Maléfique
Le Pouvoir du Mal

Titre original :
Maleficent : Mistress of Evil
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 18 octobre 2019
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Joachim Rønning
Musique :
Geoff Zanelli
Durée :
120 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Cinq ans se sont écoulés depuis que Maléfique a choisi Aurore pour devenir la Reine de la Lande. Mais la vie paisible du pays enchanté prend une tournure inattendue lorsque le prince Philippe demande la main d'Aurore et qu'elle accepte. À l'insu de tous, la reine Ingrith, la mère de Philippe, prévoit en effet d'utiliser le mariage pour diviser à jamais les humains et les fées. Maléfique et Aurore se retrouvent ainsi précipitées dans deux camps opposés...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 octobre 2019

Alors que personne ne le créditait vraiment, Maléfique : Le Pouvoir du Mal s'avère une très bonne surprise qui redonne ses lettres de noblesses au genre Fantasy à destination du jeune public. À la fois féerique et épique, le film s'appuie sur le charisme incroyable de ses actrices qui rayonnent à chaque scène. Le tout est rehaussé par une jolie morale et des visuels aussi colorés que variés que seules une baisse de régime dans le deuxième tiers ainsi qu'une musique un peu fade viennent ternir.

Maléfique : Le Pouvoir du Mal sort dans une année particulièrement prolifique pour la branche "live" des studios Disney sous la présidence de Sean Bailey. Après avoir proposé l'excellent Dumbo de Tim Burton, ils ont en effet enchaîné avec Aladdin de Guy Ritchie qui, à la surprise générale, grâce à un excellent bouche-à-oreille, a dépassé le milliard de dollars de recette mondiale tandis que la nostalgie a été plus forte encore avec le remake animé Le Roi Lion de Jon Favreau raflant pas moins de 1.6 milliard de dollars à travers le monde entier, devenant le sixième film de l'histoire au box office mondiale hors inflation et surtout le meilleur résultat, et de loin, pour un film du label Disney.

Ce succès valide ainsi la politique que la branche chargée des films "live" des studios de Mickey a pris depuis quelques années : adapter, en prises de vues réelles ou en animation réaliste, les classiques de l'animation du label. Il faut de la sorte remonter à 2010 pour voir les studios Disney relancer le genre en grandes pompes avec leur adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton. La formule est toute trouvée : une nouvelle adaptation d'un classique de la littérature enfantine, déjà traité par le passé par les studios, avec la vision, si possible, d'un réalisateur de renom. Ainsi, viennent ensuite une préquelle au (Le) Magicien d'Oz avec Le Monde Fantastique d'Oz en 2013 réalisé par Sam Raimi, puis en 2014 La Belle au Bois Dormant avec Maléfique par Robert Stromberg ; en 2015, Cendrillon par Kenneth Branagh ; en 2016, Le Livre de la Jungle par Jon Favreau et Peter et Elliott le Dragon par David Lowery ; en 2017, La Belle et la Bête par Bill Condon ; en 2018, Jean-Christophe & Winnie par Marc Forster.

Les studios Disney, surtout depuis que Bob Iger a pris les rênes de The Walt Disney Company, ancrent leur label historique dans une identité parfaitement reconnaissable par le public. Dès lors et forcément, nombreux fans et spectateurs s'accordent à dire que la mode des remakes à foison des classiques d'animation est à la fois inutile et sans imagination, ni prise de risque. Oui, mais voilà, le public en raffole et plébiscite en salles ces histoires classiques où il peut emmener ses enfants découvrir de nouvelles versions, modernes, de films qu'il a aimés dans sa jeunesse. Disney exploite là un juteux filon puisque nombreux de ces opus sont d’immenses succès publics comme La Belle et la Bête qui rapporte 1.2 milliard de dollars dans le monde tandis que Le Livre de la Jungle frôle, lui, le milliard. Ces résultats sont d’ailleurs à comparer avec les tentatives de sortir des sentiers battus que constituent John Carter (2012), À la Poursuite de Demain (2015) ou plus récemment Un Raccourci dans le Temps (2018) qui ont tous signé des échecs en salles alors qu'ils sont (presque) tous réhabilités depuis. Mais voilà, le public a une idée bien précise de ce qu'il attend d'un film Disney et il est difficile pour le studio de sortir de ce chemin balisé. Néanmoins, à trop vouloir tirer sur la corde, le label Disney "live" risque de lasser son public et il lui faudra alors trouver un moyen de se réinventer. En attendant la fin du cycle, il profite à plein de cette décennie qui est sans conteste la meilleure en termes de box office et de notoriété pour les films à prises de vues réelles du label Disney.

Maléfique : Le Pouvoir du Mal présente en plus la particularité d'un genre, au final, assez rare au sein du catalogue des studios : à savoir, la suite de l'une de ses adaptations. Le premier d'entre eux remonte à l'année 2000 quand est proposé 102 Dalmatiens, suite du film Les 101 Dalmatiens avec Glenn Close. Malheureusement, l'opus est un échec ne rapportant même pas la moitié du premier. Le destin se répète en 2016 quand Alice de l'Autre Côté du Miroir, suite d'Alice au Pays des Merveilles, devient un flop phénoménal rapportant à peine le tiers de son aîné. Maléfique : Le Pouvoir du Mal, troisième suite d'un remake Disney, a donc la lourde tâche de briser la malédiction de l'échec.

Il faut dire que Maléfique a été un succès surprise qui a été porté par un excellent bouche-à-oreille malgré des critiques plutôt tièdes, rapportant au final plus de 750 millions de dollars de recette dans le monde. Démarrant plutôt doucement, l'opus s'est maintenu au fil des semaines car il a réussi à plaire aux spectateurs. Axant le film vers le public féminin, le long-métrage de 2014 a joué sur deux atouts. D'abord le charisme et la popularité de son actrice principale, Angelina Jolie, mais aussi la fan base qu'avait le personnage de Maléfique, la méchante sorcière de La Belle au Bois Dormant. L'idée géniale du film, qui a particulièrement plu à une partie des spectateurs, est d'avoir su proposer une revisite du conte en le narrant d'un point de vue différent. En osant changer le caractère de Maléfique, en lui donnant une autre origine, et surtout, en la rendant plus ambivalente, Maléfique propose une approche inédite et fantaisiste qui va, dans un sens, précéder et expliquer le phénomène de libraire que sont les romans jeunes adultes Disney des Twisted Tales et Disney Villains. De plus, l'opus est parvenu à plaire en étant parfaitement ancré dans son époque. Bon nombre de spectatrices se sont retrouvées dans un long-métrage offrant des héroïnes fortes dont les actions et les choix ne dépendent que d'elles-mêmes.

À la sortie du premier film, Angelina Jolie admet qu'une suite est une possibilité non négligeable. Son succès convainc ensuite Disney de donner le feu vert au projet. Pour le réaliser, les studios font alors appel à Joachim Rønning, qui, une fois n'est pas coutume, ne travaille pas en duo avec son ami et collègue Espen Sandberg. Le premier est né le 30 mai 1972 à Sandefjord en Norvège un an après le second, né lui dans la même ville, le 2 juin 1971. Les deux amis d'enfance ne rêvent très vite que d'une chose, faire du cinéma. C'est le Français Luc Besson qui leur met d'ailleurs le pied à l'étrier en 2006 en leur proposant de réaliser sa dernière production, Bandidas, avec Salma Hayek et Penélope Cruz. En 2008, ils mettent en scène Max Manus, Opération Sabotage, racontant la biographie de Max Manus, résistant norvégien de la Seconde Guerre mondiale. Leur film de 2012, Kon-Tiki, va ensuite et véritablement les mettre sous les feux de la rampe. L'opus raconte, en effet, l'histoire de Thor Heyerdahl, un explorateur norvégien traversant l'Océan Pacifique sur un simple radeau afin de démontrer la possible traversée des habitants d'Amérique du Sud vers les îles de Polynésie dans les temps anciens. Le long-métrage est alors nommé pour l'Oscar du Meilleur Film Étranger. En 2017, Joachim Rønning et Espen Sandberg passent ensuite au blockbuster américain en réalisant Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, le cinquième volet de la célèbre saga.

Le scénario de Maléfique : Le Pouvoir du Mal est, quant à lui, confié à Linda Woolverton, qui avait déjà signé celui du premier film. Elle est aidée, pour la finalisation du script, par Micah Fitzerman-Blue et Noah Harpster. Le gros avantage de cette suite est assurément la grande liberté qu'elle prend. Le premier film avait déjà bien balisé les choses afin de s'éloigner du conte originel en apportant une grosse dose de fantaisie. Ici, le second opus embrasse encore plus ce postulat et ancre clairement l'univers dans la Fantasy au sens noble du terme, là où les créatures magiques côtoient ou affrontent des humains en plein univers moyenâgeux. Le long-métrage s'inspire et se nourrit également de grandes fresques comme Avatar ou Game of Thrones pour les digérer et en proposer une version Disney, avec un léger côté dark tout en étant rempli de bons sentiments et d'une belle morale. L'ensemble offre alors une aventure qui regorge à la fois d'originalités tout en se réappropriant des codes connus de tous.

Tout le monde connaît en effet le conte de La Belle au Bois Dormant. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir vu le premier opus pour apprécier le suivant surtout que Maléfique : Le Pouvoir du Mal se fait le devoir de bien résumer les informations importantes nécessaires à la compréhension du récit du second volet. Il précise ainsi à nouveau que le personnage de Maléfique n'est pas, malgré ce que colporte la légende, un être froid et cruel. Au contraire, elle a élevé Aurore comme si c'était sa propre fille. Et elle choisit la jeune fille, désormais adulte, pour devenir la Reine de La Lande, première humaine à être nommée à ce poste. Aurore prend alors son rôle très à cœur et se mue en une monarque plein de douceur et d'humilité.

La réussite de Maléfique : Le Pouvoir du Mal se voit alors dans sa capacité à proposer plusieurs ambiances. La première est naturellement de reprendre celle du premier film avec ces adorables créatures de La Lande, fées, arbres qui bougent et autres petits personnages magiques. Ces passages sont très colorés et mignons à souhait. Certes, l'utilisation des effets spéciaux assistés par ordinateur est évidente mais elle s'intègre bien à l'univers du récit. Ce premier retour aux acquis permet au récit de prendre son temps pour installer son histoire avec la demande en mariage de Philippe à Aurore puis la rencontre des parents lors d'un dîner à couteaux tirés qui se finit par un drame déclenchant une guerre entre les humains et les fées. L'opus permet ainsi d'aborder des thématiques simples mais universelles comme celle qui voit des enfants ayant honte des différences de leurs parents face au monde extérieur et, sans se rendre compte de la violence de leur demande, les inviter à les atténuer.

Maléfique : Le Pouvoir du Mal se permet aussi d'aborder la thématique de l'exclusion, la mise au ban suite à un rejet par la majorité. La survie n'est alors possible qu'en se cachant. En traitant les origines de Maléfique et en expliquant d'où vient le personnage, le film amène ainsi cette autre ambiance qui flirte de loin avec Avatar et ses créatures proches de la nature qui peuvent voler où bon leur semble. Il faut dire que le visuel de La Lande rappelait déjà quelques images du film de James Cameron et ce second volet confirme cette impression, notamment quand Maléfique se retrouve parmi ses semblables dans des séquences emplies de l'atmosphère du film de 2009. Le réalisateur propose d'ailleurs de très belles scènes à l'exemple de celle d'une grand beauté, toute simple, où Maléfique se réveille après avoir été blessée. Un autre tableau peut être salué avec le montage serré dévoilant le contraste entre le devenir de La Lande et la retraite paisible de la marraine d'Aurore. La visite du lieu est aussi un moment qui permet d'émerveiller le spectateur par des décors aussi variés qu'inventifs.
Toujours en écho au film de 20th Century Fox, Maléfique : Le Pouvoir du Mal met en évidence les méfaits quand deux groupes d'individues se craignent et s'affrontent avec comme message sous-jacent le racisme et le rejet de l'autre. Le long-métrage est ainsi une ode à la paix montrant qu'il faut plutôt juger les êtres non pas pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils font. Certains trouveront la morale grossière et facile mais pourtant terriblement utile en ces temps troublés.

Chose notable, Maléfique : Le Pouvoir du Mal est par ailleurs incroyablement épique. La bataille finale est tout simplement époustouflante en se donnant de vrais airs de Game of Thrones au plus fort de la chute de Port-Réal voyant s'affronter Cersei et Daenerys. Alors, bien sûr Disney oblige, rien d'aussi violent ou sanglant. Pourtant, le désir de génocide est clairement montré devant les yeux ébahis des spectateurs. Certains personnages n'en sortent d'ailleurs pas indemnes. Surtout, le réalisateur n'expédie pas ce final et le fait tenir sur le dernier tiers du long-métrage. Il propose quelques plans emblématiques où ses actrices brillent de mille feux. Elles affichent toutes une classe et une prestance incroyables : Maléfique étant aussi dangereuse que vengeresse ; la Reine Ingrith définitivement froide et implacable ; Aurore douce et bouleversée mais toujours déterminée. L'affrontement, aidé par des effets spéciaux réussis, donne une ampleur extraordinaire à l'ensemble qui peut alors devenir un divertissement de haute volée, aussi impressionnant que féerique.

Mais Maléfique : Le Pouvoir du Mal ne réussirait pas aussi bien sans son impeccable casting, notamment féminin.
Angelina Jolie reprend évidemment son rôle de Maléfique. Encore une fois, l'actrice est aussi belle que charismatique. Son aura resplendit durant tout le film d'autant plus qu'il y a de nombreuses scènes où la comédienne distille ses émotions uniquement par sa présence et son regard. Respectant sa réputation de retenue froide qui la caractérise, Maléfique n'a, en fait, pas beaucoup de dialogues tant le personnage aime à utiliser les mots avec prudence et parcimonie. L'opus permet d'ailleurs d'approfondir sa mythologie en explorant ses origines. Il en dévoile ainsi plusieurs facettes aussi bien dans la fragilité que dans la flamboyance.
Elle Fanning reprend également son rôle d'Aurore. La jeune actrice est toujours aussi convaincante, rayonnante et douce. Mais que le public ne s'y trompe pas, cela ne l'empêche pas d'être déterminée quelles que soient les circonstances. Et la prestation est d'autant plus remarquable qu'il est difficile pour la jeune fille d'arriver à exister face à deux aussi grandes actrices de cinéma. Tiraillée entre elles, Elle Fanning arrive tout de même à trouver sa place et à apporter grâce et gentillesse dues à son personnage qui de fait gagne beaucoup en assurance malgré son impuissance. Au cours de l'une des dernières scènes de la bataille finale, l'actrice transcende toutefois Aurore en la rendant particulièrement bouleversante et poignante.
Toujours venu du premier opus, le spectateur apprécie également de retrouver un certain nombre de personnages secondaires comme Diaval le corbeau avec un Sam Riley décidément attachant mais aussi Hortense (Imelda Staunton), Capucine (Juno Temple) et Florette (Lesley Manville).

Les nouveaux personnages se montrent quant à eux à la hauteur de l'enjeu.
Michelle Pfeiffer, vue récemment en Janet Van Dyne dans Ant-Man et La Guêpe ou alors dans le film Le Crime de l'Orient-Express de Kenneth Branagh, est tout simplement extraordinaire. L'actrice affiche une classe incroyable toute en noblesse et froideur. Elle joue une reine prête à tout, y compris à ne pas se laisser freiner par sa famille, pour aller au bout de ses convictions. Elle vole à de nombreuses reprises la vedette tant sa prestance force le respect. Dans la bataille finale, elle irradie notamment à chaque plan, donnant les ordres sans faillir et livrant un duel avec Maléfique formant le grand moment du film.
À côté d'elle, le Prince Philippe fait, en revanche, bien pâle figure. L'acteur Brenton Thwaites ayant joué le personnage dans le premier film étant indisponible pour le tournage du second, il cède ici sa place à Harris Dickinson, vu dans Darkest Minds : Rébellion. Malheureusement, le public y perd au change tant le remplaçant est moins séduisant et manque en plus de présence : il faut attendre la fin de l'opus pour le voir enfin tenir son rang et tirer - un peu - son épingle du jeu.
Parmi les autres nouveaux personnages, il sera noté la dame à tout faire de la reine interprétée par une Jenn Murray convaincante, deux créatures semblables à Maléfique, Conall (Chiwetel Ejiofor) le sage et Borra (Ed Skrein) le belliqueux, et surtout l'apparition de l'acteur Warwick Davis (Willow, Star Wars : Le Retour du Jedi) dans un rôle qui le fait revenir à la Fantasy.

Côté bémols, Maléfique : Le Pouvoir du Mal ne s'épargne pas quelques problèmes de rythme avec son deuxième acte trop mou pour convaincre. La musique, elle aussi, affiche un bilan mitigé car, si elle est efficace, elle n'a rien de vraiment transcendant. Geoff Zanelli, un ancien protégé de Hans Zimmer, n'est ici que l'ombre de lui-même, le compositeur valant bien mieux : son travail peut d'ailleurs véritablement s'apprécier sur quelques autres films Disney comme La Drôle de Vie de Timothy Green (2012), Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar (2017) et Jean-Christophe & Winnie (2018).

Maléfique : Le Pouvoir du Mal est une suite réussie de Maléfique sachant parfaitement prolonger l'univers du premier film tout en apportant suffisamment de nouveautés pour intéresser le public. Même s'il sera regretté un petit problème de rythme en son milieu, son côté épique, notamment dans sa bataille finale généreuse, ainsi que ses décors colorés rendent l'expérience cinématographique véritablement très agréable. Le clou du spectacle reste assurément l'affrontement entre deux grandes actrices iconiques du cinéma qui, à lui seul, fait de Maléfique : Le Pouvoir du Mal le film de la branche "Live" du label Disney le plus original de toute l'année 2019. Qui a dit que Disney se savait plus surprendre ?

L'équipe du film

1975 • ....

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