La Cigale
Date de création :
Le 10 février 1934
Nom Original :
The Grasshopper
Créateur(s) :
Dick Huemer
Art Babbitt
Dick Lundy
Bill Roberts
Hamilton Luske
Apparition :
Cinéma
Livres
Voix Originale(s) :
Pinto Colvig
Jimmy MacDonald (livre-disque)
Voix Française(s) :
Gérard Rinaldi

Le portrait

rédigé par Thibaut Ange
Publié le 10 mars 2020

Célèbre fable remontant à l'écrivain grec Ésope, puis reprise par Jean de la Fontaine au XVIIe siècle, La Cigale et la Fourmi a été la source d’inspiration des studios Disney pour le 42e épisode des Silly Symphonies, série de cartoons musicaux diffusés entre 1929 et 1939. Le personnage principal est ainsi une cigale paresseuse qui ne pense qu'à chanter et jouer du violon en regardant les fourmis travailler d'arrache-pied à récolter et stocker de la nourriture pour l'hiver. Il faut noter que si le français utilise le terme de cigale comme dans la fable originale, le personnage se change en sauterelle en version originale, « grasshopper » signifiant sauterelle et non cigale dans la langue de Shakespeare.

Chantant, dansant et profitant de l’instant présent, la Cigale préfère donc se moquer des fourmis besogneuses et suivre son propre proverbe, « crois-moi, il faut se laisse vivre ! », qu’elle tente d’inculquer à Andy, une jeune fourmi distraite de sa tâche par la musique. Interrompue par l’arrivée de la Reine des fourmis, la Cigale se moque alors des conseils de cette dernière qui la met pourtant en garde. Elle lui dit qu’elle changera de refrain quand l'hiver sera venu et que tout sera recouvert par la neige. L’automne puis l'hiver arrivent, il est vrai, vite et la Cigale se retrouve seule dehors sans abri ni provision, tandis que les fourmis festoient bien au chaud. À l'agonie dans la neige, la Cigale est alors recueillie par les fourmis qui la réchauffent, la nourrissent et la remettent sur pied sous le regard accusateur de la Reine. Tandis que la Cigale la supplie de ne pas la jeter dehors, la Reine lui apprend que chez les fourmis, seules celles qui travaillent peuvent rester. Elle lui demande donc de récupérer son violon et de… jouer ! La Cigale s’exécute et reprend sa chanson entraînante, les fourmis dansant désormais dessus en rythme. Les paroles sont alors modifiées pour devenir « c’est à vous que je dois la vie ! », preuve que la Cigale a retenu la morale de l’histoire.

L’adaptation de la fable par les studios Disney a été menée par Bill Cottrell et Joe Grant. Ancien dessinateur humoristique spécialisé dans les caricatures dans le journal Los Angeles Examiner, ce dernier côtoie des artistes des studios Disney quand ils lui demandent de les aider pour le cartoon spécial commandé par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, Parade of Award Nominees, destiné à être diffusé en 1932 au cours de la cérémonie des Oscars. Joe Grant commence ensuite sa carrière d'animateur sur le cartoon Mickey's Gala Premier (1933) où il met en avant ses talents pour la caricature. En parallèle, il participe à la conception de La Cigale et la Fourmi, dessinant la Cigale sous une forme qui convainc Walt Disney.

L’animation de la Cigale a été réalisée par plusieurs artistes des studios Disney, chacun se voyant confier une séquence du court-métrage. La scène d’ouverture où elle danse seule, puis celle où elle entraîne avec elle la fourmi Andy sont ainsi l’oeuvre de Dick Huemer. La première discussion de la Cigale avec la Reine des fourmis est pour sa part animée par Dick Lundy tandis que sa danse, quand l’automne arrive, est réalisée par Bill Roberts. Art Babbitt s’est pour sa part chargé de l’animation de la Cigale devenue bleue dans la neige. Hamilton Luske, enfin, a animé la scène finale du banquet dans la demeure des fourmis.

L’un des atouts de La Cigale et la Fourmi est assurément sa bande son, à commencer par la voix si reconnaissable de l'insecte incarnée par Pinto Colvig, connu principalement pour être la voix officielle de Dingo. En 1934, son personnage fétiche est, en effet, encore totalement secondaire. Il s'appelle d'ailleurs toujours Dippy Dawg et ne dispose même pas de son nom anglais et définitif, Goofy. L'artiste peut donc se permettre de vocaliser divers personnages de cartoons. Côté chanson, Leigh Harline compose un air sur des paroles de Larry Morey qui devient vite célèbre. The World Owes Me a Living n'aura certes pas l'impact de Qui a Peur du Grand Méchant Loup ? des (Les) Trois Petits Cochons mais il se crée une jolie place dans la discographie de Disney et même au-delà. La chanson sera, il est vrai, réutilisée maintes fois, notamment en version instrumentale, pour accompagner une sauterelle qui passe dans Le Jardin de Mickey, un cartoon de Mickey Mouse de 1935. Dans Mickey Patine (1935), Dingo va également se mettre à la fredonner au point que son refrain deviendra peu à peu la ritournelle non officielle du gaffeur maladroit sur le reste de sa carrière. Il la chante aussi dans le cartoon Le Déménagement de Mickey (1936). En dehors des studios Disney, The World Owes Me a Living est interprétée à plusieurs reprises, à commencer par Shirley Temple dans son film C'est Pour Toujours en 1934.

Pinto Colvig
Gérard Rinaldi

Pour le deuxième doublage du court-métrage, en version française, la Cigale est interprétée par Gérard Rinaldi. Passionné de jazz, il fonde la troupe des Charlots en 1966 avant d'entamer une carrière d'acteur dans les années 1970, avec des films comme La Grande Java et Les Bidasses en Folie. En 1986, il quitte son groupe pour s'orienter vers le doublage et la télévision. Pour Disney, il prête ainsi sa voix de baryton à Ratigan dans Basil, Détective Privé, au Chef Louis dans La Petite Sirène, à Clayton dans Tarzan, à Dingo dans plusieurs productions, à Grincheux dans le doublage de 2001 de Blanche Neige et les Sept Nains, à Tony dans le doublage de 1997 de La Belle et le Clochard ou encore à Flèche dans La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue. Il a aussi doublé plusieurs personnages de la série animée Les Simpson, parmi lesquels Kent Brockman, Charles Montgomery Burns, Krusty le Clown et le Chef Wiggum. Il décède en 2012 à l'âge de 69 ans.

La Cigale est également apparue en bande dessinée. À partir de 1932, de nombreux cartoons des Silly Symphonies ont ainsi été déclinés dans des comic strips publiés le dimanche sur une page toute en couleur, aux côtés d’une histoire sur Mickey Mouse. À l’origine, la publication principale est une histoire racontant les aventures de Bucky Bug, une coccinelle anthropomorphique qui tombe amoureux de June avant de se retrouver embarqué dans l’armée dans une guerre contre les mouches. Le succès de la publication est tel qu'il conduit à l’adaptation en BD de cartoons des Silly Symphonies déjà diffusés ; La Cigale et la Fourmi n’en faisant malheureusement pas partie. Si la Cigale apparaît dans certaines publications des années 1930 et 1940, la première histoire en bande dessinée dérivée du cartoon paraît ainsi en septembre 1952 dans un magazine intitulé Walt Disney’s Silly Symphonies, qui publie des histoires inédites ainsi que d’autres déjà parues dans les années 1930. Diffusée sur sept pages, l’histoire The Grasshopper and the Ants est alors dessinée par Al Hubbard, auteur prolifique de BD pour les studios Disney.

Livre-disque (1949)
Livre-disque (1960)
Livre-disque (1968)

Le cartoon des Silly Symphonies est aussi décliné en livre-disque de 10 pouces - 45 tours par Capital Records en 1949. Fidèle au court-métrage, le disque permet aux enfants de l’époque de découvrir l’histoire de La Cigale et la Fourmi avant que la télévision ne soit encore très développée dans les foyers. Quelques années plus tard, en 1960, un livre-disque de 12 pouces - 33 tours édité par Disneyland Records reprend l’histoire de La Cigale et la Fourmi. Sterling Holloway, interprète de la Cigogne de Dumbo et narrateur du segment Pierre et le Loup de La Boîte à Musique, y joue le rôle de narrateur, tandis que l'acteur écossais Jimmy MacDonald, voix officielle de Mickey Mouse de 1948 à 1977 et spécialiste des effets sonores, prête sa voix à la Cigale et à la fourmi Andy. La musique est orchestrée par Tutti Camarata, compositeur et chef d’orchestre américain. Dans l'enregistrement, la Cigale est appelée « Hop » tandis que des personnages inédits sont mentionnés, tels qu’un vautour nommé Bubba qui déteste tout, surtout la musique jouée par la Cigale. Ce nouveau personnage apparaît sur la pochette du disque, ainsi que sur celle d’une nouvelle version du livre-disque publiée dans la série Little Long-Playing Records (LLP) en 1968 sous le titre Walt Disney Presents the Story of The Grasshopper and the Ants.

Comme pour les Trois Petits Cochons créés l’année précédente, la qualité de la Cigale est double : sa personnification et la chanson entraînante qu’elle interprète en font un personnage sympathique, malgré sa paresse et sa moquerie envers les fourmis travailleuses. Son expérience désagréable dans la rudesse de l’hiver lui aura pour sûr servi de leçon !

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