Alita : Battle Angel
L'affiche du film
Titre original :
Alita : Battle Angel
Production :
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 14 février 2019
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
Robert Rodriguez
Musique :
Junkie XL
Durée :
122 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

XXVIème siècle. 300 ans après la catastrophe nommée « l’Effondrement », la cité céleste de Zalem trône sur Iron City, la ville terrestre qui lui sert de décharge. Parmi les décombres, le Docteur Ido trouve les restes d’une cyborg, qu’il ramène à la vie et baptise Alita. Commence alors pour la jeune fille une quête d’identité, qu’elle pense sans importance, avant que ses dispositions au combat et les souvenirs de son ancienne vie ne refassent surface…

La critique

Publiée le 01 février 2019

Alita : Battle Angel est l'adaptation cinématographique du célèbre manga Gunnm créé par Yukito Kishiro en 1990, narrant les aventures futuristes de la mécananthrope mi-femme mi-robot nommée Gally (rebaptisée Alita aux États-Unis). Incontournable au Japon, il est l’un des premiers du genre à s’exporter avec succès en Occident. Rêvant de porter l’un de ses mangas préférés sur le grand l’écran dès la fin de sa publication en 1995 (américanisé en Battle Angel Alita), le réalisateur, scénariste et producteur James Cameron en acquiert les droits au début des années 2000.

Après l’arrêt de sa série Dark Angel, Cameron commence donc à écrire le scénario Battle Angel et officialise sa pré-production en 2003. Durant cette première décennie, il développe la technologie nécessaire au film et commande plusieurs travaux préparatoires afin de retranscrire parfaitement l’univers créé par Kishiro, en vue d’une sortie du film pour 2009. En cours de route, il annonce cependant travailler sur un second projet qui lui tient particulièrement à cœur : la saga Avatar. Le premier volet de celle-ci est finalement priorisé pour une exploitation en salles en 2007, mais occupe finalement le créneau réservé en 2009.
Cameron n’oublie pas pour autant son premier amour rebaptisé Alita : Battle Angel. À ce propos, son producteur associé, Jon Landau - les deux hommes ont travaillé ensemble à trois reprises sur Titanic (1997), Solaris (2002, réalisé par Steven Soderbergh) et Avatar (2009) - s’amuse à préciser à juste raison que la majorité des films à succès de Cameron commencent par les lettres A ou T, tels : Terminator, Aliens, Abyss, True Lies, ou encore les deux films cultes susvisés, dont il espère la même destinée. Mais le réalisateur est bien trop occupé pour se consacrer davantage à Alita. Il rencontre en effet le même problème de temps, pressé d’offrir au public les quatre suites tant attendues d’Avatar, planifiées de 2020 à 2025.

En 2015, James Cameron décide par conséquent de déléguer la réalisation de son projet fétiche. Quand le réalisateur Robert Rodriguez lui demande en tant que fan du manga de réaliser Alita : Battle Angel, Cameron ne se fait pas prier et lui propose tout de go d’étudier son scénario.
Né en 1968 au Texas, Rodriguez s’intéresse très tôt au cinéma et commence sa carrière par des films à petits budgets qui rencontrent malgré tout un certain succès. Mais c’est avec Une Nuit en Enfer (1996) que débute sa longue collaboration avec la filiale Disney Dimension Films. Il enchaîne ensuite avec l'opus de science-fiction pour adolescents The Faculty (1998), avant de se consacrer à la saga pour enfants Spy Kids (2001, 2002, 2003, puis 2011).
En 2001, il crée sa propre société de production Troublemaker Studios et revient à un cinéma plus adulte avec Desperado 2 - Il était une fois au Mexique (2003) et Sin City (2005), co-réalisé par Frank Miller. Il signe par la suite Planète Terreur (2007) dans le cadre du diptyque Grindhouse qu’il met en place avec son ami Quentin Tarantino (Pulp Fiction) pour rendre hommage aux vieux films d’exploitation. L’engouement du public est tel que Rodriguez reprend le héros fictif apparaissant dans la fausse bande-annonce qui accompagne les films pour en faire le long-métrage Machete (2010 et sa suite en 2013).
Son retour sur les écrans est attendu depuis l’échec critique et commercial de Sin City : J'ai Tué pour Elle (2014). Entretemps, il réalise un film nommé 100 Years, qui ne sortira qu’un siècle plus tard… en 2115. Producteur, scénariste, compositeur, chef décorateur, directeur de la photographie, superviseur des effets spéciaux ou encore monteur - et tant d'autres métiers du cinéma dans lesquels Rodriguez excelle avec un style qui lui est propre même si sur Alita : Battle Angel, il met, pour la deuxième fois de sa carrière, de côté tous ces talents pour se concentrer uniquement sur le poste de réalisateur.

Très intéressé par le projet, Robert Rodriguez étudie scrupuleusement le script de 600 pages - complet et parsemé de multiples d’annotations - rédigé amoureusement par Cameron. Il le resserre toutefois sur une centaine de pages pour ne garder que l’essentiel du manga. Après avoir exposé sa vision, qui s’avère être en totale adéquation avec celle de son auteur et qu'il ne veut surtout pas dénaturer, le deal est acté. La toute première collaboration entre James Cameron - qui reste malgré tout scénariste et producteur privilégié - et Robert Rodriguez (déjà coutumier de ce genre de collaboration avec Kevin Williamson pour The Faculty et Frank Miller pour Sin City) est donc née.
Le nouveau réalisateur témoigne d’ailleurs d’un joli souvenir de cette expérience enrichissante, et qu’il espère pleine de succès, dans les pages du magazine Empire en décembre 2017 : 

C'était un cadeau formidable. Chaque fois que j'avais une question, je n’avais qu’à appeler ou envoyer un courriel à James Cameron, et il me renvoyait ses réponses extrêmement détaillées qui m’étaient alors d’un si grand secours (…) Ce mec est tellement intelligent. Apprendre de quelqu'un comme lui a été le plus grand stage de tous les temps.

Si Robert Rodriguez est immédiatement conquis par les vidéos préparatoires et les storyboards présentés par James Cameron et Jon Landeau, qui dévoilent déjà le fort potentiel visuel du film, il est également séduit par son panel de personnages attachants et son histoire universelle. Soucieux d’offrir aux spectateurs du grand spectacle et d’incroyables scènes d’actions comme sait le faire Cameron, il ne veut surtout pas négliger l’histoire captivante et la quête personnelle de la protagoniste Alita, tout comme la relation père/fille qu’elle se découvre avec son créateur. Pour donner vie à ces personnages dessinés désormais cultes, du très beau monde se réunit alors à l’écran.

Alita : Battle Angel peut, en effet, se vanter d’avoir au casting trois lauréats aux Oscars (dans la catégorie Second Rôle). Le premier, Christoph Waltz, est recommandé à Robert Rodriguez par Quentin Tarantino après l'avoir dirigé à deux reprises sur Inglourious Basterds (2010) et Django Unchained (2013), pour lesquels ses interprétations sont récompensées de deux statuettes. L'acteur autrichien casté en août 2016, interprète ici le rôle du bienveillant Dyson Ido (Daisuke Ido) - docteur en cybernétique le jour et chasseur de prime la nuit - après avoir joué les habituels trouble-fêtes dans Big Eyes (2014), Opération Muppets (2014), 007 Spectre (2015) ou encore Tarzan (2016).
Le second, Mahershala Ali, intègre le casting en octobre de la même année pour interpréter le véreux et peu scrupuleux Vector, homme influant sur le marché prolifique de la contrebande cybernétique et du sport à travers le Motorball. L'acteur apparaît dans L'Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), les deux derniers volets de la saga Hunger Games (2014 et 2015) et Les Figures de l’Ombre (2017), avant d'être oscarisé pour Moonlight (2017). Il prête également sa voix au personnage d'Aaron Davis/le Rôdeur dans Spider-Man : New Generation (2018).
La dernière, mais non des moindres, clôt le casting en février 2017. Jennifer Connelly interprète, ici, la froide Chiren (personnage uniquement présent dans l'adaptation animée Gunnm de 1993), cyberphysicienne et ancienne compagne d'Ido à la solde de Vector. L'actrice débute sa carrière notamment dans Labyrinthe (1986) et Les Aventures de Rocketeer (1991), avant d'être révélée dans Requiem for a Dream (2000) et oscarisée pour Un Homme d’Exception (2002). Après de nombreux échecs cinématographiques, elle aussi prête sa voix à l'univers de l'homme-araignée dans Spider-Man : Homecoming (2017) en tant que Karen, l'interface du costume du super-héros.

Le rôle-titre de l'« Ange de la Bataille » est en fait le premier à être divulgué en mai 2016. L'actrice Rosa Salazar est alors retenue pour prêter ses traits à la virtuelle Alita (Gally). Aperçue dans Divergente 2 : L'Insurrection (2015) et les deux derniers volets de la saga Le Labyrinthe (2015 et 2018), elle campe ici son premier grand rôle au cinéma pour lequel elle s'est entraînée plusieurs mois aux arts martiaux. Elle a très vite l'honneur d'être validée sur le tournage par Yukito Kishiro en personne qui salue la qualité de son incarnation avec sa prestation dans l'ombre qui rend Alita plus vraie que nature, aussi vivante et expressive que ses non-congénères.
Parmi son entourage humain justement, son futur ami Hugo (Yugo) qui ne rêve que de Zalem est campé par le presque novice au cinéma Keean Johnson des séries Spooksville (2013/2014) et Nashville (2014/2016). Il est secondé par ses compères, Jorge Lendeborg Jr. vu dans Love, Simon (2018) et Lana Condor vue dans X-Men : Apocalypse (2016). À noter à côté d'eux, l’apparition furtive de Casper Van Dien découvert dans Starship Troopers (1997), dans un rôle qui ne relancera manifestement pas sa carrière.
Parmi les antagonistes, le britannique Ed Skrein est le hautain chasseur de prime Zapan, entraîné à jouer les méchants depuis Deadpool (2016) et qui le sera à nouveau dans Maléfique 2 (2020). Le top mexicain Eiza González vue dans Baby Driver (2017) et Bienvenue à Marwen (2018) est, quant à elle, la tranchante tueuse Nyssiana, tandis que Jackie Earle Haley de Watchmen : Les Gardiens (2009) est le colossal Grewishka. Enfin, Michelle Rodriguez - qui a déjà travaillé avec James Cameron (Avatar) et Robert Rodriguez (Machete) - effectue un caméo dans le rôle de Gelda (Geruda, personnage uniquement présent dans la suite alternative nommée Gunnm Last Order, parue après l'arrêt brutal de Gunnm).

Sur les neuf volumes initiaux, Alita : Battle Angel couvre les quatre premiers. Les volumes 1 et 2 sont naturellement choisis pour la trame introductive de l’histoire, tandis que les volumes 3 et 4 permettent d'intégrer au long-métrage l'emblématique Motorball qui tient tant à cœur à James Cameron : un sport dangereux et violent où presque tous les coups sont permis. Le fait de couvrir autant de volumes offre un scénario complexe et ambitieux. L'opus doit en effet poser les bases et présenter un univers post-apocalyptique qui n’est pas forcément connu de tous, tout en explorant les multiples portes ouvertes que connaissent parfaitement les fans du manga.
Et c’est chose faite ! La suprématie de Zalem est exposée mais garde ce qu’il faut de mystère, tout comme le rêve utopique qu’elle représente. Le récit se concentre davantage sur le fonctionnement d’Iron City (Kuzutetsu), dernier refuge de l’humanité où l’Homme et la machine se côtoient. Le récit développe alors les sujets principaux du manga, à savoir : les lois inviolables et la hiérarchie inébranlable au sein de la ville, la robotique essentielle au genre humain mais qui entraîne ses propres dérives comme l’existence du marché noir, la présence des chasseurs de primes peu scrupuleux pour maintenir l’ordre et les opportunités inestimables qui s’offrent aux champions de Motorball…
Autant d’éléments imbriqués les uns avec les autres qui font toute la richesse de l’œuvre, parmi lesquels évoluent les personnages et leurs quêtes individuelles au sein d’une histoire commune : la double-vie d'Ido pour financer l'aide fournie aux plus démunis le jour, les desseins mystérieux de Vector, la vengeance personnelle de Zapan, la volonté de Chiren et d'Hugo qui souhaitent envers et contre tout accéder à Zalem. Sans oublier la pièce maîtresse de l’histoire : les réponses que cherche Alita à travers sa quête d'identité et de souvenirs, qui finissent par ébranler tout ce petit monde.

Si le fond d'Alita : Battle Angel est fidèle à l’œuvre originale et en respecte la complexité - tout en s’accordant quelques libertés scénaristiques (comme il est de coutume dans les adaptations) pour simplifier la narration aux novices et livrer un peu de surprise aux connaisseurs - la forme n’a rien à lui envier. Le film est cependant peut-être moins noir et violent que le manga, même s’il reste sombre et impressionnant lors de certaines scènes. À la demande de James Cameron, le « sang » des cyborgs est par exemple bleu ; le film étant seulement déconseillé aux moins de 13 ans aux États-Unis.
Concernant le casting, si certains personnages n’ont peut-être pas le même rendu que leur homologue papier (Zapan) ou animé (Chiren), d’autres sont étrangement reconnaissables (Alita, Vector, ou encore Gelda). Quoiqu’il en soit, chacun bénéficie de sa propre identité visuelle reflétant le monde auquel il appartient ou sa nature, même parmi les cybernétiques faits presque intégralement de métal, qu’ils soient originels du manga ou créations originales du film. Une mention spéciale est à faire au design évolutif d’Alita, essentiel à la construction de la protagoniste, ainsi qu’au design recherché et original de Zapan, servant ce personnage qui a bien conscience de son attrait.
Quant à l’univers dépeint, il est tout bonnement magnifique ! La beauté parfaite, aérienne et presque divine de Zalem (intégralement numérique) s’oppose parfaitement à l’ambiance sordide, poussiéreuse et étouffante d’Iron City, qui ne manque cependant pas d’un certain charme. Comme à son habitude, Robert Rodriguez tourne à Austin dans ses propres studios texans, transformés pour l’occasion et pour la première fois en véritable ville, permettant d’offrir au final un parfait mélange de prises de vues réelles et d’ajouts numériques. Après quatre mois de tournage intensifs entre octobre 2016 et février 2017, l’incontournable et fastidieuse post-production prend le relais.

Une nouvelle fois, le travail d’équipe est mis à l’honneur pour les 1 500 plans numériques que nécessite Alita : Battle Angel. Une collaboration parfaite entre la société californienne Lightstorm Entertainment de James Cameron - dont beaucoup de collaborateurs interviennent après leur travail sur Avatar - et la société texane Troublemaker Studios de Robert Rodriguez. Le système de camera 3D créé par Cameron est bien entendu repris et exploité à son maximum par Rodriguez. La réelle 3D met ainsi l'opus en valeur et offre quelques plans magnifiques à donner le vertige.
Le rendu est tout simplement parfait et l’immersion totale. Les décors entièrement créés sont grandioses et ceux complétés par les effets sont sublimés. Les nombreux personnages retravaillés sont plus vrais que nature. Les scènes de combat sont belles et efficaces. Les détracteurs du montage frénétique savoureront la visibilité des scènes tandis que les spectateurs avides de plans épileptiques reprocheront peut-être un manque de rythme. Les ralentis sont bien sûr de la partie, mais toujours utilisés à bon escient. L’énorme point fort, et qui surpasse tout le reste, est alors à rechercher du côté des séquences tant attendues de Motorball, d’un dynamisme et d’un sensationnel à couper le souffle. Merci James Cameron !
Quant au principal défi - réalisé en motion capture - il est remarquablement relevé : Alita interagit, en effet, parfaitement avec le monde qui l’entoure. Contrairement au ressenti dérangeant lors des premières images, il n’est finalement pas difficile de s’habituer à ses grands yeux. James Cameron voulait absolument garder cette norme graphique classique dans l’univers du manga, véritable empreinte si caractéristique à cette protagoniste. Il n’était pas garanti que le rendu sublime sur le papier soit transposable à l’écran, mais le pari est gagné. Les yeux sont le reflet de l’âme et ceux d’Alita ne contredisent pas cet adage. Aussi contre-natures soient-ils, ils demeurent plus expressifs que le regard de certains acteurs.

Car c'est essentiellement à travers Alita que l'émotion explose à l'écran, face à la multitude de sentiments qu'elle découvre et les relations naissantes qu'elle entretient avec son entourage. Son lien affectif et familial avec Ido, qui comble un manque affectif ancré depuis si longtemps, est à la fois fort et fragile. Un lien indéfectible mais soumis au désir irrépressible d’émancipation, voire d'affrontement. Sa relation amicale avec Hugo lui permet en outre de découvrir le monde sans limites et avec toute l’insouciance de son âge, avant qu'elle ne s'éprenne de lui et se questionne plus sérieusement sur leurs différences - et par conséquent SA différence - dans des scènes émouvantes de dévouement total.
Tel un livre ouvert, l'émotion que dégage Alita passe également par ses découvertes - accessoires comme un carré de chocolat, ou primordiales comme les prémices déstructurées de son passé - ses interrogations et ses incompréhensions sur l'univers ou sur elle-même, ainsi que ses prises de décision pour trouver sa place. Ainsi à travers ses épreuves et ses moments de bravoure, elle décide de prendre son destin en main et de faire ses propres choix. Elle se révèle guerrière, démontrant qu'elle n'est pas aussi insignifiante qu'elle le pensait. Certes avec force et dextérité, mais toujours avec beaucoup de candeur et d'innocence.
Délivrant une belle poésie, la prestation de son interprète Rosa Salazar exprime très clairement toute la complexité et l'humanité de son personnage, qui passe malgré elle de l'adolescence à l'âge adulte :

Alita est une fille normale (...) qui a une histoire personnelle à la fois traumatique et folle. Alita est comme moi. Elle a toute une palette d'émotions. Elle n'est pas sûre d'elle. Elle est courageuse. Elle est forte. Elle est curieuse. Elle est défiante. Elle est puissante. Elle est faible. Elle a une vraie âme et je pense qu'elle le découvre tout au long du film.

Pour illustrer ce monde futuriste, la musique d’Alita : Battle Angel est confiée au DJ néerlandais Antonius Holkenborg, connu pour ses sonorités électroniques.
Né en 1967 aux Pays-Bas d’une mère professeur de musique, il commence le piano dès l’âge de 4 ans, avant de s’intéresser à d’autres instruments classiques et découvrir le synthétiseur. Après avoir intégré le groupe new wave Weekend at Waïkiki en 1988 puis fondé le groupe métal Nerve en 1994, il compose et produit ses propres titres et remix électro sous le nom Junkie XL (sept albums verront le jour entre 1997 et 2012), dont plusieurs sont utilisés dans des jeux vidéo et longs-métrages comme Blade (1998).
Possédant plus d’une corde à sa guitare, il se met à composer pour les deux médias. Sa première partition américaine est d’ailleurs celle de l’adaptation à l'écran du jeu vidéo DOA : Dead or Alive (2006). Offrant un son résolument nouveau et moderne, figurent parmi sa filmographie : 300 : la Naissance d’un Empire (2014), Mad Max : Fury Road (2015), Deadpool (2016) ou encore Mortal Engines (2018). Il travaille aussi étroitement avec Hans Zimmer sur The Dark Knight Rises (2012), Man of Steel (2013), The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros (2014), puis Batman Vs Superman : l’Aube de la Justice (2016), dans lequel il offre son fameux - et plus qu’original - thème au personnage de Wonder Woman.
Il signe ici une composition tout à fait honnête mais dont aucun morceau ne reste malheureusement en tête. Junkie XL est étrangement plus inspiré pour illustrer les scènes douces et intimes que les séquences épiques de combat. Plus dommageable encore, il aurait pu se permettre - avec tout son bagage artistique - un son détonant pour sublimer l’ambiance frénétique délivrée par le stade et les joueurs lors des scènes fracassantes de Motorball, malgré un début musical prometteur mais qui s’essouffle bien trop vite. Une partition en demi-teinte, loin de celles parfaites et novatrices qu’il a déjà sues offrir.

Après une frayeur oculaire à la sortie de la première bande-annonce en décembre 2017, suscitant débat et qualifiant le film de ratage assuré, puis une exploitation prévue pour l'été 2018, avant d’être reportée aux fêtes de fin d’année puis encore repoussée à la rentrée 2019, Alita : Battle Angel sort finalement les armes le 14 février 2019 aux États-Unis, après un petit détour par la France, la veille et au Royaume-Uni, la semaine précédente. Une bien étrange date de sortie après un très long parcours pour le moins tumultueux, à une période où les comédies romantiques sont de rigueur.
Le studio espère peut-être qu’Alita fera chavirer les cœurs des spectateurs et rencontrera le succès escompté. En effet - grosse sortie du début d’année pour le studio - un budget faramineux de 200 millions de dollars est engagé sur le film et doit être rentabilisé. Une simple routine pour James Cameron qui a déjà signé le deuxième long-métrage le plus cher de l’Histoire du Cinéma avec les 425 millions d’Avatar en 2009 (le premier étant Avengers : Infinity War en 2018), mais un véritable défi pour Robert Rodriguez habitué aux petits et moyens budgets, dont le plus conséquent s’élève à 65 millions pour Sin City : j’ai Tué pour Elle (2014)… et qui ne fut pas remboursé.
Artistiquement parlant, le défi est également de taille. Le manga est culte pour toute une génération de fans : un public difficile et bourré d’attentes, souvent enthousiaste quant à l’adaptation de son œuvre préférée, mais récalcitrant quant à la fidélité au support originel qu’il chérit. James Cameron espère en outre offrir une ou plusieurs suites à Alita : Battle Angel, si cette adaptation rêvée depuis presque vingt ans, rencontre le succès. Selon le trio de réalisateurs/producteurs, le monde créé par Yukito Kishiro est, en effet, suffisamment riche, universel et propice au cinéma pour offrir la possibilité pour le studio de voir à plus long terme.

Malgré une frilosité légitime venue d'une production alambiquée et de premières images qui semèrent le doute, mêlée tout de même à une vraie impatience et curiosité, Alita : Battle Angel risque d'en surprendre plus d'un. Riche, intense et surprenant, le spectacle y est épique, offrant un savoureux mélange d'action et de réflexion, à la hauteur de la très longue attente qu'il a suscitée. La contribution et l'expérience de James Cameron pour le grand spectacle se ressentent fortement, tandis que Robert Rodriguez parvient à laisser sa signature dans ce qui reste son plus gros projet. Tous deux aiment les femmes puissantes et courageuses. Alita, telle une héroïne et une icône, est désormais l’une des leurs tandis qu'Alita : Battle Angel est sa solide genèse.   

Le spectateur qui apprécie l'opus n'aura alors qu'un seul regret : quitter Alita en pleine apogée et au seuil de sa destinée, sur la chanson Swan Song (le chant du cygne) interprétée par l'artiste Dua Lipa en guise de générique de fin.
Alita : Battle Angel est une jolie réussite qui tient déjà toutes ses promesses alors que son histoire, en réalité, ne fait que commencer…

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