Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith
Tome - 3 : Mers de Feu
Éditeur : Panini Comics Date de publication France : Le 05 juin 2019 Genre : Comics |
Auteur(s) : Charles Soule (Scénariste) Giuseppe Camuncoli (Dessinateur) Chuck Wendig (Scénariste) Leonard Kirk (Dessinateur) Nombre de pages : 171 |
Le sommaire
• Mers de Feu (I) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #13 (14/03/2018) • Mers de Feu (II) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #14 (11/04/2018) • Mers de Feu (III) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #15 (25/04/2018) • Mers de Feu (IV) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #16 (09/05/2018) • Mers de Feu (V) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #17 (13/06/2018) • Terrain Dangereux : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #18 (11/07/2018) • Annual 2 : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith (18/07/2018) |
La critique
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 3 : Mers de Feu offre un arc passionnant permettant d’explorer la planète Mon Cala alors que celle-ci doit affronter les armes de l’Empire. Le héros de la série, d’abord effacé, voit finalement son histoire et sa psychologie explorées au travers d’un point de vue extérieur qui marque par son audace.
Le scénariste Charles Soule est à nouveau à la manœuvre sur ce nouvel arc de sa série Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith. Diplômé en droit à l’université Columbia de New York en 2000, Soule exerce en tant qu’avocat puis décide d’exprimer sa fibre artistique en publiant en 2009 le roman graphique Strongman. Dès 2013, il écrit des séries de comics pour les maisons concurrentes DC Comics et Marvel. Il s’installe rapidement au sein de la Maison des Idées et travaille notamment sur Inhuman, She-Hulk ou Daredevil, qu’il marque par un long run entre 2015 et 2019, achevé avec Daredevil Legacy - Tome 3 : La Mort de Daredevil. Il devient rapidement une référence des comics Star Wars chez Marvel en signant les mini-séries Lando : Le Casse du Siècle, Obi-Wan & Anakin : Réceptifs et Hermétiques et Star Wars : L’Ascension de Kylo Ren ainsi que les séries Poe Dameron, Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith et la relance de Star Wars narrant les événements situés entre les Épisodes V et VI. Sa passion pour la saga intergalactique dépasse le cadre des comics et le voit écrire le roman La Haute République : La Lumière des Jedi inaugurant ce nouveau cycle tant attendu débutant 200 ans avant Star Wars : La Menace Fantôme.
Le dessin porte, quant à lui, toujours la patte de l’Italien Giuseppe Camuncoli. Né en 1975, il débute dans les comics indépendants en 1997 avec Bonerest. Collaborant avec DC Comics sur des séries telles que Swanp Thing ou Hellblazer, il marque ensuite de son empreinte, pour Marvel Comics, les séries du Tisseur The Amazing Spider-Man et The Superior Spider-Man. Il accompagne également Charles Soule sur les 25 issues de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith, sa seule incursion à ce jour dans la galaxie lointaine, très lointaine, avec avec quelques couvertures pour Star Wars et variantes pour d’autres séries.
L’arc principal de ce troisième tome, Mers de Feu, est composé des numéros 13 à 17 de la série. Trois ans après les événements de Star Wars : La Revanche des Sith, Vador continue donc de chasser les Jedi ayant survécu à l’Ordre 66 en compagnie des Inquisiteurs. Leur traque les mène sur la planète Mon Cala, où le souverain, le roi Lee-Char, est aidé par un ancien Padawan, Ferren Barr.
En parallèle, l’Empire envoie l’ambassadeur Telvar pour négocier le maintien en son sein de la planète et souhaite acquérir à vil prix de précieuses ressources. Le refus du souverain est inévitable, tout comme le déferlement de la puissance militaire impériale, entre les mains du redoutable Gouverneur Tarkin.
Cet arc permet ainsi d’explorer la planète Mon Cala, bien connue des fans de l’Univers Étendu de Star Wars. Ses spécificités sont mises en avant, avec sa société composée de deux espèces, les Mon Calamari et les Quarren, vivant essentiellement dans des milieux sous-marins en symbiose avec des créatures aquatiques gigantesques. Des détails passionnants sont révélés au fil du récit sur l’organisation de la planète et son fonctionnement, la créativité de l’auteur enrichissant tant son écosystème que les us et coutumes de ses habitants. Dans ce contexte de guerre apparaît clairement son savoir-faire militaire, constituant avec anticipation un hommage au rôle des Mon Calamari dans la victoire de l’Alliance Rebelle.
À ce titre, le comics rappelle deux personnages des films : l’Amiral Raddus de Rogue One : A Star Wars Story, et Gial Ackbar, futur Amiral apparu dans Star Wars : Le Retour du Jedi. Ce dernier montre d’ores et déjà toute l’étendue de son génie militaire en menant, pour le plus grand plaisir des lecteurs, une attaque visant à détruire une plateforme aérienne servant de base aux impériaux. Un véritable acte de bravoure !
Charles Soule a également l’excellente idée de placer le roi Lee-Char au centre de l’intrigue. Apparu dans la Saison 4 de la série animée Star Wars : The Clone Wars, le souverain Mon Calamari arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père y rencontre - déjà - Anakin Skywalker et, aidé par Ahsoka Tano, parvient à vaincre les Séparatistes et à unifier les deux peuples de Mon Cala. Le lecteur voit ici sa personnalité développée et le retrouve courageux, défendant la liberté des habitants de sa planète. Son empathie pour ces derniers représente toutefois une faiblesse face à l’impitoyable Wilhuff Tarkin.
Charles Soule achève son arc sur une situation présentant une tension importante pour Mon Cala. Les lecteurs avides de connaître le destin de Mon Cala peuvent alors se tourner vers les comics Star Wars - 8 : Mutinerie sur Mon Cala, situé entre les Épisodes IV et V, et Star Wars : Allégeance, entre les Épisodes VIII et IX.
Mers de Feu introduit également le personnage de Ferren Barr, ancien Padawan ayant échappé à la Grande Purge Jedi avant de se réfugier sur Mon Cala, où il conseille le souverain. Véritable gourou, il dispose d’une influence spirituelle sur des disciples qu'il a réunis pour lutter contre l’Empire, ainsi que sur Lee-Char lui-même. Il a lu dans l’avenir le rôle crucial des Mon Calamari dans la guerre et met en œuvre un plan afin de concrétiser sa vision. Ayant étudié le passé durant son exil, Barr est particulièrement lucide et livre notamment une réflexion passionnante sur le concept des faits alternatifs. En affirmant sans cesse des contre-vérités, l’ancien Chancelier Palpatine a selon lui réussi à transformer ses mensonges en faits dans le discours officiel et l’imaginaire collectif. Le lecteur de 2018 peut ainsi y trouver une référence au contexte politique contemporain des États-Unis, illustrant la profondeur du scénario de Charles Soule.
Le passé des disciples de Maître Barr est évoqué par l’intermédiaire de flash-back au cours desquels sont présentés les événements les ayant conduits à le suivre. Poignants, ces courts moments de vie montrent l’impact d’un régime dictatorial et sanguinaire sur les individus. Il est alors presque regrettable de ne pas voir ces éléments davantage développés dans le récit. Il en va de même pour l’histoire de Ferren Barr, que le lecteur souhaiterait explorer plus longuement en comics ou dans un autre média Star Wars. Le personnage n’a toutefois pas signé d’autres apparitions à ce jour.
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 3 : Mers de Feu se poursuit avec une histoire contenue au sein d’un numéro unique, Terrain Dangereux. Wilhuff Tarkin y dirige une équipe d’une vingtaine d’impériaux dans une chasse à l’homme qui les voit traquer Vador sur une planète hostile.
Au-delà de cet étonnant postulat de départ qui trouve une explication au cours du récit, le parti pris narratif est audacieux et particulièrement réussi : la narration est assurée par Tarkin, qui gratifie le lecteur des réflexions issues de son esprit brillant, en relatant les difficultés rencontrées face au puissant Seigneur Sith. Il est particulièrement intéressant de voir le Gouverneur étudier de manière scientifique les pouvoirs que l’ancien Jedi tire de la Force. Le personnage incarné dans la saga cinématographique par Peter Cushing constitue clairement l’une des forces de ce numéro et du tome dans son ensemble.
Après avoir été relativement effacé dans Mers de Feu, Dark Vador est au centre du récit de Terrain Dangereux, paradoxalement par le prisme du regard extérieur que porte Tarkin sur lui, tant au niveau de ses capacités que de sa psychologie. Vador y est montré impitoyable et tout-puissant, y compris dans sa vulnérabilité, recherchant du carburant pour alimenter le moteur de sa haine.
Si sa maîtrise du Côté Obscur de la Force rappelle sa scène marquante dans Rogue One : A Star Wars Story, celui qui se nommait Anakin Skywalker marque également par la vivacité de son esprit. Le lien de Vador avec son passé n’est d’ailleurs jamais rompu au sein de ce tome, qui s’ouvre avec une uchronie au cours de laquelle Vador remplace Anakin et terrasse son ancien maître, Obi-Wan Kenobi, qui subit le sort qu’il a en réalité infligé à son Padawan.
Côté dessin, Giuseppe Camuncoli accompagne avec brio l’excellent scénario de Charles Soule. Son style, qui ne cherche pas le réalisme ou la copie des films, est rafraîchissant, en comparaison par exemple avec celui de Salvador Larroca sur la série Dark Vador. Le dessinateur italien gratifie notamment les lecteurs de décors aquatiques magnifiques dans Mers de Feu, ainsi que de splendides parallèles avec des planches offrant des batailles spatiales et aquatiques.
Dans Terrain Dangereux, son dessin accentue l’atmosphère angoissante de la traque, offrant par ailleurs quelques points de vue cinématographiques.
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 3 : Mers de Feu s’achève avec le numéro unique Annual 2. Son scénario est signé d’un romancier habitué de la saga, Chuck Wendig, auteur de la trilogie composée de Riposte, Riposte : Dette de Vie et Riposte : Chute de l’Empire, ainsi que de l’adaptation en comics de Star Wars : Le Réveil de la Force.
Wendig fait de son histoire une véritable préquelle de Rogue One : A Star Wars Story, confrontant Vador à Tarkin et à Orson Krennic, eux-mêmes au cœur d’une lutte fratricide au sein de l’Empire pour contrôler le projet Stardust, la future Étoile de la Mort. Si ce numéro n’apporte pas énormément d’éléments par rapport à ce qui peut être déduit du film, le lecteur retiendra un échange tendu entre Vador et Tarkin au sujet du conflit - certes vu et revu - entre Force et technologie, voyant Vador formuler une prédiction savoureuse.
Leonard Kirk (L'Ère de la Résistance : Les Vilains) est à l’œuvre sur le dessin de cet épisode, avec une proposition simpliste et épurée, tant sur les traits des personnages que sur les décors, moins détaillés, qui évoquent parfois les dessins des comics des années 60. Ce style cartoonesque dénote nettement avec celui de Camuncoli dans le reste du tome. Sans pour autant considérer le dessin comme inesthétique ou désagréable, le lecteur peut néanmoins regretter l’absence de détails, en comparaison avec les six premiers numéros de l’opus.
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 3 : Mers de Feu poursuit la série avec une exploration passionnante de la planète Mon Cala qui voit les personnages du roi Lee-Char et de Ferren Barr être développés pour le plus grand intérêt du lecteur. D’abord effacé, Vador retrouve par la suite une place centrale via une narration originale qui met également en valeur Tarkin. Sublimé par de superbes planches, ce récit palpitant donne à coup sûr envie de découvrir le tome final !