Armand Palivoda

Armand Palivoda
Date de naissance :
Le 28 septembre 1906
Lieu de Naissance :
Bedzin, en Pologne
Date de Décès :
Le 11 novembre 1960
Lieu de Décès :
Genève, en Suisse
Nationalité :
Suisse
Profession :
Dirigeant

La biographie

rédigée par Karl Derisson
Publié le 30 novembre 2023

Dans le cadre des festivités organisées pour le cinquième anniversaire de Disneyland Paris, les studios Disney décident d’honorer comme il se doit certains des Européens ayant, à leur niveau, contribué au succès de la compagnie. Pour ce faire, la cérémonie de remise des Disney Legends Awards est exceptionnellement délocalisée à Marne-la-Vallée afin de récompenser dix-huit lauréats parmi lesquels le Suisse Armand Palivoda.


Armand Palivoda et Walt Disney

Armand Palivoda voit le jour le 28 septembre 1906 à Bedzin, au nord-est de Katowice, dans le sud de la Pologne. Son lieu de naissance est toutefois mêlé de confusion. Si plusieurs sources évoquent la Pologne, la page du site D23.com qui lui est consacrée parle pour sa part de Genève, en Suisse. Dans les faits, il semble que les parents d’Armand Palivoda, un tailleur et une femme de ménage d’origine modeste, se soient en réalité installés en Helvétie l’année suivant la naissance de leur enfant, en 1907... L’adolescent a quatorze ans lorsqu’il quitte l’école afin de subvenir aux besoins de sa famille également constituée de deux frères, Henri et Josef, et d’une sœur, Ann. Il travaille alors comme ouvrier dans une usine de confection de draps. En 1926, il a vingt ans quand il devient représentant de commerce au service de la toute jeune industrie cinématographique suisse. Au départ simple employé, Armand Palivoda monte finalement sa propre société de distribution de films à Genève. L’expérience ne dure cependant pas. Alors que la Grande Dépression née aux États-Unis frappe de plein fouet l’Europe, la petite entreprise fait faillite en 1933…

Pour rebondir, Armand Palivoda s’exile un temps à Paris. Là, il travaille pour Les Films Osso, une société de production et de distribution fondée par Adolphe Osso, l’ancien président-directeur général de la filiale française de Paramount et Pathé Exchange qui s’est lui aussi mis à son compte en juillet 1930. Palivoda travaille alors à ses côtés au cours de trois années durant lesquelles il découvre grâce à lui les rouages d’une compagnie cherchant à calquer sur le Vieux continent le modèle des grandes majors hollywoodiennes. Fort de cette expérience, il revient en Suisse en 1936. L’année suivante, il est engagé comme directeur du bureau local de RKO Pictures. À ce poste, l’une de ses missions est de distribuer les courts et longs-métrages maison. Il doit également promouvoir et sortir en salle les productions créées par les partenaires de RKO. Cela inclut les studios Disney qui, à l’époque, ne disposent pas encore de leur propre société de distribution. Palivoda se charge ainsi de diffuser les cartoons de Mickey et ses amis. Il organise en outre la sortie de Blanche Neige et les Sept Nains durant le premier semestre 1938.


Publicité parue dans le N°45 de La Feuille d'Avis de Neufchâtel, 24 février 1941

Les frasques de l’Histoire ont toutefois tôt fait de semer le trouble dans ses activités et, mystérieusement, de jeter le voile sur sa vie privée. Durant la Seconde Guerre mondiale, Armand Palivoda tente en effet de maintenir tant bien que mal à flot l’activité de RKO et de Disney en Suisse. Le mercredi 26 février 1941, il organise par exemple une projection de Blanche Neige et les Sept Nains à Neufchâtel en faveur du Mouvement de la Jeunesse Suisse-Romande. Certaines sources évoquent en outre un rôle d’agent secret et de résistant au sein du Rote Drei, l’un des groupuscules appartenant à ce réseau d’espionnage que la Gestapo surnommait l’Orchestre Rouge. Comme d’autres représentants de RKO en Europe, Palivoda aurait participé à des transferts d’argent depuis New York vers Genève au profit des forces soviétiques. L’objectif de ses déplacements de fonds était alors d’offrir à l’URSS de Staline les moyens nécessaires pour lutter contre les forces fascistes du Troisième Reich. Des milliers de dollars transitent ainsi clandestinement jusqu’en Suisse via différents comptes ouverts au sein de l’Irving Trust Bank de New York. À son modeste niveau, Armand Palivoda aurait ensuite été chargé de les convertir en francs suisses. Restés secrets durant toute la guerre, son nom et son rôle sont notamment évoqués par l’opérateur-radio Alexander Foote lors des interrogatoires menés par les services secrets britanniques. Au moment où la Guerre froide débute en 1947, les activités - supposées ou avérées - d’Armand Palivoda durant la Seconde Guerre mondiale sont rapidement jugées suspectes. Certains officiels se demandent même s’il n’est pas toujours un agent au service du gouvernement soviétique. En 1948, l’homme d’affaires se voit par conséquent refuser par le FBI et la CIA un visa pour les États-Unis. La France fait également de même. Il semble que la citoyenneté suisse de Palivoda lui ait un temps été retirée…

Les choses se tassent dans les années 1950. La vie d’Armand Palivoda devient dès lors plus simple et plus claire. La sortie des films RKO et Disney se poursuit avec l’arrivée sur les écrans de Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles et Peter Pan. Chaque diffusion est alors planifiée durant la période de Noël. Pour l’occasion, les cinémas et les rues de Genève sont décorés dans le thème de chaque film. En 1958, Armand Palivoda rachète la filiale suisse de RKO qu’il rebaptise Parkfilm. Toujours en charge de distribuer les films Disney, il est sollicité la même année par Walt qui souhaite adapter le roman Le Troisième Homme sur la Montagne de James Ramsey Ullman. Palivoda est la personne idéale pour l’épauler, trouver des techniciens, préparer le terrain et faciliter le tournage du film prévu dans la région de Zermatt. Walt et Lillian se rendent eux-mêmes sur place au début de l’été. Fasciné par la vue sur le Mont Cervin, le cinéaste envoie bientôt une carte postale à ses artistes et ingénieurs restés en Californie afin que ces derniers réfléchissent à une nouvelle attraction pour Disneyland. Un an plus tard, les Matterhorn Bobsleds sont inaugurés !

Producteur et distributeur apprécié par ses pairs, Armand Palivoda disparaît brutalement le 11 novembre 1960 à l’âge de cinquante-quatre ans. « Armand était un très bon ami de mon père », se souvenait Roy E. Disney, « et un conseiller particulièrement avisé ». En 1997, les studios Disney honorent son nom en lui décernant à titre posthume un Disney Legends Award.

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