Titre original :
The Aristocats
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 11 décembre 1970
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Musique :
George Bruns
Richard M.Sherman
Robert B.Sherman
Terry Gilkyson
Flyod Huddleston
Al Rinker 
Durée :
78 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Dans le Paris du début du siècle, la richissime Madame de Bonnefamille décide de léguer toute sa fortune à ses chats : Duchesse et ses trois chatons, Marie, Toulouse et Berlioz. Mais le testament comporte une clause bien dangereuse : après la mort des matous, la fortune de Madame se doit de retourner à son maître d'hôtel, Edgar. C'en est assez pour ce dernier qui ne poursuit désormais qu'une seule idée : éliminer les chats, seuls obstacles à la richesse !

La critique

rédigée par

20e long-métrage de Walt Disney, Les Aristochats, contrairement à ses prédécesseurs depuis La belle et le clochard, n'est pas une adaptation, même éloignée, d'un conte ou d'un roman. Création originale, l'histoire, due à Tom McGowan et Tom Rowe, est, en effet, le script d'un téléfilm "live", prévu initialement, en deux parties, pour l'émission de télévision Walt Disney's Wonderful World of Color. Les chats ne devaient ainsi pas avoir le don de la parole et seul un narrateur permettait au public de connaitre les pensées de Duchesse. Le projet présenté à Walt Disney dans le cadre de réunions ordinaires éveille suffisamment sa curiosité pour qu'il réserve l'idée pour un film d'animation. La chose est d'ailleurs étonnante car le Maitre n'est pas, à la base, un amateur de chats. Préférant les chiens, il n'entretient, il est vrai, aucune passion particulière pour les félins domestiques. Pourtant, le récit lui semble suffisamment riche et original pour qu'il demande de l'étayer en vue de constituer un Grand Classique digne de ce nom. Il participe même à sa première réunion préparatoire et s'enthousiasme sur le personnage de Thomas O'Malley qu'il juge, en tous points, fort prometteur. Ce sera là, sa seule véritable intervention dans le projet qu'il délègue dans son intégralité, tout entier accaparé qu'il était, alors, par la production du (Le) livre de la jungle.

Le destin vient cependant jouer les macabres trouble-fêtes. Walt Disney meurt, en effet, le 15 décembre 1966. Il ne verra ainsi jamais Le livre de la jungle terminé, et ne participera pas plus, au travail sur Les Aristochats. Ce dernier devient donc, bien malgré lui, le premier Grand Classique à être réalisé quasiment entièrement sans Walt Disney. Les artistes des studios se sentent d'ailleurs bien vite orphelins. Leur mentor parti, ils ont, il est vrai, du mal à retrouver inspiration et motivation, tant la succession artistique du Papa de Mickey n'avait pas été sérieusement préparée, ni même envisagée. Personne n'apparait, en fait, apte à apporter la petite touche qui fait toute la différence. Roy Disney est bien incapable de prendre la relève. S'il est un excellent financier et s'occupe avec habileté de la gestion financière des studios, il n'a, ni la compétence, ni l'envie de gérer des artistes. D'ailleurs, il délaisse la division animation de la firme pour se consacrer tout entier à la réalisation du dernier rêve de Walt Disney, Walt Disney World, en Floride. Moins idéaliste, il s'éloigne sans vergogne de l'ambition première de son frère et transforme le projet en simple resort réunissant plusieurs parcs à thème. Il s'éteint en 1971, deux mois après l'ouverture au public du premier site, Magic Kingdom. Le département animation est, pendant ce temps, totalement laissé à l'abandon. Les artistes craignent même sa fermeture, en l'absence d'un Walt Disney capable de le protéger. Le succès du (Le) livre de la jungle redonne néanmoins confiance aux troupes. Wolfgang Reitherman profite même de l'occasion pour prendre naturellement le leadership. Il s'appuie pour cela sur l'aide des autres Neufs Vieux Messieurs, travaillant encore pour les longs-métrages d'animation : John Lounsbery, Milt Kahl, Frank Thomas, Eric Larson et Ollie Johnston. Un de leurs crédos favoris devient, quand il s'agit de trancher : "Qu'aurait fait Walt ?". Si cette vision des choses autorise une transition toute en douceur entre l'avant et les premiers temps de l'après Walt Disney, très vite, elle constitue un frein à la créativité et enferme les studios dans un conservatisme, à mille lieux de l'ambition artistique du Papa de Mickey. Son studio perd, peu à peu, tout sens de l'innovation. L'imagination est mise au placard. L'immobilisme touche alors toutes les productions des studios Disney, des films d'animation aux productions "lives" sans oublier la télévision. La Walt Disney Company toute entière finit par entrer dans un long sommeil qui la conduit droit à sa perte. Un Chevallier Blanc, en la personne de Michael Eisner, réveille la belle endormie et la sauve in extrémis du rachat, en 1984. La petite entreprise familiale devient, peu à peu, sous son règne une féroce multinationale...

Wolfgang Reitherman va marquer de son empreinte tous les films d'animation Disney de la fin des années 60 à la décennie 70. Garant du style propre aux studios de Mickey, il a néanmoins une ambition artistique beaucoup moins prononcée que celle de Walt Disney. Si une idée marche, il la réutilise, ainsi, sans état d'âme, jusqu'à saturation. Il aime également truffer les films d'éléments "cartoonesques" tels, pour le cas des (Les) Aristochats, la poursuite en moto ou les bretelles d'Edgar. Il se fait fort également de combiner la notion de création et d'économie. Il ne craint pas, par exemple, de reprendre des scènes déjà animées dans d'autres productions afin de réduire les coûts. Fort heureusement, cette exécrable solution ne sera pas cette fois-ci retenue, tout comme, mais c'est moins heureux, l'emploi de caméra multiplane, privant, de ce fait, le long-métrage de tout effet de champs.

Les Aristochats annonce, donc, sans le savoir, le nouveau style Disney pour la décade à venir. Sa construction scénaristique en est d'ailleurs le meilleur exemple. Le film inaugure, en effet, un travers dans son récit qui caractérisera ses successeurs pendant plus de dix ans. Il ne parvient pas, il est vrai, à proposer une œuvre unifiée mais délivre, au contraire, une pesante impression de simple conglomérat de scènes déroulées les unes après les autres et reliées maladroitement entre elles. Le scénario est, dès lors, entaché d'une légèreté coupable. Pire, le rythme cahin-caha se voit associé à un manque d'originalité dans le récit qui fait accuser le long-métrage tout entier d'une réputation de re-sucée peu imaginative de La belle et le clochard mêlée aux (Les) 101 dalmatiens, le tout transposé au monde des chats. Si la Critique est sensible à cet argument, le public, lui, n'y voit que du feu et plébiscite le charme de l'histoire. Il adore notamment, bien avant Ratatouille, sa vision fantasmée et romanesque du Paris des années 1900.

Si Les Aristochats est le symbole d'une nouvelle ère de productions chez Mickey, le film poursuit, en revanche, la tradition des castings impeccables, car Disney, même sans Walt, conserve le secret des personnages attachants !

Aux touts premiers rangs de la scène, les trois chattons, Marie, la jeune chatte banche, Berlioz, le chaton noir et Toulouse, le petit roux, signent une prestation remarquée, toute en émotions. Ainsi, si Berlioz a un caractère nettement monodimensionnel, les deux autres ont une personnalité franchement prononcée. Toulouse est, en effet, le petit caïd de la bande, téméraire, audacieux et prêt à toutes les expériences. Marie, au contraire, est, elle, la petite lady du groupe, affichant, en surface, de bonnes manières mais toujours partante pour faire des bêtises, en prenant bien le soin de ne jamais risquer d'être rendue responsable des mauvais tours qu'elle fomente. Sa popularité est clairement supérieure à ses frangins tant elle est parvenue à se démarquer d'eux pour devenir, seule, une égérie des studios Disney, en particulier sur le marché nippon.
La maman des trois chatons, Duchesse, est un personnage typique de la gente féminine vue d'une prisme disneyen. A la fois distinguée et douce, elle est une aristocrate raffinée, dotée d'un vrai sens de la famille et d'une profonde bonté. Elle sait, sans jamais faillir, garder son sang-froid, tout en étant parfaitement lucide sur le monde qui l'entoure. Pour la petite histoire, la voix de Duchesse est assurée dans la version originale par l'actrice d'origine hongroise, Eva Gabor : les animateurs, pensant, à raison, que le public américain ne ferait, au final, pas la différence avec l'accent français, seule la sonorité européenne comptant.
Walter Giuseppe Désiré Thomas O'Malley de son vrai nom est le héros masculin du film. D'un caractère débonnaire, plutôt solitaire, il va, peu à peu, tout au long de l'histoire, abandonner sa condition de chat de gouttière individualiste pour se muer en bon père de famille. Duchesse, comme le public d'ailleurs, tombe littéralement sous le charme de ce Don Juan félin. Pour autant, le personnage subit les foudres de la Critique qui lui reproche d'être un simple copier-coller de Baloo du (Le) livre de la jungle dont il épouse le caractère et reprend même la voix (Phil Harris). Difficile, il est vrai, de ne pas voir en lui, les premiers signes de la paresse artistique qui va engluer les productions Disney pendant plus dix ans victimes d'une politique pitoyable, oubliant l'ambition et la créativité des grandes heures...
Edgar, le méchant majordome de Madame de Bonnefamille, est assurément la grande déception des (Les) Aristochats. Il n'a pas, à l'évidence, ni la capacité, ni l'envergure des vilains légendaires de Walt Disney que Cruella ou Sher Khan ont récemment sublimés. Si ses intentions sont claires, elles ne le rendent, en effet, curieusement, à aucun moment, dangereux. Il n'est, ainsi, jamais en capacité d'être pris au sérieux. Seule, en fait, son animation brille et le sauve d'un zéro pointé, grâce notamment à l'excellent travail de John Lounsbery et Milt Kahl.
La fadeur du méchant de service est d'autant plus grande que la panoplie de personnages secondaires est réussie.
Madame de Bonnefamille est, en premier lieu, terriblement attachante, de par son amour pour les chats.
Roquefort, ensuite, est une énième souris dans la ménagerie Disney. Son apparence se démarque toutefois de ses consœurs par un corps mince et frêle et des yeux représentés par un simple point. Sa voix est, par contre, fidèle aux habitudes du studio et interprétée par Sterling Halloway. La version française procède de la même façon et lui attribue un doubleur disneyen parmi les habitués, le talentueux Roger Carel.
Les Scats Cats, une bande de cinq chats jouant du jazz, réussissent, quant à eux, leurs entrées dans la galaxie des personnages de la firme de Mickey. L'orchestre est, en effet, mené habilement par Scat Cat, qui, jouant de la trompette comme Louis Amstrong (auquel il devait d'ailleurs, à l'origine, emprunter la voix !), est doublé par Scatman Brothers, un grand spécialiste de l'improvisation outre-Atlantique. Les autres chats sont, eux, moins détonants, juste représentés par des accents et origines différents. Il y a ainsi un anglais, un russe, un chinois et un italien. Ils se découvrent tous lors d'une des meilleures scènes du film, faisant un numéro bluffant à l'occasion d'une chanson mémorable, Tout le monde veut devenir un cat.
Deux duos sont, enfin, à l'origine des séquences les plus amusantes des (Les) Aristochats. Les deux oies, Amélia et Amélie, bien que ne servant en rien l'intrigue, donne, en effet, une leçon de natation drôle à souhait tandis que les deux chiens Napoléon et Lafayette (empruntant le nom de militaires français très connus aux Etats-Unis !) ont, eux, pour mission de railler la gente militaire, habitude prise chez Disney depuis les années 60. Le chef Napoléon est - bien sûr - le plus bête et snobe sans cesse les avis de son second, Lafayette, de loin beaucoup plus futé. Leur première scène contre Edgar est tellement réussie sur le chapitre de l'humour que Wolfgang Reitherman leurs accorde un deuxième passage dans le long-métrage, toujours aux prises avec le funeste majordome...

Tout comme sa galerie de personnages, Les Aristochats affiche une bande-son digne de la réputation des plus grands Disney. Composée avec sobriété par George Bruns, la musique donne, en effet, au long-métrage une ambiance idéalement choisie. Elle accueille, ici et là, des ritournelles toutes plus réussies les unes que les autres. Terry Gilkyson compose, ainsi, la chanson aux sonorités "music-hall" Thomas O'Malley tandis que Flyod Huddleston et Al Rinker signent à deux mains l'un des tubes du film, Tout le monde veut devenir un cat, qui, avec ses relents jazzys est, à l'époque, le titre le plus rythmé jamais réalisé pour un film d'animation. Enfin, Richard M.Sherman et Robert B.Sherman livrent deux morceaux remarquables, Des gammes et des arpèges ainsi que la chanson générique. Pour parfaire l'aura de la B.O., l'équipe Disney réussit une véritable exploit. Elle parvient, en effet, à sortir de sa retraite, à plus de 80 ans, le chanteur français le plus connu aux Etats-Unis, Maurice Chevalier. Ce dernier renoue ainsi, en souvenir de l'amitié qu'il portait à Walt Disney pour lequel il avait déjà travaillé par deux fois, en 1962 (Les Enfants du Capitaine Grant) et 1967 (Rentrez chez Vous, les Singes !).

Les Aristochats reçoit un accueil mitigé de la Critique qui lui reproche clairement son manque d'imagination artistique et d'ambition technique. Le public lui n'en a cure et réserve un succès triomphal au film des deux côtés de l'Atlantique. En France, il est à l'origine de files d'attente interminables devant les cinémas. Il dépasse ainsi les douze millions d'entrées. Aux Etats-Unis, son score est tel qu'il a droit à deux ressorties en salles, en 1980 et 1987. Au fil du temps, la Critique se ravise et accorde à ce Grand Classique de Disney tous les honneurs qui lui sont dus.

Décors, chansons et personnages font des (Les) Aristochats un Disney incontournable, à voir absolument !

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