Indiana Jones et le Monde Intérieur

Titre original :
Indiana Jones and the Interior World
Éditeur :
Milady
Date de publication France :
Le 21 août 2008
Genre :
Aventure
Auteur(s) :
Rob Macgregor
Autre(s) Date(s) de Publication :
Bantam Books (US) : Décembre 1992
Pocket (FR) : 1993
Nombre de pages :
285

Le synopsis

Un étrange mystère relie les statues de l'île de Pâques au vaisseau fantôme de l'île Chiloé. En tentant de le résoudre, Indiana Jones se retrouve embarqué dans une dangereuse quête au cœur d'un monde souterrain où il découvre une redoutable relique...

La critique

rédigée par
Publiée le 10 mars 2023

Indiana Jones et le Monde Intérieur est le sixième des romans américains à raconter une histoire inédite autour du personnage d’Indiana Jones.

Rob MacGregor est un auteur reconnu de science-fiction et de fantasy. Passionné d’archéologie, il se destine à cette profession avant de finalement devenir reporter, un métier qui lui permet de beaucoup voyager à travers le monde. Il décide ensuite de se mettre à l’écriture et consacre l'une de ses premières œuvres à la novélisation du film Indiana Jones et la Dernière Croisade. Il convainc alors George Lucas de continuer l'aventure en proposant des histoires inédites. Ce dernier lui donne quasi carte blanche, exigeant uniquement que ses récits soient basés sur des mythes existants et qu’ils se situent chronologiquement avant les films, racontant les aventures du jeune Indiana Jones juste après son diplôme universitaire. Rob MacGregor signe donc six livres de 1991 à 1992 chez Bantam Books : Indiana Jones et le Péril à Delphes, Indiana Jones et la Danse des Géants, Indiana Jones et les Sept Voiles, Indiana Jones et l'Arche de Noé, Indiana Jones et la Malédiction de la Licorne et Indiana Jones et le Monde Intérieur. Il s’inspire ainsi des visites qu’il a faites autour du monde pour choisir les sites où il fait se dérouler les aventures du jeune héros. Après la série, il poursuit sa carrière de façon indépendante et reçoit le prix Edgar Allan Poe pour l’un de ses romans jeunes adultes en 1996, Prophecy Rock.

Comme l'indique sa couverture, le roman débute sur la fameuse Île de Pâques. Appartenant au Chili, il s'agit d'une île volcanique reculée de Polynésie, dont le nom autochtone est Rapa Nui. Elle est célèbre pour ses sites archéologiques, notamment les quelques neuf cent statues monumentales, les moaï, créées par ses habitants entre le XIIIe et le XVIe siècle. Les moaï sont en effet des sculptures de silhouettes humaines dotées de têtes surdimensionnées, la plupart du temps posées sur d'immenses piédestaux en pierre. Rob MacGregor y envoie donc Indiana Jones mener des fouilles avec d'autres archéologues dont Marcus Brody. Le jeune homme est alors contacté par les garants de la tradition de Hotu Matua, le premier colonisateur de l'île, en lui donnant la possibilité de traduire des anciens textes grâce à des tablettes cachées. Le lecteur est ainsi tenu en haleine dès le début car le sujet a l'air particulièrement intéressant et le lieu vraiment exotique. Malheureusement, l'exploration s'arrête net puisque cette piste ne dure que deux chapitres ; l'auteur partant ensuite dans une direction bien plus fantaisiste.

Comme son titre Indiana Jones et le Monde Intérieur l'indique et comme l'auteur l'avait déjà révélé dans le tome précédent Indiana Jones et la Malédiction de la Licorne, le thème principal de ce roman est celui de la Terre creuse. Cette théorie part du principe que la planète Terre serait creuse, possédant une surface interne concave habitable, donnant l'impression alors pour ceux qui fouleraient ces lieux que l'horizon monte vers le ciel. Dans les temps anciens, l'existence de royaumes souterrains faisait partie intégrante de nombreuses croyances religieuses, comme par exemple les Enfers de la mythologie grecque. Dans l'ère moderne, en 1692, l'astronome Edmund Halley émet à son tour l'hypothèse que la Terre serait constituée d'une coquille creuse d'environ 800 km d'épaisseur et serait possiblement habitée. D'autres théories verront ensuite le jour à la suite de cette déclaration même si elles sont considérées désormais par une quasi unanimité des scientifiques contemporains comme complètement farfelues. Certains auteurs de fiction imagineront à partir d'elles des histoires se passant sous la terre. Il peut bien sûr être cité Jules Verne par exemple avec Voyage au Centre de la Terre, même si dans le cas de l'écrivain français il s'agit d'immenses cavernes souterraines et non d'une terre concave. Plus représentatif de la Terre Creuse est sûrement Le Cycle de Pellucidar de l'auteur américain Edgar Rice Burroughs, père de Tarzan et John Carter, où il y décrit longuement la surface interne de la Terre avec un soleil fixe au centre.

Dans Indiana Jones et le Monde Intérieur, le dernier roman qu'il écrit pour le personnage de l'aventurier, Rob MacGregor fait étrangement un mélange assez étonnant par rapport à ses précédents ouvrages. Si ses autres livres possédaient en effet aussi des éléments fantastiques, ils se basaient toujours sur un ou deux faits historiques enveloppés de croyances mythologiques. Ici, rien de tout cela. Il n'y a quasiment aucun élément factuel mis à part les deux premiers chapitres sur l'Île de Pâques. Le reste n'est que fantastique, mixant mythes, rêves, dinosaures, dragons et vaisseaux fantômes. Le récit est alors laborieux dans son déroulé, fait d’allers-retours entre le monde intérieur et extérieur où le héros doit passer des marais étranges et affronter des monstres chimériques dans un état de semi-conscience. Pour complexifier le tout et le rendre encore plus obscur, le passage d'un monde à l'autre nécessite d'ingurgiter une boisson nommée « nalca », un breuvage qui permet aux gens de l'extérieur de vivre dans le monde intérieur et vice-versa. Et ce n'est pas fini : à tout ça, l'auteur rajoute de nombreux liens avec ses précédents romans afin de tous plus ou moins les lier. Le plus explicite est celui avec Indiana Jones et la Malédiction de la Licorne puisque l’archéologue doit à nouveau dérober le rostre de licorne.

Au final, Indiana Jones et le Monde Intérieur n'est jamais très passionnant. Indiana Jones semble plus subir l'action qu'y être vraiment partie prenante, étant souvent inanimé ou dans une sorte de rêve éveillé. De plus, il passe son temps à ne jamais croire ce qui lui arrive et à se plaindre en permanence, le rendant un peu antipathique. Si le héros ne croit pas à ce qu'il vit, comment le lecteur le pourrait-il ? Et comme si cela ne suffisait pas, les autres personnages créés pour le livre ne sont pas des plus réussis. La jeune femme qui accompagne l'archéologue, Salandra, n'est ainsi pas très intéressante. Fille du roi déchu de la principale cité du monde intérieur, Pincoya, elle semble tout connaître de la vie passée d'Indiana Jones. Pourtant, elle ne donne les informations qu'elle connaît qu'au compte-goutte, exaspérant le héros et... le lecteur ! Par rapport aux autres héroïnes créées par l'auteur, elle est clairement la moins attachante. Le méchant, du nom de Maleiwa, n'est pas non plus très charismatique. Ce dernier a ravi le trône de Pincoya et dérobé le rostre de licorne lui conférant soi-disant une puissance phénoménale. Mais il apparaît finalement peu dans le roman, sa dangerosité étant le plus souvent suggérée. Ainsi, quand arrive le combat final somme toute assez surréaliste, le lecteur n'y croit pas une seconde, surtout que le lieu où il se déroule est assez contre-intuitif par rapport aux autres endroits visités précédemment.

Indiana Jones et le Monde Intérieur est le livre de trop de Rob MacGregor sur l'aventurier. En privilégiant le fantastique à l'aventure et le vraisemblable, l'auteur passe à côté de son sujet et n’arrive ni à proposer un récit intéressant, ni des personnages attachants. Il ne reste au final que son style toujours aussi fluide et agréable à lire.

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