Downhill
L'affiche du film
Titre original :
Downhill
Production :
TSG Entertainment
Filmhaus Films
Likely Story
Date de sortie USA :
Le 14 février 2020
Distribution :
Searchlight Pictures
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
Nat Faxon
Jim Rash
Musique :
Volker Bertelmann
Durée :
86 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

En vacances dans les Alpes autrichiennes avec leurs deux fils, Billie et Pete Stanton vivent une crise de couple après avoir cru mourir dans une avalanche.

La critique

rédigée par
Publiée le 18 mai 2021

Downhill tente de présenter sans grand succès l’avalanche qui ensevelit un couple épuisé par le poids des années, la chute lente et inexorable des sentiments et la part croissante prise par l’ego au détriment des concessions réciproques. Malgré un casting prometteur et une performance réussie de Julia Louis-Dreyfus, la sauce ne prend pas et le long-métrage peine à passionner.

Une avalanche peut naître de flocons formant une simple boule de neige. Dans un cycle qui s’étale sur plus d’un quart de siècle, Downhill trouve sa genèse dans un épisode de la mythique sitcom Seinfeld (1989-1998), créée par Jerry Seinfeld et Larry David, qui a notamment révélé lors de sa diffusion sur NBC les talents de Julia Louis-Dreyfus. Le 5 mai 1994, l’épisode L’Incendie offre en effet une intrigue dans laquelle George Costanza, joué par l’excellent Jason Alexander, fuit une salle où il craint un incendie après le déclenchement d’un petit feu, n’hésitant pas à bousculer une personne âgée et un enfant. 
Cette intrigue, qui montre comme souvent dans la série la lâcheté dont est capable l’être humain, inspire le cinéaste suédois Ruben Östlund, qui écrit et réalise en 2014 le film Snow Therapy (nommé Turist en suédois et Force Majeure, en français dans le texte, pour sa sortie dans les pays anglophones). Östlund y applique l’idée de la sitcom en mettant en scène une famille en vacances dans les Alpes françaises. Attablée à la terrasse d’un restaurant, elle est prise dans une avalanche qui la submerge. Alors que la mère protège ses enfants, le père les abandonne et fuit en prenant soin de récupérer son smartphone. Si l’avalanche s’avère anodine et la famille en sort indemne, les traces laissées par l’incident sont vives et engendrent une crise au sein du couple.

Snow Therapy est un véritable succès critique et remporte le Prix du Jury du Festival de Cannes dans la sélection Un Certain Regard, avant d’être nommé pour l’Oscar du Meilleur Film en Langue étrangère. Cette réussite n’échappe pas au regard de l’actrice Julia Louis-Dreyfus, qui obtient de Ruben Östlund l’accord pour en produire un remake anglophone, finalement annoncé en 2018. Jesse Armstrong, Nat Faxon et Jim Rash rédigent alors un scénario reprenant l’incipit du film original, le couple formé par Billie (Julia Louis-Dreyfus) et Pete Stanton (Will Ferrell) vivant la même situation que le couple de Snow Therapy avec leurs deux fils, cette fois dans les Alpes autrichiennes. 
Faxon et Rash sont par ailleurs nommés pour réaliser le long-métrage. Nés pour le premier dans le Massachusetts en 1975 et pour le second en Caroline du Nord en 1971, les deux hommes ont une carrière honorable d’acteurs, Jim Rash étant notamment connu pour son rôle dans la série Community (2009-2015). Faxon et Rash deviennent en parallèle compères d’écriture et remportent l’Oscar du Meilleur Scénario Adapté pour The Descendants (2011), avec George Clooney. Ils signent leurs débuts en tant que co-réalisateurs avec la comédie dramatique Cet Été-Là (2013), déjà distribuée par Searchlight Pictures et mettant en scène Toni Collette, Steve Carell et Sam Rockwell.

Downhill constitue alors la deuxième incursion des deux collaborateurs derrière la caméra. Leur réalisation s’avère classique mais efficace, le long-métrage comportant quelques idées intéressantes comme la séparation des deux époux par un miroir dans la salle de bain de leur chambre d’hôtel, le concept de double vasque tendant alors presque au rideau de fer. Visuellement, Nat Faxon et Jim Rash bénéficient à plein des splendides paysages offerts par les Alpes autrichiennes. Les montagnes et le blanc immaculé de la neige rendent magnifiquement à l’écran. L’atmosphère des complexes touristiques alpins, tantôt luxueux, tantôt plutôt familiaux, est également restituée avec réussite. Le dépaysement est clairement au rendez-vous et offre un cadre contrastant avec cette tragédie familiale dans laquelle personne ne semble être en état de profiter de ces vacances.
Les cinéastes répandent également le malaise et rendent palpable la tension régnant au sein de cette famille. La scène au cours de laquelle le couple reçoit Zach, un collègue de Pete, et sa compagne Rosie, voit la crise de nerf de Billie causer embarras et discorde. Le caractère aberrant de la situation entraîne une forme de rire nerveux et la gêne créée par la situation paraît crédible en dépit des réactions absurdes des uns et des autres.

Dans l’humour, puisqu’il s’agit d’une comédie dramatique, les réalisateurs parviennent parfois par leur mise en scène à créer un décalage qui amuse le spectateur. La séquence la plus réussie de Downhill est sans doute celle voyant le couple soumettre une plainte auprès des gérants de la station, suite à l’avalanche pour laquelle il considère que le drame a été frôlé. Le dialogue avec Michel - joué par le Norvégien Kristofer Hivju, apparu dans Snow Therapy dans un autre rôle et ayant doublé des personnages de La Garde du Roi Lion en 2017 et de La Bande à Picsou en 2020 - est très drôle, davantage du fait de la mauvaise foi de ce dernier que du décalage trop attendu qui se crée au sein du couple.
Mais l’humour tombe aussi parfois à plat et rate le plus souvent sa cible. Le gag final manque par exemple quelque peu de subtilité, même s’il peut à certains égards rappeler certaines comédies fantasques des années 60. 

Pourtant, le principal raté tient aux personnages archétypaux vus et revus que propose le scénario de Nat Faxon, Jim Rash et Jesse Armstrong.
Lady Bobo, interprétée par Miranda Otto (Le Seigneur des Anneaux), enchaîne en effet les clichés au point d’en devenir insupportable. Femme étrange qui accueille le couple à son arrivée à l’hôtel dans une scène recensant les insinuations lourdes, elle s’avère être une croqueuse d’hommes qui assume pleinement son hypersexualité. Si ce choix de vie aurait pu être intéressant et contribuer aux doutes de Billie sur son mariage, le manque de subtilité évident dans l’écriture du personnage l’empêche d’apporter quoi que ce soit au long-métrage ou au parcours vécu par les protagonistes qu’elle rencontre. Alors qu’il aurait espéré ne la voir être qu’un personnage très secondaire apparaissant dans une unique scène, le spectateur a la mauvaise surprise de la voir revenir inlassablement au cours du film, tel un chewing-gum collé à sa chaussure.
Un autre personnage constitue également un cliché vivant, celui du moniteur de ski italien irrésistible. Guglielmo, joué par Giuliu Berruti (Bienvenue à Monte Carlo), va ainsi passer une journée avec Billie pour lui donner des cours de ski dont elle ne semble d’ailleurs pas avoir besoin. L’Italien n’est alors qu’un cliché vivant de tentateur, le spectateur attendant avec lassitude le moment où l’épouse exaspérée par son mari va se jeter dans les bras du bellâtre qui, pour accentuer un peu la caricature, dispense également des massages ! L’acteur s’en sort honnêtement au regard de la pauvreté du script, mais il est réellement permis de se questionner sur l’inspiration des scénaristes, d’autant que Snow Therapy ne comprenait pas de tel cliché. Quitte à voir une adaptation ajouter des éléments, autant qu’elle en choisisse des pertinents !

De manière générale, Downhill manque de subtilité. Si une comédie dramatique indépendante compte généralement sur l’interprétation de ses spectateurs pour saisir les différents degrés de lecture qu’elle veut donner, le long-métrage décide ici trop souvent d’être explicite. Alors que la comparaison entre un mariage fatigué et le jeune couple en pleine effervescence amoureuse formé par Rosie et Zach est évidente, des plans dispensables sont ajoutés pour montrer visuellement - ce pléonasme faisant écho à ceux du long-métrage - cette déchéance.
Ce constat est d’autant plus dommageable que l’accent aurait pu davantage être mis sur la psychologie des personnages, tant sur l’égoïsme de Pete et sa conscientisation de cet état que sur la furieuse déception vécue par Billie. Si le spectateur ne s’ennuie pas devant Downhill, dont la courte durée de 86 minutes permet de conserver un certain rythme, il ressent un sentiment d’occasion manquée, avant d’oublier bien rapidement sa séance et des personnages peu mémorables, pourtant incarnés par un casting quatre étoiles.

Le duo star de Downhill lui confère en effet une certaine attractivité. Le long-métrage met de plus en avant un couple inédit : alors même qu’ils ont tous deux été de grandes stars de la mythique émission Saturday Night Live de NBC, Julia Louis-Dreyfus et Will Ferrell collaborent ici pour la première fois.
Billie Stanton est en effet interprétée par Julia Louis-Dreyfus, née le 13 janvier 1961 à New York d’une mère auteure et d’un père français, dirigeant du groupe Louis-Dreyfus. Après avoir vécu dans plusieurs pays du monde durant son enfance, elle étudie le théâtre à la Northwestern University dans l’Illinois et rejoint la troupe du Saturday Night Live en 1982, à seulement 21 ans, jusqu’en 1985. Elle devient ensuite pleinement célèbre en incarnant Elaine Benes dans la sitcom Seinfeld, pour laquelle elle remporte un Golden Globe. Son deuxième rôle majeur est celui de la Vice-Présidente des États-Unis Selina Meyer dans la satire de HBO Veep (2012-2019), pour lequel elle glane six Emmy Awards. Louis-Dreyfus a également collaboré à plusieurs reprises avec les différents studios de Disney. Après avoir doublé la Princesse Atta dans 1001 Pattes (a bug’s life) (1998), elle revient chez Pixar en 2020 en signant la voix de Laurel Lightfoot dans En Avant. Elle double également Rochelle dans Planes (2013), des DisneyToon Studios, et Gloria dans (Les) Simpson. Elle rejoint le Marvel Cinematic Universe en 2021 en campant le rôle de Valentina Allegra de Fontaine dans deux épisodes de la série de Disney+ Falcon et le Soldat de l’Hiver.
La comédienne est incontestablement le point fort de Downhill, en livrant une performance qui surclasse nettement celles des autres acteurs et en parvenant à apporter de la profondeur au personnage de Billie. Le scénario lui confère, il est vrai, une plus grande complexité en la confrontant à une situation difficile : son mari les a totalement abandonnés, elle et leurs enfants, dans un moment où ils ont craint pour leur survie. L’actrice restitue à merveille la crise qu’elle traverse et livre notamment une crise de nerf impressionnante tout en prouvant l’étendue de son sens de la comédie. Il peut cependant être regretté que le scénario n’exploite pas davantage les capacités de l’actrice.

L’époux de Billie, Pete, est quant à lui interprété par Will Ferrell. Né le 16 juillet 1967 à Irvine en Californie, d’une mère enseignante et d’un père musicien, le futur comédien grandit dans la banlieue sans histoire d’Irvine, où son humour naît selon lui de l’ennui lié à cet environnement. Étudiant le journalisme sportif à l’University of Southern California, il ne s’épanouit pas dans ses premiers emplois dans le domaine et finit par enchaîner les petits boulots avant d’intégrer un groupe de comédiens, The Groundlings, qui le mène vers la troupe du Saturday Night Live en 1995, où il reste sept ans en excellant notamment dans le rôle de George W. Bush. Ce succès le conduit à jouer dans de nombreux longs-métrages comme Zoolander (2001), Frangins Malgré Eux (2008) ou Megamind (2010).
Malgré son talent certain, le comédien ne livre pas sa meilleure performance dans Downhill, clairement peu aidé par un scénario restant superficiel dans la caractérisation de son personnage. Le long-métrage ne laisse en effet aucune place à une introspection de sa part, qui aurait pourtant suscité l’intérêt. Ferrell campe ainsi la plupart du temps un rôle de benêt à côté de la plaque, incapable de comprendre les reproches d’abord silencieux puis bruyants de son épouse. L’acteur est ensuite maladroit lorsque Pete est saoul, surjouant nettement l’ivresse et paraissant ainsi bien peu crédible.

Ce couple rendu dysfonctionnel par le poids des années et la lâcheté du mari est confronté à un couple modèle constitué par Zach, un jeune collègue de Pete, et sa compagne Rosie. Le premier est interprété par son homonyme Zach Woods, principalement connu pour ses rôles dans les séries The Office (2005-2013) et Silicon Valley (2014-2018). Visiblement immature mais paradoxalement responsable par rapport à Pete, Zach se découvre une nouvelle vie grâce à sa petite amie Rosie, qui le fait sortir des sentiers battus. Cette dernière est quant à elle jouée par Zoë Chao, notamment vue dans Strangers (2017-2018) et Love Life (depuis 2020). La jeune femme semble rapidement prendre le parti de Billie lorsque la trahison de Pete est mise au jour. Elle multiplie ainsi les regards noirs à l’attention de son compagnon auteur de maladresses et de propos malheureux, avant de soutenir Billie au détour d’une discussion.
Si certains dialogues amorcent une situation intéressante au sein du couple, leur relation n’est finalement abordée qu’en surface, les deux protagonistes ne servant qu’à permettre une comparaison forcée avec les Stanton. Une fois encore, ces faire-valoir permettent de remplir le long-métrage sans apporter davantage que le minimum syndical.

Afin de compléter le casting, peuvent également être cités Julian Grey et Ammon Jacob Ford, jouant respectivement Finn et Emerson Stanton, les deux fils des époux. Sans être exceptionnels, leurs personnages étant cantonnés à des rôles passifs, les deux jeunes acteurs ne dénotent pas et donnent très convenablement la réplique à leurs homologues adultes. Leur performance est notamment intéressante lorsque les jeunes garçons sont seuls face à Ferrell, leur confrontation en disant long sur le caractère du père. 
Le spectateur peut d’ailleurs noter qu’un dialogue prononcé par Pete évoque le choix du couple d’avoir des enfants. Là aussi, l’allusion est intéressante et aurait dû être approfondie pour réellement apporter au propos général du film.

Si la copie rendue par Downhill est plutôt décevante, ce n’est pas le cas de sa partition, signée par le compositeur allemand Volker Bertelmann. Né en 1966 à Kreuztal, en Allemagne, et plus communément connu en tant que pianiste sous le nom d’artiste de Hauschka, le musicien a composé les bandes originales de plusieurs films allemands avant d’étendre son travail à l’international avec Lion (2016), The Current War : Les Pionniers de l'Électricité (2017) ou le film 20th Century Studios Dans les Yeux d'Enzo (2019).
Sa composition contemporaine aux sonorités germaniques et alpines participe ici au dépaysement offert par les images, tout en comportant une forme d’ironie qui sied là aussi au propos. L’auteure-compositeure et interprète germano-turque Alev Lenz assure les chœurs et apporte une voix mélodieuse sur des orchestrations réussies. Après une fin qui laisse le spectateur sur sa faim, le spectateur se plaît alors à écouter la musique du générique pour garder un écho plaisant de ce film décevant.

Downhill est présenté en avant-première au Festival de Sundance le 26 janvier 2020. Il est alors le tout premier long-métrage à s’ouvrir avec un nouveau logo portant la dénomination Searchlight Pictures, The Walt Disney Company ayant décidé de renommer le studio auparavant nommé Fox Searchlight Pictures ; la marque Fox restant la propriété de la famille Murdoch après le rachat par la compagnie de Mickey d’une partie des actifs de 21st Century Fox, entérinée le 20 mars 2019.
Le film sort ensuite ironiquement aux États-Unis le 14 février 2020, jour de la Saint-Valentin. Accompagné par une accroche pertinente (“une autre sorte de film catastrophe”), il atteint une recette de 5,2 millions de dollars au box-office en quatre jours, dépassant des projections le voyant réunir 4 millions de dollars sur la période. Finalement, il engrange une recette de 8,9 millions de dollars, certainement stoppée par la pandémie de COVID-19 ayant entraîné la fermeture des salles de cinéma de la plupart des pays occidentaux un mois plus tard.

En France, le long-métrage n’est d’ailleurs pas distribué en salles et est finalement rendu accessible aux spectateurs un an plus tard sur Disney+ lors du lancement de Star, le sixième univers de la plateforme, le 23 février 2021. Notamment proposé aux côtés d’un autre film de Searchlight Pictures inédit dans l'hexagone, Lucy in the Sky, le film débarque dans l’anonymat le plus total, sans apparaître dans les campagnes publicitaires ni être mis en avant sur la plateforme, témoignant de l’échec relatif qu’il représente pour un studio qui ne fait pas l’effort de le promouvoir.
Il faut bien avouer que la critique n’est pas tendre avec Downhill et le juge dans l’ensemble décevant, le film n’ayant pas réussi à produire une synthèse des talents pourtant présents en son sein, la prestation de Julia Louis-Dreyfus étant notamment considérée comme l’une des rares réussites de l’opus.

Downhill déçoit son audience en ne parvenant pas à tenir la promesse qu’il semblait formuler en réunissant dans une comédie dramatique un duo formé par Julia Louis-Dreyfus et Will Ferrell. Si l’actrice est excellente, les lacunes du long-métrage ne suffisent pas à atténuer la frustration ressentie par le spectateur, en raison principalement d’un scénario n’approfondissant pas son sujet et comportant une avalanche de clichés.

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