Namontack
Date de création : Le 23 juin 1995 Nom Original : Namontack Créateur(s) : Daniel Anthony Wawrzaszek Sasha Dorogov Branko Mihanovic Travis Blaise |
Apparition : Cinéma |
Le portrait
En 1995, les studios Disney offrent au public de remonter aux origines de l’histoire américaine moderne avec Pocahontas, une Légende Indienne, leur trente-troisième grand classique animé. Retraçant l’arrivée en 1607 des colons de la Virginia Company sur les rivages du Nouveau Monde, le film met alors un point d’honneur à donner une image crédible et tout à fait juste de la tribu des Powhatans et de ses membres, y compris les simples figurants comme le guerrier Namontack.
Comme Pocahontas, le chef Powhatan, John Smith, John Ratcliffe ou bien encore Kocoum, le personnage de Namontack s’inspire d’une personnalité ayant réellement existé. Si les histoires de Pocahontas, de John Smith et de Kocoum sont globalement bien documentées, celle de Namontack demeure cependant encore particulièrement floue et incomplète. Jeune membre de la tribu algonquine des Powhatans né vers 1596, il vivait avec les siens à Werowocomoco, un village situé sur le rivage nord de la rivière York, dans l’actuel comté de Gloucester. En 1607, les habitants assistent à l’arrivée des colons européens et, l’année suivante, à la fondation sur l’autre rive de la colonie de Jamestown. Simple servant au service du chef, Namontack est offert au capitaine anglais Christopher Newport. Il s’agit là d’un cadeau visant à établir de bonnes relations entre les deux peuples. En échange, le chef Powhatan est lui-même gratifié de quelques présents. Newport lui confie en particulier le jeune Thomas Savage, un laboureur de treize ans.
La rencontre des Amérindiens et des colons de Jamestown, gravure du XVIIe siècle.
Savage devient alors l’otage des Amérindiens. Namontack est pour sa part celui des Anglais. Si le moindre mal est fait à l’un, l’autre mourra sur le champ. Aux côtés de Christopher Newport et de son équipage, Namontack embarque bientôt à bord du John & Francis et arrive enfin à Londres le 10 avril 1608. Présenté comme le fils de Powhatan, le jeune Indien est montré aux membres de la haute société et aux actionnaires de la Virginia Company qui se pressent pour voir celui qui est parfois surnommé le « Prince de Virginie ». Étonné en découvrant cet univers dont il ignore tout, il apprend rapidement la langue anglaise ainsi que les us et coutumes des Européens. Au milieu de l’été, trois mois après son arrivée, il est ramené en Amérique à bord du Mary Margaret. Namontack aurait fait partie de l'équipage du Sea Venture et serait mort lors du naufrage du navire au large des Bermudes en 1609.
Le navire Thomas E. Moran, rebaptisé USS Namontack.
Utilisé comme interprète et comme garant de la paix entre les Amérindiens et les colons, son nom est donné à l’USS Namontack, un navire de commerce construit par The Defoe Shipbuilding Company de Bay City, dans le Michigan, pour le compte de la société Moran Towing and Transportation basée dans le port de New York. Mis en service en 1938 sous le nom Thomas E. Moran, celui-ci est racheté le 28 novembre 1940 par la Navy qui le rebaptise. Mis en service le 18 mars 1941, le bateau est alors utilisé pour poser des filets puis, durant la Seconde Guerre mondiale, comme mouilleur de mines sous-marines jusqu’à son désarmement le 21 août 1946. L’USS Namontack est finalement vendu par l’armée le 30 avril 1947.
Dans Pocahontas, une Légende Indienne, le rôle de Namontack se révèle être particulièrement anecdotique. Farouche guerrier, il écoute Kekata prévenir la tribu du danger que représentent ces « mystérieux visiteurs ». Envoyé comme d’autres en repérage, il assiste alors à l’établissement des colons dirigés par John Ratcliffe. Consterné, il observe les Anglais creuser le sol et couper la forêt. Dissimulé dans les arbres et les buissons, il siffle pour attirer l’attention de ses compagnons à qui il fait signe pour leur indiquer le nombre d’étrangers qu’il parvient à apercevoir.
Lorsque l’affrontement débute, Namontack arme son arc pour défendre les siens. Il est toutefois rapidement blessé à la jambe par le gouverneur qui lui tire dessus avec son fusil. Namontack s’écroule sur le sol. Manquant d’être achevé par Ben, il est sauvé in extremis par Kocoum qui, après avoir pris le dessus sur son assaillant, l’emmène loin du champ de bataille en le portant sur son dos.
Sévèrement blessé, Namontack est ausculté par Kekata, le shaman de la tribu. Serrant les dents, il est soutenu par l’une des femmes du village et par le chef Powhatan qui ne peut retenir sa colère. Cette blessure reste un mystère. Aucun chant religieux, aucune incantation ne semble pouvoir la guérir... La blessure de Namontack est l’élément déclencheur qui parvient à convaincre Powhatan de mobiliser les autres villages afin de faire la guerre à ces envahisseurs.
Comme c’est le cas pour l’ensemble des Amérindiens représentés à l’écran, les artistes de Disney ont immédiatement fait le choix de s’orienter vers une vision réaliste des Powhatans à mille lieues des images parfois grotesques véhiculées jadis par d’autres films hollywoodiens.
Présent au milieu des autres membres de la tribu bien que n’étant pas facilement identifiable lorsque ces derniers sont montrés tous ensemble à l’écran, Namontack apparaît ainsi sous les traits d’un robuste guerrier à la carrure imposante. Sa coiffure, complexe, est typique de celle que portaient les Amérindiens. Arborant des cheveux courts sur le haut du crane, la partie droite de sa tête est totalement rasée alors que les cheveux, attachés, sont laissés longs sur la partie gauche. Torse nu et vêtu d’un simple pagne en peau tannée, il arbore un tatouage tribal sur le biceps droit.
Namontack, comme les autres protagonistes du film, est créé avec un style totalement à l’opposé de ce que Disney produit depuis des décennies. Les réalisateurs et les dessinateurs ont en réalité fait le choix d’un long-métrage d’un nouveau genre dans lequel les courbes habituelles sont remplacées, autant pour les décors que pour les personnages, par des lignes droites. Les paysages, dès lors, sont très géométriques. Les visages, pour leur part, très anguleux. La stature de Namontack est carrée, ce qui renforce sa musculature. Son visage est lui aussi très droit avec une mâchoire très prononcée, un nez aquilin, un front haut.
Comme celle des colons et des Amérindiens, l’animation de Namontack est exécutée par Daniel Anthony Wawrzaszek, Sasha Dorogov, Branko Mihanovic et Travis Blaise.
Entré chez Disney à la fin des années 1980, D. Anthony Wawrzaszek travaille durant sa carrière sur des films comme Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, Lapin Looping, La Belle et la Bête (les villageois et les objets enchantés), Aladdin (Abu), Le Roi Lion (Simba jeune), Mulan (Chien-Po et Ling) et Lilo & Stitch (Pikly et David). L’artiste œuvre ensuite sur, entre autres, Monster House, Le Pôle Express, Beowulf, Les Rebelles de la Forêt, Volt, Star Malgré Lui, Le Drôle de Noël de Scrooge, Milo sur Mars, Les Mondes de Ralph...
Originaire de Russie, Sasha Drorogov débute sa carrière dans les années 1980 avant d’intégrer les studios Disney au début des années 1990. Là, il travaille notamment sur Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Fantasia 2000, Lilo & Stitch et Frère des Ours. Il devient enseignant en animation au sein de sa propre école, le Drogorov’s Animation Institute.
Branko Mihanovic collabore, lui, au développement du jeu vidéo dérivé du (Le) Roi Lion. Il anime ensuite les Amérindiens, puis les personnages de Lilo et Kenai. Il sert après cela comme animateur sur Georges le Petit Curieux produit par Universal.
Travis Blaise intègre Disney à la fin des années 1980. Animateur intervalliste de la Bête et de Jasmine, il devient assistant animateur du personnage de Zazu puis animateur des colons et des Amérindiens, de Frollo, de Shan-Yu, de Stitch et Koda. La filmographie de Blaise est complétée avec des productions comme Timmy’s Lesson in Nature, son premier court-métrage en tant que réalisateur, ainsi que Georges le Petit Curieux, Class of 3000, Little Big Panda, Désenchantée, Penn Zero : Part Time Hero, Baymax et les Nouveaux Héros, Kripto Super Chien...
Protagoniste anecdotique inspiré d’un personnage bien réel, Namontack est la première victime de John Ratcliffe et, dès lors, l’un des éléments déclencheurs précipitant la guerre entre les colons et les Amérindiens.