Titre original :
Jungle Cruise
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 30 juillet 2021 (Cinéma • Disney+)
Genre :
Aventure
IMAX
3-D
Accès Premium
Réalisation :
Jaume Collet-Serra
Musique :
James Newton Howard
Durée :
127 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Chercheuse intrépide, la doctoresse Lily Houghton quitte Londres pour explorer la jungle amazonienne à la recherche d’un remède miraculeux. Pour descendre le fleuve, elle engage Frank Wolff, un capitaine roublard aussi douteux que son vieux rafiot délabré. Bien décidée à découvrir l’arbre séculaire dont les extraordinaires pouvoirs de guérison pourraient changer l'avenir de la médecine, Lily se lance dans une quête épique...

La critique

rédigée par
Publiée le 12 septembre 2021

Jungle Cruise est l'archétype du film d'aventure Disney familial par excellence. À mi-chemin entre les sagas Pirates des Caraïbes et Indiana Jones, le long-métrage adapte une nouvelle fois une attraction iconique des Parcs Disney. Même s'il possède un air de déjà vu, son histoire bien ficelée, ses personnages drôles et attachants, son humour venant de jeux de mots douteux ou encore son ambiance nostalgique rappelant les productions des années 1980 et 1990 font que Jungle Cruise est l'exemple parfait du divertissement bon enfant, mouvementé et coloré où l'ennui n'a jamais sa place.

Jungle Cruise est donc une adaptation cinématographique d'une attraction d'un Parc Disney. Ce n'est pas la première fois que le studio aux grandes oreilles s'inspire de la sorte. Il faut, en effet, remonter à 1997 pour voir le premier du genre avec le téléfilm La Tour de la Terreur, aussi connu sous le titre français Les Fantômes d'Halloween, qui adapte l'attraction The Twilight Zone Tower of Terror de Disney's Hollywood Studios à Walt Disney World Resort en Floride, et qui se voit diffusé sur ABC dans l'émission The Wonderful World of Disney. En 2002, Walt Disney Pictures sort ensuite au cinéma Les Country Bears, dérivé de Country Bear Jamboree présent notamment au Magic Kingdom à Walt Disney World Resort. L'année 2003 fait ensuite exploser le genre avec Le Manoir Hanté et les 999 Fantômes inspiré de The Haunted Mansion au Disneyland Park en Californie et au Magic Kingdom mais surtout Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl basé sur l'attraction Pirates of the Caribbean présente dans de nombreux Parcs Disney du Disneyland Park en Californie au Parc Disneyland à Disneyland Paris. Le film est un tel succès qu'il aura droit à quatre suites : Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit (2006), Pirates des Caraïbes : Jusqu'au Bout du Monde (2007), Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (2011) et Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar (2017), ainsi qu'un court-métrage Les Fiancées du Capitaine Jack Sparrow (2011). Enfin, même si le film ne se base pas sur une attraction en particulier, À la Poursuite de Demain sorti en 2015 rend particulièrement hommage aux Parcs Disney que ce soit via le Land Tomorrowland ou l'attraction ‘‘it’s a small world’’.

L'attraction Jungle Cruise est l'une des plus anciennes et des plus populaires du Disneyland Park. Proposée en 1955, lors de l'ouverture du Parc, elle se base principalement sur la série de documentaires produits par Walt Disney, les True Life Adventures, et en particulier sur le long-métrage de 1955 Lions d'Afrique. Walt Disney voulaient avec elle offrir aux visiteurs une aventure en bateau dans laquelle ils pourraient découvrir la faune et la flore des endroits les plus exotiques du monde. Plusieurs artistes et Imagineers ont alors œuvré sur l'attraction pour la façonner pour qu'elle devienne ce qu'elle est aujourd'hui. Le premier d'entre eux est Harper Goff, responsable entre autres de l'apparence du Nautilus dans le film de 1954 20 000 Lieues Sous les Mers. Quand le Maître de l'Animation lui demande d'imaginer la future attraction, Goff s'inspire beaucoup du long-métrage L'Odyssée de l'African Queen d'United Artists sorti en 1951 avec Humphrey Bogart et Katharine Hepburn. Il conçoit ainsi l'aspect global de l'attraction et son parcours. Bill Evans, l'Imagineer paysagiste, a pour sa part la lourde tâche de transformer l'emplacement, plutôt désertique, en une abondante forêt tropicale en dénichant des végétaux des quatre coins de la Californie mais aussi du globe. Walt Disney veut à la base utiliser des vrais animaux mais il décide finalement de proposer des automates animaliers, prémices des futurs Audio-Animatronics. Plutôt sérieuse, l'attraction semble ne pas réussir à faire revenir les visiteurs au fil des ans. Walt Disney demande alors, dans les années 1960, à l'artiste Marc Davis, un des Neuf Vieux Messieurs spécialiste de l'animation travaillant désormais pour Disneyland, d'améliorer l'ensemble. Il rajoute ainsi de nouvelles scènes, peuple le parcours de plus d'animaux et surtout distille beaucoup d'humour, notamment en demandant aux conducteurs de bateaux de prononcer beaucoup de jeux de mots. Ces blagues vont devenir la marque de fabrique de l'attraction et la raison de sa popularité auprès du public. Jungle Cruise continue ensuite d'évoluer au fil des ans, embrassant les dernières technologies et épousant les évolutions de société. Elle sera dupliquée, plus ou moins fidèlement, dans trois autres Parcs Disney dans le monde : au Magic Kingdom en Floride, à Tokyo Disneyland et à Hong Kong Disneyland.

Les studios Disney commencent à travailler sur une adaptation de Jungle Cruise dès l'année 2004, un peu après le succès du premier opus de Pirates des Caraïbes. Josh Goldstein et John Norville écrivent ainsi le premier jet de l'histoire. Le projet patine ensuite et refait parler de lui en 2011 quand il est annoncé que les acteurs Tom Hanks et Tim Allen sont attachés au film selon une nouvelle histoire de Roger S. H. Schulman, mais cette version semble vite abandonnée. Finalement, en 2015, les producteurs John Davis et John Fox partent du script de Josh Goldstein et John Norville et décident de revenir à l'origine même de l'attraction en s'inspirant du film L'Odyssée de l'African Queen et en mettant en scène un duo d'acteurs composé d'un homme et d'une femme avec Dwayne Johnson signant tout de suite pour le rôle principal. Il faudra ensuite deux ans pour trouver l'actrice idéale pour le seconder tandis que le script a droit à plusieurs réécritures par Glenn Ficarra, John Requa et Michael Green.

Pour réaliser Jungle Cruise, les studios Disney font appel à Jaume Collet-Serra. Ce dernier est né en 1974 en Catalogne, en Espagne. À l'âge de 18 ans, il part pour Los Angeles afin de réaliser son rêve de devenir réalisateur. Après ses études au Columbia College Hollywood, il commence sa carrière en tant que réalisateur de vidéo-clips et de publicités. En 2005, il signe son premier long-métrage, le film d'horreur La Maison de Cire. Deux ans plus tard, il met en image le film britannique Goal II : La Consécration, distribué par Buena Vista International. Par la suite, il va se spécialiser sur les thrillers en tournant notamment quatre fois avec Liam Neeson dans Sans Identité (2011), Non-Stop (2014), Night Run (2015) et The Passenger (2018). Jungle Cruise est ainsi son premier film à gros budget et le premier à avoir autant d'effets spéciaux. En attendant, Dwayne Johnson a tellement aimé travaillé avec lui qu'il l'a imposé en tant que réalisateur sur son prochain film, Black Adam pour DC Comics.

Ce qui frappe en regardant Jungle Cruise est sûrement l'incroyable air de déjà-vu qui transpire du long-métrage. En fait, l'opus est clairement un mélange des films d'aventure qui ont été proposés lors des quarante dernières années. Bien sûr, impossible de ne pas penser à la saga Pirates des Caraïbes de Disney dont l'ADN du projet est clairement identique entre l'adaptation d'une attraction d'un Parc Disney, les morts vivants et l'humour plein de punchlines. La saga Indiana Jones de Lucasfilm Ltd., la série de films d'aventure par excellence, a également servi d'inspiration avec ses indigènes mais aussi son méchant allemand. Le spectateur serait tenté de dire également pour son époque même si Jungle Cruise se déroule durant la Première Guerre mondiale et non dans les années 30 après l'avènement du Troisième Reich comme c'est le cas dans la saga de Steven Spielberg. L'opus rappelle aussi le deuxième Jumanji, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle, le film Columbia Pictures sorti en 2017, sûrement à cause de la présence de Dwayne Johnson dans un rôle similaire et de l'abondante forêt tropicale de l'Amazonie qui lui sert de décor. Enfin, le côté aventure familiale rappelle aussi des classiques comme Les Goonies de Warner Bros. dans les années 1980, La Momie d'Universal des années 1990 mais aussi les deux films Benjamin Gates des années 2000. Ainsi, Jungle Cruise n'est certes pas original mais il mélange tellement bien ces références qu'il en ressort davantage une sensation de nostalgie plutôt qu'un manque d'imagination ou d'inspiration. Le spectateur est certes en terrain connu mais se retrouve pourtant devant un divertissement aussi plaisant qu'enjoué.

Le scénario de Jungle Cruise est ainsi typique des films d'aventures avec un duo improbable qui part à la recherche d'un trésor, ici une plante aux vertus médicinales, mais qui sont attaqués et poursuivis par des ennemis qui convoitent le même butin. Comme dans tout bonne chasse aux trésors se déroulant dans la première moitié du XXe siècle, le film commence par un prélude dans un musée avant de voir son action s'installer définitivement dans un endroit plus exotique, ici la forêt amazonienne et les méandres des affluents de l'Amazone. À tout cela s'ajoutent énigmes et casse-têtes pour découvrir la cachette du trésor, courses-poursuites aussi bien sur l'eau comme sur terre, explosions, énormes chutes d'eau, rochers pointus à la réception... sans compter un zeste de fantastique pour pimenter le tout. La recette est ainsi classique mais elle est faite avec de bons ingrédients et au final l'ennui n'a jamais sa place. Il n'y a pas de surprises mais l'ensemble est incroyablement sympathique et positif, ce qui en fait le film idéal pour un été d'insouciance. Surtout que la fin, bien qu'attendue, s'avère parfaite car le spectateur n'en aurait certainement pas voulu une autre. Parfois, cela fait du bien de se retrouver face à un divertissement qualitatif et familier qui ne cherche pas à être autre chose que sa promesse initiale : un simple film d'aventure fun et traditionnel, dans le sens le plus noble du terme.

Si l'histoire de Jungle Cruise est simple mais efficace, les fans des Parcs Disney peuvent eux, en plus, s'amuser à dénicher les différentes références à l'attraction. La plus évidente est sûrement une des premières scènes du film qui fait presque une parodie du tour que font les visiteurs dans les Parcs. Impossible de ne pas proposer, par exemple, la fameuse huitième merveille du monde qu'est l'arrière de la cascade ou encore le faux hippopotame. Des clins d'œil     plus subtils sont aussi distillés tout au long du long-métrage comme le nom du Dr. Albert Falls, un personnage de fiction créé pour l'histoire de l'attraction lorsque cette dernière a été étoffée dans les années 2010. Le patronyme du Dr. Albert Falls peut être ainsi trouvé dans plusieurs éléments de décors d'Adventureland notamment le restaurant Skipper Canteen. Deux autres personnages liés directement ou indirectement à l'attraction font des apparitions remarquées. Le premier est Rosita la Cacatoès. Le nom de cet oiseau est d'abord prononcé dans l'attraction Walt Disney's Enchanted Tiki Room à Adventureland quand José, un des perroquets chanteurs, se demande où est passé une des Folies Bergère qui semble avoir quitté le groupe pour faire une carrière solo. À partir des années 1990, les Imagineers vont montrer plein d'indices sur le devenir du perroquet dans de nombreux décors des Resorts Disney, restaurants ou hôtel. Finalement, en 2018, elle apparaît en Audio-Animatronics dans le restaurant en plein air The Tropical Hideaway, à Adventureland dans le Disneyland Park, et l'oiseau peut être vu depuis le parcours de Jungle Cruise. L'autre personnage est Trader Sam, le joyeux cannibale qui offre des têtes réduites aux visiteurs de l'attraction, deux pour le prix d'une (deux des siennes contre celle du visiteur). Ce personnage est devenu un incontournable des Parcs Disney donnant même son nom à des boutiques et des bars. Mais en avril 2021, afin de gommer les stéréotypes raciaux dans les Parcs américains, les Imagineers l'ont retiré des attractions. Il reste pourtant présent dans le film, dont le tournage s'est terminé en 2018 bien avant la décision d'enlever Trader Sam à Disneyland Park et au Magic Kingdom. Néanmoins, il a clairement évolué dans le long-métrage, notamment en changeant de sexe et se moquant avec délice de sa représentation dans l'attraction. Jouée par l'actrice mexicaine Veronica Falcón, elle possède ici un rôle relativement conséquent et sert notamment à faire avancer l'intrigue.

Une des raisons du succès de l'attraction est son humour. Le film Jungle Cruise ne pouvait donc pas passer à côté de cette caractéristique essentielle. Le long-métrage en propose ainsi beaucoup, surtout grâce aux incroyables jeux de mots, peu subtils il faut l'avouer, du personnage de Frank entre « De l'autre côté, il y a un tatou. Mais ne lui donnez pas à manger. Quand t'as tout, tu n'as besoin de rien. », « Un alligator croque Odile. » ou « Il a une dent contre moi aussi. Elle est excellente ! C'est caïman ma meilleur blague. ». D'ailleurs, il faut saluer la traduction française du doublage qui a su garder l'intention des dialogues en l' adaptant à la langue de Molière. Le comique est aussi présent grâce aux réparties des personnages, surtout Frank et Lily, mais aussi MacGregor, ces derniers n'arrêtant pas de s'envoyer des vannes  à tout bout de champ pour le plus grand plaisir des spectateurs. Certains dialogues proposent aussi des tournures assez salaces s'ils sont pris au second degré comme par exemple quand MacGregor propose à Frank « Franck, vous voudriez peut-être mordre dans mon bâton ? », « Vous voulez que je vous la secoue un peu ? » ou « Je pourrais passer par derrière, ce serait vite fait ! ». L'humour, même balourd, s'avère réellement plaisant et contribue à faire de Jungle Cruise un visionnage frais et amusant.

 

L'autre grand réussite de Jungle Cruise est assurément son casting.
Dwayne Johnson est encore une fois terriblement attachant. L'acteur a une longue histoire avec le studio Disney. En 2007, il apparaît dans le film Maxi Papa puis en 2009 dans La Montagne Ensorcelée, remake du classique de 1975. Il prête aussi sa voix au personnage de Maui dans le film des Walt Disney Animation Studios de 2016, Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Il a également un petit rôle dans le film Touchstone Encore Toi ! (You Again) et fait des apparitions dans les séries Disney Channel Hannah Montana, Cory est Dans la Place et Les Sorciers de Waverly Place tandis qu'il est aussi producteur de l'émission Les Coulisses des Attractions proposée sur Disney+ en 2021. Il joue ici le rôle de Frank Wolff, le capitaine du bateau La Quila et le responsable de Jungle Navigation Company. Sûr de lui, aventurier, roublard et un peu menteur, le personnage est tout de suite sympathique et l'acteur apporte tout son charisme à ce baroudeur charmant. Surtout, il arrive à apporter une touche fragile au personnage, tranchant ainsi avec son physique costaud.

L'autre perle du casting est sans conteste Emily Blunt. Rendue célèbre grâce au film Le Diable s’Habille en Prada chez 20th Century Fox en 2006, elle travaille la première fois pour les studios Disney l'année suivante dans Coup de Foudre à Rhode Island pour la label Touchstone. Elle fait ensuite une apparition dans Les Muppets, Le Retour en 2011 avant de décrocher l'un des premiers rôles dans la comédie musicale Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois en 2014 puis devient la fameuse Mary Poppins dans Le Retour de Mary Poppins en 2018. L'actrice interprète ici Lily Houghton, docteur en botaniste. Sûre d'elle, aventurière, courageuse et altruiste, elle a tendance à foncer dans le tas puis à réfléchir. Totalement attachante, sa relation avec Frank est vraiment réussie. Bien qu'étant énervés l'un par l'autre, ils ont en réalité une attirance indéniable. Cela n'empêche pas les deux aventuriers de s'envoyer des réparties bien senties. L'apparence garçon manquée de la jeune femme est aussi le moyen de montrer l'incroyable sexisme que subissaient les femmes à l'époque ; Lily se prenant perpétuellement des réflexions sur le fait de se vêtir de pantalons ou encore en ayant l'impossibilité d'exposer devant ses pères scientifiques machistes ses propres théories, étant obligée d'envoyer son frère à sa place alors qu'il n'y connaît rien et ne fait que lire des notes.

Jack Whitehall (déjà vu dans Casse-Noisette et les Quatre Royaumes) joue, quant à lui, MacGregor Houghton, le frère de Lily. Lui aussi est incroyablement attachant et drôle. De part son côté dandy, peureux et féru de la civilisation, il est le parfait contraire de sa sœur. Il est particulièrement amusant de le voir comme un éléphant dans un magasin de porcelaine dans chaque situation où il se trouve. Le personnage est aussi important car il s'agit de la première fois qu'un protagoniste fait son coming-out dans un long-métrage cinéma du label Disney. Certains trouveront sûrement la démarche plus que timide car il est vrai qu'elle s'avère au final assez subtile dans son exécution. Pour autant, elle est faite intelligemment, en adéquation avec l'époque où est censé se dérouler le film. Au début du siècle dernier, ce genre d'annonce était faite de façon bien plus pudique qu'aujourd'hui. Le passage offre aussi un dialogue à double signification permettant à Disney de pas ne s'attirer les foudres de la censure dans les pays où l'homosexualité est toujours punie par la loi. Ils pratiquent ainsi l'évolution des mœurs par petites touches dans la branche cinéma forcément mondialisée et donc ayant besoin d'être plus lissée que d'autres productions. Les studios se permettent ainsi d'être plus directs dans leurs séries, notamment sur Disney+, ayant moins de problème de rentabilité et donc moins peur de la censure.

Le méchant, quant à lui, est joué par Jesse Plemons (Le Pont des Espions). Il interprète le Prince Joachim de Prusse, un personnage historique, fils du Kaiser Guillaume II, dernier empereur allemand et roi des Prusses qui abdiquera suite à la défaite de l'Allemagne en 1918. Ici bien sûr, le prince allemand n'a rien à voir avec la réalité et sert juste de prétexte pour proposer un antagoniste à Lily Houghton puisqu'ils sont tous deux à la recherche du même trésor. À la tête d'une armada militaire conséquente, il est un adversaire particulièrement dangereux même si sa personnalité est un brin caricaturale, ce qui le rend en réalité plutôt amusant.
Le Prince Joachim est secondé dans sa tâche par d'anciens conquistadors frappés d'une malédiction et commandés par le Capitaine Aguirre (Édgar Ramírez) qui cherche à se venger pour sa vie de souffrance. Même s'ils apportent un peu de fantastique, ils ont un terrible air de déjà-vu et sont les seuls personnages du film à ne pas avoir d'humour, ce qui les rend anecdotiques et sans intérêt.

D'un point de vue visuel, Jungle Cruise est à l'image de l'attraction d'origine. Il cherche bien plus à dépayser, à éblouir et à amuser qu'à rechercher un réalisme à toute épreuve. L'action est ainsi grandiloquente sans vouloir être crédible. Elle propose néanmoins des scènes impressionnantes à l'image de la course-poursuite dans le port d'attache de Frank. Les décors sont tout aussi grandioses, même s'ils utilisent beaucoup l'animation assistée par ordinateur, et donc les fonds verts. Certains reprocheront ainsi l'aspect numérique mais cela donne finalement au film un aspect fantastique et irréel bienvenu. Les effets spéciaux sont aussi nombreux notamment via les personnages des conquistadors ou les animaux ; aucune bête n'ayant été utilisée sur le tournage. Là encore, tout fait vraiment factice, ce que de nombreux spectateurs reprocheront à l'opus, mais finalement cela convient parfaitement à l'ambiance de la production qui est ici à l'image de l'attraction. Le but de Jungle Cruise est de divertir en actant et en assumant que tout est en fait une blague se déroulant dans un monde coloré et fantasmé.

Étonnamment, la musique de Jungle Cruise n'est pas fatalement son point fort, passant un peu inaperçu sans qu'aucun thème ne ressorte vraiment. La chose est étonnante car elle est l'œuvre du compositeur James Newton Howard. Ce dernier s'est particulièrement fait remarquer pour ses talents sur les bandes originales de Dinosaure, Atlantide, l'Empire Perdu, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers et Raya et le Dernier Dragon des Walt Disney Animation Studios mais aussi sur les musiques des films Disney à prises de vues réelles de Maléfique et de Casse-Noisette et les Quatre Royaumes. La seule petite curiosité de la bande originale de Jungle Cruise est sûrement l'arrangement instrumental de la chanson Nothing Else Matters de Metallica. Cette collaboration vient du fait que Sean Bailey, le président de la branche prises de vues réelles des studios Disney, est un passionné de rock et un fan du groupe. Il a toujours voulu travailler avec eux mais cherchait le projet adéquat pour le faire. Le groupe connaissant bien le dirigeant a accepté sa proposition et finalement l'intégration est parfaite. La musique instrumentale de la chanson peut être ainsi entendue à deux reprises : à l'ouverture du film ainsi que durant la seconde moitié et à chaque fois, elle sublime la scène.

La sortie de Jungle Cruise a été loin du long fleuve tranquille. Le tournage s'est terminé en 2018 mais la sortie n'est prévue initialement que le 11 octobre 2019. Face au produit fini, Disney trouve qu'il s'agit plus d'un film d'été et décale sa sortie au 24 juillet 2020. Sauf qu'entretemps, la crise sanitaire de la Covid-19 éclate, obligeant les studios à repousser une nouvelle fois le long-métrage au 30 juillet 2021 en espérant que la situation sera stabilisée. Elle est loin de l'être au printemps suivant, Disney annonce donc que le film sortira dans une combinaison alliant à la fois une sortie en salles dans les pays où les cinémas sont ouverts et une diffusion sur Disney+ en Accès Premium. Seuls les pays où Disney+ n'est pas disponible auront uniquement droit à une sortie au cinéma. La France fait figure d'exception liée à la loi de la chronologie des médias, la filiale devant choisir entre une distribution au cinéma ou une sortie en SVOD. Si les critiques sont mitigés sur le film, le public adore lui son côté fun et décomplexé. Au final, lors de son premier week-end, Jungle Cruise rapporte un box office meilleur qu'attendu aux États-Unis avec 35 millions de dollars auquel se rajoute 27 millions dans le monde et 30 millions sur Disney+. Malheureusement avec un budget de 200 millions de dollars, hors promotion, il va être difficilement amortissable, surtout durant cette période difficile que vivent le cinéma, les salles et les studios. Cela n'empêche pourtant pas les studios Disney de donner le feu vert à la production d'une suite.

Jungle Cruise ne réinvente pas le genre du film d'aventure mais avec ses personnages attachants, son humour fait de mauvais jeux de mots, son action trépidante et son dépaysement garanti, le long-métrage est certain de plaire à toute la famille en offrant un divertissement aussi fun qu'amusant. Il est en résumé l'archétype du blockbuster idéal pour l'été !

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