Les Gardiens de la Galaxie
Joyeuses Fêtes

Titre original :
The Guardians of the Galaxy Holiday Special
Production :
Marvel
Date de mise en ligne USA :
Le 25 novembre 2022 (Disney+)
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
James Gunn
Musique :
John Murphy
Durée :
42 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Leurs aventures en compagnie de Thor sont terminées, mais les Gardiens n'ont pas pris de vacances pour autant. Après avoir racheté Knowhere au Collectionneur, les plus grands héros de la galaxie travaillent d'arrache-pied pour offrir un refuge à toutes les créatures du cosmos qui en ont besoin. Au milieu de ce beau chantier, Peter semble ailleurs, toujours absorbé par la disparition de Gamora. Alors que les fêtes de Noël approchent sur Terre, Mantis et Drax se mettent en tête d'offrir à leur ami un beau cadeau, histoire de lui remonter le moral...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 décembre 2022

– Je suis une combattante, une machine à tuer. Je suis pas une danseuse.
– Ah oui, t'es comme ça ? Tu sais, sur ma planète, ils ont fait un film sur ce thème-là, intitulé Footloose. Un grand film. Le héros de l'histoire s'appelle Kevin Bacon. Et dans ce film, il y a une scène où il apprend à toute une ville pleine de gens qui ont un balai dans le cul qu'il y a rien de plus génial que de danser.

Les Gardiens de la Galaxie, 2014

Et voilà, en même temps que les premières neiges s'invitent sur les toits des maisons et que tintent dans le ciel les grelots du traîneau du Père Noël, la Phase 4 du MCU s'achève officiellement avec Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes. Conçue selon l'aveu de James Gunn comme un épilogue à la Phase 4, cette petite aventure indépendante – plus importante qu’il n’y paraît – referme sur un note positive un chapitre pour le moins mouvementé dans l'histoire de Marvel Studios. Hommage grandiloquent aux programmes de Noël si chers au cœur des Étasuniens, Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes est aussi l'occasion de rappeler à toutes et à tous le talent de conteur de James Gunn, à quelques mois de la sortie des (Les) Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (2023).

Annoncé en décembre 2020, le spécial a ceci de particulier qu'il est le tout premier programme imaginé par Marvel Studios pour Disney+. Aux sources du projet se trouve évidemment James Gunn, le plus grand trublion de la galaxie marvelienne qui, sur le tournage des (Les) Gardiens de la Galaxie Vol. 2 (2017), lance une idée aux équipes présentes : « On devrait faire un spécial de Noël » ! Kevin Feige s'en souvient, tout est ensuite allé très vite : « Nous avons tous bien ri et nous pensions que le projet serait génial. Et puis ils l'ont écrit en trois jours. » À cette période, Disney prépare déjà le futur lancement de sa plateforme ; la compagnie a notamment acquis une part minoritaire de BAMTech Media en 2016 et s’est assurée de pouvoir en devenir l’actionnaire majoritaire dans le futur, ce qui sera chose faite dès l'année suivante. Mais voilà, Disney+ est encore bien loin de voir le jour, aussi Marvel et James Gunn envisagent-ils de passer par un distributeur plus traditionnel. La chaîne ABC s'impose tout naturellement, et le spécial est à peu près assuré de trouver son public à la télévision, les Américains étant particulièrement friands de programmes de Noël, comme en témoignent les cartons d'audience chaque année de Rudolph the Red-Nosed Reindeer (1964), Joyeux Noël, Charlie Brown ! (1965) et Comment le Grinch a Volé Noël ! (1966).

Disney s'apprête toutefois à couper les ailes et les ambitions de James Gunn. En juillet 2018, le voilà renvoyé séance tenante après la reparution de vieux tweets dans lesquels le réalisateur fait preuve d'un mauvais goût certain, ce que les grands pontes de Disney, et tout particulièrement Alan Horn, ont qualifié d'inacceptable. Le spécial a donc un temps été oublié. Coup de théâtre en mars 2019, James Gunn est invité à rentrer au bercail. Le réalisateur a su montrer patte blanche en présentant des excuses publiques, mais la grogne grandissante des principaux acteurs de la saga galactique et l'obstination des fans Marvel sur les réseaux sociaux ne sont pas étrangères au retour en grâce du bonhomme. À cela, il faut aussi ajouter des histoires de gros sous, l'appui de Kevin Feige et les remords probables de Disney qui a chassé l'un de ses réalisateurs phares, lequel, entre-temps, s'est laissé courtiser par le rival de Marvel Studios : DC Films. Le réalisateur reprend donc ses projets là où il les avait laissés, dans une période fortement chamboulée par la pandémie de COVID-19. En 2021, James Gunn termine de réécrire son script. Après avoir été repoussé plusieurs fois, le tournage des (Les) Gardiens de la Galaxie Vol. 3 commence à la fin de l'année 2021 : tous les feux sont au vert. Profitant des décors installés et de la présence de tous les acteurs sur le plateau, James Gunn alterne entre le tournage des scènes dramatiques du futur opus et celles, beaucoup plus légères, du spécial de Noël. Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes sort enfin sur Disney+ le 25 novembre 2022, pile à temps pour lancer en fanfare les festivités de fin d'année.

Les Gardiens de la Galaxie se sont faits plutôt discrets depuis Avengers : Endgame (2019). En 2021, les Variants de plusieurs membres de l'équipe se sont incrustés dans la série animée What If...? (2021) et, l'année suivante, Groot et Rocket ont profité de la première saison de Je s'Appelle Groot pour raconter quelques (toutes petites) aventures qu'ils ont vécues entre Les Gardiens de la Galaxie et la scène post-générique de sa suite en 2017. Autant dire que leur apparition la plus substantielle est à retrouver dans Thor : Love and Thunder (2022), où les Gardiens sont venus faire un petit coucou à leurs fans aux côtés du clown divin de Taika Waititi. Après être partis enquêter sur les meurtres de dieux commis par Gorr aux quatre coins du cosmos, voilà désormais l'équipe de bras cassés de retour sur Knowhere. James Gunn profite habilement de ce spécial de Noël pour livrer des informations à ses spectateurs, en vue de les préparer à la suite des aventures sur grand écran de la bande à Quill. C'est ainsi qu'au détour d'une conversation, Nebula dévoile que les Gardiens ont racheté Knowhere à Taneleer Tivan alias le Collectionneur (Benicio del Toro), lequel n'a donc pas succombé à l'attaque de Thanos dans Avengers : Infinity War (2018). Dans la même veine, le nom du nouveau vaisseau de l’équipe est révélé : après le Milano et le Benatar, c’est à bord du Bowie que Quill et ses amis partiront à l'assaut des étoiles.

Passé ces quelques menus détails, James Gunn présente enfin de manière officielle Cosmo aux spectateurs, eux qui l'ont avant cela aperçue très brièvement au milieu des trésors amassés par le Collectionneur dans Les Gardiens de la Galaxie en 2014. Créé par Andy Lanning, Dan Abnett et Wellinton Alves dans Nova (Vol. 4) #8 en 2007, Cosmo est à l'origine un chien ordinaire envoyé dans l'espace par les scientifiques du programme spatial soviétique. Son vaisseau dérive ensuite dans le vide intersidéral. Le bon toutou à l'accent russe, qui a développé des pouvoirs psioniques dans un contexte mystérieux, arrive sur Knowhere et en devient alors le chef de la sécurité. En 2010, Dan Abnett et Andy Lanning l'intègrent ensuite dans leur équipe des Gardiens de la Galaxie.
Cosmo est vite devenu l'un des chouchous de nombre de lecteurs de comics Marvel, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Tout naturellement, James Gunn, amoureux des personnages marginaux et des équipes dysfonctionnelles, a profité des (Les) Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes pour mettre en avant le chien... Qui est ici une femelle. Le réalisateur a en effet choisi de rapprocher le personnage de son modèle dans la vraie vie, Laïka, une petite chienne à la grande histoire. Elle est alors le tout premier être vivant à avoir été envoyé en orbite autour de la Terre et, tragiquement, elle a trouvé la mort dans l'espace. Pour offrir une voix à Cosmo, James Gunn a fait appel à l'actrice bulgare Maria Bakalova (Borat, Nouvelle Mission Filmée, 2020, Prime Video) qui donne à son personnage un caractère bien trempé. Cosmo n'apparaît que peu à l'écran, mais elle est déjà assurée de gagner le cœur du public, d'autant qu'un peu de sang frais ne fait jamais de mal juste avant un troisième opus souvent explosif et chargé émotionnellement, dans la grande tradition de Marvel Studios...

Après le classique écran d'ouverture remixé à la sauce noëlienne, le réalisateur rentre sans plus tarder dans le vif du sujet, avec une introduction en animation. À l'aide de la technique de la rotoscopie, la compagnie Stoopid Buddy Studios a animé une petite scène montrant que Peter a bien essayé d'importer ses traditions à bord du vaisseau des Ravageurs. Excité à l'idée de répandre un peu de magie des fêtes et d'inculquer à ses compagnons/ravisseurs les valeurs de Noël (le consumérisme et la traditionnelle indigestion du 25 décembre en moins), Quill se heurte pourtant à un mur. Furieux de voir son petit poulain distrait par ces sornettes à bord de son navire, Yondu agit en véritable Grinch et se débarrasse vite fait des cadeaux déjà emballés et de l'arbre de fortune confectionné par Peter et Kraglin.
Pas toujours très jolie il faut le reconnaître, cette petite séquence d'animation a l’ambition de rendre hommage aux spéciaux animés de Noël, James Gunn citant parmi ses références quantité de téléfilms produits par Rankin/Bass Animated Entertainment et rediffusés dès Thanksgiving chaque année. Si l'hommage n'a pas la même saveur en dehors des frontières américaines, il est un autre spécial dont le réalisateur ébouriffé est fan (pour de vrai) et qui a su quant à lui toucher par sa grâce le monde entier : Au Temps de la Guerre des Étoiles (1978).

Car oui, la galère télévisuelle qui fait la honte de George Lucas a bien inspiré James Gunn. Tout y est : le vernis coloré et (plus ou moins volontairement) cheap, les passages en animation, le groupe de musique qui s'époumone et, bien sûr, les stars invitées. Il ne manque qu'un petit numéro de barres asymétriques et un cours de cuisine, et le compte est bon ! Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes s'approprie donc toutes ces émissions qui ont pétri l'esprit du jeune Gunn pour offrir à son public un cocktail détonnant, parfois stupide, et pourtant capable de tirer une larme ou deux aux spectateurs dans les moments d'émotion les plus réussis. Contrairement à un Taika Waititi qui flirte parfois dangereusement avec le cynisme dans ses histoires divines, James Gunn fait de son côté toujours preuve d'une sincérité désarmante : ses zéros, il les aime, et il sait comment s'y prendre pour toucher son public. Les losers magnifiques du MCU figurent décidément sur la liste des personnages les plus attachants, et ça n'est pas près de changer.

Lorsque Mantis apprend que Quill n'a jamais eu droit de fêter Noël chez les Ravageurs, elle décide donc, de concert avec Drax, de lui trouver un cadeau. Leur destination : la Terre. Leur objectif : capturer Kevin Bacon, la star de Footloose (1984) et l'un des héros d'enfance de Quill ! Bien content de venir passer un peu de bon temps dans ce grand foutoir qui sent bon le pain d'épices et le chocolat chaud, Kevin Bacon fait preuve d'une solide dose d'humour et se laisse volontiers guider par la folie douce de Gunn. Pour lui donner la réplique, Pom Klementieff étonne quant à elle dans son rôle de Mantis. De retour sous le feu des projecteurs, l'alien continue d'entretenir avec Drax une relation conflictuelle, mais avec de plus en plus d'aplomb et de répondant. Surtout, Pom Klementieff fait montre d'une grande versatilité, tant au moment de sortir une bonne réplique que lorsqu'elle vient titiller la corde sensible des spectateurs. Du reste, les dernières années passées aux côtés des autres Gardiens lui ont fait le plus grand bien ; elle utilise maintenant un éventail de pouvoirs plus large et se dévoile beaucoup plus athlétique que dans les films précédents, en se déplaçant même à la manière d'un insecte durant une scène.

De son côté, Drax est en tout point fidèle à lui-même : dissipé, amusé par les états d'âme de ses camarades et foncièrement égoïste. Dave Bautista livre une nouvelle fois une performance solide, pour jouer avec Pom Klementieff sur des poncifs vus et revus mille fois mais qui fonctionnent parfaitement, comme l'arrivée dans un monde nouveau et le décalage que cela occasionne. La petite séquence de beuverie dans un bar et la déambulation des deux héros paumés sur Hollywood Boulevard sont à ce titre savoureuses.
Le reste du casting s'en sort lui aussi plutôt bien. Après n'avoir convaincu à peu près personne chez les internautes anglophones en plombier moustachu dans les premières bandes-annonces de Super Mario Bros. : Le Film (2023), Chris Pratt n'a pas grand chose à offrir là non plus, peu aidé par un nombre de scènes réduit. La Nebula de Karen Gillan continue de son côté à jouer l'éternelle renfrognée attachante quand Kraglin (Sean Gunn), lui, démontre à nouveau un amour et un respect sans faille pour sa famille d'adoption. Restent Rocket (Bradley Cooper) et Groot (Vin Diesel). R.A.S. du côté du premier, le raton laveur n'apparaît que peu dans le spécial, mais sa relation conflictuelle avec Cosmo est divertissante. Groot, enfin, a une nouvelle fois grandi. De plus en plus carré et massif pour signifier son passage à l'âge de jeune adulte, il bénéficie en outre de jolis effets spéciaux.

S'il s'agit techniquement du troisième projet du MCU à se dérouler aux alentours des fêtes, après Iron Man 3 (2013) et la série Hawkeye (2021), Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes est en réalité le premier à tirer parti de la période, en axant entièrement son scénario autour des célébrations de fin d'année. D'ailleurs, et pour la première fois dans le MCU, s'il est fait exception des courts-métrages, aucun ennemi ne vient pointer son nez dans le spécial. Téléfilm de Noël oblige, Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes fait donc la part belle aux bons sentiments et aux valeurs traditionnelles du partage et de l'amour. Comme de coutume, la famille, pas celle du sang mais bien celle que les personnages ont choisie, est au centre de l'intrigue de cette petite aventure décalée. Loin de l'équilibre foireux d'un Thor : Love and Thunder, qui enfermait en sandwich de belles scènes d'émotion entre de trop grosses tranches de délires clinquants du Dieu du Tonnerre, James Gunn a trouvé l'équilibre idéal.
Comme un petit morceau de charbon laissé dans la chaussette de ses abonnés, Disney+ a toutefois puni les fans en divulguant à l’avance l'un des retournements scénaristique du spécial. En effet, la plateforme a proposé, deux jours avant sa sortie, deux nouveaux épisodes de Marvel Studios : Les Légendes, cette série qui se charge de récapituler dans de petites pastilles le parcours des héros récemment mis à l'honneur. L’épisode consacré à Mantis, à travers ce qui semble être une scène coupée des (Les) Gardiens de la Galaxie Vol. 2, a donc révélé accidentellement l’un des enjeux du spécial. Disney+ a rapidement retiré l'épisode incriminé de la plateforme, mais le mal était déjà fait.

Enfin, que serait au juste une aventure signée James Gunn sans une bande-son originale ? Pour composer sa liste, le réalisateur a évité comme la peste les incontournables usés jusqu'à la corde. Exit Mariah Carey, adieu Wham! et autres The Ronettes, et bonjour à quelques titres de derrière les fagots un peu moins courus. Parmi ceux-ci, le très irlandais Fairytale of New York chanté par The Pogues & Kirsty MacColl ouvre efficacement le spécial en accompagnant les spectateurs jusqu'au début de la séquence animée. Dans la même veine, les extraits plus ou moins longs de tubes interprétés par The Wombats (Is This Christmas?), The Waitresses (Christmas Wrapping), The Smashing Pumpkins (Christmastime), ainsi que le très à propos I Want An Alien for Christmas de Fountains of Wayne soulignent toujours efficacement l'action, même si la playlist ne possède pas l'aspect iconique des deux précédentes. Le plus intéressant reste tout de même la présence d'une chanson inédite présentée peu après la séquence animée. Grimés en créatures peuplant Knowhere, les membres du groupe de rock texan Old 97's se joignent à l'équipe du film pour souhaiter un joyeux noël avec l'amusante I Don’t Know What Christmas Is (But Christmastime is Here) qui, de façon appréciable, a été traduite dans la langue de Molière en version française. Enfin, Kevin Bacon en personne, le plus grand danseur du monde – c’est Star-Lord qui le dit –, reprend avec le groupe l'un de ses récents tubes : Here It Is Christmastime.

Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes est une petite pastille de Noël rafraîchissante. Venu conclure en douceur la Phase 4 du MCU tantôt acclamée, tantôt honnie, le spécial évite soigneusement d'aborder de grands enjeux pour se concentrer sur ses personnages, même si quelques détails apportés par James Gunn servent aussi à tisser un pont vers le futur Volume 3 de la saga. À la fois coloré et touchant, frisant la surenchère de blagues qui ne marchent certes pas toutes mais qui, dans l'ensemble, donnent une belle personnalité au spécial, Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes est simplement réjouissant. Voilà une belle addition potentielle aux marathons noëliens annuels des fans Disney, à regarder entre deux ou trois classiques du genre comme Le Noël de Mickey, Maman, J'ai Raté l'Avion !, Piège de Cristal et Noël Chez les Muppets.

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