Donald Bricole
Titre original : D.I.Y. Duck Production : Walt Disney Animation Studios Date de mise en ligne USA : Le 9 juin 2024 (Disney+) Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Mark Henn Musique : Paul Smith George Bruns Oliver Wallace Durée : 3 minutes |
Le synopsis
Donald fait des travaux dans sa maison... |
La critique
Donald Bricole est un très court-métrage hommage spécialement sorti pour fêter les 90 ans du personnage de Donald Duck.
Les Walt Disney Animation Studios n'avaient pas proposé de cartoon solo officiel du canard depuis 1961 avec Donald et l’Écologie. Le personnage est ensuite apparu dans différentes productions éducatives telles que Steel and America, Donald's Fire Survival Plan ou Family Planning puis en tant que second rôle dans quelques courts-métrages à l'image du (Le) Noël de Mickey ou du (Le) Prince et le Pauvre. Il a enfin à nouveau droit à un premier rôle au cinéma dans la séquence Pomp and Circumstances de Fantasia 2000. Donald est une nouvelle fois animé par son studio de création dans le cartoon commémoratif Il Était une Fois un Studio, diffusé en 2023. Néanmoins, à partir de la fin des années 1980, c'est en réalité Disney Television Animation qui va principalement offrir des aventures animées inédites du canard irascible, notamment via les courts-métrages de la série d'anthologie Mickey Mania. Il apparaît également dans quelques longs-métrages sortis directement en vidéo comme Mickey, Il Était Une Fois Noël ou Mickey, Donald, Dingo - Les Trois Mousquetaires, toujours grâce à la filiale dédiée aux productions télévisées.
Mark Henn signe ici sa deuxième réalisation après le court-métrage John Henry en 2000 mais également son dernier projet au sein des Walt Disney Animation Studios avant de prendre sa retraite en décembre 2023. L'artiste est engagé par les studios Disney en 1980 où il travaille d'abord sur Rox et Rouky. Très vite, il devient un animateur de grande renommée se voyant souvent confier les héros comme Basil, Oliver ou Simba mais aussi des princesses ou héroïnes comme Ariel, Jasmine ou Mulan. Commençant sa carrière dans les locaux de Burbank, il passera ensuite une dizaine d'années dans les studios de Floride situés à Orlando aux Disney-MGM Studios, désormais dénommés Disney's Hollywood Studios. Suite à l'arrêt de l'animation 2D chez Disney, survenue à la fin des années 2000 et début 2010 après les sorties de La Princesse et la Grenouille et de Winnie l'Ourson, il intègre une petite équipe de vétérans au sein des studios afin d'exposer les principes de l’animation traditionnelle aux artistes travaillant sur ordinateur. En parallèle, il continue également à animer en 2D quelques petits projets que ce soit pour le cinéma, le streaming ou les Parcs.
Alors que Mark Henn travaille avec Eric Goldberg et Randy Haycock sur les courts-métrages Comment Rester à la Maison avec Dingo, notamment Le Binge Watching, l'animateur se rend compte que Donald n'a pas eu droit depuis bien longtemps à de nouvelles aventures créées par son studio de création à la différence notable de Dingo, de Mickey et même d'Oswald. Il décide alors de se lancer dans la réalisation d'un petit court-métrage. Comme souvent dans ce genre de projet annexe, la réalisation se fait par à-coups lorsqu'un trou se présente dans le planning avant qu'une autre priorité mette une nouvelle fois un frein au développement. Il faut finalement neuf mois au total pour produire ce court-métrage de trois minutes. Mark Henn en partage alors le développement avec la petite équipe de novices chargés de reprendre le flambeau de l'animation traditionnelle Disney - Courtney DiPaola, Ella Khan, Tyler Pacana et Austin Traylor - aidés également par un autre vétéran en la personne de Randy Haycock. Finalement terminé, le court-métrage est gardé sous le coude par le marketing pour une sortie le jour des 90 ans du personnage et ce, même s'il n'a pas été réalisé spécifiquement dans le but de fêter son anniversaire.
Malheureusement Donald Bricole est particulièrement décevant, et sur le fond et sur la forme. Si le spectateur sera ravi de voir les studios Disney revenir à la 2D, il n'en demeure pas moins triste de se dire qu'il s'agit du dernier projet du désormais Disney Legend Mark Henn. L'animation en elle-même n'est pas fatalement de mauvaise qualité mais n'a rien d'extraordinaire, étant même parfois médiocre lorsque le canard est, dans certains plans, hors modèle. La chose est encore plus frustrante lorsqu'il est su que la solution de facilité a pourtant été choisie en prenant le costume le plus simple du canard, celui porté à partir du milieu des années 1940, c'est-à-dire sans les boutons blancs sur sa vareuse. Il a ainsi manqué, surtout pour un court-métrage de seulement trois minutes, d'une supervision digne de ce nom. Pire encore : les décors sont d'une pauvreté incroyable. Même ceux de Comment Rester à la Maison avec Dingo, pourtant déjà bien simples, semblaient moins fades qu'ici. Enfin, il ne vaut mieux pas regarder le cartoon en haute définition tant les défauts vont clairement sauter aux yeux des spectateurs. C'est bien simple : il s'agit sûrement, d'un point de vue technique, du plus mauvais court-métrage des Walt Disney Animation Studios depuis des lustres. Les épisodes de Mickey Mania, pourtant dans le même style, et produits 25 ans plus tôt par la branche télévision, sont par exemple bien plus qualitatifs. Et que dire de la série Mickey Mouse de Paul Rudish, toujours chez Disney Television Animation, largement plus belle, avec des épisodes ayant pourtant la même durée : l'animation en elle-même ne peut être comparée puisque faite par ordinateur pour la série télévisée mais les décors si. Et ils prouvent que l'innovation artistique a changé de studio dans ce domaine.
Les spectateurs pourraient à la rigueur pardonner l'aspect visuel si le récit de Donald Bricole était de qualité. Mais ce n'est même pas le cas. Plus ou moins calqué sur Comment Brancher son Home Cinéma, Donald casse une ampoule et part dans un grand magasin en chercher une de rechange. Sauf que chaque fois qu'il essaye de faire une réparation dans sa maison, sa maladresse lui fait casser autre chose. Il fait donc des allez-retours à la grande surface pour colmater ses bévues, aboutissant au final par l'explosion de sa demeure. Le court scénario n'est en réalité ni amusant, ni bien écrit, ni inspiré. Seul l'ennui domine. Il sera tout de même apprécié que les artistes Disney reprennent des dialogues existants de Clarence Nash, la voix originale du personnage. L'hommage a en tout cas le mérite pour le studio de ne pas dépenser le prix de la participation du doubleur actuel, Tony Anselmo. Le même raisonnement a sûrement été fait sur la musique puisqu'elle est reprise d'anciens cartoons de Donald et de Mickey, mais - chose plus étonnante - également de longs-métrages animés. Les spectateurs reconnaîtront ainsi les partitions de La Belle aux Bois Dormant de George Bruns et aussi celles de Cendrillon, d'Alice aux Pays des Merveilles et de La Belle et le Cochard d'Oliver Wallace. Ce choix n'est, encore une fois, pas très opportun car ces musiques si caractéristiques détournent l'attention de ce qu'il se passe à l'écran.
Il est incroyable de voir que les Walt Disney Animation Studios aient osé sortir un court-métrage comme Donald Bricole. N'importe quel étudiant en animation aurait sans doute fait mieux. Cela entache malheureusement l'aura, et du studio, et de Mark Henn.