La Voie de la Duperie
La Haute République

Titre original :
The High Republic : Path of Deceit
Éditeur :
Pocket
Date de publication France :
Le 25 mai 2023
Genre :
Science-fiction
Label :
Star Wars - Univers Officiel
Auteur(s) :
Justina Ireland
Tessa Gratton
Autre(s) Date(s) de Publication :
Disney-Lucasfilm Press (US) : Le 4 octobre 2022
Nombre de pages :
324

Le synopsis

An -382 avant la Bataille de Yavin (Univers Officiel)
Dalna, planète de la Bordure Extérieure, est au centre d'une enquête Jedi visant à retrouver un artefact de la Force qui a été volé. Zallah Macri et son Padawan, Kevmo Zink, arrivent donc dans ce monde pastoral afin de suivre la piste d'un groupe de missionnaires : la Voie de la main ouverte. Les membres de cette communauté pensent ainsi que la Force doit être libre et que personne ne doit l'utiliser, pas même les Jedi. Marda Ro, une jeune Evereni qui rêve de quitter Dalna pour diffuser la parole de la Voie à travers la galaxie, rencontre bien vite Kevmo sans prendre conscience tout de suite qu'il est un Jedi...

La critique

rédigée par
Publiée le 01 septembre 2023

La Haute République : La Voie de la Duperie est le premier roman jeune adulte qui entame la Phase II dénommée La Quête des Jedi du projet de cross-média, le plus ambitieux jamais conçu pour la saga Star Wars, regroupé sous le nom de La Haute République.

La saga de La Haute République continue ici avec la Phase II d'un projet de cross-média littéraire qui en comprend trois au total. Il a ainsi été construit sur plusieurs années et s'articule sur trois périodes nommées La Lumière des Jedi, puis La Quête des Jedi et enfin Les Épreuves des Jedi. Après une première phase réellement grandiose, la seconde fait le choix, à l'image des films, de faire un bon dans le passé. En remontant 150 ans avant le début de Phase I, la saga contextualise les origines de son grand méchant Marchion Ro en racontant la vie de son arrière grand-mère. En plus des cinq auteurs de la Phase I (Charles Soule, Claudia Gray, Justina Ireland, Cavan Scott et Daniel José Older), quatre s'ajoutent à la liste : Zoraida Córdova, George Mann, Tessa Gratton et Lydia Kang. Les éditeurs de la Phase II restent eux les mêmes aussi bien aux États-Unis qu'en France à l'exception notable d'IDW qui est remplacé par Dark Horse pour les comics jeunesse de l'autre côté de l'Atlantique. Côté contenu, cette deuxième phase est plus ramassée, ne comportant que deux vagues au lieu de trois, mais reste toujours aussi variée dans ses médias avec des romans adultes, des romans jeunes adultes, des romans jeunesse, des comics adultes, des comics jeunesse, un audiodrama et un manga.

Justina Ireland se charge d'écrire La Haute République : La Voie de la Duperie. Habitant le Maryland, l'auteure est surtout connue pour son best-seller Dread Nation, un roman jeune adulte sur des zombies. Elle a également signé deux autres romans jeunes adultes, Vengeance Bound et Promise of Shadows, ainsi que le livre jeunesse Scream Site. Elle est par ailleurs à l'origine d'une série de livres fantastiques junior, Devils' Pass, constituée de six tomes : Tiffany Donovan vs. the Poison Werewolves, Zach Lopez vs. the Shadow Cats, Evie Allen vs. the Quiz Bowl Zombies, Jeff Allen vs. the Time Suck Vampire, Tiffany Donovan vs. the Cookie Elves of Destruction et Zach Lopez vs. the Unicorns of Doom. Après cela, elle a commencé à travailler sur l'univers Star Wars en proposant le livre jeunesse Flight of the Falcon - 1 : Le Globe du Solstice avant de passer à l'écriture de Spark of the Resistance. Elle est finalement choisie pour faire partie de la saga de La Haute République au sein duquel son premier roman est le livre jeunesse La Haute République : Une Épreuve de Courage. Toujours pour le projet de cross-média, elle écrit ensuite deux nouvelles, Starlight : Hidden Danger et Starlight : Shadows Remain, le roman jeune adulte La Haute République : Hors de l'Ombre et un nouveau roman jeunesse La Haute République : Mission Catastrophe ainsi que les scénarios du premier tome du manga La Haute République : Un Équilibre Fragile et de l'annual 2021 du comics La Haute République - Les Aventures. Pour la Phase II de La Haute République, elle se charge uniquement de co-écrire le premier roman jeune adulte : La Haute République : La Voie de la Duperie.

Elle est en effet aidée par Tessa Gratton. Originaire d'Okinava, au Japon, où son père était en service pour l'US Navy, iel obtient ensuite son diplôme en études du genre à l'Université de Kansas en 2003, avant de se lancer dans l'apprentissage de la poésie épique, anglaise et allemande et de parcourir le monde, pour finalement revenir vivre au Kansas. Son premier roman, Le Sang ne Ment Jamais, est publié en 2011. Il s'agit du premier volet d'une duologie dont le second tome Blood Lovers sort l'année suivante. Suite à cela, iel publie la série Gods of New Asgard avec les livres The Lost Sun (2013), The Strange Maid (2014), The Weight of Stars (2014) et The Apple Throne (2015) puis les romans Strange Grace (2018), The Queens of Innis Lear (2018), Lady Hotspur (2020), Night Shine (2020), Moon Dark Smile (2022) ou Chaos & Flame (2023). Pour l'Univers Star Wars, Tessa Gratton commence d'abord par proposer en 2022 la nouvelle Masters dans l'anthologie Stories of Jedi and Sith avant d'écrire pour La Haute République le roman jeune adulte La Voie de la Duperie (2022) et le roman jeunesse Quest for Planet X (2023) pour la Phase II ainsi que le roman jeune adulte Defy the Storm (2024) et le roman adulte Temptation of the Force (2024) pour la Phase III.

La Haute République : La Voie de la Duperie a donc la lourde tâche de débuter la Phase II du projet de cross-média. Dès l'entame, le lecteur se retrouve dans une ambiance totalement différente de La Haute République : La Lumière des Jedi qui commençait la Phase I. Intimiste, avec peu de personnages, le livre fait, il est vrai, le choix de se focaliser sur un acteur majeur qui aura une importance capitale pour la suite. Mais quand l'histoire démarre, celui-ci se trouve sur une planète perdue dans la Bordure Extérieure, coupée de tout ou presque, éloignée des principales routes commerciales. Le lecteur n'a donc qu'une vision sommaire de l'état de la Galaxie 150 ans avant les évènements de la Phase I. Néanmoins, Justina Ireland et Tessa Gratton savent distiller quelques noms connus, ce qui permet d'avoir un aperçu de l'état de ces familles ou de ces clans dans le passé tout en permettant de comprendre ce qui leur reste à parcourir pour arriver à leurs situations telles que décrites dans les précédents romans. Le récit décide, en outre, de prendre son temps pour installer ses personnages dans un style très adolescent privilégiant la découverte des sentiments et des premiers émois. Pourtant, en réalité, le but du livre est de surprendre le lecteur grâce à un incroyable et surprenant retournement de situation. Si le doute de l'intérêt du roman pouvait être permis à son début, sa conclusion prouve la justesse d'avoir débuté la Phase II avec lui mais également le choix d'avoir voulu proposer le calme avant la tempête...

La Haute République : La Voie de la Duperie commence ainsi doucement en se focalisant sur l'enquête que mènent la Jedi Zallah Macri et de son Padawan, Kevmo Zink, sur le vol d'une relique de la Force. Ils arrivent sur Dalna, une planète pastorale perdue au milieu de nulle part dans la Bordure Extérieure. Leurs soupçons se portent alors sur une confrérie de la Force, se faisant appeler la Voie de la main ouverte. D'apparence pacifique, innocente et inoffensive, elle s'apparente à l'évidence à une secte. Les membres sont ainsi embrigadés en se retrouvant complètement sous le joug de celle qui se fait appeler la Mère, une humaine charismatique prénommée en réalité Elecia Zeveron. Cette dernière s'intéresse particulièrement aux artefacts de la Force. Elle demande à ses membres les plus fidèles, et les moins naïfs, d'aller les dérober pour elle, sous prétexte de les protéger contre des mauvaises utilisations. Ses « enfants» les plus émotifs et les plus gentils sont chargés, quant à eux, de l'éducation des petits et du fonctionnement journalier de la colonie. Le roman est dès ce stade passionnant car il apporte une vision intéressante de l'embrigadement, même s'il aurait pu aller plus loin dans la dénonciation. Le lecteur comprend parfaitement que les membres de cette secte sont sous influence même s'ils passent ici bien plus pour des illuminés ou des originaux que pour des êtres dangereux pour eux ou pour les autres. Même le Padawan Kevmo Zink trouve une certaine logique dans les arguments proposés par la jeune adepte qu'il rencontre, dénommée Marda Ro. Même s'il boit ses paroles surtout à cause de l'attirance qu'il éprouve pour la jeune Evereni, il arrive aussi à à se laisser convaincre sur le fond par les arguments qui lui sont présentés. Mais voilà, derrière la bienveillance et la recherche de pureté que prône la secte se cache en réalité des intentions bien plus sombres.

Le roman propose une caractérisation des personnages plutôt réussie.
Marda Ro est notamment particulièrement intéressante. D'une gentillesse sans pareille, elle a une foi inébranlable dans la Voie de la main ouverte, persuadée que ses préceptes sont les bons. La Force est partout et guide toute chose mais elle ne doit pas être utilisée à mauvais escient comme le font les Jedi. Quand elle rencontre le Padawan Kevmo Zink, elle vit alors un vrai coup de foudre à même de bousculer ses croyances et ses sentiments. Néanmoins, elle est certes attirée par le jeune Pantoran mais sa foi reproche au Jedi son utilisation frauduleuse de la Force. Le roman va ainsi jouer de façon classique sur cette attirance physique entre les deux jeunes gens et leurs oppositions morales. Il faut dire que Kevmo Zink est également particulièrement attachant grâce à sa jovialité et son optimisme à toute épreuve. Lui aussi vit un véritable cas de conscience, étant attiré par Marda mais sachant pertinemment que le credo Jedi interdit tout attachement.
À côté de ces deux personnages principaux, la cousine de Marda, Yana Ro est aussi palpitante. À la différence de la cadette de la famille, Yana n'est pas naïve. Si elle se plaît globalement dans la Voie, lui donnant un foyer où elle se sent en sécurité, elle ne croit pas - ou presque pas - aux préceptes autour de la Force. Sa personnalité endurante et pragmatique lui a permis d'avoir le droit de quitter Darna afin d'accomplir les missions demandées par la Mère. Elle se doute bien que leurs actions sont loin d'être aussi saintes que le clame la cheffe de la secte mais elle accepte de le faire tant qu'elle y trouve son compte.
Parmi les autres personnages, il sera peut-être regretté le manque de personnalisation de la Jedi Zallah Macri qui apparaît un peu effacée. La Mère l'est tout autant mais ici le mystère qui l'entoure lui donne un voile de menace la rendant imprévisible et dangereuse. Enfin, même s'il ne se montre que dans peu de pages, le prospecteur humain surnommé Sunshine sert de liant à travers plusieurs romans de cette Phase II.

Enfin, il faut saluer l’incroyable fin de La Haute République : La Voie de la Duperie. Sans rien divulguer, le roman étonne après deux tiers d'un récit assez calme. Il propose ainsi de façon abrupte un changement de ton qui surprendra plus d'un lecteur. Car si le livre était plutôt dans le genre jeune adulte, très fleur bleue, la dernière partie s'avère elle clairement adulte avec une violence étonnante. De plus, l'histoire semble au démarrage plutôt anecdotique alors qu'en réalité elle est non seulement centrale pour la saga de La Haute République mais marque clairement le point de départ de l'enchaînement des évènements aboutissant 152 ans plus tard à la chute du Flambeau Stellaire. Elle introduit également des éléments qui vont servir de base à la Phase II et dont les premières graines sont plantées ici. Le roman n'aurait clairement pas la même saveur sans cette fin qui rehausse l'intérêt de l'ensemble et change complètement le ressenti que peut avoir le lecteur à sa découverte. Si le livre commence comme une romance innocente, il se termine par un choc sur le point de bousculer la Galaxie.

La Haute République : La Voie de la Duperie porte parfaitement bien son titre. Non seulement il résume à merveille le point central du roman, mais également ce qu'il propose aux lecteurs. Cette étonnante façon de commencer cette deuxième phase montre que La Haute République sait toujours étonner et surprendre.

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