Éditeur :
Glénat
Date de publication France :
Le 09 novembre 2022
Collection :
Créations Originales
Auteur(s) :
Joris Chamblain (Scénario)
Fabrizio Petrossi (Dessin)
Nombre de pages :
56

Le synopsis

Au travers d'une vieille coupure de journal, Riri, Fifi et Loulou ont découvert la légende du Dragon de Glasgow, une créature qui a fait grand bruit dans la ville écossaise durant l'année 1877. Mal à l'aise face à l'évocation de ces vieux souvenirs, Picsou refuse tout net de parler à ses neveux du monstre et de la jeune fille qui, la première, s'est retrouvée nez à nez avec lui : Erin...
Qu'à cela ne tienne, Riri, Fifi et Loulou demandent à Mathilda de leur raconter ses aventures de jeunesse. La bavarde tante s'empresse alors de leur dévoiler dans une lettre l'incroyable histoire de Balthazar et d'Erin, deux canetons issus de milieux différents et qui se sont liés d'amitié autour d'une passion commune : le théâtre...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 décembre 2022

Quinzième album de la prestigieuse collection des Créations Originales éditée par Glénat, Picsou : Le Dragon de Glasgow est une histoire tirée du lointain passé de Balthazar Picsou, quand l'aventureux milliardaire n'était encore qu'un caneton. Pour l'occasion, Joris Chamblain, épaulé de l'agile crayon de Fabrizio Petrossi, offre un petit moment régressif à son lectorat dans ce conte charmant sur l'enfance où les petits héros vivent de grandes aventures et leurs premiers émois amoureux.

Annoncée à Chronique Disney dès 2011 et lancée le 2 mars 2016 avec la publication de ses deux premiers tomes, Mickey’s Craziest Adventures et Une Mystérieuse Mélodie, la collection des Créations Originales est partie de l’envie de Jacques Glénat, grand fan de Mickey devant l’Éternel, de créer une nouvelle série offrant aux auteurs les plus célèbres de la bande dessinée franco-belge la possibilité de mettre en scène les héros de Disney dans des aventures totalement inédites. Dans la veine de la collection Spirou vu par… éditée par Dupuis, Mickey, Donald, Dingo et toutes les vedettes de l’écurie Disney sont ainsi passés entre les mains de certains des plus grands artistes européens, de Nicolas Keramidas à Tébo, en passant par Cosey, Régis Loisel et Lewis Trondheim qui leur ont offert un nouveau souffle avec La Jeunesse de Mickey, Café Zombo, Mickey et l’Océan Perdu, Donald’s Happiest Adventures, Mickey à Travers les Siècles, Horrifikland, Mickey All Stars, Super Mickey, Minnie et le Secret de Tante Miranda, Mickey et la Terre des Anciens, Mickey et les Mille Pat et Les Vacances de Donald.

Né le 29 janvier 1984, Joris Chamblain se prend de passion pour la bande dessinée très tôt, au point d’en faire quelques années plus tard son métier. Adolescent, il s'essaye à l'art du fanzine, mais il délaisse vite le dessin pour se consacrer entièrement à l'écriture. En 2010, il signe son premier album, La Recherche d'Emploi (Bac@BD), associé au dessinateur Tyef. Spécialiste de la littérature jeunesse, nombre de ses séries rencontrent le succès, parmi lesquelles Les Carnets de Cerise (Soleil Productions) aux côtés d'Aurélie Neyret, ainsi qu'Enola et les Animaux Extraordinaires (Éditions de la Gouttière), dessinée par Lucile Thibaudier. En 2018, il fait également partie de la cohorte d'artistes invités à revisiter la créature tachetée dans le second volume de Marsupilami - Des Histoires Courtes par... (Dupuis).

Fabrizio Petrossi est, quant à lui, né à Naples le 4 avril 1966. En 1992, le dessinateur rejoint les équipes de Disney et commence à publier ses histoires dans Topolino et d’autres magazines italiens, avant d'intégrer le service Merchandising et Publishing de Disney à Paris de 1995 à 2003. Vingt ans après ses débuts officiels chez Mickey, Petrossi participe à l'adaptation en bande dessinée du jeu vidéo Epic Mickey : Le Retour des Héros, avant d'intégrer une première fois la collection des Créations Originales de Glénat. Ainsi, sur un scénario de Dab's, il illustre en 2018 Mickey à Travers les Siècles, un album inspiré de la série du même nom parue dans Le Journal de Mickey à partir de 1952.

À l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de Balthazar Picsou, les deux artistes allient leur talent à celui du coloriste Bruno Tatti pour raconter l'une des plus vieilles aventures du richissime canard. Dans la droite lignée de La Jeunesse de Picsou par l'illustre Don Rosa, le trio remonte le temps jusqu'en 1877, l'année même où le destin de l'Harpagon a changé à tout jamais. Chargé de références appréciables à l'histoire Le Dernier du Clan McPicsou, le premier des douze chapitres de Don Rosa qui explorent le passé du canard, Picsou : Le Dragon de Glasgow commet en revanche une grossière erreur chronologique. En effet, le journal trouvé par Riri, Fifi et Loulou au début de l'histoire est daté de 1877. Au cours du récit, l'un des personnages laisse ensuite entendre que Picsou a quitté Glasgow environ un mois après la parution de la gazette. Les dates ne collent donc pas avec celles présentées par Don Rosa dans sa longue épopée qui tient lieu de biographie définitive du milliardaire à plumes. Dans Le Dernier du Clan McPicsou, les lecteurs ont appris qu'il a fallu plusieurs années à Picsou, après l'obtention de son premier salaire, pour recueillir l'argent nécessaire à l'achat d'un cheval et d'un chariot à Glasgow. C'est seulement après ces quelques années de labeur que le héros est parti en Amérique, Rosa datant à 1880 son arrivée à la Nouvelle-Orléans. Détail pour les uns, crime de lèse-majesté pour les autres, il est dans tous les cas dommage de retrouver cette maladresse dans une bande dessinée qui a, en dehors de cela, de nombreuses qualités.

Picsou : Le Dragon de Glasgow met donc en scène un très jeune Balthazar Picsou. À mille lieues des préoccupations financières, le caneton préfère aller explorer la mine de la ville en compagnie de ses amis et de sa petite sœur Mathilda qui, comme tous les cadets d'une fratrie, est priée de rester à l'entrée pour faire le guet. Au fil de l'histoire, le scénariste installe une dichotomie entre deux mondes qui n'auraient en temps normal jamais dû à se rencontrer. D'un côté, il y a le jeune Balthazar, un gamin des quartiers pauvres menacés par un éternel smog et, de l'autre, les rutilants faubourgs bourgeois où se trouve le Théâtre Royal adoré du canard et de sa petite sœur. Balthazar et Mathilda sont heureux avec leurs parents et ils se contentent de peu. Pourtant, ils se prennent parfois à rêver d'une vie d'aventures et de merveilles...

Si, au début du récit, le lectorat est amené à penser qu'il tient entre ses mains une histoire teintée de fantastique dans laquelle Balthazar se lance dans une enquête pleine de rebondissements, très vite, la narration l'emmène ailleurs. Joris Chamblain insiste beaucoup sur la condition sociale des enfants, deux petits canetons issus d'un milieu défavorisé et évoluant dans un quartier grouillant de vie, peuplé de gens qui s'entraident volontiers malgré le peu qu'ils possèdent. Au bord de la ville, tonitruant jour et nuit, une grosse machine de fer qui évoque un dragon dicte leur destin, leur rappelant constamment qu'il leur est impossible d'échapper à leur condition. De nombreux hommes de la ville travaillent d’ailleurs toute la journée dans la mine, une besogne pénible qui épuise les employés, d'autant que les entreprises vont bientôt réclamer d'accélérer la cadence. Malgré le monstre de fer qui les observe et inquiète beaucoup Mathilda, les deux enfants conservent une gaieté que rien ne saurait contrarier. Un beau jour qu'il se faufile au théâtre avec sa sœur, Balthazar est surpris par Erin, une jeune fille qui va bientôt habiter toutes ses pensées.

La jolie relation qui s'écrit entre le petit garçon pauvre et Erin, la nièce de la directrice du théâtre, va ensuite teinter la suite du récit d'une candeur toute enfantine, même si l'exploration du contexte social reste présente. Ensemble, les deux jeunes gens vont donc se lier d'amitié et entretenir leur passion commune du théâtre, allant même jusqu'à partager avec les mineurs cet art qui est d'ordinaire l'apanage des riches. Presque à la manière de Roméo et Juliette, les deux enfants partagent un lien défendu, d'autant que le secret d'Erin va mettre à mal leur si précieuse entente. Joris Chamblain signe donc un récit touchant, en explorant une bonne partie de la jeunesse de Balthazar, jusqu'à rattraper le récit de Don Rosa, survolant ensuite sa découverte du travail et ses désirs de partir trouver la fortune.

Du côté des dessins, Fabrizio Petrossi emprunte à Don Rosa une certaine rondeur qu'il applique aux silhouettes de ses petits canetons, leur offrant ainsi une douceur attendrissante. C'est encore plus vrai pour les quelques animaux sauvages qui arpentent les pages de Picsou : Le Dragon de Glasgow, leur design très cartoonesque ajoutant un charme indéniable à l'ensemble. Les décors ne sont pas non plus en reste ; Petrossi est aussi à l'aise pour dessiner les décors terreux de la mine bordée d’outils et de machines que lorsqu'il peint les détails de la ville. Les couleurs de Bruno Tatti, assisté de Merete Jepsen, achèvent de donner vie aux planches, grâce à un joli travail des ombres et de la lumière.

Picsou : Le Dragon de Glasgow est une bande dessinée douce et divertissante, empreinte de juste ce qu'il faut de mélancolie pour satisfaire son lectorat et lui procurer de beaux moments de tendresse. Emmené par une bande de petits héros attachants, le récit invite aussi le lectorat à se replonger dans La Jeunesse de Picsou, histoire de prolonger encore le plaisir et de revivre aux côtés du célèbre pingre ses premiers pas vers la fortune.

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