Titre original :
The Fox and the Hound
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 10 juillet 1981
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Ted Berman
Richard Rich
Art Stevens 
Musique :
Buddy Baker 
Durée :
83 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Recueilli par la veuve Tartine, une brave fermière, Rox, un renardeau orphelin, se fait vite de nouveaux amis, au premier rang desquels la chouette Big Mama, le moineau Dinky et le pivert Piqueur. Un jour, il fait même la connaissance de Rouky, le plus jeune chien de chasse du voisin de la ferme, Amos Slade.

Cette amitié contre-nature saura-t-elle résister aux réalités de la vie, du temps qui passe et de l'âge adulte ?

La critique

rédigée par

Rox et Rouky, 24ème long-métrage de Walt Disney, est assurément un film de transition dans le catalogue du studio au château enchanté. Il représente, en effet, un parfait passage de relai entre la nouvelle génération d'animateurs fraîchement arrivés chez Mickey et les quelques rares figures emblématiques qui subsistent encore de l'ancienne équipe. Le film sort, il est vrai, au plus fort de la période de profonde remise en question du département Animation de la Walt Disney Company.

Rox et Rouky prend sa source dans la lecture, par Wolfgang Reitherman, un des Neuf Vieux Messieurs, d'une nouvelle de l'auteur américain originaire de Pennsylvanie, Daniel P.Mannix. L'histoire, Le renard et le chien de chasse, sortie en 1967, passionne, en effet, le réalisateur au point qu'il s'en ouvre à ses collègues, Ollie Johnston et Frank Thomas, qui jugent, à leur tour, l'idée fort intéressante.

Le projet, mis sur les rails en 1977, s'étoffe ainsi peu à peu. Wolfgang Reitherman, Ollie Johnston et Frank Thomas décident notamment d'en densifier le récit en développant le fil conducteur du scénario. Ils rajoutent bon nombre de personnages, à l'exemple de la veuve Tartine, et amènent la problématique sur le terrain du conflit de génération, symbolisé par les rapports entre le jeune et le vieux chien, respectivement Rouky et Chef. Le film connait alors son premier raté. En cours de production, deux de ses instigateurs, Ollie Johnston et Frank Thomas, le quittent, en effet, pour prendre, en 1978, une retraite, en réalité bien méritée, après plus de quarante ans passés chez Disney.
Le long-métrage en devenir n'est d'ailleurs pas au bout de ses peines. Il subit, il est vrai, l'année suivante un autre tumulte, de plus grande ampleur celui-là et de nature à en déstabiliser durablement l'avenir. Depuis la mort de son créateur, la Walt Disney Company est tout entière paralysée dans son management. Surnommée, non sans humour, par les milieux financiers et artistes, "la Belle au bois dormant", la société du grand Walt, et plus encore son studio, sont embourbés dans un process décisionnel fortement ralenti car désespérément éclaté. La légende veut ainsi que toute question appelée à être tranchée prend des mois pour être analysée, passant par tous les échelons de la hiérarchie, pour finalement revenir à son instigateur avec, pour seule réponse, "peut-être". Lentement mais surement, le studio de Mickey perd de sa superbe et accumule les échecs. La rébellion couve. En septembre 1979, un certain nombre d'artistes le quittent avec fracas. A la tête du mouvement, se trouve ainsi l'animateur Don Bluth, une des figures emblématiques de la nouvelle génération. Il est suivi par dix confrères, dont Gary Goldman et John Pomeroy, et plusieurs de leurs assistants. Leurs départs ont pour raison principal un fort différent artistique sur la qualité des projets soumis. Ils ne supportent plus, en effet, de ressasser les mêmes histoires sans imagination, là où justement Walt Disney en personne leurs avait enseigné l'audace et le risque. L'autre raison de leur démission est moins louable puisqu'elle est purement et simplement d'ordre financier. Ils montent, en effet, à eux tous, une société de production avec pour ambition de concurrencer Disney qu'il juge déclinante. Leur firme signe, en 1982, Brisby et le secret de N.I.M.H.. Le film rencontre alors un succès critique notable. Pourtant le public ne suit pas. Don Bluth connait alors son premier échec commercial. Le déficit est tel qu'il fait sombrer son studio naissant. Don Bluth et ses coéquipiers accusent le coup pour finalement rebondir en s'alliant à Steven Spielberg pour deux long-métrages, tous deux des succès : Fievel et le nouveau monde et Le petit dinosaure et la vallée aux merveilles. La décennie suivante est moins heureuse puisque toutes leurs productions passent peu ou prou inaperçues. L'histoire étant un éternel recommencement, ils sont repêchés, en 1997, par un autre studio, la Fox qui signe leur plus grand succès, Anastasia. Le film suivant, Titan A.E., est, lui, à nouveau un flop retentissant au box-office. A sa suite, la Fox ferme purement et simplement sa branche d'animation 2D. Don Bluth se retrouve seul. Au regard de l'évolution de la Walt Disney Company au cours de la décennie 90, il doit assurément aujourd'hui en regretter son départ. Le studio de Mickey peut en revanche, lui, le remercier d'avoir été l'électrochoc qui allait le réveiller...
Les remous provoqués par Don Bluth et ses confrères agitent, en effet, toute la société, et au delà, le petit monde de l'animation. La première conséquence de ces tumultes est le départ du dernier "vieux monsieur", Wolfgang Reitherman, qui prend sa retraite en 1980, marquant ainsi sa désapprobation face à la direction que prend le projet Rox et Rouky. Là où le vétéran souhaite un film drôle bourré de gags aboutissant sur le combat de tous les animaux contre l'ours féroce, Art Stevens, alors jeune réalisateur, penche lui vers plus d'émotions et de tendresse appuyées par les design et décors. Le choix de Ron Miller (gendre de Walt Disney devenu entre temps, en 1980, Président des Walt Disney Studios, et ce jusqu'en 1984), en faveur de l'analyse du jeune animateur précipite le départ de l'ultime représentant du premier âge d'or de l'animation chez Disney.

Toutes les péripéties que connait Rox et Rouky dans sa conception n'empêchent pas le film de bénéficier au final d'un visuel d'une grande qualité, témoignant à coup sûr du talent d'Art Stevens. Superbement réalisé, le long-métrage s'éloigne d'ailleurs du style suivi durant la décennie précédente par les studios Disney, même s'il convient de noter que sa scène d'ouverture fait étrangement penser à celle de Bambi dont elle respecte tous les codes. Les décors, onze cent au total, sont, il est vrai, magnifiques et contribuent à bien des égards à la réussite de l'œuvre toute entière. Ils font d'ailleurs regretter plus encore la pauvreté du scénario qui ne bénéfice pas lui de la même attention. L'histoire n'en finit pas de s'installer et le film, dans son ensemble, peine tant son rythme est lent. Les chansons, quant à elles, désespérément peu inspirées, n'arrangent rien à l'affaire et plombent - s'il en était encore besoin - toujours plus le récit. Rox et Rouky apparait bien vite comme une succession d'anecdotes plus qu'une véritable histoire unifiée. Néanmoins, il parvient, ça et là, à offrir des moments exceptionnels où s'expriment alors des idées essentielles, tels les ravages du temps qui passe ou la force de l'amitié. La grande réussite de Rox et Rouky est ainsi d'arriver à proposer au spectateur un tourbillon de sentiments tout au long des différentes scènes qu'il développe. Les plus emblématiques sont assurément celles où la veuve Tartine rend Rox à la nature et où Rouky protège son ami contre son maitre. Les larmes envahissent alors naturellement les yeux des spectateurs les plus aguerris.

S'il y a bien un domaine où Rox et Rouky ne souffre d'aucune critique, c'est à l'évidence dans sa galerie de personnages, tous plus attachants chacun dans leur genre.
Dans le registre des humains, la veuve Tartine rayonne ainsi par sa gentillesse et sa capacité à attirer l'affection. Sa voix est chaleureuse et ses traits, tout en rondeur, témoigne de sa gentillesse. Amos Slade, lui, est le vieux garçon bougon, teigneux et revanchard qui ne s'avère au final pas être un vrai méchant. Ses traits et caractères, certes, à l'opposé de ceux de la veuve Tartine digne représentante du Bien, ne font pas, pour autant, de lui un membre du club très fermé des Disney's Vilains. Amos n'entre pas, il est vrai, dans l'archétype des méchants dont le studio de Mickey s'est fait une spécialité. D'ailleurs, Rox et Rouky surprend sur ce registre puisqu'il échappe à la règle bien connue chez Disney qui veut que toute bonne histoire connait un personnage répugnant. L'ours féroce du film, dont l'animation exceptionnelle est due au déjà talentueux Glen Keane, ne répond pas plus qu'Amos à ces critères. Il ne constitue qu'une simple péripétie du récit et ne rayonne pas au delà.
Les autres personnages animaux sont, quant à eux, tout aussi réussis et lorgnent assurément du coté de Bambi dont ils reprennent le parti prix du réalisme. Leur design est en effet fort convaincant. Le renard, Rox et le chien, Rouky bénéficient ainsi d'une consistance bien réelle. Ils parviennent tout au long du film à capter l'attention et attirer la sympathie. De l'innocence de l'enfance et à la maturité, ils rayonnent sans faiblir et convainquent le spectateur de la finesse de leurs personnalités. Ils sont aidés en cela par une joyeuse troupe de personnages, tous crédibles dans leurs interventions. Chef, le vieux chien d'Amos Slade est ainsi remarquablement défini et livre une ambivalence bluffante entre la jalousie et l'affection qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver à l'égard de Rouky. Trois oiseaux viennent, quant à eux, ponctuer quelques scènes du film : Big Mama, la chouette, Pinker, le pivert, et Dinky, le moineau. Si la première est, à l'évidence, le personnage le moins intéressant tant il dégouline de reflexes maternels sans apparaitre jamais chaleureux, les deux autres amènent les rares moments comiques du récit. La scène où ils chassent la chenille est, à ce titre, un sommet de drôlerie.

Les critiques saluent la qualité du film mais s'accordent unanimement pour ne pas le juger inoubliable. Ils le trouvent, en effet, sans imagination et nouvelle idée. Il paye assurément la réputation des productions Disney de l'époque. Le public lui ne s'embarrasse pas de ces retenues : il réserve à Rox et Rouky un triomphe. Aux USA, le long-métrage se paye même le luxe d'une ressortie sept ans plus tard, en 1988. En France, le lancement du film est soutenu par sa chanson générique interprétée, alors, par l'égérie des enfants, Dorothée, célèbre présentatrice de l'émission de télévision pour la jeunesse la plus suivie, Récré A2. Le 45 tours est ainsi vendu à plus d'un million d'exemplaires. Les entrées en salles, elles aussi, s'envolent vers les sommets et atteignent presque les sept millions.

S'il doit être considéré comme un simple film de transition, Rox et Rouky n'en reste pas moins intéressant, à commencer par ses décors et personnages. Il est à découvrir ou redécouvrir sans retenue.

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