Sir John Mills

Sir John Mills
Date de naissance :
Le 22 février 1908
Lieu de Naissance :
North Elmahm, dans le Norfolk, en Angleterre, au Royaume-Uni
Date de Décès :
Le 23 avril 2005
Lieu de Décès :
Denham, dans le Buckinghamshire, en Angleterre, au Royaume-Uni
Nationalité :
Britannique
Profession :
Acteur
Producteur
Réalisateur

La biographie

rédigée par Karl Derisson
Publié le 27 mars 2021

Lorsqu’il se lance dans la production de films en prises de vues réelles à la fin des années 1940, Walt Disney sait que ses studios n’ont pas l’aura des grandes majors ni les moyens de s’offrir les grandes stars du moment. À défaut de pouvoir se payer Humphrey Bogart ou Katharine Hepburn, Cary Grant ou Bette Davis, John Wayne ou Greta Garbo, les studios se tournent alors vers des talents au départ plus méconnus à l’image de Robert Newton, Fess Parker, James MacArthur, Brian Keith et plus tard Julie Andrews et Dean Jones. Se risquant de temps en temps à engager une star, tel Kirk Douglas mis en haut de l’affiche de 20 000 Lieues Sous les Mers, Ray Bolger choisi pour incarner le méchant de Babes in Toyland, ou bien encore Fred MacMurray, son comédien préféré, Disney pioche également régulièrement dans le vivier de comédiens européens jouissant pour certains d’une belle notoriété dans leur pays d’origine comme Glynis Johns, Maurice Chevalier et Sir John Mills, l’interprète du patriarche dans Les Robinsons des Mers du Sud.

Sir John Mills est né le 22 février 1908 dans l’enceinte même de la Watts Naval School de North Elmahm, une petite bourgade située dans le comté de Norfolk, à l’est de l’Angleterre. De son vrai nom Lewis Ernest Watts Mills, il est le fils d’Edith Baker, la responsable de la billetterie d’un théâtre, et de Lewis Mills, un professeur de mathématiques. Avec ses parents et sa sœur Annette, de douze ans son aînée, il déménage rapidement dans une petite maison construite dans le village de Belton, où son père a été nommé directeur de l’école. Le petit garçon de six ans se découvre alors une passion pour la scène grâce à un concert organisé par sa classe. Les mutations du père aidant, les Mills continuent de déménager. John poursuit donc sa scolarité dans plusieurs établissements successifs, la Balham Gramman School de Londres, la Sir John Leman High School de Beccles, dans le Suffolk, puis la Norwich High School for Boys, dans le Norfolk.

The Midshipmaid (1932)
Britannia of Billingsgate (1933)

À la fin de ses études, John Mills est engagé comme simple employé de bureau chez un négociant de maïs d’Ipswich. Il trouve ensuite un boulot à Londres en tant que représentant de commerce pour la société Sanitas Desinfectant Company. Mais sa grande passion reste le théâtre. Mills débute alors sa carrière modestement en 1929 en apparaissant sur la scène du London Hippodrome dans la comédie musicale The Five O’Clock Girl de Guy Bolton, Fred Thompson et Harry Ruby. Choisi par la suite pour divers spectacles de cabaret au succès inégal, il trouve finalement une place dans une compagnie de théâtre en partance pour une tournée en Inde, en Chine et dans plusieurs pays d’Extrême-Orient. Sa performance dans Journey’s End, une pièce de R. C. Sherriff montée à Singapour et ayant pour cadre la Première Guerre mondiale, lui vaut bientôt d’être repéré par le comédien Noël Coward qui, dès son retour à Londres, lui offre un rôle dans Cavalcade en 1931 puis dans sa revue Words in Music en 1932. Marié à la comédienne Aileen Raymond, l’acteur fait la même année ses débuts au cinéma dans The Midshipmaid d’Albert de Courville avec Jessie Matthews et Basil Sydney. L’année suivante, il joue dans Britannia of Billingsgate de Sinclair Hill avec Violet Loraine et The Ghost Camera de Bernard Vorhaus avec Henry Kendall et Victor Stanley.

John Mills occupe pour la première fois le haut de l’affiche en 1934 dans A Political Party de Norman Lee. Vu au théâtre dans Jill Darling (1934), il enchaîne ensuite avec une douzaine de nouveaux longs-métrages parmi lesquels The River Wolves de George Pearson (1934), Blind Justice de Bernard Vorhaus (1934), Car of Dreams de Graham Cutts et Austin Melford (1935), Marie Tudor de Robert Stevenson (1936), Au Service de sa Majesté de Raoul Walsh (1937) et Au Revoir Mr. Chips de Sam Wood et Sidney Franklin (1939). Ses performances au théâtre se poursuivent par ailleurs dans Le Songe d’une Nuit d’Été, She Stoops to Conquer et Des Souris et des Hommes. La Seconde Guerre mondiale ravage toutefois bientôt l’Europe. Dès septembre 1939, Mills, trente-et-un ans, décide de s’enrôler dans l’armée britannique. Il rejoint alors les rangs des Royal Engineers, le corps des Ingénieurs royaux. Élevé au grade de sous-lieutenant, il sert son pays dignement tout en essayant de maintenir sa carrière à flot en continuant d’apparaître dans Des Souris et des Hommes et en jouant dans les films Old Bill and Son d’Ian Dalrymple (1940) et Cottage à Louer d’Anthony Asquith (1942).

Marie Tudor (1936)
Au Revoir Mr. Chips (1939)

Divorcé en 1941, John Mills est finalement démobilisé dès 1942 à cause d'un ulcère à l'estomac. Le comédien retourne dès lors devant les caméras dans Le Jeune Monsieur Pitt de Carol Reed (1942), Heureux Mortels de David Lean d’après la pièce de Noël Coward (1944), ou bien encore Un Soir de Rixe de Sidney Gilliat (1945) et Le Chemin des Étoiles d’Anthony Asquith, dans lequel il triomphe aux côtés de Michael Redgrave et Rosamund John (1945). Élevé au rang de star grâce à son rôle du lieutenant Taylor dans Plongée à l’Aube, une autre collaboration avec Asquith (1943), l’acteur continue toujours d’apparaître au théâtre dans Duet for Two Hands: A Play in Two Acts de Mary Hayley Bell, sa seconde femme qu’il a épousée en 1941 et avec qui il a deux filles, Juliet, née en novembre 1941, et Hayley, née en avril 1946 ; et un fils, Jonathan, né en décembre 1949.

Le Chemin des Étoiles (1945)
Les Grandes Espérances (1946)

Après la fin de la Guerre, John Mills obtient un nouveau succès grâce à David Lean, qui le dirige dans Les Grandes Espérances, le troisième film le plus lucratif de l’année au Royaume-Uni, inspiré de l’œuvre de Charles Dickens (1946). L’année suivante, le succès est plus terne avec les deux films suivants, So Well Remembered d’Edward Dmytryk dans lequel il partage l’écran avec sa fille Juliet, et L’Homme d’Octobre de Roy Ward Baker. En 1948, il triomphe de nouveau dans le quatrième film le plus rentable de l’année en Angleterre, L’Aventure Sans Retour - L’Odyssée du Capitaine Scott de Charles Frend avec Derek Bond et Diana Churchill.

En 1949, John Mills ajoute une nouvelle corde à son arc en produisant son premier long-métrage, L’Histoire de M. Polly, une adaptation d’un roman d’H. G. Wells réalisée par Anthony Pellisier dans laquelle il partage l’affiche avec Betty Ann Davies, Megs Jenkins et Finlay Currie. Film préféré de l’acteur, il est suivi par The Rocking Horse Winner (1949), La Nuit Commence à l’Aube (1950) puis L’Assassin Court Toujours (1951), Un Si Noble Tueur (1952) et The Long Memory (1953) dont les résultats au box-office sont à chaque fois décevants. Le succès est enfin de retour en 1954 grâce à Chaussure à son Pied de David Lean avec Charles Laughton et Brenda de Banzie. Sa filmographie est complétée avec Les Indomptables de Colditz (1955), Opération Tirpitz (1955) et Escapade (1955). Second rôle dans Guerre et Paix de King Vidor avec Audrey Hepburn, Henry Fonda et Mel Ferrer (1956) et auteur d’un simple caméo dans Le Tour du Monde en 80 Jours de Michael Anderson, John Mills triomphe bientôt dans les comédies Le Bébé et le Cuirassé (1956) et Le Collège Endiablé (1956).

L'Histoire de M. Polly (1949)
Le Bébé et le Cuirassé (1956)

Continuant d’apparaître au théâtre, Mills joue dans Traqué par Scotland Yard et Scotland Yard Joue et Gagne (1957) puis Dunkerque (1958). L’année suivante, il partage pour la première fois l’écran avec sa jeune fille Hayley, treize ans, dans Les Yeux du Témoin de J. Lee Thompson. Son jeu d’acteur est salué. Sa fille, dont c’est le premier film, est également très remarquée, en particulier par Walt Disney qui lui offre un contrat en or avec ses studios et plusieurs apparitions remarquées dans Pollyanna, La Fiancée de Papa, Les Enfants du Capitaine Grant, L’Été Magique… John Mills profite alors de l’énorme succès d’Hayley pour s’imposer à Disney à qui il demande le rôle du père dans Les Robinsons des Mers du Sud. Bien qu’il n’aime pas se voir forcer la main, Walt obtempère. Le long-métrage de Ken Annakin est l’un de ses plus gros succès de l’année 1960. Après un caméo dans La Fiancée de Papa (1961), Disney retrouve John Mills, sa fille Hayley et son épouse Mary quelques mois plus tard, en octobre 1962, pour leur faire découvrir le Swiss Family Treehouse, la reproduction de l’arbre des Robinsons construite à Adventureland.

Les Yeux du Témoin (1959)
Les Robinsons des Mers du Sud (1960)

Nommé Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique par la Reine Elisabeth II en 1960, John Mills remporte la Coupe Volpi lors de la Mostra de Venise pour son interprétation du lieutenant-colonel Basil Barrow dans Les Fanfares de la Gloire de Ronald Neame (1960). Il signe alors avec The Rank Organisation et apparaît dans Le Cavalier Noir aux côtés de Dirk Bogarde (1961), puis dans Flammes dans la Rue (1961) et Alerte sur le Vaillant (1962). Il donne par ailleurs la réplique à James Mason dans La Belle des Îles (1962) et retrouve sa fille Hayley dans Mystère sur la Falaise de Ronald Leane (1964) et L’Aventure est au Large de Richard Thorpe (1965). Après un caméo dans Un Caïd (1965), Bryan Forbes lui offre le rôle principal d’Une Mort en Pleine Forme avec également Michael Caine et Ralph Richardson (1965). Chaque Chose en Son Temps est une nouvelle occasion de partager l’écran avec sa fille Hayley (1966). Il est alors couronné du Prix du Meilleur acteur lors du Festival de San Sebastian. John Mills réalise par ailleurs son premier et unique long-métrage, Sky West and Crooked, d’après un script écrit par sa femme Mary Hayley Bell (1966).

À la fin des années 1960, la longue carrière de John Mills est loin d’être terminée. Sa filmographie s’allonge en effet encore avec la série télévisée Dundee and the Culhane, dans laquelle le comédien tient le rôle principal, et les longs-métrages Cow-Boys dans la Brousse (1967), Chuka le Redoutable (1967), Le Tueur Frappe Trois Fois filmé en Italie (1968), Les Amours de Lady Hamilton (1968), Run Wild, Run Free (1969) et Ah ! Dieu que la Guerre est Jolie de son ami Richard Attenborough, dans lequel il fait un bref caméo (1969). Mills tourne ensuite en Australie dans L’Homme qui Sortait du Bagne de Philip Leacock (1970). La même année, le public le découvre dans La Fille de Ryan de David Lean, pour lequel il remporte le Golden Globe et l’Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour son interprétation de Michael, l’idiot du village.

La Fille de Ryan (1970)
43e Cérémonie des Oscars

John Mills retrouve Attenborough qui le met en scène dans Les Griffes du Lion, dans lequel il campe le général Kitchener. Alternant toujours entre l’écran et la scène, il apparaît au cinéma dans La Vie Tumultueuse de Lady Caroline Lamb (1972), L’Or Noir de l’Oklahoma (1973), à la télévision dans la série The Zoo Gang, et au théâtre dans les pièces Veterans, At The End of the Day, The Good Companions, Great Expectations et Separate Tables.

Quatermass (1979)
Gandhi (1982)

Promu Chevalier de l’Ordre de l’Empire britannique en 1976, Sir John Mills achève la décennie 1970 avec d’autres rôles dans La Guerre des Otages (1975), Trial by Combat (1976), L’Avocat du Diable (1977), Le Grand Sommeil (1978), Les 39 Marches (1978), le téléfilm Dr. Strange adapté des comics Marvel (1978), L’Ultime Attaque (1979) et la mini-série Quatermass, son plus grand succès à la télévision (1979). John Mills prête ensuite ses traits aux personnages de William Perkins et Sam Morrissey dans le feuilleton Bizarre, Bizarre (1980-1982) et Albert Collyer dans Young at Heart (1980-1982). Au cinéma, il est Lord Chelmsford dans Gandhi réalisé par Richard Attenborough (1982), Cambridge dans Sahara (1983), le docteur Watson dans le téléfilm Les Masques de la Mort (1984), Henry Rossiter dans la série L’Espace d’une Vie (1985). Un épisode de La Croisière s’Amuse est en outre l’occasion pour l’acteur de donner la réplique à ses trois enfants, Juliet, Hayley et Jonathan.

Tête d’affiche au théâtre de Goodbye Mr. Chips, Little Lies, The Petition et Pygmalion montée à Broadway, John Mills se fait plus rare sur le grand écran. Il prête notamment sa voix au personnage de Jim dans Quand Souffle le Vent de Jimmy T. Murakami (1986). Il accompagne Madonna dans Who’s That Girl de James Foley (1987). Il triomphe à la télévision dans le téléfilm Harnessing Peacocks (1993) et la mini-série Martin Chuzzlewit (1994). Victime d’une dégénérescence rapide de sa vue dès 1992, il joue le rôle du vieux Norvège dans Hamlet de Kenneth Branagh (1996), du conservateur dans Bean, le Film le Plus Catastrophe (1997) et Gus dans la captation de Cats (1998).

Bean, le Film le Plus Catastrophe (1997)
Cats (1998)

À l’honneur du documentaire Sir John Mills’s Moving Memories produit et écrit par son fils Jonathan et réalisé par Marcus Dillistone (2000), John Mills achève sa carrière au cinéma avec ses ultimes apparitions dans le téléfilm The Gentleman Thief (2001), le film Bright Young Things (2003) et le court-métrage Lights2 (2005). Ses presque quatre-vingts ans de carrière lui valent alors d’être le plus vieux lauréat du BAFTA Fellowship remis lors de 55e cérémonie des BAFTA le 24 février 2002. La même année, les studios Disney l’honorent d’un Disney Legends Award.

À l’affiche de plus d’une centaine de films, de dizaines de séries, de téléfilms et de nombreuses pièces de théâtre, John Mills décède le 23 avril 2005 des suites d’une crise cardiaque. Il est alors âgé de quatre-vingt-dix-sept ans. Fort d’une carrière prodigieuse, il laisse des deux côtés de l’Atlantique un héritage cinématographie immense dont l’un des nombreux points d’orgue fut son incarnation sans faute du patriarche dans Les Robinsons des Mers du Sud des studios Disney.

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