Titre original :
The Finest Hours
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 29 janvier 2016
Genre :
Aventure
IMAX
3-D
Réalisation :
Craig Gillespie
Musique :
Carter Burwell
Durée :
117 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Le 18 février 1952, au large de la côte Est des États-Unis, proche de la Nouvelle-Angleterre, le pétrolier SS Pendleton se brise littéralement en deux sous les coups de butoir d’une tempête d’exception. Le garde-côte, Bernie Webber, prend alors conscience qu’une partie de l’équipage est piégé à bord. Il organise aussitôt une mission de sauvetage de la dernière chance...

La critique

rédigée par
Publiée le 25 février 2016

The Finest Hours combine l'atout du récit d'une histoire vraie et de la dynamique d'un film catastrophe. Servant des images de tempêtes impressionnantes et distillant une romance gentillette, il propose ainsi une narration cinématographique d'un autre temps. Porté par des acteurs convaincants et une retranscription historique plutôt fidèle, il souffre pourtant de certaines longueurs qui, si elles n'enlèvent rien à sa capacité divertissante, en font un opus anecdotique dans la filmographie Disney.

L'existence même de The Finest Hours dans le catalogue de The Walt Disney Company est une véritable bouffée d'air frais. L'échec de John Carter a, en effet, accéléré la démission de Rich Ross qui se voit vite remplacé à la tête de la direction cinéma des studios Disney par Alan Horn, remarqué lors de son passage à la tête des studios Warner de 1999 à 2011. Son arrivée marque alors une inflexion notable dans la vision du cinéma de Bob Iger. Celui-ci voyait, en effet, la branche cinématographique de The Walt Disney Company comme un pourvoyeur de franchises que cela soit pour les films d'animation comme pour les "Live". Une des premières conséquences du rachat de Pixar a, de la sorte, été le lancement des suites Toy Story 3 et Cars 2. Pour les longs-métrages à prises de vues réelles, le PDG de Disney souhaite, avec le même objectif, que le studio aux Grandes Oreilles produise moins de films, mais tous à gros budgets. Dans sa quête aux franchises, cette politique a notamment connu quelques succès comme l'adaptation d'histoires classiques (Alice au Pays des Merveilles ou Le Monde Fantastique d'Oz) mais aussi des échecs (L'Apprenti Sorcier, Prince of Persia : Les Sables du Temps ou Tron L'Héritage) voire des flops monumentaux (John Carter ou Lone Ranger : Naissance d'un Héros). C'est d'ailleurs en partie pour palier à cette incapacité de créer de nouvelles franchises chez le label Disney, que Bob Iger décide de racheter à coup de millions de dollars Marvel puis Lucasfilm Ltd.. Il souhaite, par là, doter The Walt Disney Company d'un certain nombre de titres plus à même de plaire aux garçons, une cible que le label de l'oncle Walt a décidément bien du mal à amener vers lui en dehors de Pirates des Caraïbes. A l'inverse, Bob Iger n'accorde aucun intérêt aux productions dont il ne peut pas tirer de franchises. Conséquence : il revend le studio de films d'auteurs, Miramax, limite le label Touchstone Pictures à la distribution des films DreamWorks Pictures et réduit à peau de chagrin les "petits" films intimistes du label Disney. L'arrivée d'Alan Horn change pourtant radicalement la donne et montre les limites de la vision purement mercantile de Bob Iger. Le nouveau directeur des studios augmente ainsi légèrement le nombre de films et démontre surtout qu'il n'y pas que les grosses productions qui créent un catalogue. Les budgets colossaux s'exportent certes facilement et rapportent gros (ou inversement coutent très cher en cas d'échecs). Les petits films, eux, peuvent souvent compter sur le marché américain pour se rentabiliser et placer le label Disney sur un créneau diffèrent tout en servant aussi de contre-programmation. En 2015, trois films au final bien différents sont proposés : un film de sport à petit budget, un remake de dessin animé à budget maitrisé et un blockbuster de science-fiction à gros budget. Le succès de Cendrillon et l'échec d'À la Poursuite de Demain donnent malheureusement de mauvaises idées à Disney, toujours enclin à tout tourner en franchise en proposant des projets aux risques limités. Le label de Mickey a, en effet annoncé une ribambelle de suites et remakes mais au final, peu de projets vraiment originaux pour la période 2015 - 2018. Les seuls qui pointent le bout de leur nez sont le film d'action The Finest Hours avec Chris Pine et celui sur la joueuse d'échec, La Dame de Katwe.

Des films catastrophes ne sont pas monnaie courante au sein du label Disney. The Finest Hours fait donc exception et doit même constituer le tout premier pour le label de Mickey. Ce genre d'opus était, il est vrai, jusqu'à peu plutôt dévolu au label Touchstone Pictures comme Piège de Feu (2004) avec John Travolta ou Coast Guards (2006) avec Kevin Costner. Ce dernier a d'ailleurs la même thématique que The Finest Hours avec un garde-côte qui doit sauver un bateau en détresse. La seule différence est que le film raconte la mission d'un jeune premier, là où le film de 2006 parlait d'un vétéran. De plus, The Finest Hours raconte une histoire vraie se situant dans les années 50 alors que Coast Guards est une fiction contemporaine. Quoi qu'il en soit, il est bon de voir le label Disney prendre des risques avec des oeuvres qui sortent de l'ordinaire par rapport au reste de son catalogue.

L'origine de The Finest Hours remonte donc à 2011 lors que les Walt Disney Studios achètent les droits sur le livre The Finest Hours : The True Story of the U.S. Coast Guard's Most Daring Sea Rescue publié en 2009 et écrit par Michael J. Tougias et Casey Sherman. Pour rédiger le scénario du film, Paul Tamasy et Eric Johnson choisissent ainsi de se baser sur le roman mais également d'interviewer les survivants de cette incroyable aventure. Il s'agit, en effet, de l'un des sauvetages les plus impressionnants de l'histoire maritime des Etats-Unis. Des gardes-côtes, sous le commandement du jeune Bernie Webber, ont, il est vrai, risqué leur vie, en 1952, pour porter secours à l'équipage du bateau pétrolier SS Pendleton, pris au piège d'une terrible tempête. Leur détermination sans pareille a permis de sauver trente-trois personnes ! Les sauveteurs ont d'ailleurs reçu la Gold Life Saving Medal pour avoir mené à bien l'opération dans des conditions climatiques désastreuses. Le film est donc un hommage à la bravoure de ces hommes ayant fait preuve d'un courage exceptionnel.

A l'origine, la réalisation devait être confiée à Robert Schwentke avant qu'il ne soit finalement remplacé par Craig Gillespie qui signe ici son film au plus gros budget, 80 millions de dollars.
Né le 1er septembre 1967 et ayant grandi à Sydney, Craig Gillespie déménage à New York à l'aube de ses vingt ans et y intègre une école des arts visuels où il étudie l'illustration, le design graphique et la publicité. Il s'intéresse presque tout de suite au cinéma et réalise son premier film en 2005 avec la comédie Monsieur Woodcock puis enchaine sur la romance Une Fiancée pas Comme les Autres en 2007. Par la suite, il ne travaille que pour The Walt Disney Company avec deux opus à son actif : Fright Night (2011) le film horrifique de Touchstone Pictures puis le sportif Un Lancer à un Million de Dollars (2014).

The Finest Hours tente de raconter plusieurs histoires à la fois selon trois points de vue différents. Le premier est bien-sûr est celui de Bernie Webber avec son sauvetage en mer et la mue d'un jeune homme respectueux des ordres en héros téméraire sauvant trente-trois personnes suivant ses propres décisions et son instinct. Le film est ainsi centré sur cet homme d'exception et son histoire lui sert de fil conducteur. Mais le récit s'intéresse aussi à deux autres destins qui s'entremêlent. Le second est celui du machiniste Ray Sybert qui va tout faire pour sauver le reste de l'équipage survivant après que la navire se soit brisé en deux. Non seulement, il va se battre contre les mauvaises décisions qui pourraient couter la vie à ses collègues mais aussi tenter de gagner quelques précieuses heures avant l'arrivée des secours. Enfin, il y a aussi Miriam Pentinen, la fiancée du jeune Bernie. Non seulement, à travers elle, le film apporte une petite touche de romance bienvenue mais également traite de la vie des conjointes des marins, restées à terre avec la crainte permanente pour la vie de leur homme. Sa présence crée ainsi un lien avec les habitants de la petite ville de Chatham dans le Massachusetts, située non loin de Cape Cod, le port d'attache de Bernie Webber. Le spectateur peut donc appréhender la réaction du village face à ces phénomènes météorologiques extrêmes.

Les séquences en mer sont véritablement impressionnantes et le passage qui fait scotcher le spectateur à son siège est assurément celui de la barrière qui voit les sauveteurs rejoindre les hauts fonds à proximité de la côte, dans ce qui constitue la première étape indispensable mais déjà extrêmement dangereuse pour aller sauver les naufragés. Y perdant confort et instruments de navigation, ils vont pourtant continuer coute que coute. Mais voilà, une fois la barrière passée, le film connait un gros coup de mou dans le rythme de son récit. L'attention du spectateur a dès lors bien du mal à rester captivée tant le trajet aller des secouristes est un tantinet longuet et le long passage sur terre particulièrement surfait. Reste alors et heureusement le clou du spectacle avec toutes les scènes sur le Pendleton incroyablement prenantes. Le spectateur voit une bande de marins tout faire pour empêcher l'inéluctable : que le navire coule dans l'océan. Entre combats d'égos et trouvailles d'ingéniosité pour parvenir à s'échouer sur un ban de sable, les scènes sur le bateau sont assurément captivantes et fort logiquement les meilleures du film.

Côté casting, The Finest Hours dispose d'acteurs convaincants.
Chris Pine est le premier d'entre eux et campe le jeune Bernie Webber. Ce comédien au joli minois a été révélé au grand public en incarnant le célèbre Capitaine Kirk dans Star Trek, le reboot de 2009. Les fans Disney l'ont découvert, quant à eux, bien plus tôt, en 2004, dans Un Mariage de Princesse où il donnait ses traits au prétendant de la belle Anne Hathaway. Il revient chez The Walt Disney Company en 2012, via un film DreamWorks distribué par Touchstone, Des Gens Comme Nous puis en 2014 dans la superbe comédie musicale, Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois. Bizarrement ici, son jeu est bien plus en retrait. Il faut dire qu'il assume le rôle d'un gars qui a peu confiance en lui, qui n'est pas très causant, voire un tantinet rabat joie à toujours suivre les règles à la lettre. C'est d'ailleurs cette fâcheuse habitude qui va le faire se retrouver dans une mission de sauvetage à haut risque que le moindre marin un peu rebelle aurait tout de suite refuser car jugée impossible. L'aventure va donc le rendre de plus en plus sûr de lui et le conduire à l'inconcevable jusque là : désobéir et suivre son instinct !
La révélation de The Finest Hours se trouve toutefois ailleurs : elle est en effet à rechercher du côté de Casey Affleck qui joue Ray Syber. Il est ainsi le mécanicien en chef du Pendleton. L'acteur, frère de Ben Affleck et beau-frère de Joaquin Phoenix, révèle un charisme incroyable. Il fait preuve autant d'autorité que d'humilité en essayant de sauver ses collègues d'une mort certaine. Le comédien vole clairement la vedette à Chris Pine en donnant à son personnage un sang-froid et une intelligence remarquable. Sa superbe composition explose littéralement à l'écran.
Holliday Grainger est, quant à elle, Miriam Pentinen. Elle revient chez Disney après avoir été Anastasia Tremaine dans Cendrillon l'année d'avant. Ici, elle joue la jeune fiancée qui attend son futur mari parti en mer. Heureusement, le personnage ne se contente pas de jouer la potiche de service et ose bouleverser les convenances sociales en proposant par exemple elle-même à Bernie de l'épouser ou osant remettre en cause l'autorité et le jugement du supérieur de son fiancé. L'actrice s'en sort plutôt bien et arrive à se rendre attachante dans un exercice somme tout périlleux.

The Finest Hours est plutôt accueilli tièdement par la critique qui félicite le casting mais reproche à l'opus un côté vieillot et old school par trop appuyé. Le film n'arrive pas plus à trouver son public et signe un échec cinglant aux Etats-Unis où il ne rapporte que vingt-cinq millions de dollars, soit même pas le tiers de son budget initial. Décidément et malheureusement, comme pour toutes les autres tentatives du label Disney pour sortir de son carcan habituel fait d'adaptations de contes de fée, le public a une nouvelle fois sanctionné la prise de risque. Disney parvient finalement à ne retrouver ses billes qu'uniquement sur des productions à petit budget comme les récits sportifs, qu'un joli panel de spectateurs américains soutient inlassablement ; et à côté - et bien-sûr - les remakes en live de ses films d'animation, dans une relation de « je t'aime moi non plus », critiqués pour n'être que du ronronnement cinématographique mais plébiscités par le grand public qui se rue pour eux dans les salles. Dès lors, pourquoi Disney changerait-il d'ambition ?

The Finest Hours est un petit film d'action anecdotique au casting convaincant mais aux longueurs coupables. Il n'en reste pas moins très impressionnant sur grand écran.

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