Jack Kirby
Date de naissance :
Le 28 août 1917
Lieu de Naissance :
Lower East Side, New York, dans l’État de New York, aux États-Unis
Date de Décès :
Le 06 février 1994
Lieu de Décès :
Thousand Oaks, en Californie, aux États-Unis
Nationalité :
Américaine
Profession :
Artiste de Bande Dessinée

La biographie

rédigée par
Publié le 15 mai 2025

Devenus grâce au MCU des personnages incontournables au cinéma, Captain America, Les Quatre Fantastiques, l’Incroyable Hulk, Thor, les Vengeurs ou bien encore les X-Men doivent en partie leur existence à l’un des artistes de comics les plus prolifiques du XXe siècle, Jack Kirby.

De son vrai nom Jacob Kurtzberg, Jack Kirby voit le jour le 28 août 1917 dans le quartier de Lower East Side, dans le sud-est de l’île de Manhattan, à New York. Son père, Benjamin Kurtzberg, est un immigré juif ayant fui l’Autriche afin d’échapper à un duel. Arrivé aux États-Unis, il trouve un emploi de tailleur dans une usine. Le salaire est maigre et la vie très difficile pour le patriarche, sa femme Rose et leurs deux fils, Jacob et David. Habité par une population défavorisée, le Lower East Side est de plus à l’époque un quartier très difficile dans lequel la violence est quotidienne. La mafia a pris le contrôle des rues. Des chefs de gangs tels que Frankie Yale, Johnnie Torrio et, plus tard, Al Capone, règnent en maîtres absolus. Le petit Jacob est le témoin des règlements de compte entre bandes rivales. Parfois pris à parti lui-même, il est plusieurs fois laissé sur le carreau. Son salut, l’adolescent le trouve dans le dessin, les bandes dessinées de Milton Caniff et Hal Foster, et les pulps, ces magazines à 15 ou 25 cents imprimés sur du papier de qualité médiocre. L’un de ses héros n’est autre que le célèbre détective privé Dick Tracy de Chester Gould. Les adaptations des romans classiques d’Alexandre Dumas et Jules Verne continueront de le passionner à l'âge adulte.

Dick Tracy (1931)
Popeye (1935)

Élevé sur les bancs d’une école juive, Jacob entre à l’Institut Pratt de Brooklyn au début des années 1930. Il n’a que quatorze ans, mais il a trouvé sa voie. Il suit ses premiers cours d’art avec gourmandise. Son bonheur est malheureusement de courte durée. Victime de la crise économique de 1929, son père Benjamin perd son emploi. Il n’y a plus d’argent pour financer l’école. Jacob doit travailler pour aider sa famille. Il enchaîne alors les petits boulots aux côtés de son papa : livreur de journaux, chauffeur, manutentionnaire… Maniant le crayon avec maestria, il entre dans un club de jeunes qui lui proposent de dessiner dans leur journal. Jacob Kurtzberg réalise ainsi ses premières planches de comics qu’il signe du nom de Jack Curtiss. Si ses œuvres plaisent à ses amis, elles ne trouvent malgré tout pas preneur dans la presse. En 1935, l’artiste rebondit en répondant à une petite annonce publiée par les studios Fleischer. Décrochant la timbale, il devient animateur intervalliste sur quelques cartoons de la série avec Popeye, A Clean Shaven Man (1936), Hold the Wire (1936) et Popeye et Sindbad le Marin (1936). L’expérience est cependant, une fois de plus, de courte durée. C’est un travail qui ne lui plaît guère. Et malgré un salaire régulier, Jack Kirby préfère jeter l’éponge dès 1936. Il est d’ailleurs conforté dans sa décision lorsqu’il apprend que Max et Dave Fleischer envisagent de déménager leur studio à Miami, en Floride. Kirby n’aurait de toute manière jamais quitté New York. Feuilletant de nouveau les pages emplois de la presse, il trouve une place au sein du Lincoln Features Syndicate pour qui il produit plusieurs strips qu’il signe sous différents pseudonymes, Jack Curtiss, Brady, Lawrence, Barton, Bob Dart, Curt Davis… En 1938, il propose en parallèle ses services à Will Eisner et Jerry Iger qui viennent de fonder leur propre studio. Kirby travaille avec eux durant trois mois tout en maintenant sa collaboration avec Lincoln Features.

Crash Comics #1 (Mai 1940)
Red Raven Comics #1 (Août 1940)
Red Raven Comics #1 (Août 1940)
Marvel Mystery #17 (Mars 1941)

En 1939, Jack Kirby débute une carrière d’artiste indépendant. Il planche alors sur une nouvelle série, Solar Legion, achetée par l’éditeur TEM Publishing et publiée en mai 1940 dans la revue Crash Comics Adventures. C’est la première fois que Jack Kirby signe une œuvre avec ce nom. Vers la même époque, il intègre Fox Features Syndicate où il fait la rencontre de Joe Simon. Le courant passe immédiatement entre les deux hommes qui décident de travailler ensemble. À la tête de leur propre studio, ils signent un accord avec Martin Goodman, le propriétaire de Timely Comics (actuel Marvel Comics), pour qui ils inventent plusieurs héros dont les aventures sont incluses dans les différents titres de l'éditeur : Red Raven, Comet Pierce, Mercury in the 20th Century, The Vision, Hurricane et Tuk the Cave-Boy. Aucun d’eux ne trouve néanmoins son public. Tous sont éclipsés par Superman et Batman, les figures de proue du concurrent National Comics (actuel DC Comics).

Alors que la Seconde Guerre mondiale embrase le monde, Jack Kirby et Joe Simon imaginent également le personnage de Steve Rogers, alias Captain America. Portant fièrement les couleurs de l’Amérique face à la racaille nazie, le héros est initialement un petit gars fragile originaire, comme Kirby, du Lower East Side. Lorsque la guerre débute, celui-ci n’aspire qu’à servir son pays mais il est recalé par l’armée qui juge son physique trop frêle. Sa détermination est telle que le général Chester Phillips l’associe à un projet secret, le « Projet Renaissance ». Utilisé comme cobaye, Rogers se fait injecter un sérum qui, combiné à une irradiation, fait de lui un super-soldat. Parue en décembre 1940, la première aventure de Captain America remporte un immense succès. Montrant sur sa couverture le soldat flanquant un bon coup de poing dans la face d’Adolf Hitler, le comic book se vend à plus d’un million d’exemplaires. Bien décidé à transformer l’essai, Martin Goodman commande d’autres récits mettant en scène Bucky Barnes, le compagnon de Captain America, et Toro, le bras-droit de Human Torch, qui, avec une bande d’adolescents, combattent eux aussi les nazis dans Young Allies.

Captain America #1 (Mars 1941)
Young Allies #1 (Été 1941)
Adventure #75 (Juin 1942)
Adventure #73 (Avril 1942)

Si les ventes de magazines sont bonnes, Jack Kirby et Joe Simon apprennent rapidement que Martin Goodman est mauvais payeur. Le patron de presse n’est pas disposé à leur verser toutes les sommes dues pour leur travail. Kirby et Simon cherchent donc un autre sponsor. Ils produisent plusieurs planches pour le concurrent National Comics. Lorsque Goodman l’apprend, le duo est immédiatement licencié. Peu importe… Jack Kirby et Joe Simon sont directement engagés par National Comics qui, au passage, double leur salaire ! Capables de produire six planches par jour, ils y reprennent les séries Sandman et Manhunter publiées dans les revues Adventure Comics puis Adventure. Ils inventent dans le même temps de nouveaux héros comme The Newsboy Legion qui apparaît dans les titres Star Spangled Comics et Boy Commandos. Jamais Kirby n’aurait imaginé gagner autant d’argent grâce à ses créations. Ses revenus lui permettent d'ailleurs d'épouser enfin Rosalind (Roz) Goldstein le 23 mai 1942. Quelques semaines après son mariage, il change officiellement et définitivement son nom en Jack Kirby.

La collaboration entre Jack Kirby et Joe Simon s’arrête en 1943, lorsque tous les deux sont appelés à servir sous les drapeaux. Le 16 juin 1944, Kirby participe à une nouvelle série de débarquements en Normandie. Contribuant à la Libération de la France, il traverse tout le pays jusqu’en Lorraine où il participe à la Bataille de Metz du 27 août au 13 décembre. Les combats sont âpres. Il s’agit d’une place forte défendue coûte que coûte par ce qu'il reste de l’armée allemande. Metz est reprise par les Alliés le 22 novembre. Mais les GI comptent leurs morts par milliers, notamment suite aux combats autour de Dornot, au sud-ouest de la préfecture de Moselle. Kirby n’assiste lui-même pas à la fin des affrontements. Gravement malade, il est rapatrié aux États-Unis. Pour son engagement héroïque, il se voit remettre deux médailles militaires.

Star Spangled #9 (Juin 1942)
Star Spangled #12 (Juillet 1942)
Boy Commandos #2 (Printemps 1942)
Punch and Judy Vol. 3 #1 (Octobre 1947)

Alors que la Seconde Guerre mondiale s’achève enfin, Jack Kirby et Joe Simon se retrouvent. Ensemble, tous les deux travaillent désormais pour Harvey Comics qui leur propose un contrat plus juteux encore que DC Comics. Les affaires ne sont toutefois pas florissantes. Les kiosques croulent en effet littéralement sous les titres. L’industrie de la bande dessinée est victime d’une crise de surproduction. Les vendeurs n’acceptent donc plus que les titres que le public connaît et plébiscite déjà. Les nouvelles créations sont systématiquement renvoyées à l’expéditeur. Faute de vente, Harvey Comics licencie le duo d’artistes qui se retrouve au chômage… Cela tombe au plus mauvais moment pour Kirby qui vient de devenir papa d’une petite Susan, née en décembre 1945. Pour finir le mois, il travaille sur la série Boy Commandos de DC. Un accord signé entre Joe Simon et la maison d’éditeur Crestwood Publications durant l’été 1946 permet de relever la tête. Arrivent ainsi dans les kiosques le titre Headline et un nouveau héros, Lockjaw the Alligator, un alligator anthropomorphe ayant une force herculéenne. Kirby et Simon touchent à tous les thèmes, le western (Boy’s Ranch), le paranormal (Black Magic), la parodie (Fighting American) et inventent un nouveau genre, le comics de romance, avec Young Romance publié en juin 1947. Le succès est au rendez-vous et d’autres comics naissent dans la même veine, Young Love en 1949 et Young Brides en 1952. Le succès artistique de Jack Kirby se construit en même temps que sa famille continue de s’agrandir avec les naissances de Neal, en mai 1948, et Barbara, en novembre 1952.

En 1954, Jack Kirby et Joe Simon fondent une nouvelle société d’édition, Mainline Publications, et lancent quatre nouveaux titres, Bulls Eye, In Love, Police Trap et Foxhole. Une fois encore, ils touchent à tout avec le western, la romance, le genre policier et les récits de guerre. Pleines de promesses, ces nouvelles histoires se heurtent alors à une partie de l’opinion publique qui, influencée par l’ouvrage Seduction of the Innocent du psychiatre Fredric Wertham, estime que les comics pervertissent la jeunesse américaine. Le Congrès s’empare du dossier et monte une commission d’enquête dirigée par Estes Kefauver, le sénateur du Tennessee. Celle-ci vise à évaluer les liens pouvant exister entre la presse et la délinquance juvénile. Les maisons d’édition ne tardent pas à contre-attaquer. Pour éviter toute forme de censure, elles mettent sur pied la Comics Magazine Association of America. Un règlement est rédigé, le Comics Code. Désormais, toute représentation de violence excessive et de sexualité est prohibée. Il est également défendu de tourner en ridicule les autorités politique ou religieuse. Le Bien doit toujours triompher du Mal. Les publicités pour le tabac, l’alcool, tout comme les pin-ups, doivent disparaître. Enfin, les personnages de la littérature d’horreur sont interdits. Cette dernière décision provoque la faillite du distributeur de Mainline Publications. Joe Simon et Jack Kirby sont obligés de vendre leur société à Charlton Comics Group qui, malgré tout, continue de les faire travailler.

Black Magic #32 (Septembre 1954)
Bullseye #3 (Décembre 1954)
World's Finest Comics #98 (Décembre 1958)
Double Life of Private Strong #1 (Juin 1959)

Au milieu des années 1950, Jack Kirby et Joe Simon voient leurs chemins s’éloigner. Le premier souhaite publier d’autres bandes dessinées. Le second est recruté par Harvey Comics comme éditeur. Kirby signe chez Atlas Comics (anciennement Timely Comics et futur Marvel Comics) pour qui il se penche, entre autres, sur les séries Yellow Claw et Astonishing. Cet emploi est de courte durée. Faute de rentabilité suffisante, Atlas licencie Kirby dès 1957. Son ami Frank Giacoia lui vient en aide et lui propose de dessiner les aventures de Johnny Reb et Billy Yank. L’artiste retrouve ensuite du travail chez DC avec les séries Green Arrow, Showcase et The Challengers of the Unknown. Un différend avec Jack Schiff, l’un des responsables éditoriaux de DC, met cependant fin à cette collaboration en 1959. La même année, Kirby et Simon reforment leur duo et créent The Double Life of Private Strong et The Adventure of the Fly. Pour Atlas Comics, Jack Kirby produit My Own Romance, Rawhide Kid, Two-Gun Kid et Strange Tales.

Papa pour la quatrième fois avec l’arrivée de Lisa le 7 septembre 1960, Jack Kirby est sollicité par Stan Lee, le neveu de Martin Goodman, pour l’aider à mettre sur pied une nouvelle série de super-héros inspirée de la Ligue de Justice d’Amérique de DC. Le 8 août 1961, ce nouveau partenariat donne naissance à Reed Richards (Mr. Fantastic), Jane Storm (Invisible Girl), Johnny Storm (la Torche humaine) et Ben Grimm (la Chose), les héros de The Fantastic Four. Publié tous les deux mois, le comics est plébiscité par les lecteurs qui, en plus de l’action, apprécient de vivre le quotidien des héros comme s’il s’agissait d’un feuilleton. Dès le numéro 6, il devient mensuel. Cent-deux numéros sont ainsi écrits et dessinés par Lee et Kirby qui introduisent d’autres personnages, Franklin Richards, le fils de Reed Richards et Jane Storm, le Docteur Fatalis, Galactus, le Surfer d’Argent, la Panthère Noire, ou bien Namor, le Prince des Mers créé dès avril 1939 et qui devient l’un des principaux méchants.

Fantastic Four #1 (Novembre 1961)
Fantastic Four #52 (Juillet 1966)
Tales to Astonish #35 (Septembre 1962)
Incredible Hulk #5 (Janvier 1963)

Forts de leur succès, Stan Lee et Jack Kirby s’attèlent à créer d’autres séries et d’autres protagonistes. En janvier 1962, ils imaginent Henry (Hank) Pym, un scientifique de génie ayant trouvé le moyen de réduire sa taille à celle d’une fourmi. Dès septembre 1962, il est baptisé Ant-Man dans Tales to Astonish #35. En mai 1962, ils inventent le docteur Bruce Banner, un physicien nucléaire qui, comme le Docteur Jekyll, est victime de ses expériences. Sous l’effet des rayons gamma, il voit alors son ADN être changé et son corps se transformer pour devenir un colosse gris, Hulk. Pour permettre de mieux voir le personnage sur les pages de mauvaise qualité des comics, il est décidé dès le numéro 2 que son épiderme serait désormais vert. En août 1962, Lee et Kirby s’inspirent de la mythologie nordique pour le héros Thor qui apparaît dans le comics Journey into Mystery #83. Fils adoptif d’Odin, le maître d’Asgard, le Dieu du tonnerre est puni pour son arrogance et envoyé sur Terre. La mémoire effacée, il se retrouve enfermé dans le corps du médecin infirme Donald Blake. Ses pouvoirs ne sont finalement révélés que lorsqu’il retrouve son marteau, Mjöllnir. Jack Kirby dessine les sept premiers numéros avant de passer le relais à Don Heck, Joe Sinnott et Al Hartley. L’artiste reprend la main après le numéro 97 avec Tales of Asgard. Plusieurs autres protagonistes sont ajoutés au fur et à mesure des aventures, les extraterrestres Rigelliens, les chevaliers de Wundagore et la déesse Sif.

En mai 1963, Nick Fury fait son entrée dans Sgt. Fury and His Howling Commandos #1. Né à New York, le héros est le fils d’un vétéran de la Première Guerre mondiale. S’enrôlant lui-même dans les Brigades internationales engagées durant la Guerre d’Espagne, Fury assiste au bombardement de Guernica. De retour en Amérique, son ami Red Hargrove et lui deviennent cascadeurs et parachutistes. Reconnus pour leur courage, ils sont choisis pour former les Commandos britanniques en 1940 avant de devenir membres de l’U.S. Army. Red est tué à Pearl Harbor. Nick est blessé en France. Après la guerre, il travaille pour l’OSS puis pour la CIA comme agent secret. Au cours de ses aventures, il croise les Quatre Fantastiques. En mai 1963, Kirby participe à la création de Tony Stark, alias Iron Man, avec Lee, Larry Lieber et Don Heck. Fils d’un riche industriel new-yorkais, le personnage est un playboy insouciant qui, après avoir sauté sur une mine au Vietnam, invente une armure permettant de ralentir la progression des éclats qui se dirigent vers son cœur.

Thor #170 (Novembre 1969)
Sgt. Fury #10 (Juillet 1964)
Tales of Suspense #1 (Janvier 1959)
X-Men #2 (Novembre 1963)

Dans un tout autre registre, Stan Lee et Jack Kirby fondent les X-Men et les Vengeurs en septembre 1963. Les premiers sont une confrérie de mutants ayant des pouvoirs incroyables. Composé de Cyclope, Angel, Iceberg, le Fauve, Strange Girl, le Professeur Xavier, celle-ci fait face à des ennemis redoutables, Magneto et les sentinelles fabriquées par Bolivar Trask. Les seconds regroupent les meilleurs super-héros de l’époque, Iron Man, Thor, Hulk, Ant-Man, la Guêpe et, à partir du numéro 4, Captain America, retrouvé en état d’hibernation. Le super-soldat revient donc dans Tales of Suspense, rebaptisé dès le N°100 Captain America. Les séries se multipliant, il est devenu habituel que Jack Kirby dessine les premières aventures avant de laisser sa place à d’autres artistes. Dick Ayers reprend ainsi Nick Fury. Werner Roth hérite des X-Men. Don Heck s’occupe d’Ant-Man. Steve Ditko récupère un temps Hulk. Dans les comics des (Les) Quatre Fantastique et de Thor, Kirby officie régulièrement comme scénariste, Stan Lee se chargeant d’insérer les dialogues dans ses histoires. Dans le même temps, Kirby épaule ses collègues et participe de loin à la création d’autres personnages tels que Spider-Man dont le dessin est assuré dès août 1962 par Steve Ditko.

Le talent et l’imagination de Jack Kirby lui valent bientôt le surnom de « The King » - « Le Roi ». Si ses histoires et ses dessins sont largement plébiscités, ses relations avec la direction de Marvel Comics se tendent néanmoins à la fin des années 1960. L’ambiance est telle que Kirby fait le choix de claquer la porte en 1970. Il se tourne alors vers le concurrent DC Comics. Carmine Infantino lui donne carte blanche pour faire ce qu’il veut avec, pour seule condition, de piocher dans les séries existantes. Kirby aurait préféré travailler sur une création originale, mais il accepte l’offre. Il sélectionne le bimestriel Superman’s Pal Jimmy Olsen dont il produit le N°133, dans les kiosques en octobre 1970. Dès le numéro suivant, il introduit le personnage de Darkseid. Seigneur d’Apokolips, celui-ci possède une soif de pouvoir telle qu’il cherche à prendre le contrôle plein et entier de tout le multivers en éliminant le libre arbitre de tous ses habitants. Parmi les méchants les plus puissants de DC, Darkseid prend place dans les trois créations suivantes de Jack Kirby, New Gods et Forever People lancées en février 1971, puis Mister Miracle en mars 1971. Le public a néanmoins du mal à adhérer. En avril 1972, Superman’s Pal Jimmy Olsen disparaît par conséquent des rayonnages. En octobre, c’est au tour de New Gods et Forever People d’être retirés au bout de onze numéros. Mister Miracle poursuit sa publication avec dix-huit opus jusqu’en février 1974. Pour ces quatre séries, réunies au sein du cycle Le Quatrième Monde, Kirby est couronné en 1972 par un Shazam Award remis par l’Academy of Comic Book Arts.

Superman’s Pal Jimmy Olsen #133
(octobre 1970)
NEW GODS #1
(Mars 1971)
The Demon #1 (Août 1972)
Kamandi, the Last Boy on Earth #1 (1972)

Refusant de reprendre le personnage de Deadman, Jack Kirby propose une autre création, The Demon, inspirée d’un épisode de Prince Vaillant d’Hal Foster découvert lorsqu'il était plus jeune. Parue entre août 1972 et janvier 1974, celle-ci met en scène Etrigan, un démon lié par Merlin l’Enchanteur à l’humain Jason Blood. Parlant en vers et capable de cracher des flammes, le monstre est doué d’une force colossale. Entre octobre 1972 et avril 1976, Kirby écrit et dessine aussi Kamandi, the Last Boy on Earth, l'histoire d'un jeune homme errant dans un monde postapocalyptique où les Hommes sont revenus à l’état sauvage et où les animaux règnent en maître. Le titre s'inspire alors notamment de l'engouement autour de La Planète des Singes, comme l'indiquent clairement la couverture du numéro 1 et l'une des premières cases représentant la Statue de la Liberté partiellement immergée. Entre septembre 1974 et novembre 1975, paraissent les huit épisodes d’O.M.A.C. dans lesquels l’Agence de Paix Globale (AGP) fondée par les Visionnaires cherche à protéger la Terre d’une invasion d’hommes-bêtes. Pour ce faire, Buddy Blank, un modeste ouvrier, est transformé en surhomme. Jack Kirby reprend ensuit Sandman aux côtés de Joe Simon. En plus de quelques histoires testées dans la collection First Issue Special, l’artiste ressuscite enfin la série de guerre The Losers dans le comics Our Fighting Force. Avec le scénariste Dennis O’Neil, il dessine Richard Dragon, Kung-Fu Fighter.

En 1975, Jack Kirby fait son retour chez Marvel. Il retrouve son personnage de Captain America dans une nouvelle série qui débute en janvier 1976. Il travaille dessus jusqu’en décembre 1977. De juillet 1976 à janvier 1978, il conçoit les Éternels, une race d’êtres divins qui doivent faire face aux Déviants dans le titre The Eternal. En décembre 1976, il livre avec Dan Adkins la version en bande dessinée du long-métrage 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. L’adaptation donne naissance en avril 1978 à la série Machine Man dans laquelle sont narrées les aventures d’un robot humanoïde. En janvier 1977, il met en scène La Panthère Noire, le roi et protecteur du Wakanda déjà apparu en juillet 1966 dans The Fantastic Four #52. Entre avril et décembre 1978, les lecteurs découvrent Devil Dinosaur, ou les péripéties d’un garçon chevauchant un tyrannosaure rouge. Avec Stan Lee et Joe Sinnott, il reprend son personnage du Surfeur d’Argent dans sa dernière aventure, The Silver Surfer : The Ultimate Cosmic Experience, publiée en septembre 1978.

The Eternal #1 (Juillet 1976)
2001, A Space Odyssey (1976)
Devil Dinosaur #1 (Avril 1978)
Concept Art pour le film Argo (1978)

Réalisant plusieurs couvertures pour des albums dont il n’est ni l’auteur, ni le dessinateur, à l’image des (Les) Envahisseurs, Jack Kirby quitte définitivement Marvel en 1978. Il conteste en effet le non-paiement des droits d’auteur sur ses œuvres. Installé depuis 1969 en Californie, il se tourne vers l’industrie du cinéma. Entre autres projets, il est alors contacté par le producteur Barry Ira Geller qui lui demande de dessiner quelques concept-arts pour Argo, un potentiel long-métrage de science-fiction inspiré par le best-seller Seigneur de Lumière de Roger Zelazny. Pour des raisons juridiques, le film n’est finalement pas mené à son terme. Archivés, le scénario et les esquisses de Kirby sont néanmoins récupérés un an plus tard par Tony Mendez, un agent de la CIA, afin de servir de couverture pour aller sauver six Américains retenus en otage à Téhéran par les autorités iraniennes dirigées par l’Ayatollah Khomeini. Cette histoire, rocambolesque, est racontée par le film oscarisé Argo de Ben Affleck (2012).

Après avoir collaboré avec les studios Hanna-Barbera sur les séries The New Schmoo (1979-1980), Les Voyages Fantomatiques de Scoobydou (1980) et Space Stars (1981), Jack Kirby travaille dès 1980 avec les Ruby-Spears Productions. Il conçoit notamment l’apparence des personnages d’Arok le Barbare (1980-1981), Goldie Gold and Action Jack (1981), Turbolide (1984), Mister T (1983-1985), Rambo (1986) et Chuck Norris: Karate Kommandos (1986). D’autres projets n’aboutissent quant à eux à rien. En 1981, il reçoit une offre de Pacific Comics qu’il ne peut refuser. L’éditeur lui propose en effet de créer de nouveaux comics dont il sera le seul et unique propriétaire. Il n’y aura donc pas de problème de droits d’auteur. Kirby accepte et produit deux nouvelles séries. La première, Captain Victory and the Galactic Ranger, un space-opera publié entre 1981 et 1984, met en scène Captain Victory, un soldat de l’espace. Avec malice, Kirby suggère alors en filigrane que son héros est le fils d’Orion, l’un des dieux du titre New Gods jadis publié par DC. La seconde série, Silver Star, paraît entre 1983 et 1984. Il suit les aventures de Morgan Miller, un agent du gouvernement américain transformé en mutant par son père, le docteur Bradford Miller. Doté de super-pouvoirs, Miller combat des criminels eux-mêmes génétiquement modifiés. La collaboration avec Pacific Comics prend fin suite à la faillite de l’éditeur le 22 septembre 1984.

The Silver Surfer (Septembre 1978)
Arok le Barbare (1980)
Captain Victory and the Galactic Ranger #1
(Novembre 1981)
Silver Star #1
(Février 1983)

En 1982, Jack Kirby travaille ponctuellement avec son ami Steve Gerber sur le personnage de Destroyer Duck. Lorsque la série est arrêtée, l’artiste décide de prendre sa retraite. Dès 1986, il entame un procès à l’encontre de Marvel qui refuse de lui rendre ses originaux si lui-même n'accepte pas de céder tous les droits sur les personnages qu’il a cocréés. Alors qu'un accord est trouvé, d’autres poursuites seront entamées durant les décennies suivantes par les héritiers du dessinateur. En 1993, l’éditeur Topps Comics profite d’un certain engouement pour les comics en publiant d’anciennes créations de Kirby, Bombast, Captain Glory, Nightlider et Satan’s Six. Dans le même temps, l’artiste accepte de sortir ponctuellement de sa retraite et signe deux numéros de Phantom Force pour Image Comics.

En 1994, un nouveau projet germe avec l’éditeur West Coasts Genesis. Celui-ci n’est cependant jamais mené à terme. Jack Kirby s’éteint en effet le 6 février 1994 des suites d’une crise cardiaque. Il avait soixante-seize ans. Inhumé au Pierce Brothers Valley Oaks Memorial Park, il reste aujourd’hui l’un des plus grands maîtres du Neuvième Art aux États-Unis et dans le monde. Son nom figure depuis 1987 au sein du Will Eisner Award Hall of Fame. Suite au rachat de Marvel Comics par The Walt Disney Company le 31 août 2009, une large partie de son œuvre devient la propriété des studios de Mickey à l’origine de l’une des plus grandes sagas cinématographiques de l’Histoire, le Marvel Cinematic Universe. Pour honorer sa mémoire, Jack Kirby est honoré à titre posthume par un Disney Legends Award décerné en 2017. Au Disney Hotel New York - The Art of Marvel, l'un des hôtels de Disneyland Paris, la Jack Kirby Legacy Gallery rend hommage à son œuvre.

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