WandaVision

Titre original :
WandaVision
Production :
Marvel Studios
Date de mise en ligne USA :
15 janvier 2021 - 05 mars 2021 (Disney+)
Genre :
Fantastique
Création :
Jac Schaeffer
Musique :
Christophe Beck
Durée :
350 minutes
Disponibilité(s) en France :

Liste et résumés des épisodes

1. Filmed Before a Live Studio Audience
Filmé Devant Public
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 15 janvier 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 30 minutes
Wanda et Vision s'apprêtent à célébrer une journée importante…
2. Don't Touch That Dial
Ne Zappez Pas
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 15 janvier 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 37 minutes
Wanda et Vision préparent un numéro de magie pour participer à un évènement caritatif organisé par la ville…
3. Now in Color
On Passe à la Couleur
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 22 janvier 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 33 minutes
Wanda et Vision essayent de s'adapter à la grossesse inattendue de Wanda…
4. We Interrupt This Program
Interruption du Programme
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 29 janvier 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 35 minutes
Monica Rambeau se réveille dans un hopital…
5. On a Very Special Episode...
Dans cet Épisode très Spécial…
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 5 février 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 42 minutes
Wanda et Vision gèrent leurs enfants comme ils peuvent…
6. All-New Halloween Spooktacular!
Tout Nouveau Spooktaculaire Halloween !
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 12 février 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 38 minutes
Wanda et Vision fêtent Halloween…
7. Breaking the Fourth Wall
Briser le Quatrième Mur
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 19 février 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 38 minutes
Wanda a du mal à se remettre de son comportement récent…
8. Previously On
Précédemment Dans…
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 8
Date de diffusion USA : Le 26 février 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 47 minutes
Wanda se remémore son passé…
9. The Series Finale
Le Grand Final
Genre : Épisode
Série : WandaVision
Saison 1 Épisode 9
Date de diffusion USA : Le 05 mars 2021
Réalisé par : Matt Shakman
Durée : 50 minutes
Wanda et Vision doivent lutter pour protéger leur famille…

La critique

rédigée par
Publiée le 13 mars 2021

Début de la quatrième phase du Marvel Cinematic Universe avec WandaVision, première série Marvel Studios à sortir sur Disney+ le 15 janvier 2021. Série surprenante dans l’ensemble, mais convenue quelquefois, réjouissante dans sa globalité et frustrante à des moments-clés. Frustrante, car elle présente la particularité de ne pas manquer d’ambition sans toutefois en être toujours à la hauteur. Réjouissante, car elle aborde de belles thématiques et apporte une touche d’originalité appréciable à un univers qui avait tendance à ne pas sortir de sa zone de confort en plus d’offrir une mise en avant importante à deux personnages intéressants : Wanda Maximoff et Vision. Attention toutefois, tout comme il est dangereux de déambuler dans l’esprit tourmentée de Wanda, se perdre entre ces lignes est prendre le risque de découvrir des éléments-clés de la série et quelques-uns de ses twists les plus marquants (en mots comme en images). Car finalement, pour le lecteur hésitant à se lancer dans la série, une seule recommandation est de vigueur : le voyage qu’offre WandaVision vaut largement la peine de l’emprunter.

Mais avant de traiter à proprement dit WandaVision, retour rapide sur l’univers dans lequel la série évolue, le Marvel Cinematic Universe. Avec 23 films et 12 ans d’existence, le MCU est rapidement devenu un véritable phénomène de société. D’Iron Man à Spider-Man : Far From Home, souvent décrié (à tort ou à raison), recopié mais rarement égalé, la structure cinématographique construite par Kevin Feige est désormais une vraie référence dans le monde des univers partagés. 23 films, répartis en trois phases, formant une saga, La Saga de l’Infini. Avengers : Endgame, véritable point culminant de cette saga, rassemblement dantesque et première conclusion marquante du Marvel Cinematic Universe, a ainsi offert à plusieurs personnages une porte de sortie, tout en laissant la place à l’après… Si Spider-Man : Far From Home a commencé à esquisser les contours d’une nouvelle ère, le film porté par Tom Holland, bien que sorti après Avengers : Endgame, marquait la véritable fin de La Saga de l’Infini et le début d’une pause inédite pour le Marvel Cinematic Universe.

Pause qui devait prendre fin initialement avec la sortie de Black Window, en avril 2020. Mais la pandémie mondiale de COVID-19 vient bouleverser le planning initial de Marvel, qui décale tous ses films de plusieurs mois. En parallèle, The Walt Disney Company développe sa plateforme de streaming, Disney+. De nombreuses séries produites par Marvel Studios, mettant en scène des personnages vus dans les longs-métrages ou en introduisant de nouveaux, sont ainsi annoncées spécialement pour ce nouveau médium. La Phase IV du MCU choisit donc de faire cohabiter séries et films, en alternant les deux et en créant naturellement plusieurs liens entre ces projets. Falcon et le Soldat de l’Hiver est ainsi la première série prévue, censée sortir en août 2020, suivie de WandaVision, en décembre 2020. Mais toujours à cause de la pandémie, les tournages sont retardés et les aventures de Sam et Bucky déménagent à mars 2021. WandaVision, prête avant, commence elle sa diffusion en janvier 2021. En plus d’ouvrir donc la Phase IV du Marvel Cinematic Universe et une toute nouvelle saga, elle devient ainsi la première série produite par Marvel Studios à sortir.

Première série Marvel Studios car jusqu’alors, les productions télévisées n’étaient pas produites par Marvel Studios, mais par Marvel Television (souvent en association avec ABC Signature). Il s’est en effet toujours joué une bataille interne entre les différents projets chez Marvel. Alors que Kevin Feige développait ses films et son univers au cinéma, la branche Marvel Television a également proposé pendant plusieurs années des séries mettant en scène des personnages Marvel. Comme par exemple Les Agents du S.H.I.E.L.D. et Agent Carter sur ABC, Cloak & Dagger sur Freefrom, Runaways sur Hulu ou encore Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist, The Defenders et The Punisher sur Netflix. Seulement, pour Marvel Television, toutes ces séries faisaient partie intégrante du Marvel Cinematic Universe. Allusions franches aux évènements des films, ou prolongement des histoires de certains personnages, comme Phil Coulson ou Peggy Carter. Facile alors pour le spectateur de croire au fait que toutes ces productions se passent dans le même univers que les films, et d’espérer des connections encore plus fortes au fil des ans, ou même une apparition franche des personnages les plus emblématiques dans les longs-métrages du MCU. Mais Kevin Feige, producteur malin qui aime tout contrôler, est toujours resté volontairement évasif concernant les séries Marvel Television et leur appartenance réelle au MCU. 

En octobre 2019, l’organisation interne de Marvel change. Kevin Feige devient Chief Creative Officer, signifiant qu’il contrôle désormais toute la création chez Marvel. Cette annonce arrive au même moment où Disney+ commence à se planifier et que Marvel Studios prévoit ses premières séries spécialement pour la plateforme. L’homme aux milles casquettes entend bien contrôler son univers partagé sur le petit écran comme il le fait sur le grand. Marvel Television disparaît donc dans la foulée, et les derniers projets développés par la filiale sont annulés - comme une série Ghost Rider - ou sortent dans l’indifférence générale, en atteste Helstrom, qui n’affiche même pas le logo Marvel lors de sa promotion. Kevin Feige, désormais aux commandes des nouvelles séries, ne laisse aucun doute cette fois-ci quant à leur appartenance au MCU. Budget conséquent, nombre d’épisodes réduit, casting des films reprenant leur rôle. Ce n’est pas moins de douze séries prévues pour les deux ou trois premières années, de WandaVision à Armor Wars, en passant par Falcon et le Soldat de l’Hiver, Loki, What If…?, Ms. Marvel, Hawkeye, She-Hulk, Moon Knight, Secret Invasion, Ironheart, une série animée I Am Groot et un téléfilm spécial de Noël, Guardians of the Galaxy : Holiday Special. Aucun doute, le futur du Marvel Cinematic Universe est autant au cinéma que sur Disney+ !

Avec WandaVision, Marvel veut donc mettre en avant deux personnages essentiels du Marvel Cinematic Universe qui n’avaient pas encore eu l’occasion d’avoir leur propre film ou d’être exploités en profondeur. Wanda Maximoff, « l’optimisée » introduite dans Avengers : L’Ère d’Ultron, à la puissance incroyable mais parfois incontrôlable, a toujours eu une place à part au sein des Avengers, mais pas totalement intégrée ou même acceptée. Vision, le synthézoide en vibranium créé par Ultron et l’intelligence artificielle de Tony Stark, Jarvis, en perpétuelle questionnement sur sa place et sa condition d’être vivant. Leur relation - grandissante au sein des films - est le coeur même de la série. Grande force de WandaVision, touchante, toute en simplicité et complicité. Le duo emporte l’adhésion dès les premières scènes partagées, et démontre d’une alchimie tout juste effleurée jusque-là. Tour à tour charmeurs, espiègles, débordants d’amour l’un pour l’autre, tout en ayant des conceptions parfois différentes des choses et donc aussi conflictuels ou sur la défensive, mais toujours tendres et compréhensibles. Certains de leurs dialogues ou séquences sont ainsi vraiment savoureux à suivre, d'une émotion particulièrement belle et poignante.

Les deux personnages bénéficient en effet d’une écriture intéressante, que cela soit par rapport à leur relation et leur vie ensemble, ou d’un point de vue beaucoup plus personnel avec leurs propres enjeux. Cela permet aussi à leurs interprètes d’être plus investis dans leur rôle, et de se montrer tout simplement bluffants. Vision continue évidemment de s’interroger sur son existence, sa création et le but de sa vie. Grâce à un Paul Bettany impliqué et tout en justesse qui surprend tout au long de la série et se montre bien plus convaincant qu’auparavant. L’acteur se paye même le luxe d’être souvent drôle, sans jamais tomber dans la caricature ou l’exagération, alors que son rôle de robot synthétique pourrait facilement le faire paraître ridicule. Mais la vraie révélation de la série - qui n’en est pas une pour ceux qui connaissent l’actrice en dehors de son rôle chez Marvel - est assurément Elizabeth Olsen. Vraiment époustouflante du début à la fin, pétillante et rayonnante ou au contraire émouvante et bouleversante, capable de crever le cœur du spectateur en quelques mots ou un regard. Son rôle, qui évolue d’épisode en épisode, est l’occasion de découvrir à chaque fois une nouvelle facette de l’actrice, qui porte littéralement toute la série. Elle est le cœur de WandaVision, resplendissante. Son personnage connaît enfin un développement plus poussé que dans les films, commence à extérioriser ses problèmes, tout en lui laissant la place de traiter du deuil et de ses conséquences, thème central de la série.

Vision - il y a prescription - est mort dans Avengers : Infinity War, brutalement assassiné par Thanos, sous les yeux d’une Wanda impuissante. Cette dernière, tout au long du Marvel Cinematic Universe, n’a fait que perdre des proches. WandaVision est le catalyseur de ce chagrin et de cette souffrance. C’est une série sur le deuil, sur le déni, sur la colère, sur l’acceptation et le laisser-aller, sur le fait de comprendre qu’il n’est pas possible de toujours tout contrôler. L’ambition de la série d'aborder ces thématiques fortes et difficiles est une belle façon de porter un regard différent sur des personnages parfois déconnectés des simples enjeux humains. Assez souvent ici, le sujet est excellemment traité, au travers d'une scène poignante ou d'un dialogue percutant. Grâce au jeu des comédiens ou à de petits moments suspendus dans les airs qui font monter la série d’un cran et touchent en plein cœur. Assez paradoxalement, à d’autres endroits, le sujet est juste survolé ou passe totalement à coté de la plaque alors que le potentiel était là. Mais le deuil n’est pas un long fleuve tranquille et alors que la série n’était pas forcément attendue sur le thème, elle arrive à aborder ces concepts.

En ce sens, WandaVision est une pause bienvenue dans la frénésie constante qu’est le MCU. Alors que les films sont toujours obligés d’aller vite (parfois trop) et à montrer des enjeux surdimensionnés qui en appellent à une action constante, la série ralentit la cadence pour laisser le temps et la place à ses personnages d’exister. Très humain, le show n’a pas peur de montrer des scènes qui n’ont aucun impact sur la suite, des moments de la vie courante (mais bien étrange) des deux protagonistes, qui évoluent dans un décor singulier et original à chaque nouveau épisode. Car c’est également une autre particularité de la série, elle est un hommage volontairement appuyé à l’histoire de la télévision et des sitcoms depuis les années 50 ! Une belle façon, assez méta, pour la première série Marvel Studios de soigner son entrée.

I Love Lucy, The Honeymooners, The Dick Van Dyke Show, Ma Sorcière Bien-aimée, Jinny de Mes Rêves, The Brady Bunch, The Mary Tyler Moore Show, The Courtship of Eddie's Father, Mary Hartman, Mary Hartman, Quoi de Neuf Docteur ?, Sacrée Famille, La Fête à la Maison, Malcolm, The Office, ou encore Modern FamilyWandaVision singe volontairement ces nombreuses sitcoms, et bien d’autres, dans une multitude de références, d’allusions ou d’emprunts assumés. Chaque épisode est l’occasion de traverser une décennie, des années 50 aux années 2010. Si le pourquoi du comment concerne la série et n’a pas lieu à être expliqué ici, cette mise en abyme de la télévision permet à WandaVision d’expérimenter et de s’amuser avec elle-même. La qualité formelle est en effet à souligner. Avec un soin minutieux des détails, le show cherche à reproduire exactement les caractéristiques des séries de l’époque qu’elle parodie. Ratio de l’image en 4/3 ou 16/9, choix du noir et blanc, de la couleur, changement de la photographie générale, utilisation des effets pratiques ou numériques, rythme et montage, prise du son et dialogues jusqu’à la création de génériques de séries raccords avec la période ou de fausses pubs en plein milieu des épisodes. Tout est plutôt bien pensé pour offrir un écrin original, novateur à la série et qui tranche avec l’uniformisation du Marvel Cinematic Universe au cinéma. Les premiers épisodes sont ainsi des plus savoureux, puisqu’ils ne cherchent pas à rassurer le spectateur en explicitant tout à outrance. Au contraire, ils entrent directement dans le vif du sujet ! Une situation qui a déstabilisé certains, voire même découragé les plus fragiles qui ne pouvaient admettre, à tort, qu’une série Marvel soit un tant soit peu originale, et tente des choses différentes. Quoiqu’il en soit, WandaVision se suit vraiment avec plaisir à chaque nouvel épisode.

Mais WandaVision n’en oublie pas son appartenance au Marvel Cinematic Universe et s’y raccorde assez vite pour assembler les pièces du puzzle petit à petit. Elle dévoile aussi une nouvelle organisation, le S.W.O.R.D., assez énigmatique à ce stade mais qui n’a pas forcément le plus beau rôle. Lors de ces moments, les faiblesses de la série ressortent le plus. Photographie bleuâtre terne, présence extra-militaire facile, mic-mac technologique et scientifique bateau et surtout, écriture des personnages au rabais. Si quelques guests, vus ici et là dans le MCU, sont agréables à retrouver (à petite dose), toute cette partie fait excessivement clichée, manichéenne à outrance et sans aucune finesse, en atteste le personnage du général Tyler Hayward (interprété par Josh Stamberg), écrit avec des sabots, aux motivations banales et actions prévisibles, qui dessert complètement la série. En fait, quand WandaVision sort de son cadre cocooning rafraîchissant et intriguant et s’éloigne trop des personnages qui en font le cœur, elle devient plus banale et perd en intérêt.

L’unique nouveauté qui se démarque en bien de cet aspect somme toute très marvelien (le MCU n’est pas inconnu des agences militaires) et plus classique de la série est le personnage de Monica Rambeau. Véritable ajout intéressant à l’univers, le personnage apparaît pour la première fois, enfant, dans Captain Marvel. Désormais adulte, elle interagit dans l’intrigue de WandaVision d’une façon plus maligne et personnelle que le reste du S.W.O.R.D. et connaît un développement qui n’est pas anodin pour les lecteurs de comics. Son parcours - qui ne fait que commencer - est intéressant à suivre et Teyonah Parris - qui lui prête ses traits - convainc grâce à une belle assurance et un solide charisme.

WandaVision, comme toutes les séries Disney+ Original, est diffusée sur Disney+ à un rythme hebdomadaire. Ce modèle, contraire au binge-watching qui donne aux séries une existence très courte, permet à l’inverse de prendre le temps d’apprécier, semaine après semaine, et bien sûr de théoriser entre chaque épisode ! Mais ce faisant, la série s’est presque piégée à son propre jeu, et reflète bien la formule Marvel Studios : tout faire pour préparer la suite, l’épisode d’après, le film à venir, au point d’en oublier parfois le présent et ce qui se joue sur le moment. Indéniablement, WandaVision a des thématiques fortes, des personnages intéressants et un cadre original. Mais elle pose aussi certaines ambitions, par des scènes ou des dialogues, qui laissent espérer autre chose que ce que la série offre au final. Une précision est à faire : une série ne peut et ne doit pas s’apprécier par rapport aux théories des fans, par rapport à l’accomplissement (ou non) de ces hypothèses, ou l’apparition d’un caméo quelconque. Une série est une unité en elle-même, auto-suffisante. Mais par moments, WandaVision fait l’erreur narrative de donner trop d’importance à des choses anodines, dans une facilité d’écriture qui distrait de ce qui importe réellement. Associé au format de l’épisode hebdomadaire, elle crée une sorte de faux-buzz, involontairement ou non, qui donne ensuite un sentiment étrange de retombée de soufflé ou du redoutable « tout ça pour ça ». Et à ce titre, un élément en particulier illustre bien ce défaut ou cette crainte d’aller plus loin dans les idées et la folie scénaristique qu'il est possible de constater parfois chez Marvel Studios.

Attention, plus encore que les précédents paragraphes, ces quelques lignes se doivent de traiter d’un des moments majeurs de la série, et des plus surprenants : le retour présumé de Pietro, le frère jumeau de Wanda. Mort dans le film Avengers : L’Ère d’Ultron, il revient à la fin de l’épisode 5 dans une scène singulière et terriblement efficace. Mais le véritable twist du moment est de constater que l’acteur qui l’incarne n’est pas Aaron Taylor-Johnson, mais Peter Evans ! Or, ce dernier a déjà incarné le même personnage dans le film X-Men : Days of Future Past, à l’époque où 20th Century Studios introduisait sa version de Pietro Maximoff, pendant que Marvel Studios faisait de même de son coté. Cette apparition soudaine, sous les traits de cet acteur, ne pouvait à l’évidence signifier qu’une chose : c’est bien le Pietro des X-Men, sorti de son univers et intégré dans le Marvel Cinematic Universe, qui apparaît là. Une affirmation d’autant plus évidente que le prochain film mettant en scène Doctor Strange se nomme Doctor Strange in the Multiverse of Madness (ouvrant la porte au Multivers) et compte Wanda au casting, rien de moins. Pourtant, les épisodes suivants sèment vite le doute, au point de se demander s’il ne s’agit en fait que d’un simple clin d’œil, d’une blague un peu méta, d’une grossière allusion, de beaucoup de bruit pour rien. Encore une fois, une série ne se résume pas à ce qu’elle devrait être dans l’esprit des spectateurs. Mais quand les scénaristes insistent sensiblement sur certains détails ou jouent avec l’appréciation des personnages, voir le contraire opposé montre les limites de la série. Alors que le potentiel était là, si la situation reste en l’état (ce qui n’est pas fatalement assuré), il s’agira d’une immense occasion manquée, prouvant que souvent, Marvel Studios préfère rester dans sa zone de confort et n’ose pas aller plus loin ou dépasser ses carcans. Sans remettre en cause l’intégralité de la série, le cas Pietro laisse un goût très amer et reste la plus grande déception de WandaVision.

La série est construite en trois actes de trois épisodes. Le premier acte, en plein dans l’hommage, est rempli de trouvailles malignes, d’humour et de mystère, et offre cette superbe sensation que dans ce monde idyllique, quelque chose ne va pas. D’ailleurs, ces épisodes et ceux d’après peuvent compter sur le talent de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez (La Reine des Neiges et sa suite) pour assurer plusieurs petites chansons savoureuses pendant que Christophe Beck s’occupe de la participation symphonique. Le casting s’amuse, les idées fusent et tout est diablement charmant. Le second acte dépasse le stade de la blague appuyée pour s’aventurer plus loin dans l’histoire principale et initier tout un tas d’intrigues secondaires. Impossible également de ne pas mentionner le succulent épisode d’Halloween et son clin d’œil magnifique aux premiers costumes portés par Wanda et Vision dans les comics. Enfin, le dernier acte est objet de révélations et de conclusion, mais s’avère un peu en deçà. Un épisode fait vraiment office de transition, quand un autre ne sert qu’à de l’exposition, tout en ayant le mérite de relier émotionnellement les évènements aux personnages, ce qui le rend très émouvant. Reste alors le final, qui s’avère assez attendu et sans grande originalité. Si de nombreux éléments fonctionnent complètement (c’est-à-dire Elizabeth Olsen, Paul Bettany et encore Elizabeth Olsen) et que le spectacle visuel est très agréable à regarder, il n’en demeure pas moins qu’il est convenu et manque d’un petit grain de folie qui pouvait complètement caractériser l’ensemble de la série. Comme si Marvel Studios, encore une fois, avait peur de se lâcher complètement, ou voulait simplement rattacher sa série au MCU pour en préparer la suite. Alors même qu'elle prenait son temps depuis le début, son dénouement semble précipité, malgré son impact émotionnel certain et la justesse, toujours, de certaines scènes.

Un autre aspect de WandaVision à évoquer est son rapport à la magie. Jusque-là, le Marvel Cinematic Universe n’avait pas encore bien défini les rapports entre Wanda et la sorcellerie. Au mieux était-il possible de voir qu’elle était particulièrement forte et liée à une pierre d’infinité, mais sans véritablement caractériser ses pouvoirs. La série répare ce tort et vient véritablement puiser dans le potentiel immense de Wanda, qui figure sans conteste dans le haut du panier des personnages les plus puissants du MCU. Sortilèges, enchantements, mysticisme… WandaVision emprunte une voix déjà explorée par Doctor Strange et qu’il sera à l'évidence très agréable de retrouver dans la suite des aventures du Sorcier Suprême. Wanda en tant que sorcière, c’est une autre facette du Marvel Cinematic Universe, un peu moins porté sur le scientifique militaire, et qui touche à quelque chose de plus instinctif, naturel et émotionnel. Quelques scènes de la série liées à la magie tranchent d’ailleurs radicalement avec l’ambiance habituelle du MCU, aussi bien dans ce qui s’y développe en termes de narration que dans la direction artistique.

Malgré une certaine frilosité du public au lancement de la série, WandaVision devient vite un carton d’audience (le plus gros du premier trimestre de 2021 pour une plateforme de streaming, au point de faire planter Disney+ !), et accompagne chaque semaine pendant près de deux mois les téléspectateurs à travers le globe. La question autour d’une hypothétique deuxième saison revient alors assez vite. Mais WandaVision est conçue comme une mini-série, qui n’a pas vocation à avoir de suite sous cette forme ou sous cette appellation. En fait, comme le précise Kevin Feige, WandaVision est le premier volet d’une trilogie composée par la suite de Spider-Man : No Way Home (avec Doctor Strange) et Doctor Strange in the Multiverse of Madness (avec Wanda). Les plus impatients de retrouver les personnages peuvent donc se tourner vers les comics ayant inspiré, librement, la série. Tout d’abord, La Vision, de Tom King et Gabriel Hernandez Walta, qui met en scène le personnage dans une banlieue américaine alors qu’il se créait littéralement une famille synthétique, et partage une ambiance assez similaire avec la série. House of M, l’event ambitieux de Brian M. Bendis et Olivier Coipel, traite également du deuil et de la santé mentale de Wanda, partageant donc certains thèmes avec WandaVision. Enfin, pour plus de sorcellerie, Wanda : La Sorcière Rouge - La Route des Sorcières est un bon moyen de découvrir un album véritablement dédié au personnage à travers un road-trip magique passionnant, et en attendant de retrouver la Wanda d’Elizabeth Olsen. Mais La Sorcière Rouge du Marvel Cinematic Universe est bien là, et elle est partie pour durer !

Passé le constat amer que Marvel Studios a toujours du mal à véritablement se renouveler pour changer sa formule, et ce, malgré un potentiel évident et une base bien présente, WandaVision est une série charmante. Avec son capital sympathie énorme, son casting principal fantastique, ses thématiques fortes et un bel hommage à tout un pan de la télévision américaine, elle constitue une entrée en matière solide pour Marvel Studios dans le monde des séries.

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