L'Espoir de la Reine
Titre original : Queen's Hope Éditeur : Pocket Date de publication France : Le 31 août 2023 Genre : Science-fiction Label : Star Wars - Univers Officiel |
Auteur(s) : E. K. Johnston Autre(s) Date(s) de Publication : Disney-Lucasfilm Press (US) : Le 5 avril 2022 Nombre de pages : 278 |
Le synopsis
La critique
Troisième et dernier volet de la trilogie sur Padmé Amidala, L'Espoir de la Reine est un roman jeune adulte qui plonge le lecteur dans la vie de la Sénatrice, juste après le déclenchement de la Guerre des Clones.
Le roman est écrit par E. K. Johnston, une romancière jeune adulte. De son vrai nom Emily Kate Johnston, elle commence à écrire des fan-fictions puis se met à proposer des œuvres avec ses propres personnages. Elle publie ainsi son premier roman, The Story of Owen: Dragon Slayer of Trondheim, en 2014. À partir de là, elle va sortir deux livres par an dont des romans sur l'univers Star Wars ; son tout premier étant Ahsoka en 2016. Elle enchaîne avec la trilogie Padmé Amidala composée des opus L'Ombre de la Reine en 2019, Le Péril de la Reine en 2020 et L'Espoir de la Reine en 2022. En 2023, elle propose Crimson Climb qui revient sur le personnage de Qi'ra tiré du film Solo : A Star Wars Story. En plus de ces cinq romans, elle participe également au recueil From A Certain Point Of View en 2017 en écrivant la nouvelle By Whatever Sun.
L'Espoir de la Reine commence exactement à la fin du film Star Wars : L'Attaque des Clones, quand Anakin Skywalker et Padmé Amidala se marient en secret. Le récit débute ainsi un peu avant la cérémonie alors que la Sénatrice se prépare pour son union avec le Jedi. Vu la précipitation de sa décision, elle demande l'aide à certaines de ses anciennes suivantes et désormais amies. Si l'histoire d'amour entre Padmé et Anakin était mal traitée dans le film, elle l'est toujours autant dans le roman. Les sentiments de l'ancienne Reine de Naboo semblent, en effet, toujours superficiels, et son amour pour le Jedi malheureusement peu approfondi. Il aurait justement été intéressant de fouiller les sentiments de la future mère de Luke et Leia pour rendre crédible et tangible ce couple que le public a légitimement bien du mal à trouver convaincant. Il a l'air déséquilibré, porté principalement par Anakin, là où Padmé plonge dans une relation secrète qui ne ressemble pas à son caractère. Le passage sur le mariage est en outre gâché par un aller-retour des amoureux pour une mission aussi inutile que fugace, quelques heures avant de se dire oui. Cette péripétie a tout du remplissage sachant, qu'en plus, elle n'a aucune conséquence sur le reste du roman.
Mal démarré, le livre va peiner à retrouver l'ambiance des deux autres tomes de la trilogie. Il faut dire que ce qui faisait le charme des précédents était sans conteste la relation de Padmé avec ses suivantes. Ici, elles sont presque toutes parties vers des horizons différents ; chacune ayant embrassé une nouvelle carrière en fonction de leurs compétences respectives ou de leur appétence que ce soit pour la politique, l'humanitaire ou simplement la vie de famille. L'auteure se plaît à en suivre quelques-unes mais cela rend malheureusement l'ensemble décousu. Le lecteur voit ainsi, par exemple, Saché, qui a été élue pour siéger à l'assemblée législative de Naboo, chargée de négocier un nouveau traité avec les systèmes environnants. Si ces passages sont globalement intéressants, notamment dans la façon dont est présenté le fait que la pacifique planète reste traumatisée par son invasion par la Fédération du Commerce, ils ont malheureusement peu de lien avec le reste du roman, centré lui sur les aventures de Padmé et de Sabé.
L'autre souci est que le cœur du roman n'est pas non plus très palpitant. Une fois revenus sur Coruscant, Anakin et Padmé partent en effet chacun vers des chemins différents ; le devoir les appelant à la politique pour l'une, à la guerre pour l'autre. Et forcément, Padmé est envoyée en mission secrète pour le compte du Sénat dans l'espoir de livrer des médicaments et de contacter un mystérieux bienfaiteur. Elle part donc incognito avec son chef de la sécurité, le Capitaine Gregar Typho, à bord d'un cargo de transport piloté par un couple de Wookies. La mission est malheureusement assez anecdotique et ressemble beaucoup à un épisode filler de la série Star Wars : The Clone Wars, ce qui fait qu'elle n'a rien de très original. Le seul véritable intérêt ici est l'identité du contact qui chercher à joindre la Sénatrice, révélé à la fin du roman, ainsi que la façon dont il arrive à parler avec Padmé. Elle se rend alors compte qu'au-delà de l'humanitaire, la politique n'est jamais très loin. Cette (petite) révélation permet en tout cas de relier très légèrement toutes les intrigues du roman, même si cela se fait manifestement au chausse-pied.
Si le personnage de Padmé est ainsi un peu lisse, le véritable intérêt du roman se trouve plutôt du côté de celui de Sabé, l'ancienne ombre de la Reine de Naboo, et désormais meilleure amie de la Sénatrice. Elle tente toujours de libérer les esclaves de Tatooine quand elle est appelée à nouveau à l'aide par Padmé. Elle va donc devoir encore une fois se faire passer pour elle car la Sénatrice se doit d'être à deux endroits à la fois : sur Coruscant et en mission secrète. Sabé rentre ainsi à nouveau dans le costume de son amie. Mais un fossé s'est creusé entre les deux jeunes filles. Padmé n'ayant pas encore eu le courage de lui dire pour son mariage, Sabé se rend compte que son amie lui cache quelque chose et cela l'affecte. Ce qui est particulièrement palpitant dans L'Espoir de la Reine est ainsi la façon dont Sabé apprend finalement le secret de la Sénatrice, et comment elle réagit face à lui. D'ailleurs, le livre offre à ce moment une scène vraiment cocasse. Cette fameuse révélation est à mettre en parallèle avec l'utilisation du personnage de Sabé dans la série de comics Dark Vador (2020) dont le récit se déroule chronologiquement par rapport au roman près de vingt ans plus tard.
L'Espoir de la Reine offre enfin quelques chapitres écrits du point de vue de son antagoniste principal, Sheev Palpatine, alias Dark Sidious. Il est à noter qu'il s'agit du seul protagoniste masculin dont le lecteur a la possibilité de connaître les pensées, les autres étant tous féminins. Le futur Empereur est ici toujours dans le calcul, ayant plusieurs coups d'avance et utilisant les citoyens de la Galaxie comme des pions. Certains sont tout de même capables de l'étonner de par leur action mais il arrive toujours à garder; malgré les aléas, son plan d'ensemble sur les rails. Sa rencontre avec Sabé, grimée en Sénatrice, est de ce fait particulièrement intrigante et effrayante... Toutefois, mis à part le Chancelier, le roman reste principalement féminin. L'auteure insiste d'ailleurs sur ce fait en insérant des interludes de quelques pages sur des personnages du beau sexe de la prélogie comme Shmi Skywalker, la mère d'Anakin ; Beru Whitesun, la tante de Luke ; ou Breha Organa, la mère adoptive de Leia et Reine d'Alderaan. Via l'un des ces fameux interludes, le passé de Padmé est aussi brièvement narré lorsqu'elle ne portait pas encore son nom d'emprunt d'Amidala mais avait celui de sa famille, Naberrie.
L'Espoir de la Reine s'avère un roman décevant par rapport aux deux précédents volets de la trilogie sur Padmé Amidala ; la faute à un récit anecdotique et des relations de personnages moins abouties que précédemment. Ce sentiment du lecteur vient peut-être aussi de l'ambiance que dégage le livre, bien plus mélancolique que les deux premiers, annonçant sans le vouloir le destin tragique qui attend la jeune femme.