Titre original :
Aladdin
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 24 mai 2019
Genre :
Comédie musicale
IMAX
3-D
Réalisation :
Guy Ritchie
Musique :
Alan Menken
Howard Ashman
Tim Rice
Benj Pasek
Justin Paul
Durée :
128 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin croise la route d'un Génie auquel il demande de l'aide pour conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine…

La critique

rédigée par
Publiée le 22 mai 2019

Après Dumbo sorti un peu plus tôt dans l'année, Aladdin est le deuxième des trois remakes qu'offrent les studios Disney en 2019. Mais contrairement à lui, il se rapproche beaucoup de son film d'animation de référence en gommant toutefois certaines polémiques et proposant une évolution plus actuelle du personnage de Jasmine. Avec un casting correct mais sans étincelles, il n'arrive ainsi jamais à sortir de son cahier des charges pour parvenir à distiller des émotions qui transporteraient le spectateur. Sans véritable capacité d'impressionner qui que ce soit, l'Aladdin de 2019 est un film certes frais et agréable à suivre, et même idéal pour divertir la famille au cinéma cherchant à s'échapper du quotidien, mais qui n'atteint jamais la perfection et la joie qu'apportait le film de 1992 : un sentiment de "aussitôt vu, aussitôt oublié" une fois la séance passée...

Aladdin est donc une libre adaptation du conte Aladin et la Lampe Merveilleuse extrait du livre Les Mille et une Nuits. L'histoire trouve ainsi son origine, au VIIIe-IXe siècles, dans un ouvrage persan intitulé Hezar Afsane ou Mille Légendes. Traduit en arabe sous le titre des (Les) Mille et Une Nuits (Elf leïla wa leïla), le livre devient vite une référence du genre « miroir des princes ». Contenant des récits exemplaires, il se veut alors destiné à l'éducation des gouvernants. Il constitue assurément l'exemple type de l'assemblage subtil de contes imbriqués entre eux, aux personnages en miroir les uns par rapport aux autres, offrant plusieurs niveaux de lecture. Son récit-cadre reste néanmoins très stable : l'histoire de Shéhérazade est, en effet, la clé de voûte de l'ensemble. Elle narre la vie du sultan Shâriyâr qui, terriblement déçu par l'infidélité de son épouse, décide non seulement de lui faire payer l'affront en l'exécutant mais aussi, pour prévenir tout autre écart, d'assassiner chaque matin la femme qu'il aura épousée la veille. Shéhérazade, la fille du grand vizir, se donne alors pour mission de faire cesser le massacre. Elle se porte donc volontaire pour épouser le sanguinaire sultan. Elle met néanmoins au point un ambitieux stratagème pour lui survivre. Habile conteuse, elle lui raconte, chaque nuit, un fragment d'histoire dont la suite est toujours promise pour le lendemain. Le récit est tellement prenant que le mari ne peut se résoudre à tuer sa nouvelle compagne. L'exécution se trouvant reportée de jour en jour, la princesse gagne peu à peu sa confiance et finit par convaincre son époux de l'épargner pour vivre, ensemble, heureux.
Si l'aventure de Shéhérazade, pierre angulaire des Mille et Une Nuits, voit sa trame respectée au fil des traductions, le reste des contes évolue lui considérablement à la faveur des nombreuses adaptations, entraînant notamment l'introduction de nouvelles matières. Les histoires ne tardent pas, par exemple, à être diffusées en Europe. La toute première traduction occidentale est en effet l'œuvre du français Antoine Galland. Antiquaire du roi puis professeur de langue arabe au Collège de France, il publie ses versions de 1704 à 1717 dans lesquelles il rajoute une partie inédite, rédigée par ses soins et s'inspirant des récits contés par son assesseur syrien.

Le conte Aladin et la Lampe Merveilleuse connaît donc d'innombrables variantes. La plus connue d'entre elles narre l'histoire d'un magicien aux sombres desseins qui, pour obtenir une lampe aux pouvoirs sans limite, entreprend de trouver un jeune garçon débrouillard, capable de récupérer le précieux objet dans une caverne à l'accès délicat. Il entend d'ailleurs se débarrasser manu militari de son "compère", une fois sa mission accomplie. Arpentant les rues d'une grande ville chinoise, il jette son dévolu sur Aladin, plus chapardeur que voyou. Il se présente auprès de lui comme son oncle et le convainc d'accepter la mission. Le jeune homme descend alors dans la caverne remplie de trésors pour s'emparer de la lampe. Il refuse toutefois de la donner au magicien avant d’être lui-même ressorti, sain et sauf. Fou de rage et contrarié de se voir ainsi tenu tête, le malfaisant décide, sans autre forme de procès, d'enfermer à jamais son neveu de circonstance dans l'amas de rocs. Sans succès. Le magicien oublie, en effet, un peu vite, qu'il a remis à Aladin la possibilité de faire appel une fois à un génie pour se protéger, au cas où... Après trois jours passés dans la nuit, sans boire, ni manger, le jeune prisonnier parvient donc à s'extirper de son tombeau de pierre et revient chez lui, avec la précieuse lampe. Il entreprend de la vendre aussitôt afin d'en tirer l'argent nécessaire pour se nourrir, sa mère et lui. Soucieux de dépoussiérer l'objet tant convoité et lui donner ainsi meilleure valeur, il frotte vigoureusement son flan et libère, avec surprise, un génie aux pouvoirs sans limite. Aladin comprend vite l'étendue des possibilités qui s'offrent désormais à lui. Mais c'est sans compter sur l'ambition du Magicien et de son frère bien décidés tous deux à récupérer ce qu'ils estiment être, respectivement, leur bien. Le combat est féroce mais Aladin sort grand vainqueur. Il peut alors se consacrer à un autre projet : conquérir le cœur de sa belle, une princesse...

La création de la version disneyenne d'Aladin, qui prend deux "d" chez Mickey et conserve ainsi l'orthographe anglaise, remonte à 1988. Le tandem de compositeurs, Alan Menken et Howard Ashman, dont le remarquable travail pour La Petite Sirène est en passe de faire sensation, proposent au staff de Disney un script d'une cinquantaine de pages comprenant six chansons arabisantes. L'accueil est plus que réservé : les musiciens sont, en effet, invités à changer de fusil d'épaules et à se consacrer tout entier à La Belle et la Bête. D'autres artistes vont donc s'atteler à l'écriture du projet Aladdin. Les réalisateurs Ron Clements et John Musker, connus dans la maison pour leur travail sur Basil, Détective Privé et La Petite Sirène, sont appelés à la rescousse. Ils piétinent rapidement sur l'histoire et ne parviennent pas à trouver l'idée qui distinguerait leur adaptation des innombrables autres inondant le marché. L'entrée dans la danse du premier animateur, fraîchement débarqué d'Angleterre, Eric Goldberg, va provoquer l'étincelle salutaire. Il arrive, en effet, à faire accepter un tournant à quatre-vingt dix degrés dans l'élaboration d'un film Disney. Il propose ainsi un long-métrage débridé, presque délirant, exempt de tout souci d'hyper réalisme, construit sur un graphisme très caricatural, de facture moderne, vrai clin d'œil à Tex Avery. Il choisit ainsi de mettre en avant, pour le style, les courbes en S, un peu à l'image du travail du caricaturiste américain, Al Hirschfeld. Aladdin gagne définitivement ses lettres de noblesses grâce à l'excellente idée de proposer à l'acteur Robin Williams, qui s'est fait remarquer dans le rôle de John Keating dans Le Cercle des Poètes Disparus, de doubler Le Génie. Ses formidables imitations et ses improvisations vont alors donner au film d'animation son cachet inimitable.

Aladdin sort sur les écrans américains le 25 novembre 1992. La critique est dithyrambique et le public se rue dans les salles. Plus de 200 millions de dollars de recettes rien qu'aux États-Unis tombent dans l'escarcelle des studios Disney. Du jamais vu pour un film d'animation à l'époque ! Le long-métrage gagne deux oscars pour la Meilleur Musique et la Meilleure Chanson (Ce Rêve Bleu) sur un total de cinq nominations : Meilleure Chanson (Je Suis Ton Meilleur Ami), Meilleur Montage Sonore et Meilleur Son. Le succès de l'opus est tel qu'il aura une conséquence inattendue et loin d'être heureuse. La direction de la compagnie de Mickey de l'époque, Michael Eisner en tête, imagine, en effet, la réalisation d'une suite prévue uniquement pour le marché de la vidéo. Réalisée avec un budget sans commune mesure avec le cinéma, la qualité est sacrifiée et entache, pour la première fois, l'aura qui entourait jusqu'alors les productions Disney depuis 1937. Aladdin connaît ainsi deux suites, Le Retour de Jafar (1994) et Aladdin et le Roi des Voleurs (1996) qui servent de pilote et de conclusion à une série de télévision éponyme diffusée de 1994 à 1995 durant 86 épisodes. Plus tard, en 2011, il se voit adapté en musical et monté à Broadway. La comédie musicale s'éloigne toutefois un peu du film en réintégrant les chansons d'Howard Ashman qui avait été coupée durant la production. Le musical obtient lui-aussi un grand succès et s'exporte à travers le monde.

En 2019, ce nouvel Aladdin rentre dans une tradition que la branche chargée des films "live" des studios de Mickey a pris depuis quelques années : adapter en prises de vues réelles des classiques de l'animation. Il faut de la sorte remonter à 2010 pour voir les studios Disney relancer le genre en grandes pompes avec leur adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton. La formule est toute trouvée : une nouvelle adaptation d'un classique de la littérature enfantine, déjà traité par le passé par les studios, avec la vision, si possible, d'un réalisateur de renom. Ainsi, viennent ensuite une préquelle au (Le) Magicien d'Oz avec Le Monde Fantastique d'Oz en 2013 réalisé par Sam Raimi, puis en 2014 La Belle au Bois Dormant avec Maléfique par Robert Stromberg ; en 2015, Cendrillon par Kenneth Branagh ; en 2016, Le Livre de la Jungle par Jon Favreau et Peter et Elliott le Dragon par David Lowery ; en 2017, La Belle et la Bête par Bill Condon ; en 2018, Jean-Christophe & Winnie par Marc Forster et enfin en 2019 pas moins de deux films avec Dumbo de Tim Burton et Aladdin par Guy Ritchie sans compter le remake CGI du (Le) Roi Lion par Jon Favreau. Il faut également ajouter les suites de ces adaptations comme Alice de l'Autre Côté du Miroir en 2016 et Maléfique : Le Pouvoir du Mal en 2019.

Les studios Disney, surtout depuis que Bob Iger a pris les rênes de The Walt Disney Company, ancrent leur label historique dans une identité parfaitement reconnaissable par le public. Dès lors et forcément, nombreux fans et spectateurs s'accordent à dire que la mode des remakes à foison des classiques d'animation est à la fois inutile et sans imagination, ni prise de risque. Oui, mais voilà, le public en raffole et plébiscite en salles ces histoires classiques où il peut emmener ses enfants découvrir de nouvelles versions, modernes, de films qu'il a aimés dans sa jeunesse. Disney exploite là un juteux filon puisque nombreux de ces opus sont d’immenses succès publics comme La Belle et la Bête qui rapporte 1.2 milliard de dollars dans le monde tandis que Le Livre de la Jungle frôle, lui, le milliard. Ces résultats sont d’ailleurs à comparer avec les tentatives de sortir des sentiers battus que constituent John Carter (2012), À la Poursuite de Demain (2015) ou plus récemment Un Raccourci dans le Temps (2018) qui ont tous signé des échecs en salles alors qu'ils sont (presque) tous réhabilités depuis. Mais voilà, le public a une idée bien précise de ce qu'il attend d'un film Disney et il est difficile pour le studio de sortir de ce chemin balisé. Néanmoins, à trop vouloir tirer sur la corde, le label Disney "live" risque de lasser son public et il lui faudra alors trouver un moyen de se réinventer. En attendant, il profite à plein de cette décennie qui est sans aucun conteste la meilleure en termes de box office et de notoriété pour les films à prises de vues réelles du label Disney.

Parmi tous ces remakes, se remarquent toutefois deux catégories. La première est formée de films qui s'éloignent du matériel de référence pour proposer une relecture de l'histoire originale. Ce fut le cas avec Alice au Pays des Merveilles, Maléfique, Peter et Elliott le Dragon ou Dumbo. L'autre propose des films qui suivent au plus près le matériel de base que cela soit le conte ou le film d'animation. Ainsi Cendrillon, Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête ou le futur Le Roi Lion s'inscrivent dans cette veine ; Aladdin rentrant à l'évidence dans cette deuxième catégorie.
Il sera tout de même intéressant d'analyser les résultats de cette avalanche de remake en 2019. En effet, Dumbo qui s'éloignait du classique d'origine a eu du mal à convaincre de par le monde en rapportant à peine plus de 340 millions de dollars au total. Il n'y a, en fait, que la France où il a vraiment brillé auprès des critiques et du public avec près de 2 millions d'entrées. Il sera donc utile d'observer le comportement d'Aladdin à l'international...

Pensant d'abord faire un film centré sur le personnage du Génie, les studios Disney optent finalement sur une adaptation plus fidèle du film d'animation. Ils confient, pour cela, la réalisation de cette nouvelle mouture d'Aladdin à Guy Ritchie.
Né le 10 septembre 1968 à Hatfield en Angleterre, il quitte vite l'école à l'âge de 15 ans dans l'idée de devenir réalisateur. Après s'être essayé sur des clips, des publicités ainsi qu'un court-métrage, il sort en 1998 son premier long-métrage Arnaques, Crimes et Botanique, un film de gangsters qui se fait remarquer notamment par Brad Pitt. Ce dernier le choisit alors pour tourner un autre film du genre Snatch (2000). Après trois opus passés inaperçus, À la Dérive (2002), Revolver (2002) et Rock'n Rolla (2008), il obtient son plus grand succès avec son adaptation de Sherlock Holmes en 2009 avec Robert Downey Jr. dans le rôle titre et Jude Law dans celui de son fidèle Watson. Le succès rencontré lui permet d'ailleurs d'accéder à une suite en 2011 avec Sherlock Holmes : Jeu d'Ombres. Ses deux films suivants seront en revanche des échecs : Agents très Spéciaux : Code U.N.C.L.E. (2015)  ne rencontre en effet pas le succès escompté tandis que Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur (2017) se fait littéralement descendre par la critique se doublant d'un flop phénoménal.

Guy Ritchie aidé du scénariste John August propose donc un script qui coche toutes les cases du cahier des charges bien huilé mais sans jamais arriver à transcender le matériel de base. Aladdin de 2019 laisse alors un étrange goût après visionnage : celui d'avoir vu un film agréable qui a, sur le papier, changé des éléments du film d'origine mais qui n'arrive pourtant pas à enlever l'impression aux spectateurs d'en avoir vu pourtant qu'une pâle copie. Le jugement peut paraître sévère surtout que l'opus reste au demeurant sympathique avec des qualités indéniables. Il lui manque juste du cœur qui permet d'accrocher aux personnages, n'arrivant jamais à sublimer les émotions vécues dans la version de 1992. Qui plus est, l'humour qui était la marque de fabrique du film d'animation de 1992, grâce au Génie et les extraordinaires réparties de Robin Williams mais aussi aux personnages de Iago, d'Abu ou du tapis, est bien plus en retrait dans le film de 2019. Tous les anachronismes, les jeux de mots et la folie façon Tex Avery qui rendaient le film de référence si truculent ont, en effet, été gommés. Pire, l'animation qui donnait aux personnages secondaires une expressivité manque cruellement ici au point que le récit n'est porté principalement que par ses personnages humains ce qui restreint forcément l'aspect magique de l'ensemble.

Là où Aladdin de 2019 déçoit, c'est qu'il n'arrive pas à aller au delà du film d'origine. Alors que le nouveau long-métrage dure une demi-heure de plus, il donne l'impression d'avoir raconté peu ou prou la même histoire qu'en 1992. Le nouveau récit ne semble rien apporter de franchement nouveau là où les récents remakes calquant leurs aînés comme Cendrillon, Le Livre de la Jungle ou même La Belle et la Bête avaient leur propre identité ou approfondissait certains éléments survolés dans leur modèle. Aladdin, le film d'animation de 1992 apparaît même, grâce à un montage percutant et millimétré, dire plus de choses et offrir un scénario plus étoffé. Aladdin de 2019 prend lui beaucoup de temps pour raconter une histoire connue de tous avec ses séquences clés mais proposant des transitions inédites faisant avancer tranquillement ses personnages d'une scène iconique à une autre. Ainsi, ce choix du réalisateur forme à la fois l'atout et le défaut du film. Le long-métrage n'arrive, il est vrai, jamais à surprendre ou à donner des frissons. L'émotion est rarement à son comble et il est difficile d'être bouleversé par le destin des personnages. Par contre, il fait passer un agréable moment et le spectateur a sous les yeux un beau spectacle sans jamais s'ennuyer. À la fin du générique, il ressort donc content de sa séance de cinéma mais aura très vite oublié le film qu'il vient de voir.

Pourtant, en s'y attardant un peu, Aladdin de 2019 apporte tout de même son lot de changements. Pour commencer, il abandonne son ouverture et le marchand jouant le rôle du narrateur pour se rapprocher de celle du musical avec une entame plus consensuelle et moins caricaturale, changeant de fait les paroles de la chanson Nuits d'Arabie pour s'adapter aux nouvelles images. Autre modification de taille, le Royaume d'Agrabah ne se situe plus en plein désert mais à côté de la mer. Le rendu est ainsi superbe et cette évolution permet de donner aux décors un côté exotique tout à fait bienvenu grâce aux contrastes des dunes de sable du désert et l'oasis de vie à côté de cette étendue d'eau qu'offre la capitale du royaume. Le palais, quant à lui, est encore plus majestueux même si légèrement moins écrasant que celui du film d'animation par rapport au reste de la ville. Autre apport indéniable du nouvel opus, la scène de la fête dans le palais, après l'arrivée du Prince Ali. Elle permet une séquence de danse façon Bollywood aussi rythmée que superbement chorégraphiée. Elle est clairement la scène la plus grisante du long-métrage et celle apportant la vraie touche d'inédit. Un autre changement subtil est le découpage de l'histoire. Les événements sont en effet sensiblement les mêmes mais ne sont pas forcément exécutés dans le même ordre ou de la même façon. Par exemple, la rencontre entre Jasmine et Aladdin n'arrive pas au même moment dans les deux films ou encore l'exécution des plans de Jafar est loin d'être identique.

L'une des réussites de la version de 2019 sont les chansons reprises du film d'animation composées par Alan Menken et écrites par Howard Ashman et Tim Rice. Quasiment toutes celles de 1992 sont ainsi entendues mises à part la reprise de Prince Ali par Jafar. Le film commence ainsi avec Nuits d'Arabie par une belle pirouette scénaristique offrant ainsi un nouveau narrateur. Réussie, elle permet de présenter le Royaume d'Agrabah. Je Vole est peut-être la chanson de 1992 qui bizarrement passe le moins bien à l'écran. Même si la scène est impressionnante, l'humour slapstick passe assez mal en prises de vues réelles. L'évolution des protagonistes participant à la séquence perturbe également un peu. La reprise de Je Vole où Aladdin fait son introspection est par contre parfaite. Je Suis Ton Meilleur Ami innove quant à elle en introduisant du hip-hop sous l'impulsion de Will Smith mais le changement se passe en douceur et la chanson ne perd rien de sa joie et impressionne toujours autant. Dans tout le répertoire, Prince Ali est sûrement l'air le plus grandiose. Le nombre de danseurs et de figurants sans parler de la chorégraphie font de ce morceau la scène la plus impressionnante du film. Enfin, la chanson d'amour, Ce Rêve Bleu, est bien sûr de retour. Elle est toujours très belle et les deux acteurs arrivent globalement à retranscrire l'émotion qu'il faut même s'il n'atteignent pas la grâce du film d'animation. Une nouvelle chanson a aussi été écrite pour le film de 2019. Parler (Speechless en anglais) est ainsi composée par Alan Menken et les paroles par Benj Pasek et Justin Paul connus pour leur travail sur La La Land et The Greatest Showman. Elle se voit dédiée à Jasmine et se présente en deux parties : la première, courte, en début du film puis la seconde, plus longue, en fin de long-métrage où la mélodie laisse éclater toute sa puissance. Dans les regrets, même si cela avait été annoncé, le nouveau long-métrage ne propose aucune des chansons du musical. Par contre, il est une chanson qui aurait fait plaisir d'entendre dans le film de 2019 : Proud of Your Boy, écrite à l'origine par Alan Menken et Howard Ashman pour le film d'animation de 1992 mais coupée dans le dessin animé puis réintégrée dans le musical. La scène où Aladdin parle de sa famille aurait été parfaite pour l'inclure...

Côté casting, Aladdin ne s'en sort pas trop mal même si au final, mise à part Jasmine, tous les personnages sont en deçà de leur pendant animé.
Will Smith a la lourde tâche de reprendre le rôle du Génie tenu par le génial Robin Williams. L'acteur du (Le) prince de Bel-Air, de Bad Boys, d'Independence Day, de Men in Black ou de Wild Wild West réussit alors deux prouesses. La première est de ne pas chercher à imiter son prédécesseur en donnant sa propre personnalité au personnage et adoptant son propre style. La seconde est de ne pas essayer de voler la vedette sachant se mettre en retrait pour le besoin du récit. Will Smith apporte ainsi à la fois dynamisme et douceur au personnage lui accordant une facette inédite intéressante. Par contre, l'inconvénient est qu'il est difficile de ne pas faire la comparaison avec son pendant animé qui est tout simplement iconique. Dès lors, le Génie 2019 manque du grain de folie qui le rend si intéressant, malgré l'énergie d'un Will Smith décidément trop dans la retenue.
Mena Massoud joue un Aladdin correct. Connu principalement pour des participations dans des séries notamment Jack Ryan pour Amazon Studios, il rend le personnage sympathique mais un peu transparent. Le gros problème est qu'il est difficile de s'attacher à son parcours en raison d'une personnalité un tantinet trop lisse. Même quand il refuse de dire la vérité, il le fait presque trop gentiment. De même quand il est traité de vaurien, sa réaction semble bien timide au point qu'il est difficile de penser qu'il est si bouleversé qu'il le dit (et le chante). Par contre, dans les scènes d'action, l'acteur virevolte à merveille et se révèle impressionnant.

Si Aladdin est un peu fade (ce qui est dommage pour un film qui porte son nom), le personnage qui rayonne vraiment dans le long-métrage est la belle Jasmine. Elle est jouée par Naomi Scott, tout simplement rayonnante : elle est la vraie révélation du film ! Les fans de Disney se rappellent de la jeune fille pour sa participation dans l'excellent Disney Channel Original MovieLemonade Mouth. Elle a aussi pu être vue dans le sous-estimé Power Rangers sorti par Lionsgate en 2017. Déjà, la meilleure idée du nouvel Aladdin est de faire évoluer le rôle et la personnalité de Jasmine. La princesse est ainsi bien plus mise en avant que dans le film d'animation. Dans l'air du temps, Jasmine prend en main son destin et fait tout pour faire évoluer les mœurs et les lois anachroniques de son royaume. Le personnage de Jasmine de 1992 avait déjà ce discours mais dans les faits restait la plus passive des héroïnes des années 90. Ici, elle passe des paroles aux actes s'offrant plusieurs scènes fortes notamment un discours avec le chef des gardes, Hakim, qui est extrêmement percutant. Elle devient ici un modèle pour les petites filles en affirmant qu'elle ne veut pas se taire et veut au contraire agir pour le bien de son peuple. Sa chanson Parler est alors vraiment percutante même si sa chorégraphie tient plus d'un film chanté pour adolescent que d'une vraie comédie musicale.

L'erreur du casting vient du choix de Marwan Kenzari vu récemment dans Le Crime de l'Orient-Express pour tenir le rôle de Jafar. L'acteur n'est en fait pas du tout crédible dans son jeu du méchant Disney. Il était bien sûr impossible de garder la personnalité et le visuel du film de 1992, le premier Jafar étant bien trop caricatural et pensé pour l'animation. Ici, les motivations du méchant sont plus terre à terre, une vengeance et une revanche sur la vie. Sauf que cela rend le personnage bien moins dangereux. Pire encore, l'acteur n'arrive pas à lui donner la prestance et l'aura qui se doivent caractériser ce méchant emblématique. Au final, le spectateur a l'impression que Jafar a finalement moins d'importance dans le film de 2019 (ce qui n'est factuellement pas le cas) que dans le film d'animation de 1992.
Le reste du casting est, quant à lui, anecdotique au possible, à commencer par le Sultan tenu par Navid Negahban. Les animaux Abu, Iago et Rajah sont bien sûr présents mais le parti pris réaliste fait que, forcément, leur utilité et leur charisme sont moindres (alors que Rajah a pourtant un peu plus d'importance). Il sera noté enfin aussi Nasim Pedrad qui joue la servante de Jasmine, Dalia.

Le visuel du film, pour sa part, s'en sort plutôt correctement. Les décors sont assez réussis mélangeant des prises de vues réelles avec des effets numériques bien sentis. Certains lieux emblématiques comme la Caverne aux Merveilles sont plutôt bien rendus ; les effets spéciaux signés d'Industrial Light & Magic étant particulièrement convaincants. Il sera aussi apprécié l'aspect du Génie alors que les premiers visuels dans la bande-annonce faisaient craindre le pire. De même, le tapis volant est très attachant et presque aussi expressif que son pendant de 1992. Enfin, la photographie est correcte sans jamais être resplendissante à la différence des costumes qui sont parfaits et remarquablement détaillés.

Le nouvel Aladdin n'est pas un mauvais film. Il se regarde dès lors avec plaisir : divertissant, porté par ses chansons iconiques, une Naomi Scott rayonnante en Jasmine et un Will Smith qui arrive à tirer son épingle du jeu dans le rôle pourtant si difficile du Génie. Mais voilà, malgré quelques changements bienvenus par rapport au classique de 1992, il reste sans véritable saveur, laissant la terrible impression de n'avoir rien à dire de plus que son illustre aîné, effleurant à peine sa magie...

L'équipe du film

1949 • ....
1950 • 1991

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