Judge Dredd
L'affiche du film
Titre original :
Judge Dredd
Production :
Hollywood Pictures
Cinergi Pictures
Edward R. Pressman Film Corporation
Date de sortie USA :
Le 30 juin 1995
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
Danny Cannon
Musique :
Alan Silvestri
Durée :
91 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 2139, sur la Terre ravagée par les guerres nucléaires, la population subsiste tant bien que mal au sein d'immenses cités dont la capitale est Mega City One. Pour y assurer l'ordre, des officiers créés au cours d'expériences ADN sont les seuls habilités à la capture et au jugement des criminels. Mais un jour, leur meilleur élément, le Juge Dredd, se retrouve accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Condamné, il parvient à s'évader et se lance à la poursuite du vrai coupable.

La critique

rédigée par
Publiée le 15 mai 2021

Les années 1990 ont vu de nombreux personnages de bandes dessinées être adaptés sur grand écran. Le succès du Batman de Tim Burton et de ses suites a, en effet, ouvert les portes du cinéma à plusieurs super-héros : Dick Tracy (1990), The Crow (1994), The Mask (1994), Men in Black (1997), Blade (1998). Produit par Hollywood Pictures et Cinergi Pictures, en pleine frénésie des adaptations de comics, Judge Dredd tente, en vain, d’introduire un nouveau héros dans le paysage cinématographique. Avec Sylvester Stallone en tête d’affiche, il se révèle plus proche du film d’action raté qui n’a pas peur du ridicule que du divertissement de grande qualité.

Judge Dredd est avant tout une bande dessinée créée par le scénariste John Wagner et le dessinateur Carlos Ezquerra en 1977. Né en 1949 en Pennsylvanie, John Wagner débute comme assistant, puis scénariste chez l’éditeur de presse D.C. Thomson & Co. dans les années 1960. Il y rencontre l’éditeur Pat Mills et travaillera avec lui en tant qu’indépendants pour le magazine IPC ou encore la revue Action. Il écrit aussi Yellowknife of the Yard, One Eyed Jack, They Can’t Stop the Bullet, The Bootneck Boy. Il participe, en 1977, au lancement de la revue de science-fiction britannique 2000 A.D. et y crée pour le second numéro son œuvre qui le rendra célèbre, Judge Dredd. Il écrira ensuite pour d’autres projets dont les franchises Batman, Alien, le Huitème Passager ou Star Wars, avant de revenir à la série qui l’a fait connaître tout en développant l’univers de Judge Dredd.
Carlos Ezquerra naît, quant à lui, le 12 novembre 1947 à Zaragoza, en Espagne. Il commence sa carrière à Barcelone en dessinant des westerns et récits de guerre pour des éditeurs espagnols. En 1973, il déménage au Royaume-Uni et dessine des romances pour les magazines Valentine et Mirabelle, ainsi que des récits d’aventure. L’année suivante, il est contacté par Pat Mills et John Wagner pour travailler sur Battle Picture Weekly. En 1976, il travaille sur la série Major Eazy, pour laquelle il réalise plus d’une centaine de croquis, jusqu’en 1979. Il est donc approché pour créer le personnage de Judge Dredd. Si les premières esquisses ne plaisent pas à John Wagner, elles impressionnent en revanche Pat Mills et sont choisies pour le premier numéro de 2000 A.D. C’est après avoir œuvré ensemble sur la saga El Mestizio (1978) que Wagner et Ezquerra scelleront leur partenariat. Tout en travaillant sur Judge Dredd, le second participe à d’autres projets tels que Strontium Dog, Bloody Mary, Adventures in the Rifle Brigade et War Stories. Carlos Ezquerra décède le 1er octobre 2018 d’un cancer des poumons.

Judge Dredd raconte donc l’histoire de Joseph "Joe" Dredd. Ce dernier est le plus grand protecteur de Mega City One et vit dans un futur apocalyptique, où les grandes villes ont été détruites par les guerres nucléaires. Les survivants sont regroupés dans de vastes métropoles, les Mega City. Pour contrer la hausse de la criminalité, les dirigeants mondiaux ont mis en place une unité d’élite composée de “Juges”, des êtres à la fois policiers, juges et bourreaux dotés d’un pouvoir de condamnation illimité. Parmis eux, Joseph Dredd est le plus célèbre et le meilleur. Vêtu d’un uniforme lui permettant de résister aux balles et coups de couteau, il est chargé de faire respecter la loi au sein de Mega City One aux côtés d’autres Juges, tels le Juge Anderson. Il dispose ainsi de toutes les armes nécessaires pour accomplir sa mission et n’hésite jamais à avoir recours à la violence, quitte à tuer ou torturer un suspect pendant son arrestation. Sans pitié, il ne laisse passer aucun crime ou délit. Ne retirant jamais son casque, excepté au cours de flashbacks, Dredd représente à lui seul une justice expéditive et abstraite. Une caractéristique qui est aussi son point faible : son jugement est, en effet, parfois altéré par son trop grand respect des lois et le pousse à arrêter des innocents.

Apparu pour la première fois dans l’hebdomadaire 2000 A.D., le Juge Dredd connaît un succès phénoménal auprès des lecteurs de comics. Plusieurs numéros sont alors publiés, au point qu’il a droit à sa propre revue dès 1990. Il est également publié chez Eagle Comics (Judge Dredd volume #1-35 et Judge Dredd volume #1-77), DC Comics (Judge Dredd #1-13, Legends of the Law, Batman / Judge Dredd) et Dark Horse Comics (Predator vs Judge Dredd et Judge Dredd vs Aliens). Considéré comme l’un des plus grands personnages de comics, le célèbre Juge s’exporte également dans toute l’Europe, ainsi qu’aux États-Unis, où les lecteurs lui réservent un accueil chaleureux. Particulièrement violente, mettant en scène une société totalitaire où la présomption d’innocence n’existe pas, la bande dessinée ne passe pas inaperçue, fascine autant qu’elle révulse. Les amateurs félicitent le dessin et la critique du pouvoir policier, tandis que d’autres y voient une apologie des armes à feu et de la justice privée. Le succès est tel qu'elle se décline en jeux vidéo, de rôles et de société. Devant un tel engouement, il n’en fallait donc pas beaucoup plus pour que le cinéma s’intéresse de près aux aventures du Juge.
L’envie d’adapter Judge Dredd sur grand écran se fait jour peu après la sortie au cinéma du Superman (1978) de Richard Donner. L’arrivée du personnage de DC Comics sur pellicule provoque en effet un intérêt des producteurs pour les personnages de comics. Concernant Dredd, il faut toutefois attendre la fin des années 1980 pour que Hollywood se penche sur le Juge, et ce, en grande partie à cause de RoboCop (1987). Les similitudes entre Dredd et le héros du film de Verhoeven, lui-même tiré de bandes dessinées, sont en effet déconcertantes. Produit à petit budget, RoboCop est un succès auprès du public et figure parmi les meilleurs films de l’année. Edward Pressman, producteur américain derrière les films Conan le Barbare, Wall Street et The Crow, alors détenteur des droits cinématographiques de Judge Dredd, voit évidemment une occasion en or de lancer une adaptation du héros.

Pressman s’associe alors avec les studios Cinergi Pictures et Hollywood Pictures, filiale de Disney. Par la suite, il engage Tim Hunter (Tex, Le Fleuve de la Mort, Le Maître du Jeu) à la réalisation et fait appel à James Crumley, auteur de romans policiers, pour écrire le scénario. Les premières esquisses de l’intrigue tournent autour d’une guerre entre les Juges et des mutants venus d’une “terre maudite” pour gagner le statut de réfugiés, tout en semant la mort et le chaos sur leur passage. D’autres éléments du comics auraient été intégrés, à savoir les capacités psychiques du Juge Anderson ou le Juge Death, créature issue d’un univers parallèle, mais également l'un des plus redoutables adversaires de Dredd. Mais voilà, le script ne plaît pas du tout aux producteurs, qui le jugent trop sombre et cher à réaliser, alors que le casting commence à prendre forme. La grande star de films d’action de l’époque, Arnold Schwarzenegger (Terminator, Running Man, Predator), est attachée au projet et devait endosser le rôle de Dredd. L'acteur finira pourtant bien vite par abandonner devant les indécisions des studios. Le rôle de Dredd passe alors aux mains de Sylvester Stallone (les sagas Rocky et Rambo, Cliffhanger, Traque au Sommet, L’Expert), qui souhaite s'essayer à un autre genre après plusieurs comédies et films d’action.
Le scénario étant toujours en cours d’écriture, Edward Pressman et Sylvester Stallone cherchent alors un réalisateur qui saurait concilier l’extrême violence et le ton décomplexé de la bande dessinée. Les premiers noms fusent : David Fincher (Alien³, Se7en, Gone Girl), Renny Harlin (58 Minutes pour Vivre : Die Hard 2, L’Île aux Pirates, Peur Bleue) ou encore Joe Dante (Piranhas, Hurlements, Gremlins). Stallone propose ensuite Marco Brambilla comme réalisateur, avec lequel il a collaboré sur Demolition Man (1993). Mais après s’être penché sur les premiers designs, ce dernier jette lui aussi l’éponge devant l’ampleur du projet et les difficultés qu’impliquent une telle adaptation. Les producteurs se retrouvent donc de nouveau dans une impasse. C’est à ce moment qu’intervient Danny Cannon. Réalisateur et scénariste britannique, il a débuté au cinéma derrière la caméra en 1993 avec The Young Americans, puis avec Judge Dredd (1995). Il enchaîne en 1998 avec Phoenix et Souviens-Toi... L’Été Dernier 2, mais ce sera surtout à la télévision qu’il fera ses armes. À partir des années 2000, il réalise et produit de nombreux épisodes pour des séries telles la franchise Les Experts, Dark Blue, Nikita, Alcatraz, The Tomorrow People ou encore Gotham.

Alors inconnu au bataillon et n’ayant réalisé qu’un seul film à l’époque, Danny Cannon réussit tout de même à se faire remarquer par des producteurs grâce à son premier métrage. Il fait ainsi la connaissance d’Andrew Vajna, dirigeant de Cinergi Pictures, dans l’optique d’être choisi comme réalisateur d’Une Journée en Enfer - Die Hard 3. Découvrant que Vajna détient les droits de Judge Dredd, le jeune cinéaste réussit à le convaincre de le placer à la tête du projet. Malgré son manque d’expérience derrière la caméra, Danny Cannon se revendique grand fan de la bande dessinée et fait preuve de beaucoup de volonté. Il désire néanmoins privilégier l’action et le grand spectacle au détriment de la violence gratuite. Pour ce faire, pas moins de trois auteurs seront attachés à l’écriture du scénario : Michael De Luca (L’Antre de la Folie, La Fin de Freddy), Steven E. De Souza (Piège de Cristal, La Famille Pierrafeu, Street Fighter - L’Ultime Combat) et William Wisher (Terminator 2 : Le Jugement Dernier, Le 13ème Guerrier, L’Exorciste : au Commencement).
Tandis que le script prend forme, le casting commence enfin à se stabiliser. Aux côtés de Sylvester Stallone, l’actrice Diane Lane (Rusty James, Jack, En Pleine Tempête, Secretariat, Vice-Versa) interprète le Juge Barbara Hershey, collègue de Dredd convaincue de son innocence. Rob Schneider (Deuce Bigalow : Gigolo à Tout Prix, Une Nana au Poil, Histoires Enchantées, Copains pour Toujours), tout juste débarqué de l’émission Saturday Night Live, campe, lui, Herman “Fergie” Ferguson, un criminel qui accompagne Dredd lors de sa cavale et dans sa lutte pour rétablir la vérité. Vient ensuite Max Von Sydow (L’Exorciste, La Mort en Direct, Minority Report, Shutter Island) dans le rôle du Juge suprême Eustace Fargo. Armand Assante (La Taverne de l’Enfer, La Chanteuse et le Milliardaire, 1492 : Christophe Colomb, Striptease) joue Rico, jumeau maléfique de Dredd et principal antagoniste du film. Enfin, Jürgen Prochnow (Dune, Le Flic de Beverly Hills 2, L’Antre de la Folie, Primeval) est le Juge Jurgen Griffin.

Judge Dredd s’inscrit dans la lignée des longs-métrages d’action des années 1990, où le spectacle prend le pied sur le scénario et la cohérence. L’intrigue est assez simple, mais diablement efficace pour un film de cette ampleur. Sylvester Stallone y interprète ainsi un justicier glacial et sans pitié. Accusé à tort d’un crime, il se retrouve face à son pire ennemi, ce dernier étant bien décidé à le discréditer et mettre la ville à feu et à sang, afin de gravir les échelons et accéder au pouvoir. Mais le vaisseau qui le transporte jusqu’au pénitencier s’écrase en plein désert, Dredd doit alors à tout prix rejoindre la ville pour empêcher son ennemi de semer le chaos mais aussi laver son nom. Judge Dredd compte offrir une version noire du personnage principal en le mettant face à Rico, également son ancien coéquipier et Juge corrompu. Un ennemi intime puisqu’ils ont été clonés à partir de la même personne. Le métrage propose ainsi une confrontation entre deux visions de la justice, à savoir le fascisme de Dredd et le comportement destructeur de Rico.
Une façon pour le Juge de se retrouver face à lui-même et la justice parfois cruelle qu’il est obligé d’appliquer non sans un certain plaisir, sur fond de combat fraternel et de recherche de la vérité. Un arc narratif intéressant pour un film plutôt inégal. Avec de tels noms au générique, un matériel de base solide et un message porté sur les armes et la justice arbitraire, Judge Dredd partait en effet sous les meilleurs auspices. Hélas, il n'est qu'une belle occasion manquée. Son principal défaut est sa trop grande prise de liberté par rapport à la bande dessinée. Contrairement au support originel, Dredd retire son casque, ôtant tout le mystère autour de son personnage, malgré les tentatives louables de Sylvester Stallone de correspondre à la froideur de son modèle de papier. De plus, l’adaptation est plutôt moyenne, pour ne pas dire mauvaise.

Centré sur l’humour noir, la violence et critiquant ouvertement le système judiciaire, le comic proposait une intrigue originale et pleine de second degré. L’histoire de Judge Dredd ne reprend, elle, que des bribes de la bande dessinée, même si elle respecte le matériel de base, à savoir une ville gangrenée par la criminalité et une unité d’élite disposant de tous les pouvoirs pour faire régner l’ordre. Le film de Danny Cannon abandonne aussi totalement le côté sombre et sanglant des dessins pour une approche plus tout public, plus axée sur l’action et la comédie, allant jusqu’à ajouter une idylle entre Dredd et Hershey. Le plus étrange dans Judge Dredd est au final que le film commence d’assez belle manière, respectant à la lettre le comic, le tout magnifié par des décors impressionnants et des costumes fidèles au matériel d’origine.
Dredd élimine en effet tous les obstacles sur son passage au cours d’une arrestation musclée, rendant une justice sommaire proche du personnage de papier. Mega City One est également bien présentée, avec des bâtiments qui surplombent le ciel, des gangs grondant dans les rues et des enseignes lumineuses. Le Juge Dredd et sa partenaire Hershey patrouillent dans les rues et s’en prennent à des malfaiteurs. Les dialogues et répliques ont beau être ridicules pour la plupart, ils correspondent parfaitement au héros et jouent avec le côté comique de la bande dessinée. Dredd arrête ainsi Fergie pour avoir été dans l’appartement de hors-la-loi qu'il vient de mettre à terre ; les armes du futur imprègnant chaque balle de l’ADN de la personne qui a tiré, le Juge principal révèle alors que Dredd a été cloné et a un frère identique qui aurait pu fournir le même ADN.

Une introduction donc bien sympathique qui laisse présager un film sans autre ambition que celle de divertir le public... Mais voilà, il perd tout intérêt au fil des minutes, tant l’ensemble fait peine à voir. Judge Dredd transforme son héros en homme typique de film d’action en quête de battre le méchant, affublé contre son gré d’un sidekick en la personne de Fergie. Simple arnaqueur tout juste sorti de prison, le personnage devient assez vite insupportable et le scénario joue beaucoup sur l'opposition entre le côté extraverti de Fergie et le caractère fermé de Dredd. Le film prend des airs de "buddy movie" qui ne colle pas tout à fait au propos. Si elle s’avère bien gérée dans les premières minutes, l'omniprésence de l’humour finit par devenir envahissante et parfois totalement hors sujet dans la suite du film.
Judge Dredd souffre ainsi de graves problèmes de ton. Parfois, l'opus se veut amusant sans qu'il soit clair de dire si c'est accidentel ou intentionnel. Le réalisateur joue-t-il avec le public ou le film ne sait-il tout simplement pas ce qu'il veut être ? Judge Dredd prend bien trop souvent des airs de parodie. S'il est évident que Danny Cannon visait un film d'action / aventure avec un côté humoristique, en piochant çà et là des éléments du comics sans respecter les fondamentaux, il se tire une balle dans le pied en voulant séduire un public large et ainsi maximiser les chances de succès au box-office. La violence est trop limitée pour ne pas choquer les plus jeunes, la comédie est exagérée et de moins en moins pertinente. Formaté à l'extrême, le scénario ne parvient pas toujours à équilibrer second degré et moments plus sérieux.

En parallèle, Judge Dredd se permet quelques jolies références. Le scénario vient chercher du côté de Mad Max ou de La Colline a des Yeux au cours d’intrigues secondaires parfois plus plaisantes à suivre que l'histoire principale en elle-même. Visuellement, Judge Dredd est agréable et rappelle les designs de Blade Runner. Pour autant, tout laisse à penser que la mise en scène emprunte à d'autres classiques sans réussir à s'en détacher. Par exemple, la poursuite aérienne en vaisseau fait penser à Star Wars : Le Retour du Jedi, Dredd ponctue ses répliques de hochements de tête à la RoboCop. Si toutes ces références restent plaisantes et font parfois sourire, elles empêchent le film de se construire une identité propre. Le spectateur qui espère donc suivre une histoire cohérente et originale ferait mieux de rester à l'écart. A contrario, en ne faisant pas cas de toutes ces imperfections, l'ensemble se laisse suivre et l'opus remplit sa mission première, celle de divertir. Pour peu que le public soit indulgent !
Du côté des acteurs, aucune performance n’est véritablement mémorable. Sylvester Stallone fait de son mieux. Très peu aidé par le scénario, l'acteur a la tête de l’emploi, donne de sa personne et est convaincant dans la peau du Juge. Mais l’interprète de Rocky Balboa est presque embarrassant à chaque fois qu'il essaie de rendre Dredd drôle. Diane Lane incarne, elle, à la perfection le Juge Hershey, mais a bien du mal à exister devant Stallone qui prend presque toute la place dans le film. La relation entre eux sonne faux à certains moments, tout comme leur pseudo amourette, mal amenée et hors de propos. Rob Schneider fait, lui, le strict minimum en termes d’humour et c’est tout ce que le spectateur peut demander tant Fergie manque d’épaisseur et n'arrête pas de ralentir l’intrigue. Armand Assante semble, pour sa part, prendre du plaisir. Comme tout acteur dans un rôle de méchant extravagant, mégalomane et psychopathe, il est amusant à regarder, même si ses objectifs sont incompatibles avec le Juge Griffin. Enfin, Max Von Sydow et Jürgen Prochnow se contentent d’apparitions brèves et sont manifestement sous-utilisés. Une regrettable décision, les acteurs étant sympathiques dans leurs rôles respectifs.

Judge Dredd aurait pu être un bon film et disposait vraiment d'un joli potentiel, si seulement les producteurs avaient eu le courage d’exploiter les bases du comic sans le dénaturer. Tout dans le métrage fait purement commercial, uniquement dans le but de capitaliser sur la popularité de Stallone et de brasser large. Les choix scénaristiques qui auraient pu fournir une réflexion sur le sujet des armes, la violence gratuite et le fascisme sont réduits à peau de chagrin. La fin est également plutôt précipitée et laisse certaines questions en suspens. Un signe des censures et remontages que l'opus a dû subir, notamment autour du climax et le sort réservé aux clones. Si Danny Cannon niera toute perte de contrôle sur son film au cours de la production, la rumeur veut que plus de vingt minutes de violence ont été coupées pour que Judge Dredd puisse être distribué en salles.
Pour la bande originale, il faut compter sur le talent d’Alan Silvestri, compositeur connu pour ses multiples collaborations avec le réalisateur Robert Zemeckis sur Retour Vers le Futur, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Forrest Gump, Seul au Monde et Le Pôle Express. Le musicien signera également les musiques de quelques films Disney et Marvel : Un Amour à New York, Lilo & Stitch, Hannah Montana - Le Film, Captain America - First Avenger, la saga Avengers (Marvel’s Avengers, Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame). S’agissant de la musique, elle constitue sans doute le point fort de Judge Dredd et donnerait presque envie de donner une chance au film. Succédant à Jerry Goldsmith (Alien, le Huitième Passager, Powder, Mulan, Le 13ème Guerrier, Un Cri dans l'Océan), qui quittera la partie en cours de route, Alan Silvestri signe en effet une magistrale partition qui tire l'ensemble vers le haut. Le thème héroïque est d’une grande efficacité, tandis que les morceaux de bravoure, séquences d’action et d’exposition sont magnifiés, faisant presque oublier la lourdeur des dialogues et du métrage.

Judge Dredd sort au cinéma aux États-Unis le 30 juin 1995, après un passage obligatoire devant la censure et d’interminables coupes de la part des producteurs. Le film ne ressemble alors plus du tout à ce qu’il devait être au départ et le public ne s’y trompe pas. Tourné pour un budget conséquent de 90 millions de dollars, il n’en rapporte que 35 millions dans son pays d’origine. Il se rattrape en partie à l’international, atteignant environ 113,5 millions de dollars dans les cinémas partout dans le monde. Une performance honorable, mais globalement décevante au vu des ambitions originelles. Malgré une très forte promotion qui le présente comme le blockbuster de l’été, Judge Dredd fait un four et rembourse tout juste son budget. Un coup dur autant pour Stallone, qui croyait dur comme fer à sa réussite, que pour Edward Pressman et Cinergi Pictures.

Il faut dire que le film récolte de très mauvaises critiques, qui lui reprochent son manque de scénario, d’originalité et de fidélité au matériel d’origine. Le jeu excessif, ou mono-expressif selon certains, de Stallone est aussi moqué et parodié. Il est ainsi considéré comme l'un des pires films de la carrière de l’acteur, qui recevra une nomination aux Razzie Awards de 1995 pour le Prix de Pire Acteur pour sa performance. Parmi les quelques avis positifs, les effets visuels, la mise en scène, les séquences d’action sont appréciés. Le film sera d’ailleurs nommé aux Saturn Awards dans quatre catégories : Meilleurs costumes, maquillage, film de science-fiction et effets spéciaux. Judge Dredd sera aussi adapté en jeux vidéo et romans graphiques. Néanmoins, après son accueil désastreux, le projet de suite est annulé et le Juge Dredd se voit exclu de toute nouvelle adaptation cinématographique.
Il convient ensuite d'attendre 2012 pour voir le personnage tenter de nouveau sa chance sur grand écran. Réalisé par Pete Travis (Angles d’Attaque, Endgame, City of Tiny Lights) et porté par Karl Urban (Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours, Les Chroniques de Riddick, Peter et Elliott le Dragon, Thor : Ragnarok), le nouvel opus, sobrement intitulé Dredd, connaît un succès modeste. Distribué en salles aux États-Unis, il bénéficie d’une sortie limitée à l’international au cinéma, quand il n'est pas directement relégué au marché de la vidéo dans certains pays, dont la France. Il reçoit tout de même des critiques généralement positives, contrairement à son prédécesseur, et se vend très bien en vidéo au point qu’une suite, sous forme de série télé et nommée Judge Dredd : Mega City One, est annoncée.

Sympathique mais embarrassant, Judge Dredd ne parvient pas à trouver le juste équilibre entre violence et second degré, le tout donnant un divertissement du plus bas niveau. Pensé pour plaire au plus grand nombre, il fait plus office de nanar qui ne dit pas son nom. Peu importe ce que le spectateur en attend, Judge Dredd provoque un certain malaise et ne fait pas honneur à son héros, qui n’aura pas résisté, pour cette fois, à sa transition sur grand écran. Restent des effets spéciaux impressionnants, une belle mise en scène et quelques trouvailles visuelles.

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