, Oluseun)
22. War (Nala Interlude) (par Beyoncé Knowles-Carter) - 0:18
(Nathanson)
23. My Power (par Beyoncé, Nija, Busiswa, Yemi Alade, Tierra Whack, Moonchild Sanelly & DJ Lag) - 4:19
(Beyoncé, Busiswa Gqulu, Alade, Sanelisiwe Twisha, Charles, Andrews, Coney, Lwazi Gwala)
24. Surrender (Simba & Scar Interlude) (par Donald Glover & Chiwetel Ejofor) - 0:14
(Nathanson)
25. Scar (par 070 Shake & Jessie Reyez) - 3:06
(Beyoncé, Danielle Balbuena, Teo Halm, Dave Hamelin, Jessie Reyez, Isong, Irosogie)
26. I’m Home (Mufasa, Sarabi & Simba Interlude) (par James Earl Jones, Alfre Woodard & Donald Glover) - 0:43
(Nathanson)
27. Spirit (par Beyoncé) - 4:33
(Beyoncé, Timothy McKenzie, Ilya Salmanzadeh)

Edition Deluxe :

28. Black Parade (par Beyoncé) - 5:16
(Beyoncé, Dixie, King, Coney, Andrews, Krysiuk, Tice, Carter)

La critique

rédigée par
Publiée le 27 novembre 2020
Les chansons

Chaque morceau est lié au suivant, quelques extraits du film servent d'interludes pour faire de cet album-concept une seule œuvre musicale continue.

02. Bigger (par Beyoncé & RAYE) - produit par Beyoncé, Derek Dixie 
Bigger
aborde le thême de la maternité, sujet que la chanteuse connaît bien, forte de ses trois jeunes enfants… Dans cette chanson, Beyoncé confesse pour la première fois publiquement à quel point il est difficile d’être mère (une fonction qui ne s'arrête jamais). Une confidence emplie de vulnérabilité et de maturité que l'interprète formule avec sa beauté et sa force caractéristiques. 

04. Find Your Way Back (Circle of Life) (par Beyoncé) - produit par Beyoncé, Bubele Boii, Magwenzi, Dixie, Guilty Beatz 
Dans Find Your Way Back, Beyoncé joue avec les dialogues de Simba pour y aborder le thème de la famille et l'importance de faire son propre chemin loin des parents. S’agit-il là d’un petit clin d’œil au père de Beyoncé qui l’a dirigée au début de sa carrière et qui fut très médiatisé et critiqué ? La chanson présente la particularité d'être un duo avec l’artiste Bankulli qui, vers la fin du morceau, chante en yoruba, un dialecte de l’Afrique de l’Ouest. Cette langue revient d'ailleurs fréquemment dans l’album avec un style "cat singing", style vocal populaire dans les années 60, notamment à Lagos Island au Nigeria. Cette technique musicale est encore présente aujourd’hui et influence beaucoup les artistes d’afrobeats. 

06. Don’t Jealous Me (par Tekno, Yemi Alade & Mr Eazi) - produit par Beyoncé, P2J, Dixie 
Don’t Jealous Me,
 traduisible par Ne Me Jalousez Pas, met en vedette tous les artistes nigérians encourageant les hommes à ne pas céder à la haine. Les paroles sont en anglais mais également en pidgin nigérian, une sorte de créole mélangeant l’anglais classique et l’argot, la syntaxe et le swag nigérians. 

08. Ja Ara E (par Burna Boy) - produit par Beyoncé, P2J, Dixie
Ja Ara E
est une expression d’argot utilisée dans la langue yoruba parlée principalement au Bénin et au Nigéria, qui se traduit simplement par "brille". Cette locution est ainsi couramment utilisée quand quelqu'un souhaite que l'autre ne pas cède pas à la pression. Dans ce titre, le chanteur-compositeur nigérian Burna Boy incarne Mufasa, informant son fils Simba de ses responsabilités en tant que futur souverain de la Terre des Lions. 

10. Nile (par Beyoncé & Kendrick Lamar) - produit par Beyoncé, Sounwave, Johnny Kosich, Carter, Keanu Beats 
Dans cette seconde collaboration entre Beyoncé et Kendrick Lamar après le titre Freedom de l’album primé Lemonade, le chanteur utilise un jeu de mot entre le fleuve africain et le mot "déni" (the Nile/denial) disant lui même dans la chanson "Je suis dans le Nil, profondément dans le déni". Kendrick fait là une parabole sur l’intoxication où le narrateur de la chanson est immergé dans une substance au point de s’y noyer, comme dans les eaux d'un fleuve. Dans ses propres albums, Kendrick a déjà évoqué cette thématique, notamment dans la chanson Swimming Pools (Drank) qui parle d’alcoolisme.
De son côté, Beyoncé, elle, loue sa couleur de peau "Plus la peau d’une femme est foncée, plus sa chair est douce". Il s'agit là d'une paraphrase de la citation célèbre de l’auteur afro-américain Wallace Thurman dans son livre paru en 1929, Plus Noire Est La Mûre : Roman de la Vie Nègre et faisant allusion au fait que les baies plus foncées sont les plus mûres et donc les plus sucrées.
Cette maxime "Darker the berry, sweeter the fruit" est également une parole qui rend hommage à la chanson Keep Ya Head Up de 2Pac où le rappeur disparu chantait "Some say the blacker the berry, the sweeter the juice”. Kendrick Lamar a quant à lui également introduit cette phrase dans sa chanson The Blacker the Berry en 2015. Mais là où les paroles de 2Pac faisaient uniquement l’éloge de la gent féminine, Kendrick Lamar va plus loin et se sert de cette citation pour introduire un discours sur le racisme intracommunataire : ainsi, au sein même de son groupe, plus un individu a la peau foncée, plus il sera rejeté voire agressé, reprenant ainsi l'idée principale du roman de Thurman. La boucle est donc bouclée.

12. MOOD 4 EVA (par Beyoncé, Jay-Z, Childish Gambino & Ourmou Sangaré) - produit par Beyoncé, DJ Khaled, Danja, Just Blaze, Jeff Kleinman, Michael Uzowuru, Teo Halm 
MOOD 4 EVA est un hymne à la célébration. La chanson est ainsi une collaboration entre le mari de la chanteuse, Jay-Z, et sa co-star du film Le Roi Lion, Childish Gambino jouant ici egalement le rôle de Simba. Elle est également produite par DJ Khaled, auteur du sample la chanson Diaraby Nene (A Cold from Love) de Dumou Sangaré, une chanteuse malienne, où une femme dit au revoir à son amant, le suppliant pratiquement de revenir dès le lendemain matin. Ici Jay-Z fait plusieurs références à son propre morceau Diamonds From Sierra Leone avec Kanye West, ainsi qu’au groupe Outkast et leur Ms. Jackson. Il évoque aussi Nelson Mandela et sa retraite à l’hôtel Saxon de Johansburg, de Fela Kuti, un grand artiste nigérian disparu, célèbre militant du panafricanisme.
Jay-Z qui selon Forbes est le premier milliardaire hip-hop, se compare aussi à Mansa Moussa, le souverain de l’empire du Mali, que certains prétendent être l’homme le plus riche à avoir jamais vécu. Dans sa partie, Beyoncé aborde elle Blue Ivy, Rumi et Sir, ses trois enfants nés dans l’un des empires modernes les plus puissants de notre temps : l'Empire Knowles-Carter. Elle se moque également de ces "haters" qui ne parlent que de sa richesse. Ainsi, alors que la Queen B. a largement les moyens de passer régulièrement des vacances dans le plus grand luxe, elle moque ses "ennemis" qui fréquentent eux Ramada Inn, une chaîne hôtelière internationale généralement connue pour ses bas prix (et ses chambres à la propreté douteuse…). Elle revendique alors s'être imposée comme une légende de la musique par la force de sa persévérance. Elle le dit elle même dans cette chanson "Je suis Beyoncé Giselle Knowles-Carter, je suis la Nala ” en utilisant ainsi son nom complet pour souligner son hégémonie sur son royaume médiatique et musical, et rappeler à ses détracteurs que personne ne s'oppose à l'impératrice autoproclamée du RnB.

14. Water (par Salatiel, Pharrell & Beyoncé) - produit par Beyoncé, P2J
Dans cette chanson groovy-afrobeat, Beyoncé, Pharrell et Salatiel parlent de l’amour qui s'installe entre Simba et Nala, amis d'enfance, au moment précis où dans le film, après s'être retrouvés, tous deux boivent de l'eau à la rivière, restant timides avant même que l'héritier de Mufasa ne donne les raisons de sa fuite.

15. Brown Skin Girl (par Beyoncé, Saint Jhn, Wizkid & Blue Ivy Carter) - produit par Beyoncé, P2J, Dixie 
Dans ce quatuor formé avec Wizkid, Saint Jhn et sa propre fille Blue Ivy Carter, Beyoncé utilise l'expression "brown skin girl" pour dire aux jeunes filles d’être fières de leur couleur de peau. Ce morceau est notamment la quatrième collaboration entre Blue Ivy et sa mère. Beyoncé y célèbre les plus belles femmes noires comme Naomi Campbell, Lupita Nyong’o ou encore Kelly Rowland.

17. Keys to the Kingdom (par Tiwa Savage & Mr Eazi) - produit par Beyoncé, Northboi Oracle, GuiltyBeatz, P2J, Dixie 
Ce morceau est chanté par Tiwa Savage et Mr Eazi, deux grands artistes nigérians de l’afropop. Son titre est une référence directe aux paroles de sagesse de Mufasa adressées à son fils Simba dans le film Le Roi Lion

19. Already (par Beyoncé, Shatta Wale & Major Lazer) - produit par Beyoncé, Diplo, Picard Brothers, Guilty Beatz) 
Dans ce morceau afrobeat mettant en vedette l’artiste ghanéen Shatta Wale, Beyoncé montre l'étendue et la polyvalence de son talent. Alors que Simba aime le style de vie sans soucis et l'hakuna matata qu'il vit depuis plusieurs années avec Timon et Pumbaa dans la jungle, il rencontre Nala et Rafiki qui lui disent tous deux de mettre fin à son exil et de retourner vers La Terre Des Lions désormais aux abois. Il doit réclamer le trône usurpé par son oncle Scar qui lui a fait croire enfant qu'il était responsable de la mort accidentelle de son père, Mufasa. Cherchant à fuir ce destin, Simba voit alors l'esprit de Mufasa lui apparaître et lui rappeler qui il est vraiment, le véritable roi de la Terre des Lions. Cette chanson reprend toute l’histoire de Simba et rappelle à tous ceux qui l'écoutent de se souvenir de qui ils sont réellement. 

21. Otherside (par Beyoncé) - produit par Beyoncé, Nicky Davey, Syd, Dixie 
Otherside
est un morceau entre Beyoncé et le chanteur nigérian Bankulli chantant en yoruba. La base de la chanson est la connexion spirituelle avec les êtres chers partis et vivant de "l’autre côté". La chanson fait ainsi référence à la scène ou Mufasa explique au jeune Simba que les grands rois qui les ont précédés vivent dans le ciel et sont les étoiles qui veillent sur eux. Le propos est soutenu dans l’outro de Beyoncé, chantée en swahili, langue largement parlée au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.

23. My Power (par Beyoncé, Nija, Busiswa, Yemi Alade, Tierra Whack, Moonchild Sanelly & DJ Lag) - produit par Beyoncé, DJ Lag & Moses Boyd 
Dans cette chanson, Beyoncé se retrouve avec une multitude de talents venant des quatre coins de l’Afrique. Le refrain détaille alors le point de vue de Scar qui, jaloux, ne veut voir personne se dresser sur son chemin. 

25. SCAR (par 070 Shake & Jessie Reyez) - produit par Beyoncé, P2J, Tim Suby, Hamelin, Ari PenSmith, Dixie, Mike Dean
SCAR
est une chanson interprétée du point de vue de Scar, regardant la destruction qu’il a causée tout en donnant raison et sens à ce qu’il a fait. Dans Le Roi Lion, Scar était le prochain sur l'héritier du trône avant la naissance de Simba. Il tue alors Mufasa sans aucun remords rapidement et s'emploie à éloigner par un stratagème le lionceau pour lui ravir le trône.

27. Spirit (par Beyoncé) - produit par Beyoncé, Labrinth, Ilya, Dixie 
Longue vie au Roi, ce titre phare, présenté comme une chanson originale intégrée à celles existantes du film, s’ouvre sur un chant en swahili. Pourtant même si le dossier de presse affirme que cet album est comme un cadeau ("a gift") imprégné des sons de l’Afrique, aucun des artistes africains figurant dessus ne sont originaires de la région qui parle cette langue. La controverse n'a donc pas manqué… Le Roi Lion lui-même raconte l’histoire d’un jeune lion et de sa lutte pour retrouver sa place et son rang. Beyoncé fait donc référence au film dans ses paroles. Dès le début, elle évoque l’image iconique du sage Rafiki élevant le jeune Simba au-dessus du peuple de La Terre des Lions lors de sa cérémonie de présentation. Elle ne manque pas non plus d'envoyer des mots d’encouragement envers Simba et Nala pour les voir vaincre Scar faisant également référence à Mufasa et aux étoiles, y ajoutant même une référence biblique : "Le Grand Je Suis" vient en effet de l'Ancien Testament dans l'épisode du buisson ardent lorsque Moïse, prophète et sauveur de son peuple opprimé, demande à Dieu de s’identifier. Dans les dernières strophes, la chanteuse illustre la croissance de Simba : du petit orphelin apeuré fuyant à l'adulte prêt à suivre les traces de son défunt père, le roi Mufasa, et se battre pour récupérer ce qui lui est dû et rétablir la prospérité de sa terre natale.

Edition Deluxe

28. Black Parade (par Beyoncé) - produit par Beyoncé & Dixie
Black Parade 
fait partie de l'édition deluxe de l'album, il est sortie en single le 19 juin 2020 soit le jour du Juneteenth, un jour qui a pris naissance dans l'Etat d'origine de Beyoncé, le Texas, comémorant la fin de l'esclavage aux Etats-Unis. Sorti à la suite de la mort de George Floyd et des manifestations qui l'ont suivie, la chanson sert de célébration de la culture noire et de soutien de l'activisme noir. Tous les profits de la chanson bénéficient au Black Business Impact Fund de BeyGOOD, qui aide les petites entreprises appartenant à des noirs dans le besoin. Un annuaire en ligne des entreprises appartenant à des noirs appelé 'Black Parade Route' a été lancé parallèlement à la sortie du single.

L'album

The Lion King : The Gift est un album-concept inspiré par Le Roi Lion, dans sa version de 2019, produit par la chanteuse sous les labels Parkwood et Columbia Records. Il fait la part belle à des collaborations avec de grands noms de la musique comme Jay-Z ou Childish Gambino (pseudo de Donald Glover, la voix de Simba dans le film) ou encore Pharrell Williams, mais également de divers artistes africains comme Wizkid, Shatta Wale ou encore Tekno. 

Beyoncé a fait le choix de politiser ses productions depuis la dernière décennie : se voulant porteuse d'un courant de revendication de ses racines profondes, elle collabore en effet de plus en plus avec des artistes nés en Afrique. Cette démarche se remarque chez elle depuis 2011, notamment avec la présence des danseurs Tofo Tofo pour son clip Run the World (Girls) puis en 2013 avec son utilisation des textes de Chimamanda Ngozi Adichie sur le morceau ***Flawless ; elle collabore également avec la chanteuse Griot Ismael Kouyaté sur le morceau Grown Woman tandis que pour son tour de chant de 2018 au Global Citizen Fest en Afrique du Sud, elle recrute une chorale locale histoire d'ajouter des chœurs zoulous à la mise en scène de sa chanson Halo. Plus récemment, sa performance en tête d’affiche du festival Coachella avec Seun Kuti peut être entendue sur le film et l’album Homecoming

Poursuivant sa quête identitaire, tout à la fois pour rendre hommage à une histoire culturellement africaine mais aussi en imprégner son concept artistique, elle profite de son doublage de Nala dans le remake du dessin animé Le Roi Lion pour embaucher des artistes et producteurs venant d’Afrique pour un nouvel album inspiré du film.

The Lion King : The Gift parle alors de spiritualité, de famille et d’identité même si son objectif principal reste de présenter les stars musicales africaines contemporaines, exposant leurs talents à une audience d'échelle mondiale, autant grâce sa propre popularité qu'à la vitrine que Disney lui offre via l'un des plus gros succès cinématographiques de l'année 2019.

Dans le même style que Black Panther : The Album de Kendrick Lamar, The Lion King : The Gift se révèle donc passionnant du fait des apports nés de la collaboration entre ses artistes. Qu'ils viennent du Nigeria, du Ghana, du Cameroun ou de l’Afrique du Sud, ils présentent tous un large éventail de genres régionaux et les fusionnent avec des styles américains. Et l'ensemble fonctionne plutôt bien, surtout sur le morceau My Power qui parle de la détermination des femmes noires. Tout n'est cependant pas parfait comme avec le titre Don’t Jealous Me qui semble être un mauvais morceau d’afrobeat même si les stars nigérianes ne déméritent pas dessus. L’album livre également un clin d’œil à l’influence de l’Afrique dans la musique caribéenne avec la chanson Already, un morceau qui met en évidence les similitudes rythmiques entre le dancehall et l’afropop où la voix de Shatta Wale s'harmonise aux orchestrations de Major Lazer.

Mais comme les critiques et les artistes l’ont rapidement souligné, The Lion King : The Gift ne couvre pas complètement toutes les régions et tous les styles que l’Afrique a à offrir. Il ne comporte en effet pas d’artistes d’Afrique de l’Est ou d’Afrique du Nord, un oubli particulièrement étrange dans la mesure où le décor même du (Le) Roi Lion est basé sur les caractéristiques géographiques du Kenya et que les noms de ses personnages proviennent de la langue est-africaine, le swahili. Beyoncé tente toutefois laborieusement de remédier à ce manque de représentation africaine orientale en incluant quelques phrases en swahili au début de la chanson Spirit, le seul morceau de l'album à apparaitre dans le film de 2019. Autre apport, la langue est aussi entendue à la fin de la chanson Otherside qui aborde la question de la vie après la mort. Tout cela n'empêche évidemment pas l'impression de trop peu (ou de trop, selon le point de vue) venu de l’accent mis par l'album sur l’afropop ouest-africain et la house sud-africaine alors qu'il se voulait imprégné d'une sorte d’authenticité revendiquée par la Reine B.

Beyoncé est en réalité toujours à son meilleur quand elle parle de sa vie personnelle, notamment ici avec la chanson Brown Skin Girl où elle met en vedette sa fille Blue Ivy dans ce qui constitue peut-être l’une des chansons les plus touchantes de l’album ; Blue Ivy chantant avec une assurance croissante, rejointe par la voix puissante et assurée de sa mère Beyoncé, pour célèbrer toutes deux la fierté de leur couleur de peau. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce morceau a inspiré une tendance virale sur les réseaux sociaux appelée #brownskingirlchallenge où les femmes et leurs filles publient des photos ou vidéos fêtant la superbe de leur différence ethnique. 

Même si Bey a qualifié The Lion King : The Gift de "cinéma sonore", l’album se positionne dans le sillage d’un long-métrage qui se retrouve lui-même dans l’ombre du film original de 1994. Bien qu’il ne soit pas aussi complet ou que sa portée musicale ne soit pas aussi grande que la partition originale d'Elton John et Lebo M., l’album réussit à l'évidence à introduire un nouvel univers musical. Un exploit somme toute honorable pour Beyoncé, engagée à force de temps, d'argent et d'énergie dans le recrutement et la diffusion de talents africains depuis plusieurs années. L'album contribue ainsi à faire découvrir à la planète entière ce à quoi une pop plus colorée, ancestrale et variée peut ressembler, ajoutant ainsi de la diversité à un genre qui peut paraître cloisonné à une seule partie du monde. Si ses essais répétés étaient restés confidentiels dans ses oeuvres, cette fois, elle bénéficie de l'audience mondiale que lui offre la compagnie de Mickey... et de Simba !

The Lion King : The Gift sort le 19 juillet 2019 et se place directement à la deuxième place du Billboard 200, atteignant surtout la première des charts US Soundtrack Albums et US Top R&B/Hip-Hop Albums. L'opus reçoit alors des avis plutôt positifs de la presse ainsi que des fans de la chanteuse. Un reportage promotionnel sur la production de l’album est parallèlement présenté sur ABC. Recevant trois nominations aux Grammy Awards de 2020, il devient le deuxième numéro 2 de l’année 2019 pour Beyoncé après la sortie de Homecoming : The Live Album et son neuvième album à entrer dans le Top 10. L'année suivante, elle met l'entièreté de l'album en images dans le film conceptuel Black Is King qu'elle réalise partiellement en parcourant trois continents et qu'elle produit dans le cadre d'un contrat de collaboration de plusieurs millions passé avec Disney. Distribué en exclusivité mondiale sur Disney+ à compter du 30 juillet 2020, le film devient rapidement un succès critique et offre un superbe écrin à l'ensemble des musiques de l'opus. Pour l'occasion, l'album ressort enrichi de trois nouveaux morceaux composés initialement pour le long-métrage.

Les musiciens et producteurs africains qui ont travaillé sur The Lion King : The Gift tablent vite sur les répercussions que l’album aura sur la reconnaissance de la musique africaine aux États-Unis, comme le reggaeton avait émergé à la suite du succès du titre Despacito de Luis Funsi et Daddy Yankee. Si rien de tel ne s'est vraiment produit, The Lion King : The Gift reste un album plaisant qui ouvre les auditeurs aux frontières élargies des sonorités du continent africain et de sa Terre des Lions.

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