Otaries des Galápagos

Titre original :
Sea Lions of the Galapagos
Production :
Disneynature
Date de mise en ligne USA :
Le 22 avril 2025 (Disney+)
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Hugh Wilson
Keith Scholey
Musique :
Raphaëlle Thibaut
Durée :
82 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Situées au cœur du vaste océan Pacifique, les îles Galápagos sont le refuge d'une diversité exceptionnelle d'espèces introuvables ailleurs sur la planète. Parmi ces habitants uniques figure Leo, un jeune mâle otarie récemment venu au monde. Au fil des mois, entre apprentissage de la nage, exploration des meilleurs lieux de pêche et croissance prometteuse, Leo finit par quitter la colonie maternelle pour partir en quête de son propre foyer...

La critique

rédigée par
Publiée le 31 mai 2025

Otaries des Galápagos est un nouveau film Disneynature aux images, encore une fois, époustouflantes ; à tel point d'ailleurs qu'il peut être aisément qualifié comme le meilleur opus du label ayant pour thème la faune et la flore marines.

En 2008, The Walt Disney Company renoue avec le genre du documentaire animalier que le papa de Mickey lui-même avait décidé de populariser quelque 60 ans auparavant. Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut, en effet, être considéré comme le pionnier du documentaire animalier grand public. Dès 1948, il met, ainsi, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini documentaire L'Ile aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la compagnie au château enchanté dans la production de films live-action. Elle comporte un total de sept courts-métrages dont La Vallée des Castors (1950) ou La Terre, Cette Inconnue (1951) avant de s'ouvrir, en 1953 avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages. Ce dernier devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures et concerne au final six œuvres dont La Grande Prairie (1954) ou Le Grand Désert Blanc (1958). Au total, en comptant les courts et longs-métrages, la série aura gagné pas moins de huit Oscars !

La renaissance de la production de documentaires axés sur la nature et les animaux sauvages au sein du catalogue Disney est due à l'initiative du français Jean-François Camilleri. Alors manager de la filiale hexagonale de Walt Disney Studios Motion Pictures, il a en effet en 2005 la brillante idée d'accorder sa confiance à un jeune réalisateur tricolore, Luc Jacquet, en acceptant de produire son premier film, La Marche de l'Empereur. Le pari est osé. Proposer sur grand écran et à destination du grand public un long-métrage documentaire animalier sur la vie des manchots empereurs vivant en Antarctique apparaît, il est vrai, à l'époque comme un rêve doux-dingue, caprice d'un producteur en mal de respectabilité auprès de l'intelligentsia hexagonale, sacrifiant pour une fois la recherche du seul profit commercial sur l'autel de l'expérimentation cinématographique. L'avenir prouvera le parfait contraire. Seul contre tous, Jean-François Camilleri démontre l'incroyable potentiel du genre, confirmant son rang dans le milieu du cinéma français de producteur hexagonal à part entière, véritable découvreur de talents. La réussite commerciale de La Marche de l'Empereur est, en effet, loin d'être un succès d'estime. En France, le film taquine allègrement les deux millions d'entrées ! Le résultat est tel que l'intérêt de proposer le documentaire à l'exportation apparaît vite évident. Comble de l'ironie, le marché américain lui ouvre rapidement ses portes, mais sans Disney. La maison-mère de la filiale française menée par Jean-François Camilleri fait, en effet, la fine bouche et refuse cette histoire de manchots incongrue. Warner Bros., elle, sent le joli coup venir et accepte de distribuer le film sur le sol américain. Il devient vite à l’époque le plus gros succès pour un long-métrage français en Amérique du Nord. Il remporte même l'Oscar du Meilleur Documentaire, véritable pied de nez à la France qui lui a refusé le moindre César. Devant l'ironie de l'histoire, Jean-François Camilleri ne prend pas ombrage et pardonne à sa tutelle son erreur d'appréciation. Il la comprend même tant son pari était osé... Il entend d'ailleurs l'aider à la réparer et à l'amener à occuper enfin le terrain du documentaire grand public, à destination des salles obscures. Il crée pour cela une société de production spécifique, Disney Nature Productions, qui présente ainsi un premier long-métrage en 2007, Le Premier Cri, film ethnologique sur la naissance à travers le monde, beaucoup moins abordable qu'un simple documentaire animalier. Il continue ensuite de faire confiance à Luc Jacquet et distribue son deuxième long-métrage, Le Renard et l'Enfant, un docu-fiction axé sur l'amitié entre une petite fille et une renarde. L'œuvre très personnelle séduit à nouveau le public français.

Patiemment, le patron alors remuant de la filiale française convainc sa maison-mère d'investir le marché. Elle accepte finalement de créer un nouveau label de films à l'instar de Disney, Touchstone Pictures ou Hollywood Pictures. Disneynature est ainsi présenté mondialement en avril 2008. Basé en France, il est logiquement dirigé par Jean-François Camilleri et poursuit deux objectifs : distribuer des productions "maison" à l'international et des productions étrangères aux États-Unis. Les premiers chantiers sont déjà sur les rails. Le programme est alléchant. Les Ailes Pourpres, Le Mystère des Flamants sort ainsi en décembre 2008 suivi par Pollen et Félins en 2011, Chimpanzés en 2012, Grizzly en 2014, Au Royaume des Singes en 2015, Nés en Chine en 2016, L'Empereur en 2017, Blue en 2018 et Penguins en 2019. Par ailleurs, le film britannique Un Jour sur Terre est distribué aux États-Unis en 2009 sous le label Disneynature, ainsi que le film français Océans en 2010. Enfin, en 2016, il propose son premier film directement en sortie digitale, Grandir, suivi un an plus tard par La Reine de la Montagne et Nés en Chine : Histoires d'un Tournage.

Malgré la qualité de ses films, Disneynature voit irrémédiablement les résultats au box-office diminuer de sortie en sortie ; le tout dernier, Penguins, atteignant à peine sept millions de dollars. Son échec financier semblait ainsi entériner un avenir bien sombre pour le label Disneynature né en France. Déjà, le public s'était visiblement lassé des documentaires animaliers au cinéma. Ensuite, le rachat d'une partie de 21st Century Fox par The Walt Disney Company, acté en mars 2019, faisait entrer dans le giron de Disney la très forte et iconique marque National Geographic. Il paraissait alors évident que Disney n'avait aucun intérêt à garder deux labels de documentaires, surtout quand l'un des deux est largement moins connu que l'autre. Le départ de The Walt Disney Company de Jean-François Camilleri, créateur du label à l'iceberg, en mars 2019 semblait d'ailleurs valider ce constat. La mort de Disneynature ne serait sans doute jamais officielle mais le label aurait pu s'éteindre en catimini comme d'autres anciens à l'image de Touchstone ou Hollywood Pictures ; ses sorties au cinéma n'étant désormais plus rentables malgré ses faibles coûts de production. Coup de théâtre, le salut vient en 2020 après l'ouverture de la plateforme Disney+ !

L'ouverture historique le 12 novembre 2019 de Disney+, une plateforme de service de vidéo à la demande par abonnement créée par The Walt Disney Company, est en effet un tournant aussi stratégique qu'historique pour le studio aux grandes oreilles. Actant le nouveau comportement des (télé)spectateurs qui délaissent la télévision linéaire pour un nouveau type de consommation de flux audiovisuels, Disney+ a alors deux objectifs. D'une part, elle remplacera à terme les sorties en vidéo des films cinéma sur support physique dont le grand public s'est détourné, préférant en majorité l'achat en digitalisé. D'autre part, elle permettra à Disney de revenir sur des genres de films désertés en salles faute de succès ou d'appétit suffisant des spectateurs. Les films à petit budget, qui étaient proposés il y a encore quelques années sur grand écran, sont donc désormais réorientés pour une sortie directement sur la plateforme. Le choix est compréhensible, car le public préfère malheureusement se déplacer en salles de plus en plus pour des franchises qu'il connaît bien. Les studios Disney se contentent alors de lancer uniquement au cinéma des films à gros budgets, certes aux risques plus importants mais aux retours sur investissement conséquents. Disney+ est donc l'écrin idéal pour accueillir les films Disneynature, ce qui paradoxalement leur donnera plus de visibilité ; les familles hésitant à dépenser le prix d'une place de cinéma pour un « simple » documentaire. Ainsi, le 3 avril 2020, ce sont pas moins de quatre films originaux du label qui se voient proposés sur la plateforme ; Éléphants et les documentaires making-of comme le fut La Reine de la Montagne : Plongée dans le Monde des Dauphins, Les Manchots : Une Vie à Risque, Sur la Route des Éléphants. Sont également ajoutés Penguins qui n'avait pas eu droit à une édition vidéo ainsi que Blue qui était sorti au cinéma uniquement en France (et qui donc doit patienter pour intégrer le catalogue de Disney+ dans l'hexagone compte tenu de l'effet de l'anachronique règle de la chronologie des médias). Le label continue ensuite son petit bonhomme de chemin comme le prouvent les sorties en 2022 d'Ours Polaire et de son secret de tournage Ours Polaire : Le Making-Of, en 2024 avec Tigres et Tigres : Le Making-Of puis en 2025 avec Otaries des Galápagos et Otaries des Galápagos : Le Making-Of.

Otaries des Galápagos est réalisé par Hugh Wilson, aidé ici par Keith Scholey.
Après avoir étudié la zoologie à l'Université de Leeds, Hugh Wilson débute à la Royal Geographical Society de Londres, où il participe à la gestion d'expéditions dans le monde entier. Il fait ensuite ses débuts au cinéma en gérant la logistique de terrain pour le long-métrage Disneynature Chimpanzés. En 2014, il est en charge, en tant qu'assistant de production, de la série Notre Planète diffusée sur Netflix. Cette expérience lui donne la chance d'organiser et de diriger des tournages dans le monde entier, des confins de la banquise de l'Arctique canadien au cœur sombre de la forêt tropicale congolaise. Il revient alors chez Disneynature pour tourner Otaries des Galápagos, mais cette fois-ci au poste de réalisateur qu'il occupe pour la première fois.
Sur le film, il est aidé par Keith Scholey. Ce dernier rentre dès 2008 dans l'aventure Disneynature afin de se concentrer sur la production et la réalisation de documentaires. Il réalise ainsi six longs-métrages pour le label : trois pour les salles obscures, Félins en 2011, Grizzly en 2014 et Blue en 2018 ; un directement en sortie digitale, Grandir en 2016 ; et enfin deux pour la plateforme Disney+, Plongée dans le Monde des Dauphins en 2020 et Otaries des Galápagos en 2025.

Comme son titre l'indique, Otaries des Galápagos raconte l'histoire d'une espèce de mammifères marins vivant aux îles Galápagos. Cet archipel est situé au Nord-Est de l'océan Pacifique sud, à une latitude proche de l'équateur. Ce sont des îles d'origine volcanique qui ont émergé à partir d'un plateau basaltique, sachant que les îles occidentales de l'archipel sont encore le siège d'une intense activité éruptive. La faune y est incroyablement diversifiée ; chaque île abritant souvent des espèces spécifiques. L'archipel compte notamment de nombreux oiseaux mais aussi des variétés de reptiles uniques, dont des tortues géantes ou des iguanes. La faune sous-marine est également exceptionnelle de diversité, comprenant de nombreuses espèces de poissons ou de mammifères marins. Parmi eux, se trouve l'otarie des Galápagos. Vivant entre quinze et vingt-quatre ans, les mâles sont plus grands que les femelles, pouvant atteindre plus de cent à deux cents kilos d'écart. Ils sont essentiellement sédentaires, très grégaires et vivent en colonies d'une trentaine d’individus autour d'un mâle dominant.

Comme souvent chez Disneynature, Otaries des Galápagos est un film sur la famille et la transmission avec une forte identification apportée par la personnification des animaux en donnant des noms à certains. L'anthropomorphisation est, en plus, renforcée par une narration qui humanise beaucoup leurs réactions, ce qui hérisse les cheveux des puristes des documentaires animaliers trouvant que le procédé « disneyise » le comportement naturel des animaux. Pour autant, il permet d'intensifier les émotions et au public, en particulier jeune, de s'attacher instantanément aux animaux qu'il voit à l'écran. Le spectateur découvre ainsi Luna, une femelle otarie, qui va donner naissance à un petit mâle du nom de Leo sur une plage paisible. Pendant une semaine, elle ne va pas le quitter puis va lui apprendre tout ce qu'elle sait pour chasser et survivre durant un an, avant de le sevrer. Peu de temps après, Leo se fait chasser de la colonie par le mâle dominant, l'obligeant à errer d'île en île. Le film va suivre ainsi le malheureux durant son périple dans l'archipel à la recherche d'un foyer, et ce, durant près de dix ans, de la fin de son enfance à un âge adulte avancé. Il atteint alors enfin la corpulence nécessaire pour s'imposer face à un autre mâle dominant, ce qui l'aide à conquérir enfin sa propre colonie.

Si Otaries des Galápagos débute par un récit assez proche des autres Disneynature, il se démarque en n'insistant pas trop sur l'enfance de son héros. Au tiers du film, l'accent est en effet plutôt mis sur l’odyssée de Leo qui va apprendre au fil de ses rencontres d'autres techniques de chasse mais aussi prouver son courage et son audace face aux dangers rencontrés. Les otaries ont toujours été des animaux aptes à faire craquer le public et Otaries des Galápagos le prouve encore une fois. Que ce soient les scènes adorables où Leo est petit ou ses acrobaties aquatiques une fois adulte, l'otarie s'avère être incroyablement photogénique. Il faut saluer pour cela les images époustouflantes du film. Le label à l'iceberg a d'ailleurs toujours été reconnu pour ses magnifiques visuels, mais les cinéastes se sont ici surpassés. Les scènes dans l'océan sont tout simplement cristallines et certains gros plans étonneront tellement le spectateur qu'il se demandera comment ils ont pu être ramenés. Surtout que les réalisateurs ne sont pas contentés de filmer uniquement les otaries mais ont aussi proposé des séquences extraordinaires de la faune, de la flore et des paysages des Galápagos. Le spectateur admire ainsi des iguanes, plusieurs espèces de requins, des poissons de multiples formes et couleurs, des pélicans, une raie manta et même des passereaux vampiriques. Et encore, ce ne sont là que quelques exemples des nombreux animaux rencontrés. Enfin, les décors ne sont pas en reste grâce à de superbes plages paradisiaques, des falaises escarpées où la végétation est rare ou encore des volcans en éruption qui envoient leur lave en fusion dans l'océan, faisant évaporer une partie de l'eau de la surface.

Côté narration, Otaries des Galápagos fait appel à l'acteur Brendan Fraser pour sa version anglaise. Ce dernier revient chez le label Disney, dix-huit ans après interprété le rôle-titre dans le film George de la Jungle en 1997. Il offre ici une prestation majestueuse. Son ton est doux et clair, imprégné d’une véritable curiosité qui correspond à celle de Leo, explorant avec lui les îles sans fin de son voyage. Il est aidé par un texte qui met un peu en retrait les phrases d'humour comme cela pouvait être le cas dans d'autres opus du label, préférant plutôt ici se concentrer sur un aspect descriptif apaisant, légèrement didactique et invitant au voyage. En français, la narration est portée par Guillaume Orsat, qui est le doubleur officiel de l'acteur américain et qui livre un travail tout aussi remarquable. Enfin, il faut aussi saluer la superbe musique de la compositrice française Raphaëlle Thibaut qui sublime les images en offrant une partition aussi épique que dépaysante.

Otaries des Galápagos est un superbe Disneynature, sûrement le plus beau parmi ceux ayant pour sujet l'océan. Ses images époustouflantes, sa panoplie d'espèces – en particulier les magnifiques otaries – alliées aux incroyables paysages de l'archipel du Pacifique en font un visionnage aussi envoûtant que merveilleux.

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