Le Loup (Merlin l'Enchanteur)
Date de création :
Le 25 décembre 1963
Nom Original :
The Wolf
Créateur(s) :
John Lounsbery
John Sibley
Cliff Nordberg
Apparition :
Cinéma
Voix Originale(s) :
James MacDonald
Voix Française(s) :
James MacDonald

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 29 octobre 2020

Dans la littérature et les contes populaires, le rôle du méchant incombe souvent au loup. Dans Le Petit Chaperon Rouge, Les Trois Petits Cochons, Le Loup et les Sept Chevreaux, Tom Pouce, mais aussi Les Fables de La Fontaine et même le conte musical de Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev, l’animal est ainsi dépeint comme une bête fourbe, un monstre cruel, un mangeur d’enfants redoutable et craint. C’est bien ce loup là que les artistes de Disney envisageaient de mettre en scène dans Merlin l’Enchanteur, un canidé effrayant qui, pourtant, a bien vite troqué sa place de terreur pour un rôle plus comique.

Le loup est l’un des premiers protagonistes de Merlin l’Enchanteur à entrer dans l’histoire. Vivant dans une sombre et épaisse forêt anglaise, l’animal surprend en effet dès les premières minutes du film le jeune Arthur qui, sans se soucier des dangers potentiels qui l’entourent, s’évertue à retrouver la flèche que son maître Kay a envoyé dans les arbres par sa faute. Occupé à mâchouiller un vieil os provenant d’une ancienne proie, l’animal, rachitique et affamé, se dit alors que la présence du jeune garçon dans les bois est l’occasion idéale de se remplir le ventre.

Ni une, ni deux, le loup se met en chasse. Se faufilant dans les broussailles, il guette sa proie. Tapi dans l’ombre, il avance doucement, lentement, sans un bruit. L’eau à la bouche, il attend le bon moment pour bondir. Passant la tête en dehors d’un buisson, il sourit à sa victoire. Quand soudain, une branche vient le frapper violemment au cou. Arthur, en se glissant dans l’épaisse forêt, doit en effet écarter les branchages qui encombrent le chemin, les lâchant sans se douter que quelqu’un puisse les prendre dans la figure. À peine commencée, la chasse du loup tourne mal. Le prédateur n’est toutefois pas décidé à abandonner pour autant. Arthur, désormais perché dans un arbre, pourrait encore tomber lourdement au sol et se tuer. Le loup, tout sourire, attend donc, la gueule ouverte, que sa proie vienne à lui… en vain, l’adolescent chutant finalement dans la chaumière de Merlin.

Loin de se laisser abattre, le loup, caché derrière un arbre, la langue bien pendue, décide d’attendre que son quatre heures sorte de là. Sa patience est alors récompensée. Car cette fois, Arthur n’est pas seul. Merlin est avec lui. Le menu s’étoffe, donc ! Le loup se met une nouvelle fois en chasse. Difficile, cependant, de suivre l’enchanteur et son élève dont le pas est fort rapide. L’animal est souvent très près de mordre un mollet, mais échoue systématiquement. La nature n’est d’ailleurs pas tendre avec lui non plus. Il doit en effet passer à travers les arbres, dévaler des pentes dangereuses, traverser des étendues d’eau profondes, éviter les éboulements de rochers…

Arrivant bon gré mal gré au sommet d’une colline, le loup, qui peine à reprendre son souffle, a juste le temps de se retourner qu’il aperçoit Arthur et Merlin redescendre à vive allure. Tous les deux se sont en fait trompés de route ! Ils ont rebroussé chemin et redescendu la colline. Le loup comprend qu'il est donc monté là pour rien… Consterné, choqué, il s’effondre de fatigue en voyant son dîner lui échapper, encore…

Le loup réapparaît plus tard dans le film. À grand renfort de magie, Merlin et Arthur sont transformés en écureuils, un moyen pour l’enchanteur d’apprendre les leçons de la vie à son jeune protégé. Apparaissant au pied d’un arbre, le loup, toujours aussi rachitique, se dit que les rongeurs, rejoints par deux demoiselles amoureuses, seraient un plat de roi. Après tout, une chute est vite arrivée ! Une branche vient soudain s’écraser sur sa tête. L’animal est sonné mais ravi de voir qu’Arthur, changé en écureuil, est coincé sous le morceau de bois. Miam ! L’affaire semble enfin faite. Mais la demoiselle écureuil, bien décidée à sauver son amoureux, arrive bientôt à sa rescousse et mord frénétiquement la patte du prédateur. En se lançant à sa poursuite, celui-ci tombe dans un ravin puis dans la rivière. La tête coincée dans un tronc creux, le voilà emporté par le courant. Le loup disparaît alors de l’intrigue, ridiculisé, trempé et plus affamé que jamais…

Choisi pour sa réputation de méchant dans l’imagerie populaire, le loup fait partie des personnages secondaires de Merlin l’Enchanteur qui, bien qu’ils n’apparaissent que quelques minutes à l’écran, emportent tous les suffrages. Animal chétif, malingre, à la fourrure grise minable et complètement ébouriffée, il offre en effet certains des plus beaux moments de comédie du film. Contrairement au brochet et à l’aigle représentés de façon tout à fait réaliste, le loup est pour sa part un vrai personnage de dessins animés, une caricature avec une vraie personnalité. Le corps et la gueule crevassés, il souffre en effet de la faim. Aussi, il est prêt à tout pour attraper une proie, en vain. En cela, il ressemble beaucoup aux personnages de cartoons de l’époque, en particulier Bent-Tail le Coyote et Louie le Lion, ou, plus connu, le formidable Vil E. Coyote, personnage emblématique des Looney Tunes.

L’animation du loup est confiée aux animateurs John Lounsbery, Cliff Nordberg et John Sibley.
Membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, Lounsbery est un habitué du genre canidé puisqu’il a animé plusieurs courts-métrages de Pluto mais aussi le loup de la séquence inspirée de Pierre et le Loup et extraite du long-métrage La Boîte à Musique ainsi que le Shérif de Nottingham de Robin des bois. Entré chez Disney en juillet 1935, l’artiste, parmi les meilleurs de sa génération, a également donné vie à la Reine Grimhilde changée en sorcière, Grand Coquin et Gédéon, Ben Ali Gator, Chicken Little, Willie le géant, la rose chef d’orchestre et le chat de Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles, monsieur Darling, le duo Tony et Joe dans La Belle et le Clochard, les rois de La Belle au Bois Dormant, le colonel Hathi ou bien encore Tigrou. Nommé coréalisateur des (Les) Aventures de Winnie l’Ourson et des (Les) Aventures de Bernard et Bianca, il décède en 1976 avant que les deux longs-métrages ne soient achevés et proposés en salle.

La première apparition du loup avec son os dans la gueule est l’œuvre de Cliff Nordberg. Engagé aux studios Disney en 1938, il a participé à la production de dizaines de courts-métrages et de tous les longs-métrages de La Boîte à Musique à Rox et Rouky. À son actif, figurent notamment des personnages comme Lucifer, le Chapelier toqué, le Lièvre de mars et le Loir, le Capitaine Crochet et le crocodile, Lady, le sergent Tibs, Horace et Jasper Badun, Dinky et Piqueur. À noter que le passage créé par Nordberg et montrant le loup avançant ventre à terre en direction d'Arthur réutilise en fait la même animation que celle de Raja, le tigre du court-métrage Goliath 2 sorti en 1960, l'image du fauve étant évidemment remplacée par celle du canidé.
La dernière apparition du loup est quant à elle supervisée par John Sibley. Recruté en 1937, l’artiste a notamment animé Dingo dont il est devenu l’un des spécialistes, les dinosaures de Fantasia, le gauchito volant, Ichabod Crane, Si et Am, les rois Stéphane et Hubert, Horace et Jasper Badun.

John Lounsbery
James MacDonald

Dépourvu de la parole contrairement au hibou Archimède, le Loup est cependant doublé en version originale, comme en version française par James MacDonald. Chargé d’enregistrer les sons vocaux de l’animal, MacDonald a débuté sa carrière chez Disney en 1934. Responsable des effets sonores de dizaines de courts-métrages, il a notamment à partir de 1946 prêté sa voix à Mickey Mouse en remplacement de Walt Disney qui se chargeait jusqu’ici d’interpréter sa souris. MacDonald a également doublé Evinrude dans Les Aventures de Bernard et Bianca.

Animal dangereux et malheureusement pour lui fort malchanceux, le Loup de Merlin l’Enchanteur est indéniablement l’une des réussites du film. Cartoonesque à souhait, il offre en effet de belles scènes de comédie à une histoire qui, parfois, en manque franchement…

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