Titre original :
Dolphins
Production :
Disneynature
Date de sortie France :
Le 28 mars 2018
Genre :
Documentaire
Date de mise en ligne USA :
Le 3 avril 2020 (Disney+)
Réalisation :
Alastair Fothergill
Keith Scholey
Musique :
Steven Price
Durée :
78 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

L’océan est unique, seuls les hommes le mettent au pluriel. Il est partout, recouvre plus de 70% de la Terre et lui donne sa couleur et son surnom : la planète bleue...
Blue, un jeune dauphin, l’une des espèces animales les plus fascinantes et intelligentes, guide les spectateurs au cœur du monde aquatique et leur fait découvrir des créatures étranges, merveilleuses et fantastiques évoluant dans un équilibre éminemment fragile.

La critique

rédigée par
Publiée le 14 mars 2018

Blue est un magnifique documentaire, aux images resplendissantes et à la musique envoûtante qui amène le spectateur découvrir des espèces sous-marines aussi colorées qu'étonnantes. Pas forcément le meilleur opus du label, son sujet peut apparaître en outre redondant avec Océans, le film français que Disneynature avait distribué aux États-Unis : son ton et les espèces proposés y sont pourtant très différents, se focalisant sur des spécimens des mers chaudes. Il se démarque en outre de ses prédécesseurs en étant plus contemplatif dans son approche et moins anthropomorphiste dans sa narration.

En 2008, The Walt Disney Company renoue avec le genre du documentaire animalier que le papa de Mickey lui-même avait décidé de populariser quelques 60 ans auparavant. Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut, en effet, être considéré comme le pionnier du documentaire animalier grand public. Dès 1948, il met, ainsi, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini documentaire, L'Ile aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la compagnie au château enchanté dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages dont La Vallée des Castors (1950) ou La Terre, Cette Inconnue (1951), avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages. Ce dernier devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures et concerne, au final, six œuvres dont La Grande Prairie (1954) ou Le Grand Désert Blanc (1958). Au total, en comptant les courts et longs-métrages, la série aura gagné en tout, pas moins de huit Oscars !

La renaissance de la production de documentaires axés sur la nature et les animaux sauvages au sein du catalogue Disney est due à l'initiative du français Jean-François Camilleri. Alors manager de la filiale hexagonale de Walt Disney Studios Motion Pictures, il a, en effet, en 2005, la brillante idée d'accorder sa confiance à un jeune réalisateur tricolore, Luc Jacquet, en acceptant de produire son premier film, La Marche de l'Empereur. Le pari est osé. Proposer sur grand écran, à destination du grand public, un long-métrage, documentaire animalier, sur la vie des manchots empereurs vivant en Antarctique apparaît, il est vrai, à l'époque comme un rêve doux-dingue, caprice d'un producteur, en mal de respectabilité auprès de l'intelligentsia hexagonale, sacrifiant, pour une fois, la recherche du seul profit commercial sur l'autel de l'expérimentation cinématographique. L'avenir prouvera le parfait contraire. Seul contre tous, Jean-François Camilleri démontre l'incroyable potentiel du genre, confirmant son rang dans le milieu du cinéma français de producteur hexagonal à part entière, véritable découvreur de talents. La réussite commerciale de La Marche de l'Empereur est, en effet, loin d'être un succès d'estime. En France, le film taquine allègrement les deux millions d'entrées ! Le résultat est tel que l'intérêt de proposer le documentaire à l'export apparaît vite évident. Comble de l'ironie, le marché américain lui ouvre rapidement ses portes, mais sans Disney. La maison mère de la filiale française menée par Jean-François Camilleri fait, en effet, la fine bouche et refuse cette histoire de manchots incongrue. Warner Bros., elle, sent le joli coup venir et accepte de distribuer le film sur le sol américain. Il devient vite à l’époque le plus gros succès pour un long-métrage français en Amérique du Nord. Il remporte même l'Oscar du Meilleur Documentaire, véritable pied de nez à la France qui lui a refusé le moindre César. Devant l'ironie de l'histoire, Jean-François Camilleri ne prend pas ombrage et pardonne à sa tutelle, son erreur d'appréciation. Il la comprend même tant son pari était osé... Il entend d'ailleurs l'aider à la réparer et à l'amener à occuper enfin le terrain du documentaire grand public, à destination des salles obscures. Il crée pour cela, une société de production spécifique, Disney Nature Productions, qui présente ainsi un premier long-métrage en 2007, Le Premier Cri, film ethnologique sur la naissance à travers le monde, beaucoup moins abordable qu'un simple documentaire animalier. Il continue ensuite de faire confiance à Luc Jacquet et distribue son deuxième long-métrage, Le Renard et l'Enfant, un docu-fiction axé sur l'amitié d'une petite fille et d'une renarde. L'œuvre très personnelle séduit à nouveau le public français.

Patiemment, le remuant patron de la filiale française convainc sa maison-mère d'investir le marché. Elle accepte finalement de créer un nouveau label de films à l'instar de Disney, Touchstone Pictures ou Hollywood Pictures. Disneynature est ainsi présenté mondialement en avril 2008. Basé en France, il est logiquement dirigé par Jean-François Camilleri et poursuit deux objectifs : distribuer des productions "maison" à l'international et productions étrangères aux États-Unis. Les premiers chantiers sont déjà sur les rails. Le programme est alléchant. Les Ailes Pourpres, Le Mystère des Flamants sort ainsi en décembre 2008 suivi par Pollen et Félins en 2011, Chimpanzés en 2012, Grizzly en 2014, Au Royaume des Singes en 2015, Nés en Chine en 2016, L'Empereur en 2017 et Blue en 2018. Par ailleurs, le film britannique Un Jour sur Terre est distribué aux États-Unis en 2009, sous label Disneynature, ainsi que le film français Océans en 2010. Enfin, en 2016, il propose son premier film directement en sortie digitale, Grandir suivi un an plus tard par La Reine de la Montagne et Nés en Chine : Histoires d'un Tournage.

Blue est donc réalisé par Alastair Fothergill et Keith Scholey.
Alastair Fothergill débute à la télévision anglaise sur des documentaires animaliers. Il investit ensuite vite le grand écran, sur le même créneau et toujours avec succès. Ce scénariste et réalisateur britannique est ainsi à l’origine du long-métrage La Planète Bleue, de la série télévisée Planète Terre ainsi que du film dérivé de celle-ci, Un Jour sur Terre (celui-là même distribué par Disneynature aux USA). L’homme et le label commencent alors une jolie collaboration qui aboutit aux réalisations de Félins, ChimpanzésGrizzly et Au Royaume des Singes.
Sur Blue précisément, Alastair Fothergill est secondé par Keith Scholey qui réalise ici son troisième long-métrage pour les salles obscures, après Félins en 2011 et Grizzly en 2014. Avant cela, l'homme se cantonnait à la seule production, notamment d’une petite dizaine de documentaires animaliers...

Blue met l'accent sur les grands dauphins en se focalisant sur une mère qui protège son petit que les réalisateurs ont nommé Blue, le titre du film représentant donc à la fois le bleu de l'océan et le nom du bébé dauphin, guide et fil rouge du récit. L'espèce est particulièrement mise en avant en montrant le fort lien qui existe entre la mère et son petit mais également les relations sociales à travers le groupe qui sert à la fois de foyer et de protections contre les prédateurs. Ce qui impressionne le spectateur est alors l'incroyable capacité des dauphins à developper, apprendre puis transmettre des méthodes de chasse aussi complexes qu'élaborées. L'une d'entre elles, parmi les scènes les plus incroyables du film, est assurément celle où les dauphins forment un cercle de vase afin d'enfermer les poissons provoquant leur panique et leur saut pour s'en échapper : il ne reste alors plus qu'à se positionner pour les gober comme le font les ours avec les saumons qui remontent les rivières... La séquence est superbement filmée et véritablement bluffante !

Une autre espèce présentée est la baleine à bosse. Là aussi, le spectateur suit une mère et son baleineau mais ici les personnages ne sont pas baptisés. Les images de ces cétacés géants sont vraiment belles et mettent particulièrement en avant la majesté de ces animaux colossaux d'une quinzaine de mètres de long pesant de 25 à 30 tonnes. Là encore, le film propose de montrer un comportement étonnant. Énormes, les baleineaux n'en restent pas moins vulnérables. En particulier, ils sont une proie facile pour les orques. Les baleines à bosse doivent ainsi se regrouper pour être en capacité de se défendre et empêcher leur progéniture de se faire dévorer. Il est à ce titre étonnant de voir les baleines mâles s'affronter au préalable pour désigner le champion qui protégera la femelle et son petit. Et il est encore plus surprenant de voir ce même mâle appelé ses anciens adversaires à l'aide s'il est débordé dans son combat contre les orques et de voir ainsi un ban de baleines mâles faire fi de leurs anciennes rivalités pour foncer défendre une femelle et son petit.

L'autre élément essentiel du film est bien sûr la barrière de corail. Les coraux servent d'habitat à un incroyable nombre d'espèces étant par là un acteur-clé de la biodiversité des océans. Le film propose ainsi de faire découvrir parmi ses hôtes le poisson perroquet à bosse, la rascasse volante, la seiche à large mains ou la tortue verte. Il se focalise également sur le squille multicolore. Boxeur  et bâtisseur, il possède une paire d'yeux vraiment complexes. Forts de millions de cellules photosensibles et seize types de cônes, capables de décoder dix fois plus de nuances de couleurs que l'espèce humaine, percevant même l’ultraviolet et réalisant des rotations indépendamment l'un de l’autre, ils lui permettent autant d'éviter les prédateurs que de se saisir de proies. Ce squille multicolore est une vraie curiosité ambulante que les réalisateurs, peu inspirés pour le coup, ont choisi d'en faire l'élément comique du film.

Disneynature a toujours eu pour but de montrer la nature dans une vision contemplative, presque idéale, expurgée de présence humaine. Mis à part peut-être Pollen et Au Royaume des Singes, ce sont, en effet, toujours les animaux qui sont les vedettes du film et leur histoire se suffit à elle-même. L'anthropomorphisme qui se retrouve dans tous les documents du label se voit ainsi justifiée par le fait que les comportements suivis sont réellement présents dans la nature et qu'il est donc tout naturel d'appuyer dessus dans la narration afin de connecter les belles images au public, en particulier enfant. Ce type narratif est toutefois moins utilisé dans Blue qu'à l'habitude. En revanche, le propos se révèle plus militant, toute proportion gardée, que d'autres opus du label (sauf peut-être Pollen décidément hors norme). L'histoire, racontée par Cécile de France en français, est certes emplie de poésie mais elle prend le soin de mettre en garde sur la menace qui pèse sur l'équilibre fragile qui régit ses espèces en particulier celles vivant en symbiose autour du récif corallien. Cette biodiversité est menacée par la folie des hommes et se doit d'être protégée.

Côté bande-son, Blue fait appel à un compositeur de renom pour sa musique. Steven Price, auréolé de l'Oscar de la Meilleur Musique pour Gravity, signe ainsi la bande originale du film. Et force est de constater que la qualité est au rendez-vous. La musique est à l'évidence un élément essentiel du film. L'artiste arrive parfaitement à faire passer une incroyable panoplie d'émotions sublimant les images que ce soient les instants de tendresse comme les moments intenses. Un exemple flagrant est assurément l'attaque des orques sur la mère baleine et son baleineau. La musique apporte  alors un tel suspense que le spectateur est scotché à son siège le temps d'assister à cette course-poursuite haletante.

Blue est un Disneynature, pure souche, aux images somptueuses, à la narration sensible et à la musique sublime. Les espèces montrées, en particulier les grands dauphins, la baleine à bosse ou le squille multicolore, y sont fascinantes. Sans atteindre la perfection de Nés en Chine ou FélinsBlue sait, pour l'univers aquatique, tenir son rang de documentaire d'exception.

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