Ant-Man et La Guêpe
Quantumania

Titre original :
Ant-Man and the Wasp : Quantumania
Production :
Marvel Studios
Date de sortie USA :
Le 17 février 2023
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Peyton Reed
Musique :
Christophe Beck
Durée :
124 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Après la bataille qui a opposé les Avengers à Thanos, Scott Lang est devenu une figure médiatique. Auteur à succès, Ant-Man savoure la vie pendant que sa fille Cassie continue de se battre, à son échelle, pour aider au mieux les gens qui sont dans le besoin. Lors d'un dîner en famille, Cassie montre à son père la dernière invention sur laquelle elle travaille avec Hank Pym : un appareil permettant de cartographier le Royaume Quantique. Quand Janet Van Dyne comprend que la machine fonctionne grâce à des signaux envoyés directement dans la dimension subatomique, il est déjà trop tard : la famille est séparée et propulsée dans le Royaume Quantique. Or, dans les profondeurs microscopiques de ce monde inhospitalier, une vieille connaissance de l'ancienne Guêpe compte bien exercer sa vengeance et enfin s'échapper...

La critique

rédigée par
Publiée le 05 mars 2023

À peine sorti d'une Phase 4 foisonnante qui a déçu une partie des spectateurs, Marvel Studios entame déjà un nouveau chapitre dans le MCU avec Ant-Man et La Guêpe : Quantumania. Conçu comme une introduction à la Phase 5, le film donne enfin l'occasion aux spectateurs de découvrir Kang le Conquérant, le grand antagoniste de la Saga du Multivers. Plutôt impressionnant et laissant présager d'un bel avenir pour le MCU, le nouveau vilain éclipse malheureusement tout le reste, la faute à des problèmes d'écriture et des visuels loin d'être toujours réussis. Incapable de développer son nouvel univers et ses personnages, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania lâche même ses spectateurs en cours de route pour ne devenir qu'une bande-annonce géante du futur du MCU, le tout sans jamais chercher à bousculer le statu quo de ses héros.

Le raz-de-marée Avengers : Endgame ne s'est même pas encore abattu sur les fans que déjà, Peyton Reed, le réalisateur des deux premiers films de l'Homme-Fourmi, commence à parler d'un troisième opus dans les médias. Le Royaume Quantique ayant été introduit dans Ant-Man et à peine plus exploité en 2018 dans Ant-Man et La Guêpe, Reed rêve donc maintenant d'emmener les spectateurs en immersion dans la dimension subatomique. Le souhait de Peyton Reed se concrétise dès la fin de l'année suivante quand Marvel Studios lui donne le feu vert ; le bonhomme à lunettes devient donc le deuxième réalisateur à construire une trilogie complète dans le MCU juste après Jon Watts et sa saga Spider-Man, un exploit que James Gunn accomplira à son tour avec la sortie des (Les) Gardiens de la Galaxie - Volume 3 en mai 2023 avant de voler vers d'autres cieux... Juste en face, chez la Distinguée Concurrence.

Poursuivant une tradition entamée avec les recrutements de Michael Waldron (Loki - Saison 1 et Doctor Strange in the Multiverse of Madness) et Jessica Gao (She-Hulk : Avocate), Marvel Studios vient une nouvelle fois courtiser l'un des talents derrière la série Rick et Morty (Adult Swim) pour donner corps à sa Saga du Multivers. C'est donc à Jeff Loveness qu'il incombe d'écrire le scénario d'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania. En prime, le tout jeune artiste, qui s'est aussi adonné à l'écriture de comics aussi bien pour Marvel et DC que chez les éditeurs indépendants, semble avoir tapé dans l'œil de Marvel Studios : en 2022, Loveness décroche le Graal lorsque lui est confié le scénario d'Avengers : The Kang Dynasty, le prochain film de l'équipe super-héroïque et l'un des points culminants de la Phase 6. Pour nourrir sa plume durant l'écriture d'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania, Loveness a puisé son inspiration dans les comédies des années 90 mettant en scène des relations père-fille, le scénariste citant parmi ses inspirations Le Père de la Mariée, Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet et Jumanji. Peyton Reed, de son côté, décrit le Royaume Quantique comme un croisement entre les images capturées par un microscope électronique, les vieilles couvertures futuristes du magazine Heavy Metal et les travaux picturaux de Jean Giraud. Il n'y a pas à dire, sur le papier, ça donne sacrément envie...

Mais évidemment, au-delà de cette nouvelle aventure de la famille fourmi, ce que les spectateurs attendent avec impatience, c'est l'arrivée de Kang le Conquérant dans le MCU. Déjà en partie introduit à la fin de la première saison de Loki à travers le personnage de Celui Qui Demeure, Kang est sans doute l'un des plus grands adversaires des Avengers dans les comics, seulement distancé par Ultron. Pourtant, au départ, le méchant apparaît face à une autre famille iconique des écuries Marvel : Les Quatre Fantastiques ! Mais retour dans le passé (et le futur) pour découvrir d'où et de quand vient Kang.
Tout commence lorsque l'un des personnages de la Terre-616 (la réalité principale de l'Univers Marvel) voyage dans le temps et se retrouve sur la Terre-6311. Là, l'homme s'installe et participe à répandre la paix dans un monde en crise. Des siècles plus tard dans les années 3000, le jeune Nathaniel, descendant du voyageur temporel, s'ennuie. Pour passer le temps, il étudie des enregistrements de la Terre-616 rapportés par son ancêtre tout en rêvant d'aventures. Un jour, il découvre l'ancienne place forte de son aïeul et la machine temporelle qui réside en son sein. Après en avoir étudié les plans et compris son fonctionnement, Nathaniel va partir à la conquête de son destin.

C'est en 1963 dans Fantastic Four #19 que les légendaires Stan Lee et Jack Kirby introduisent pour la première fois le personnage. Dans ce numéro, les deux artistes envoient les Fantastiques dans l'Égypte antique afin de mener l'enquête sur une période non-documentée de l'Histoire. Plus étrange encore, au détour d'une peinture murale, Reed Richards découvre qu'un Pharaon a recouvré la vue grâce à une herbe radioactive ; la famille espère donc percer ce mystère et ainsi guérir la cécité d'Alicia Masters, la petite amie de La Chose. Après avoir voyagé sur les vagues du temps, les Fantastiques se retrouvent nez à nez avec le Pharaon Rama-Tut, qui n'est autre que Nathaniel. Incapable de vaincre les héros, Rama-Tut s'enfuit, tout en jurant au passage, super-vilain oblige, de détruire pour de bon la famille. Chassé, Nathaniel va vivre quelques péripéties temporelles avant d'atterrir malgré lui dans le XXXXe siècle de sa Terre natale rongée par la guerre. Après avoir conquis cette époque et asservi la population pour en faire son armée, Kang est officiellement né...

Désormais vêtu de son iconique costume bourré à craquer d'armes futuristes, Kang va retourner inlassablement à l'époque des Avengers sur la Terre-616 pour les faire plier, et ainsi conquérir pour de bon l'ère héroïque qui résiste encore et toujours à l'envahisseur. Plus les années passent et plus les auteurs qui se succèdent sur les différentes séries Avengers vont chercher à approfondir le vilain, en profitant de sa maîtrise du temps pour imaginer des scénarios complexes. Le plus fascinant chez Kang, c'est qu'il est un personnage infiniment multiple. Au sens propre déjà, puisqu'à travers les histoires, de nombreuses incarnations temporelles de lui apparaissent, dont Rama-Tut, mais aussi pêle-mêle le Centurion Écarlate, Immortus et Victor Timely pour ne citer que ceux-là. Et il faut ajouter à cela les innombrables Variants de Kang qui existent dans le Multivers et qui apparaissent à chaque nouveau saut dans le temps, le forçant souvent à faire le ménage pour conserver sa suprématie.
Outre cette multiplicité qui a de quoi faire perdre la tête aux Avengers et aux lecteurs, Kang est surtout un personnage en constante lutte contre lui-même et son propre destin, dont il veut à tout prix rester le seul maître. Cela fait donc de lui l'un des méchants les plus imprévisibles, permettant aux auteurs de l'imaginer tour à tour dans des rôles d'antagoniste ou (plus rarement) de héros, selon ce qui servira le mieux ses intérêts.

Ant-Man et La Guêpe : Quantumania embarque donc ses personnages comme ses spectateurs à la découverte du Royaume Quantique, un lieu qui n'a été que peu exploré dans le MCU malgré son importance capitale dans les péripéties finales de la Phase 3. Passé une très courte introduction montrant la première rencontre entre Kang et Janet Van Dyne, le tout dans une ambiance science-fictionnesque intrigante (pour le moment), retour au présent avec un Scott Lang rayonnant. Depuis la défaite de Thanos, Ant-Man mène une vie sereine, loin de toutes les menaces multiverselles, cosmiques et familiales que ses petits copains ont dû affronter durant toute une partie de la Phase 4. Devenu une figure publique après le succès de son podcast (brièvement évoqué dans la série Miss Marvel) et la publication de ses mémoires, Scott Lang se la coule douce, sans se douter une seule seconde qu'il va bientôt croiser l'homme le plus dangereux du Multivers.

Dès le début, le long-métrage esquisse une piste qui pourrait s'avérer intéressante. Et si l'un des héros rescapés de la bataille contre Thanos avait pris la grosse tête et préférait se prélasser dans sa gloire nouvellement acquise, quitte à en devenir égoïste ? Le scénario semble se diriger à plusieurs reprises dans cette direction, surtout lorsque Scott et sa fille Cassie rentrent ouvertement en conflit quant à l'inaction du paternel. Malheureusement, et c'est un problème récurrent tout au long du film, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania est incapable d'offrir à ses personnages un développement intéressant et correctement construit. Tous les héros comme les personnages secondaires font sans arrêt du surplace jusqu'à l'arrivée de Kang. Paul Rudd, fort de son immense capital sympathie, s'en sort toujours bien dans le rôle de l'Homme-Fourmi, mais même lui semble n'avoir plus grand-chose à offrir à son personnage pour rattraper une écriture bancale.

Sa fille Cassie Lang n'a pas beaucoup plus de chance. Marvel Studios, bien décidé à introduire un à un les membres des Young Avengers dans le MCU, va bientôt devoir sortir les rames pour différencier toutes ses jeunes héroïnes adulescentes les unes des autres. L'adorable petite fille pleine de malice des deux premiers films laisse donc place ici à une jeune femme engagée. Pendant que son père se repose sur ses lauriers, Cassie part au charbon et se mobilise pour aider tous ceux qui ont subi de plein fouet l'Éclipse, ce qui lui vaut quelques échauffourées avec la police. Tel père, telle fille, en somme. Une fois de plus, les conséquences de l'Éclipse ne sont pas développées, Marvel Studios ayant semble-t-il décidé que le sujet a déjà été suffisamment traité dans Falcon et le Soldat de l'Hiver, mais le scénario n'a de toute façon pas le temps de s'attarder sur le développement de Cassie. La disparition de son père et de sa belle-famille pendant cinq ans est elle aussi à peine effleurée, ce qui, au bout du compte, n'offre à Cassie qu'une personnalité très lacunaire : elle est une jeune femme un peu maladroite et brillante qui veut faire le bien, défendre ce qui est juste et... c'est tout. Après avoir été aperçue quelques secondes dans Avengers : Endgame sous les traits d'Emma Fuhrmann, c'est ici Kathryn Newton (#doggyblog sur Disney Channel, The Society sur Netflix) qui reprend le flambeau, venue rejoindre l'imposante galerie des personnages Marvel de la nouvelle génération.

Le reste du casting principal n'est pas davantage aidé par un scénario bien peu généreux en émotions. Evangeline Lilly reprend donc elle aussi du service dans le rôle de Hope Van Dyne alias La Guêpe, devenue depuis l'Éclipse la directrice de la Pym Van Dyne Foundation. D'un vide abyssal, Hope n'a strictement aucun développement entre le début et la fin du long-métrage, alors que le personnage possède pourtant un immense potentiel. Chacune de ses apparitions à l'écran ne se résume donc qu'à taper du vilain ou à faire cracher à sa mère les informations utiles au scénario. Jeff Loveness, au détour d'une interview, a cependant déclaré que toute une histoire autour de Hope et des possibilités du Multivers a été coupée et abandonnée dans la poubelle de la salle de montage. Difficile de savoir si les exécutifs avaient l'intention de dynamiser le récit grâce à cette amputation, ou si Disney a sciemment voulu restreindre le rôle d'Evangeline Lilly suite à ses propos sur la pandémie de COVID-19 sur les réseaux sociaux, mais le résultat n'est guère concluant.
Michael Douglas n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent lui non plus dans le rôle de Hank Pym, tout juste sort-il à l'occasion quelques répliques amusantes qui font un peu passer la pilule.

Ne reste dès lors que la toujours éblouissante Michelle Pfeiffer qui ne semble pas éreintée d'être ici. De retour pour interpréter Janet Van Dyne, la Guêpe originelle des comics, l'actrice prend visiblement beaucoup de plaisir à jouer les femmes mystérieuses dans ce scénario bardé de gosses ficelles. Devenue de facto le guide de sa petite famille dans les méandres du Royaume Quantique, celle qui est restée coincée trente ans dans la dimension subatomique tient donc l'aventure microscopique sur ses épaules. La prouesse ne dure hélas qu'un temps, puisque rendu vers le milieu du film, le personnage est complètement laissé à l'abandon et devient passif, se contentant de raconter son passé et sa rencontre avec Kang dans une longue scène de flash-back qui, si elle réussie, met un coup d'arrêt à un film déjà pas bien vivace.

En voulant s'éloigner du modèle des précédents opus, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania est dévoré par ses propres ambitions. Délaissant la comédie familiale et l'action urbaine, le long-métrage affiche une volonté de copier le gigantisme des autres grandes sagas Marvel, avec des affrontements dantesques et des enjeux majeurs. Le problème, c'est qu'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania se plante magistralement dans tout ce qu'il essaie d'entreprendre. Piquant allégrement des références aux mastodontes du genre science-fictionnesque, à l'exemple de Dune mais aussi et surtout de Star Wars, le film fait tout comme ses modèles, mais en moins bien. L'Empire incarné par un méchant casqué qui file les chocottes à tout le monde ? Copié. La Résistance et les créatures de toutes les races rassemblées pour faire front commun ? Présente. La scène dans la Cantina qui dégénère ? Ah oui, même elle, elle est là. Parvenu à ce stade, ce n'est même plus de l'hommage, c'est carrément du plagiat.

N'est pas Star Wars qui veut, et quitte à citer, autant le faire correctement. Sans parvenir à convoquer la dimension politique qui fait la complexité de l'univers imaginé par George Lucas et n'ayant pas le temps de fabriquer un univers crédible et immersif, le monde d'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania n'est plus qu'une coquille vide. Les résistants, malgré des designs de créatures souvent intéressants, ne sont jamais développés, si bien que personne ne pourrait légitimement s'attacher à eux ou à leur combat. Même la guerrière Jentorra, qui fait office de porte-étendard de la résistance et qui va susciter l'admiration de Cassie, n'a qu'une poignée de scènes pour se justifier de sa présence. Incarnée par Katy O'Brian (Les Agents du S.H.I.E.L.D., Star Wars : The Mandalorian), Jentorra s'efforce de garder en vie une équipe de Micronautes qui ne dit pas son nom (pour des questions de droit). Parmi eux, Quaz le télépathe joué par William Jackson Harper (The Good Place, NBC) et Veb, la petite créature rose informe doublée par David Dastmalchian (Kurt dans les deux précédents films) dégoulinent tous les deux d'un humour à la Rick et Morty pas déplaisant, mais qui n'arrive pas à justifier de son existence dans un film que Marvel Studios voudrait vendre – au vu des bandes-annonces – comme profond et capital pour la suite du MCU. Reste Xolum, l'humanoïde métallique qui tire des lasers par sa tête et qui a pour lui un design très intéressant... Il devient vraiment frustrant de voir Marvel Studios ne pas s'amuser davantage avec le potentiel de son univers.

Plutôt qu'une énième aventure épique, Marvel Studios a fait d'Ant-Man en 2015 une comédie familiale avec des éléments tout droit tirés des films de casse. Peut-être est-ce dû à l'empreinte d'Edgar Wright - lequel a été gentiment poussé vers la sortie et remplacé par Peyton Reed - toujours est-il que le film a su trouver un bel équilibre. Dans le second volet, les deux éléments étaient de nouveau présents, avec un approfondissement de la relation père-fille entre Scott et Cassie. En se jetant à corps perdu dans une resucée tiède des films de SF des cinquante dernières années, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania néglige donc en grande partie ce qui faisait le charme de la saga de l'Homme-Fourmi auparavant : une certaine simplicité et une légèreté rafraîchissante dans un univers où la menace monte toujours crescendo. Au final, une seule séquence permet de vraiment mettre à l'épreuve les liens qui unissent Scott et Cassie, pendant que de l'autre côté, le reste de la famille patine pendant une bonne partie du film, le tout sans jamais venir titiller la corde sensible des spectateurs. La traditionnelle scène de braquage est elle aussi bien présente, et elle est pour le coup plutôt intéressante avec une exécution maline qui permet de jouer un peu avec le concept du Multivers.

Les héros peinent à exister, mais les méchants parviennent-ils à relever le niveau ? Pas tous, ça c'est certain. La famille tombe d'abord sur Lord Krylar, une éminente figure du Royaume Quantique. L'antagoniste, campé par un Bill Murray (S.O.S Fantômes, Le Livre de la Jungle) qui, mauvaise nouvelle pour Disney qui a en horreur les scandales, a perdu de sa superbe à Hollywood juste avant la sortie du film, vient apporter quelques éclaircissements quant au passé de Janet. Il sert aussi et surtout à rappeler au spectateur à quel point Kang est dangereux, une combine qui émaille tout le film, bazardant du même coup la sacro-sainte règle du « show, don't tell ».
Mais si Krylar est finalement un personnage peu important, que ce soit dans les comics ou dans le film, il en est un autre dont le traitement offensera sans doute une large partie des lecteurs de comics : M.O.D.O.K. Quelle catastrophe. Une nouvelle fois, Marvel Studios traite affreusement mal ses méchants les plus emblématiques. Le scénariste Jeff Loveness, égaré dans ce fatras de personnages, vient vider le méchant de sa substance pour privilégier le gag visuel et un arc narratif raté. Bien sûr, dans les pages de Marvel Comics, M.O.D.O.K. est absurde, mais son rattachement à l'A.I.M., sa rivalité avec la scientifique suprême Monica Rappaccini et son intelligence exacerbée couplée à un certain sadisme suffisent à faire du méchant une menace un minimum sérieuse, au moins à un niveau urbain. Même la série animée M.O.D.O.K., qui tourne complètement en ridicule le vilain, et le jeu vidéo Marvel's Avengers ont réussi à mieux le traiter que ça. Il faut au moins apprécier l'audace de la part de Marvel Studios de tout miser sur l'aspect comique du personnage alors que la qualité visuelle décline de film en film.

Après avoir entendu Janet, Krylar, Jentorra et M.O.D.O.K. marteler tour à tour à quel point Kang est dangereux pendant toute la première partie du film, Scott aura enfin l'occasion de croiser le fer avec le maître du temps en personne. De retour après une excellente première impression dans la Saison 1 de Loki, Jonathan Majors transforme l'essai. Jeff Loveness a beau écrire une large partie des répliques de Kang en ayant à l'esprit un méchant sarcastique qui s'amuse de la faiblesse de ses adversaires, Jonathan Majors, lui, préfère déclamer son texte de façon on ne peut plus sérieuse. Curieusement, le tout fonctionne assez bien, conférant au grand vilain un caractère difficile à cerner et glacial. Plus que cette version de Kang qui n'a pas grand chose à faire pendant tout le film, c'est finalement le potentiel de l'antagoniste qu'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania réussit à esquisser. Après une telle mise et bouche, il est grisant de se dire que le personnage pourra revenir à n'importe quel moment sous une forme ou une autre, et que la menace qui plane sur le MCU ne pourra aller que grandissant, jusqu'aux défouloirs Avengers : The Kang Dynasty et Avengers : Secret Wars.

Visuellement, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania est un micmac de choses plus ou moins réussies (surtout moins). Les premières minutes de visionnage laissent présager d'un monde regorgeant de décors variés, de la forêt au désert en passant par des tableaux fourmillant de détails et d'espèces curieuses, malgré des couleurs un peu fades et un vrai problème d'éclairage, la nouvelle plaie des dernières productions audiovisuelles (et pas que chez Marvel pour le coup). La dernière heure du film tranche ensuite radicalement avec les efforts de la première moitié, pour ne devenir qu'une symphonie de bruns et de gris qui se mélangent dans une bouillie de pixels avec des lumières qui flashent partout, décors futuristes et SF oblige. Il est plus qu'urgent que Marvel Studios (ou plutôt Disney) se ressaisisse, surtout après l'extraordinaire spectacle qu'a su offrir Avatar : La Voie de l'Eau. Alors certes, avec trois à quatre films par an, Marvel Studios ne peut espérer atteindre la maestria du dernier bijou visuel de James Cameron, mais les fans sont en droit d'attendre mieux du studio super-héroïque

De plus en plus d'artistes osent prendre la parole dans les médias pour dénoncer les méthodes inacceptables de Disney. Dans le cas d'Ant-Man et La Guêpe : Quantumania, plusieurs se sont en effet confiés sous couvert d'anonymat au média Vulture, en expliquant que la majorité des ressources avaient été allouées à Black Panther : Wakanda Forever, le nouveau film de l'Homme-Fourmi et sa clique ayant souffert par ricochet de ce traitement. Pour ne rien arranger, Marvel Studios garderait selon les mêmes sources les cordons de sa bourse jalousement serrés, tout en imposant des cadences impossibles à tenir, menant plusieurs spécialistes des effets visuels au bord du burn-out. Il est à espérer que les récentes annonces de Kevin Feige, qui a promis de lâcher un peu la pédale au niveau des prochaines sorties, signent enfin un renouveau chez Marvel Studios. Davantage de temps pour écrire de bonnes histoires, plus de moyens pour peaufiner les effets visuels (et arrêter au passage de payer les artistes au lance-pierre) et tout le monde sera content, à commencer par les spectateurs. Juste après la sortie de ce troisième volet d'Ant-Man, Marvel Studios a laissé entendre en interne que le planning sera grandement modifié. Les séries Echo, Ironheart et la seconde saison de What If...? pourraient être repoussées à la fin de 2023 pour certaines, et 2024 pour les autres. The Marvels, la suite de Captain Marvel, a d'ores et déjà trouvé une nouvelle date de sortie au 10 novembre 2023, après avoir longtemps été annoncé pour débarquer au cinéma quelques mois plus tôt, le 28 juillet.

Assassiné par la critique à sa sortie, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania n'a pas grand chose de l'aventure épique que les fans espéraient. Alors que la Phase 4 a accumulé les détracteurs en raison de son absence de fil rouge et d'une qualité variant de projet en projet, ce début de Phase 5 signe un mauvais démarrage qui pourrait bien coûter cher au MCU. Avec son écriture paresseuse, ses héros complètement creux qui n'évoluent pas d'un iota et son univers dont le potentiel est gâché du début à la fin, Ant-Man et La Guêpe : Quantumania s'écroule complètement sous le poids de ses propres ambitions. Le film échappe à la médiocrité en grande partie grâce à son grand méchant qui annonce pour l'heure un futur prospère et excitant pour le MCU.

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