Spider-Man
Far From Home

Titre original :
Spider-Man : Far From Home
Production :
Marvel Studios
Date de sortie USA :
Le 05 juillet 2019
Distribution :
Columbia Pictures
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Jon Watts
Musique :
Michael Giacchino
Durée :
135 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Comme le reste du monde, le lycée de Peter Parker doit s'adapter aux conséquences de la bataille entre les Avengers et Thanos, et composer à la fois avec le retour, cinq ans plus tard, de la moitié de ses élèves, ainsi qu'avec la disparition de nombreux Avengers. Quand Peter part en voyage scolaire en Europe avec ses camarades, il est dès lors bien décidé à passer du bon temps et à tenter de séduire la ravissante MJ. Mais il se trouve que Nick Fury a besoin de lui pour, une fois de plus, sauver le monde...

La critique

Publiée le 03 juillet 2019

Spider-Man : Far From Home occupe une place particulière au sein du Marvel Cinematic Universe. Alors qu'il est le premier film d'un super-héros en solo après le cataclysmique Avengers : Endgame, il a aussi la lourde tâche de clore le cycle en trois phases débuté en 2008 avec Iron Man. Il doit par ailleurs confirmer que la réussite de Spider-Man : Homecoming n'était pas qu'un coup d'essai tout en s'imposant comme sa vraie suite mais également comme celles des aventures de l'Homme-Araignée, version Marvel Studios, qui apparaît ici pour la cinquième fois, après Captain America : Civil War, Spider-Man : Homecoming, Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame. Et tout cela, sans compter les fans des précédentes itérations du personnage, respectivement lancées par Spider-Man en 2002 et The Amazing Spider-Man en 2012, qu'il est une fois de plus important de convaincre et de combler.

Depuis la sortie de Spider-Man : Homecoming, l'univers cinématographique de Spider-Man s'est étendu au-delà des productions Marvel StudiosSony est, en effet, en mal de succès et compte bien faire fructifier les droits d'adaptation cinématographique qu'ils possèdent, au grand dam de Marvel qui doit bien regretter l'époque où ils les leur ont cédés. Car même si un nouvel accord, survenu durant la production de Captain America : Civil War, permet à Marvel Studios de partager les droits de Spider-Man, leur permettant de l'intégrer dans les films du MCU, celui-ci ne concerne pas les autres personnages de l'univers de l'Homme-Araignée. Ainsi, Spider-Man devenu indisponible, Amy Pascal, Avi Arad et Matt Tolmach (les producteurs historiques de la franchise Spider-Man) se lancent donc dans un univers Spider-Man partagé mais... sans Spider-Man et préparent une multitude de projets : Black Cat, Silver Sable, Morbius, Nightwatch, Silk, Kraven le Chasseur et Jackpot. Le premier d'entre eux, Venom, sort en octobre 2018 et, malgré son accueil critique très froid, réussit tant bien que mal à se trouver un public.

L'autre projet est développé du côté de Sony Pictures Animation et consiste en Spider-Man : New Generation, le premier film d'animation Spider-Man à sortir au cinéma. Et pour lui, le studio ne manque pas d'ambition : animation aux graphismes rappelant les comics, choix de Miles Morales en tant que héros et intégration de spider-héros venus de plusieurs univers différents. Alors qu'il aurait pu se casser les dents, le résultat est tout bonnement spectaculaire et le film se voit plébiscité par la critique jusqu'à remporter l'Oscar du meilleur film d'animation. De nombreux passionnés considèrent même Spider-Man : New Generation comme le meilleur film du tisseur.

Spider-Man : Far From Home est ainsi le deuxième épisode des aventures solo du Peter Parker du MCU. La particularité de cette itération du personnage est qu'il est présenté aux spectateurs comme un adolescent évoluant au lycée au sein d'un univers très marqué teen movie (film pour et avec des adolescents). Si le premier volet se concentrait sur son quotidien de lycéen new-yorkais bouleversé par ses aventures en tant que super-héros, le second le fait totalement sortir de sa zone de confort et l'emmène "loin de chez lui" (littéralement, "far from home"), en Europe, lors d'un voyage scolaire qui aura bien du mal à suivre son cours normal.

Comme son prédécesseur, il est réalisé par Jon Watts, qui s'était fait remarquer avec le film d'horreur Clown sorti en 2014 et le thriller Cop Car de 2015. Toujours aussi inspiré, il impose ici son style rafraîchissant, plein d'humour, et sachant naviguer avec brio entre deux histoires aux enjeux bien différents. La première est celle d'un véritable teen movie : Peter, avec le soutien plus ou moins bienvenu de son meilleur ami Ned, tente désespérément d'avouer ses sentiments à MJ et d'en faire sa petite amie alors qu'un autre de ses camarades veut lui voler la politesse. La seconde est bien plus périlleuse : les Élémentaux, des entités rappelant les éléments tels que l'eau ou le feu ravagent la Terre et Nick Fury a besoin de Spider-Man pour prendre la relève du regretté Iron Man (aka Tony Stark). Watts maîtrise tout autant les scènes d'action avec de belles séquences de voltiges ; si elles sont davantage créatives (notamment à Venise), elles restent néanmoins peu impressionnantes pour le spectateur habitué à en avoir vu d'autres.

Une fois de plus, Peter Parker est interprété par le talentueux Tom Holland. Révélé sur scène dans le rôle-titre du musical Billy Elliot puis au cinéma dans le film catastrophe The Impossible, le jeune acteur anglais de 23 ans a décidément le vent en poupe. S'il a réussi l'exploit de décrocher le rôle de Spider-Man (un Anglais dans un rôle si américain, qui l'aurait parié ?) par sa fraîcheur, son humour et sa candeur, il est impressionnant de justesse dans le rôle d'un adolescent paumé qui a bien du mal à porter le poids des responsabilités qu'impliquent ses pouvoirs. Véritable athlète capable de réussir lui-même de nombreuses cascades, il ne détonne pas non plus dans le rôle très physique de l'Homme-Araignée. Tom Holland maîtrise son art et Hollywood ne s'y trompe pas en lui proposant de nombreux projets d'envergure (il sera en tête d'affiche du film de science-fiction Chaos Walking, du film d'aventure adapté du jeu vidéo Uncharted, et prêtera sa voix aux films d'animation Les Incognitos et En Avant).

En retrait dans Spider-Man : Homecoming, Zendaya a cette fois-ci l'occasion de briller pleinement dans le rôle de Michelle Jones, alias "MJ". Bien que les initiales par lesquelles elle est surnommée par ses camarades rappellent évidemment celles de Mary Jane Watson, le principal amour de Spider-Man dans les comics, il ne faut pas s'y tromper : Michelle Jones n'est pas Mary Jane Watson et le clin d'œil s'arrête là. Si Mary Jane peut manier légèrement le cynisme dans les comics, cela n'est en rien comparable avec Michelle qui en fait un véritable trait de caractère qui séduit fortement Peter. Découverte dans la série Disney Channel Shake It Up, et confirmée dans Agent K.C., Zendaya perce à l'évidence au cinéma dans le rôle de MJ. Entre les deux films Marvel, le public l'admire dans The Greatest Showman où elle renoue avec son goût pour le chant et la danse. Plutôt effacée dans le premier film, MJ prend ici du galon parmi les élèves de l'école et ne suscite plus désormais que l'intérêt de Peter ; ce dernier devra en effet séduire sa promise avant Brad Davis, interprété par Remy Hii. Parmi les autres étudiants participant au séjour, le spectateur a le plaisir de retrouver Jacob Batalon dans le rôle de Ned, le meilleur ami de Peter qui est décidé à profiter du voyage pour flirter avec des Européennes... avant qu'un évènement qu'il n'attendait pas ne lui fasse changer ses plans. Le groupe d'étudiants est chapeauté par Martin Starr (dans le drôle de Mr. Harrington) et J.B. Smoove (Mr. Dell). Pour l'anecdote, le rôle de ce dernier a été écrit pour lui dans la foulée de la qualité de sa prestation aux côtés de Tom Holland dans le cadre d'une publicité produite lors de la promotion de Spider-Man : Homecoming. Les deux acteurs sont cantonnés à des rôles comiques plutôt unidimensionnels et oubliables.

Pour la onzième fois, Samuel L. Jackson interprète Nick Fury au cinéma, un rôle qu'il maîtrise parfaitement et à qui il a tout le loisir d'apporter une touche d'humour qui s'accorde au ton du film. Jackson s'amuse beaucoup et cela se voit quitte à parfois faire prendre des risques à son personnage. Comme souvent, il est accompagné de Maria Hill (Cobie Smulders) qui reste néanmoins plutôt effacée dans ce film. Jon Favreau est également un habitué de Marvel Studios. Et pour cause, il est le réalisateur du tout premier film de la franchise, Iron Man, dans lequel il interprétait déjà Happy Hogan, l'homme de main de Tony Stark. Privé de celui qui a aussi été pour lui un ami, Happy gagne en profondeur et devient un véritable mentor pour Peter Parker qui doute encore de la confiance que lui a accordé Tony. En parallèle, il forme également un duo inattendu avec Marisa Tomei (Tante May).

Nouveau venu dans la franchise, Jake Gyllenhaal (Prince of Persia : Les Sables du Temps) interprète Quentin Beck, rapidement surnommé Mystério, un homme brillant qui pourchasse les Élémentaux qui ont ravagé son monde et qui entendent faire de même avec la Terre. Créé par Stan Lee et Steve Ditko, Mystério apparaît pour la première fois chez Marvel Comics dans The Amazing Spider-Man (vol. 1) #13 en juin 1964. Il retrouvera une seconde jeunesse en 1981, dans Peter Parker, The Spectacular Spider-Man #51 et se montrera le visage dissimulé sous un masque d'extraterrestre dans The Amazing Spider-Man. Doté d'aucun super-pouvoir, Mystério est un expert en effets spéciaux et en illusions, roboticien à ses heures perdues et maîtrisant aussi l'hypnose et la prestidigitation. Il transporte habituellement un casque sans tain en forme d’aquarium pour poissons et un projecteur holographique. Dans le film, les origines et les motivations de Mystério sont inédites quoique fortement inspirées des comics et permettent de belles références aux films précédents du MCU. Jake Gyllenhaal propose une interprétation efficace mais manquant de richesse ; un peu décevant compte tenu des révélations faites à son sujet. Il est cependant à l'origine de superbes séquences aux effets visuels rappelant parfois la folie de ceux de Doctor Strange.

Dans cette nouvelle aventure, Tom Holland doit faire face, entre autres, à deux Élémentaux, l'un fait d'eau, l'autre de métal bouillonnant, et chacun respectivement et librement inspirés d'Hydro-Man et de l'Homme de Métal, des personnages créés par Marvel Comics. À l'origine, ces personnages sont des êtres humains dotés de super-pouvoirs : le marin Morris Bench devient Hydro-Man après être tombé à l'eau alors qu'un générateur expérimental y était testé et le scientifique Mark Raxton devient L'Homme de Métal (ou Molten Man) après avoir été aspergé par un alliage liquide conçu à partir de fragments d'une météorite. Ici, rien de tout cela, les Élémentaux sont des créatures qui n'ont rien d'humain. Bien entendu, leur présence sur Terre n'est pas due au hasard et Mystério se charge très vite d'apporter des éléments de réponse. Nul doute que les spectateurs seront surpris par le sens de leur existence, et si certains apprécieront l'information, d'autres seront probablement déçus. Car le film n'hésite pas à jouer avec les attentes du spectateur. À la manière d'un Iron Man 3, sa façon d'expliquer l'existence de certains éléments développés depuis plusieurs mois au travers de sa campagne marketing risque de lui mettre à dos certains fans. Mais impossible d'en dire plus sans divulgâcher la surprise orchestrée...

Une chose est certaine, Spider-Man : Far From Home ne manque pas d'humour. Dès l'apparition du logo Marvel Studios, il rend hommage aux films dont il est l'héritier d'une façon bien surprenante mais tout-à-fait justifiée. Le comique de situation est légion et crée parfois des quiproquos hilarants (la scène où Brad Davis surprend Peter Parker dans une situation délicate est savoureuse). Plus étonnant, l'humour provient aussi de personnages habituellement stoïques tels que Nick Fury qui tente tant bien que mal de composer avec les impératifs du voyage scolaire de Peter Parker, qu'il s'agisse d'exposer son plan en toute tranquillité ou de convaincre Peter de lui apporter son aide. Pour autant, au-delà de toutes ces situations humoristiques, le scénario sait aborder des sujets importants tels que les relations familiales, l'importance de l'amitié et la difficulté parfois pour chacun de s'empêcher de faire du mal aux autres, le flirt sous toutes ses formes (il est la préoccupation d'au moins sept personnages du film !) et, comme suggéré dès la deuxième bande-annonce du film, la sortie de l'enfance et le besoin pour Peter de s'affirmer et de se montrer digne de la confiance portée par un mentor disparu. C'est donc le parcours classique du héros qui est une fois de plus ici raconté ici, avec peu d'originalité, mais toujours beaucoup de justesse, le mérite en revenant beaucoup à la qualité de jeu de Tom Holland.

Une des nouveautés apportées par l'opus, comparativement à tous les autres films mettant en vedette Spider-Man, est de sortir de New York pour emmener le héros sur le Vieux Continent. De nombreuses villes européennes sont ainsi traversées tout au long du film avec, parmi elles, Venise, Prague et Londres. À propos de cette dernière, Tom Holland s'amusera en interview à préciser que pour cette aventure se voulant éloigner le héros de chez lui, il s'est vu tourner à quelques kilomètres de là où il a grandi. C'est un véritable voyage qui est proposé ici et, pour les spectateurs ne connaissant pas l'Europe, une opportunité plutôt fun de découvrir des lieux magnifiques chargés d'histoire. Bien entendu, tous les clichés des touristes américains visitant l'Europe sont ici tournés en dérision, et la mode du selfie ne sera pas épargnée. Finalement, après un Spider-Man : Homecoming qui, s'il se situait bien à New York, délaissait l'iconique île de Manhattan, Marvel Studios va encore plus loin et semble tenir à ce que le spectateur puisse le moins possible faire le lien avec les situations vécus par les Spider-Men des sagas précédentes.

Pour la toute première fois dans le MCU (et quelques mois seulement après Spider-Man : New Generation), le concept de Multivers est évoqué. Les comics de super-héros Marvel ont régulièrement été sujets à des reboots, remakes et autres "what if". Afin de justifier (entre autres) les différentes versions des aventures de personnages parfois identiques, Marvel a eu la bonne idée de s'inventer un principe d'univers parallèles dans lesquels les évènements se déroulent différemment. C'est donc, tout naturellement, que les productions télévisuelles puis cinématographiques ont suivi la même logique. Ainsi, au-delà des considérations de la vie réelle dans laquelle différents studios se battent pour les droits de certains personnages, la raison fictive pour laquelle les X-Men et les Avengers ne se croisent jamais au cinéma est que les premiers vivent sur la Terre-10005 et les seconds sur la Terre-199999. Ou du moins, était-ce ce le discours tenu jusqu'à présent ? En effet, Mystério sème le doute en annonçant à Peter qu'ils se trouvent sur la Terre-616, celle réservée historiquement à l'univers de la continuité principale développée depuis 1939 dans les comics. Choix cohérent ou erreur assumée, chacun se fera sa propre idée au cours du film.

Aventure super-héroïque oblige, les scènes de bravoure sont nombreuses et toutes sont portées par des effets visuels créés par divers studios, dont Industrial Light & Magic, filiale de Disney. Globalement aboutis, ils pêchent parfois par leur simplicité et leur aspect (volontairement ?) lissé et très coloré. Cela étant dit, voir pour la première fois Peter Parker au cœur d'une scène d'action sans aucun costume reste impressionnant, et y intégrer Tom Holland lui-même a certainement dû être particulièrement complexe. Pour profiter des scènes les plus impressionnantes dans les meilleures conditions, il convient de découvrir le film au format IMAX (lequel propose 26% d'image en plus en haut et en bas de l'écran) et en 3D. Et bien entendu, rester jusqu'à la toute fin du générique est essentiel pour qui veut saisir l'intégralité des enjeux du scénario du film. Sans surprise, Michael Giacchino reprend du service et compose la bande originale du film. N'hésitant pas à reprendre l'excellent thème créé pour le premier opus, il lui apporte quelques couleurs et variations supplémentaires pour une partition qui n'est cependant pas à la mesure de son talent.

Ainsi se conclut la troisième phase du Marvel Cinematic Universe, et avec elle, la Saga de l'Infini démarrée en 2008. Kevin Feige l'a dit, Spider-Man : Far From Home est la conclusion de la relation entre Tony Stark et Peter Parker qui ne pouvait en rester à Avengers : Endgame. Après visionnage, le spectateur comprendra ces raisons tout en se demandant si véritablement il sentira dans le prochain film de Marvel Studios qu'un chapitre totalement différent s'ouvre à lui.

Spider-Man : Far From Home est un excellent film de super-héros. Idéal pour s'évader pendant l'été, il propose un voyage dans des destinations touristiques majeures mais aussi au cœur de l'esprit tourmenté d'un adolescent qui doit faire face à des responsabilités inhabituellement importantes pour son âge. Une situation que vit le film en lui-même, pris dans un engrenage sans précédent, suite de plusieurs opus à la fois, dont l'un des plus gros succès cinématographiques de tous les temps. Les enjeux sont ici moins épiques que la lutte contre Thanos et, attendu au tournant par les fans, si bien que Spider-Man : Far From Home semble parfois dépassé par toutes les attentes qu'il génère : il ne peut répondre à toutes sans décevoir certains. Mais il serait injuste de bouder son plaisir et d'oublier d'apprécier le film pour ce qu'il est, lui-même, au-delà de ses connexions avec l'œuvre globale de Kevin Feige. Car avant d'être la conclusion de la saga menée par des dizaines d'Avengers, Spider-Man : Far From Home est surtout, et avant toute chose, un excellent Spider-Man.

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