The Best of Disney's Animated Features
Volume Two

The Best of Disney's Animated Features : Volume Two
La couverture
Titre original :
The Best of Disney's Animated Features : Volume One
Éditeur :
Monbeaulivre
Date de publication USA :
Le 10 septembre 2022
Genre :
Essai
Auteur(s) :
Christian Renaut
Nombre de pages :
318

Le synopsis

Si le succès financier de Blanche Neige et les Sept Nains a conforté Disney dans ses ambitions artistiques, les prochains projets seront bien différents. Coup sur coup, Pinocchio et Fantasia sont de véritables déceptions au box-office pour Walt Disney qui a bien du mal à s'en remettre. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, le studio entre dans une période charnière. La dureté des années 40 pousse Disney à repenser sa manière de procéder et les ambitions sont souvent annihilées à mesure que les déconvenues financières s'accumulent. Pourtant, cette ère parfois un peu méconnue des spectateurs regorge de films fascinants à l'inventivité démesurée. À travers l'analyse de dix séquences, Christian Renaut porte un nouveau regard sur quelques-uns des films Disney les moins discutés des années 40, ainsi que sur les plus grands succès qui n'ont pas usurpé leurs titres de chefs-d'œuvre.

La critique

rédigée par
Publiée le 12 mai 2023

Après avoir emmené ses lecteurs à la fin des années 30 dans Les Séquences Cultes des Classiques Disney : Blanche Neige - Pinocchio - Fantasia, Christian Renaut revient pour un second volume de sa série d'essais, cette fois-ci consacré aux années 40 et au tout début des années 50. Avec The Best of Disney's Animated Features: Volume Two, l'auteur se propose donc d'analyser dix séquences emblématiques tirées de Dumbo, Bambi, Saludos Amigos, La Boîte à Musique, Cendrillon et Alice au Pays des Merveilles. Avec un texte toujours aussi riche et constellé de souvenirs d'artistes qui ont donné vie à ces classiques de l'animation, ce nouveau volume revient sur une époque de profonds bouleversements à Burbank où la petite histoire se mêle à la grande.

Né à Rennes, Christian Renaut n'a que six ans quand il se découvre une passion pour Disney qui ne le quittera jamais plus. De cet amour pour l'animation américaine en découle d'autres, comme le dessin, la musique, le théâtre, la zoologie, le maquettisme, les voyages et l'anglais qu'il enseigne par ailleurs. Sa rencontre avec Philippe Videcoq-Gagé en 1978 est déterminante. Par l'intermédiaire de ce passionné, Christian Renaut aura l'occasion de rencontrer Frank Thomas et Ollie Johnston, rapidement suivis d'innombrables artistes qui ont marqué de leur empreinte les plus grands films de Disney. À la fin des années 80, Christian Renaut effectue un voyage aux États-Unis, où il a la chance de visiter une première fois les Walt Disney Archives. Accumulant les connaissances et les rencontres enrichissantes au fil des années, l'auteur signe chez Dreamland deux livres très prisés des fans : De Blanche Neige à Hercule, 28 Longs Métrages d’Animation des Studios Disney (1997) et Les Héroïnes Disney Dans les Longs Métrages d’Animation (2000). En 2020, le spécialiste revient avec une nouvelle série d'essais. Le premier volume, titré en France Les Séquences Cultes des Classiques Disney : Blanche Neige - Pinocchio - Fantasia, est paru chez L'Harmattan en 2022, dans la collection Cinémas d'animations. Le second tome, The Best of Disney's Animated Features: Volume Two, est édité via Monbeaulivre la même année.

Après le joli succès financier de Blanche Neige et les Sept Nains, qui a rabattu le caquet à bien des détracteurs qui pariaient sur l'échec d'un film d'animation d'une heure, Walt Disney voit les choses en grand pour ses prochaines productions. En 1940, Pinocchio, doté d'une animation exquise et Fantasia, avec son mariage envoûtant de la musique classique et du dessin, vont néanmoins venir mettre un frein aux ambitions de Walt. D'un point de vue artistique, les films sont indubitablement des chefs-d'œuvre, mais les fonds amassés par les deux longs-métrages sont en revanche plus que décevants. En cause, la Seconde Guerre mondiale qui fait rage en Europe évidemment, empêchant l'exportation des films sur le Vieux Continent, mais aussi des innovations et des prouesses techniques qui entraînent des budgets colossaux dépassant allégrement celui de Blanche Neige et les Sept Nains.

Autant dire que l'ambiance n'est pas au beau fixe dans les années 40. Non seulement les finances ne sont pas brillantes mais, en plus, un parfum de révolte flotte dans l'air. Les disparités de salaire entre les employés, les licenciements économiques, un manque de reconnaissance ressenti par certains artistes et des conditions de travail parfois éprouvantes mènent en 1941 à la célèbre grève qui plomba le studio pendant de nombreuses semaines. Certains des plus grands artistes sont remerciés suite au mouvement social, quand ils ne claquent pas eux-mêmes la porte : parmi ceux-là, Art Babbitt, l'un des leaders de la grève, Vladimir Tytla, Tyrus Wong, T. Hee ou encore Cy Young. Plusieurs reviendront bien pour des périodes plus ou moins longues, mais il est indéniable que quelque chose est désormais brisé au studio, après tant de crises essuyées coup sur coup.


La grève de 1941

C'est donc sur cette période délicate de la longue histoire de Disney que se penche Christian Renaut dans The Best of Disney's Animated Features: Volume Two. L'essayiste revient sur les nombreux défis qui ont agité la décennie dans ses écrits toujours étayés par des centaines de témoignages d'artistes et de proches qui ont partagé avec lui leurs souvenirs. Le livre s'ouvre par l'analyse de deux séquences tirées de Dumbo. La première n'est autre que celle où Timothée et Dumbo rendent visite à une Madame Jumbo emprisonnée avant que ne résonne l'une des plus jolies chansons de Disney : Mon Tout Petit. Comme dans son ouvrage précédent, Christian Renaut propose à ses lecteurs un large aperçu des composantes de la création, avec des informations sur la conception des personnages, la musique, les effets spéciaux, les tournages « live », les performances vocales des acteurs et, cela va sans dire, l'animation.
Dans ce chapitre et les suivants, l'essayiste raconte à quel point Walt Disney, très impliqué dans la production des trois premiers films, est épuisé de valser d'une crise à l'autre, sans compter que tant de compromis douloureux doivent sans cesse être faits. La production de Dumbo, perçu comme un film mineur en comparaison de l'imminent Bambi, permet néanmoins aux artistes de tenter de nouvelles choses, à l'image de la fantasmagorique parade des Éléphants Roses. Dans la lignée de Fantasia, la séquence convoque tout un imaginaire empreint de surréalisme que Christian Renaut analyse en détail, en saluant le travail des peu reconnus Howard Swift et Hicks Lokey, deux artistes de la bande à Norman "Fergy" Ferguson, un groupe d'animateurs originaires de New York.


Dessin de Mary Blair

Vient ensuite Bambi qui est discuté à travers quatre séquences, à commencer par la scène musicale La Chanson de la Pluie. Christian Renaut revient dans ce chapitre sur la création de Bambi et les nombreux changements de scénario et de style graphique qui ont conduit les animateurs à se dépasser pour dessiner le petit faon, en s'inspirant pour ce faire de l'anatomie d'un véritable animal. La musique tient évidemment une place importante dans cette partie, mais Christian Renaut attire aussi l'attention du lecteur sur la délicatesse des effets d'eau ainsi que sur l'une des grandes forces de Disney : la capacité du studio à donner une personnalité à des personnages tertiaires comme la petite souris, les oisillons et les canetons dont les apparitions ponctuent la séquence. L'analyse suivante, consacrée à la scène où Bambi découvre les joies de l'hiver aux côtés de Pan-Pan, permet à l'auteur de discuter de l'une des seules séquences véritablement comiques dans un film autrement sérieux et irradiant d'une certaine majesté.

L'amusement ne dure qu'un temps puisque comme dans le film d'animation, Christian Renaut enchaîne immédiatement sur la traumatisante scène de la mort de la Mère de Bambi. L'essayiste évoque les discussions incessantes qui ont résonné entre les murs du studio pendant de nombreux mois : comment introduire la présence de l'Homme ? Jusqu'où faut-il aller pour montrer l'horreur de la scène ? Le chapitre est aussi l'occasion de célébrer le fabuleux travail de Tyrus Wong, avec ses peintures qui portent en elles une inspiration orientale, typique des paysages traditionnels chinois de la Dynastie Song.
Cette partie sur Bambi s'achève par une revisite de l'affrontement entre le jeune faon et son rival Ronno. Ici, Christian Renaut relève entre autres le parti pris artistique audacieux, le merveilleux jeu des couleurs, l'utilisation théâtrale de la lumière et un grand sens du dramatique qui pousse le spectateur dans ses derniers retranchements tant l'issue de la bataille est incertaine.


Dessin de Tyrus Wong

La production de Bambi et Dumbo est déjà bien avancée lorsque Walt Disney est invité, avec une cohorte d'artistes, à se rendre en Amérique du Sud, un voyage qui a fait l'objet du film Walt & El Grupo et du livre South of the Border With Disney de J. B. Kaufman. Pour le gouvernement américain, qui a lancé quelques années plus tôt la Good Neighbor Policy, ce type d'excursion a pour objectif de maintenir des bonnes relations avec les pays voisins alors que la guerre bat son plein, et surtout de garder un œil sur les nations de l'hémisphère sud qui pourraient succomber à l'influence nazie. Ce voyage donnera naissance à deux films dont Saludos Amigos que Christian Renaut aborde dans son prochain chapitre à travers l'analyse de la séquence de fin : Aquarela do Brasil. L'auteur, qui salue l'inventivité de la scène et le travail de Josh Meador et Dan McManus sur le pinceau qui donne vie aux personnages et décors, entreprend ensuite de disséquer l'hilarante mais surtout très symbolique relation qu'entretiennent Donald Duck et un nouveau venu dans les écuries Disney : José Carioca. Le personnage, devenu iconique au Brésil, est animé par Bill Tytla et Fred Moore.
Vient ensuite La Boîte à Musique avec le segment très jazzy All the Cats Join In. L'auteur insiste ici beaucoup sur l'aspect dépouillé de la séquence, avec des aplats de couleur à peine soutenus par quelques éléments crayonnés et des personnages aux proportions étranges. Le tout confère un aspect époustouflant de modernité à la séquence, aidé en cela par la musique de Benny Goodman alors au sommet de sa popularité.


Dessin de Fred Moore

L'atmosphère légère a depuis longtemps disparu au studio, et les échecs financiers comme les crises s'accumulent. Les trop souvent mésestimés « package movies », composés de plusieurs séquences raccordées ensemble, ne rencontrent guère de succès, et Disney a désespérément besoin de frapper un grand coup pour maintenir la tête hors de l'eau. L'énergie de Walt Disney est déjà requise ailleurs, d'abord sur les films « live », puis plus tard sur la télévision et les Parcs à Thème. Dans ce contexte un rien tendu va toutefois éclore Cendrillon, classique parmi les classiques. La scène de la robe de bal est évidemment celle qui est mise à l'honneur par Christian Renaut qui, une fois encore, accorde une partie du chapitre à la création des personnages. Après son voyage en Amérique du Sud, Mary Blair a développé un style bien à elle que les fans de Disney connaissent si bien et qui va influencer les films à venir ; l'auteur célèbre donc tout naturellement son travail pour Cendrillon, ainsi que les prouesses des artistes des effets visuels, comme George Rowley, dans cette séquence qui incarne à elle seule toute la magie de Disney.


Dessin de Mary Blair

Le livre se clôt sur Alice au Pays des Merveilles. Christian Renaut revient sur le film à travers la séquence de la partie de thé tenue par le Chapelier Toqué, Le Lièvre de Mars et le Loire, mais l'essayiste en profite aussi pour relater les errances du studio et le très difficile travail d'adaptation d'un tel classique de la littérature anglaise. L'auteur raconte une histoire de laquelle émane beaucoup de frustration, notamment celle de Walt Disney qui semble se demander tout du long ce qu'il est venu faire dans cette galère, mais aussi la confusion des artistes face à un texte qu'ils jugent trop cryptique. Au final, de nombreux animateurs porteront tristement un regard un peu amer face au résultat final, alors même que le film a su, des décennies plus tard, se forger un public très fidèle après sa sortie en vidéo.


Dessin de Mary Blair

The Best of Disney's Animated Features: Volume Two est, tout comme le tome précédent, un livre passionnant. Après avoir raconté l'optimisme et le faste des premières années, Christian Renaut emmène cette fois-ci le lecteur à la découverte d'une époque plus sombre, une ère de concessions où la créativité demeure néanmoins reine. L'histoire peinte par l'essayiste n'en est que plus passionnante pour qui veut en apprendre un peu plus sur le Studio aux Grandes Oreilles, le tout appuyé par des centaines de citations d'artistes qui ont marqué à jamais de leur empreinte tant de classiques de l'animation.

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