Titre original :
Peter Pan & Wendy
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 28 avril 2023 (Disney+)
Genre :
Fantastique
Réalisation :
David Lowery
Musique :
Daniel Hart
Durée :
109 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Wendy, une jeune adolescente londonienne, doit quitter la maison familiale pour ses études et laisser derrière elle ses jeunes frères, Jean et Michel. Cette dernière nuit s'annonce donc mélancolique entre jeux nostalgiques et inquiétudes face aux changements. Mais c'est sans compter sur l'apparition de Peter Pan qui emmène par les airs les trois enfants vers le Pays Imaginaire...

La critique

rédigée par
Publiée le 13 mai 2023

Peter Pan & Wendy est un nouveau remake des studios Disney de l'un de ses classiques d'animation même si, en réalité, le long-métrage s'avère bien plus une réinvention de l'œuvre littéraire plutôt qu'un décalque du film de 1953. Il offre ainsi une belle adaptation en prises de vues réelles du bijou animé de Walt Disney, portée par un casting convaincant, des personnages réinventés et approfondis, de belles batailles, une musique envoûtante, une Londres joliment dépeinte mais étrangement un Pays Imaginaire vide et sans magie…

Chose rare dans la littérature, Peter Pan a d'abord vu le jour sous la forme d'une pièce de théâtre en 1904 avant d'être réécrit, sept ans plus tard, en roman. Né le 9 mai 1860 à Kirriemuir, en Écosse, Sir James Matthew Barrie est le neuvième enfant, et le troisième garçon, du couple formé par David et Margaret Barrie. Son père est un ouvrier tisserand tandis que sa mère est une femme au foyer. En 1887, il entre à l'Université d'Édimbourg, d'où il ressort, quatre ans plus tard, diplômé d'une maîtrise. Il travaille alors comme journaliste au Journal de Nottingham avant de s'installer à Londres, à son compte, en 1885. Il épouse en 1894 l'actrice Mary Ansell, pour le meilleur et surtout pour le pire ; son mariage n'étant pas une franche réussite. Il se consolera par exemple de ne pas être père en recueillant les garçons de la famille Llewelyn Davies, devenus orphelins. J. M. Barrie crée Peter Pan en racontant des histoires aux fils de son amie Sylvia Llewelyn Davies ; « Peter » étant le prénom de son troisième garçon, tandis que « Pan » rappelle celui du dieu grec de la Nature. Peter Pan fait sa première apparition imprimée en 1902 dans le livre The Little White Bird. Mais l'auteur développe véritablement son personnage pour les besoins de la pièce de théâtre Peter Pan or The Boy Who Wouldn't Grow Up dont la première a lieu à Londres le 27 décembre 1904. En 1906, la partie de The Little White Bird concernant spécifiquement Peter Pan est publiée de manière autonome sous le titre de Peter Pan in Kensington Gardens et illustrée par Arthur Rackham. J. M. Barrie finit par se laisser convaincre de tirer de la pièce un roman qu'il publie en 1911 sous l'appellation de Peter and Wendy, mieux connue actuellement sous le simple titre de Peter Pan. James Matthew Barrie reçoit par la suite un certain nombre d'honneurs dont un titre de baronnet en 1913 et l'Ordre du Mérite en 1922. Il décède d'une pneumonie le 19 juin 1937.

Walt Disney, en personne, flaire l'énorme potentiel du récit. Dès 1935, il envisage ainsi une adaptation cinématographique bien plus ambitieuse que celle produite, en film muet et noir-et-blanc, par Paramount, en 1924. Il conclut ainsi en 1939 le rachat des droits auprès de l'hôpital de Great Ormond Street de Londres à qui Sir James Barrie avait cédé histoire et personnages. Rien ne semble donc pouvoir empêcher l'adaptation par Disney de Peter Pan. Pourtant, le projet met plus de dix ans avant de rentrer en production. La mobilisation des studios Disney durant la Seconde Guerre mondiale gêne, en effet, considérablement son développement. L'état des finances de la société n'autorise ensuite, au sortir de la guerre, aucun projet de grande envergure. Pis encore : le film a risqué de ne jamais voir le jour ! S'il n'avait pas été, il est vrai, mis en production parallèlement avec Alice au Pays des Merveilles, autre adaptation d'un classique de la littérature anglaise, conspuée alors par la critique, Peter Pan aurait été sans doute, purement et simplement, abandonné. Fort heureusement, le projet est déjà trop avancé pour qu'il soit abandonné. Hors de question de jeter l'argent par les fenêtres : le mot d'ordre est à l'économie, dans cette période d'après-guerre, pour redonner au studio une santé financière satisfaisante. D'ailleurs, le plan de production de Peter Pan utilise comme pour Cendrillon et Alice au Pays des Merveilles une astuce artistique et budgétaire qui consiste, pour réduire les coûts et faciliter le travail des animateurs, à filmer toute l'histoire avec de vrais acteurs. Même si la critique s’avère très circonspecte à l'époque de sa sortie, le 5 février 1953, elle se fait bien plus tendre au fil des années, le considérant désormais comme un classique du Maître de l'Animation. Le public plébiscite le film et en fait un succès au box-office, ses recettes doublant son budget dès sa sortie initiale sachant que l'opus a droit à des ressorties régulières au cinéma jusqu'à la fin des années 1980.

Si l'engouement du public pour l'univers de Peter Pan ne s'est jamais démenti, les studios Disney attendent pourtant les années 2000 pour prolonger ses aventures dans une suite produite par Walt Disney Television Animation, Peter Pan 2 : Retour au Pays Imaginaire en 2002. En 2008, afin de promouvoir la ligne de merchandising autour de la Fée Clochette, Disney Fairies, est proposé, également par DisneyToon Studios pour le marché de la vidéo, le film en animation 3D La Fée Clochette. Le succès étant au rendez-vous, cinq autres opus lui emboitent le pas : Clochette et la Pierre de Lune (2009), Clochette et L'Expédition Féerique (2010), Clochette et le Secret des Fées (2012), Clochette et la Fée Pirate (2014) et Clochette et la Créature Légendaire (2015) sans compter le moyen-métrage Clochette et le Tournoi des Fées qui s'intercale en 2011, le court-métrage Fée Maison en 2014 et la web-série Trop Fée proposée de 2008 à 2015. En 2011, Disney Television Animation continue à exploiter la franchise en proposant la série animée pour Disney Junior Jake et les Pirates du Pays Imaginaire comprenant quatre saisons, plusieurs téléfilms ainsi que des web-séries dérivées.
En parallèle, Hollywood a aussi revisité de nombreuses fois le monde de Peter Pan. Parmi les films les plus emblématiques, il peut être cité Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet de Steven Spielberg en 1991 qui est une suite du film d'animation et du roman, Peter Pan de P. J. Hogan de 2003 qui propose une adaptation fidèle du roman ou enfin Wendy de Benh Zeitlin en 2020 chez Searchlight Pictures qui réinvente l'histoire de façon réaliste et dramatique en se focalisant sur le personnage rôle-titre.

Peter Pan & Wendy est réalisé par David Lowery qui travaille ici pour la deuxième fois avec les studios Disney.
David Lowery, originaire du Texas, est l'aîné d'une famille de neuf enfants. Il réalise son premier film, St. Nick, en 2009 mais se fait connaître grâce à son deuxième long-métrage, Les Amants du Texas, en 2013 en remportant le Grand Prix du Festival de Sundance. La même année, toujours grâce à l'opus, il est sélectionné pour participer hors compétition à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes. Il reçoit alors un coup de fil de Disney qui lui demande de proposer une idée sur un remake de Peter et Elliott le Dragon sans que cela en soit vraiment un, une simple histoire d'un garçon avec son dragon. David Lowery se prête au jeu sans imaginer une seconde qu'un grand studio engagerait réellement un réalisateur venant du cinéma indépendant à petit budget. Et pourtant, il est bel et bien embauché et obtient une liberté totale pour le ton et le récit à porter à l'écran. Suite à cela, il enchaîne sur A Ghost Story en 2017 chez A24, The Old Man and the Gun en 2018 chez Searchlight Pictures et The Green Knight en 2021 une nouvelle fois chez A24.

Peter Pan & Wendy rentre dans la tradition instaurée depuis quelques années par la branche chargée des films live des studios de Mickey : adapter en prises de vues réelles des classiques de l'animation. Il faut de la sorte remonter à 2010 pour voir Disney relancer le genre en grande pompe avec l'adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton. La formule est toute trouvée : une nouvelle adaptation d'un classique de la littérature enfantine, déjà traité par le passé par les studios, avec la vision, si possible, d'un réalisateur de renom. Ainsi, viennent ensuite une préquelle au (Le) Magicien d'Oz avec Le Monde Fantastique d'Oz en 2013 réalisé par Sam Raimi, puis en 2014 La Belle au Bois Dormant avec Maléfique par Robert Stromberg ; en 2015, Cendrillon par Kenneth Branagh ; en 2016, Le Livre de la Jungle par Jon Favreau et Peter et Elliott le Dragon par David Lowery ; en 2017, La Belle et la Bête par Bill Condon ; en 2018, Jean-Christophe & Winnie par Marc Forster ; en 2019 pas moins de deux films avec Dumbo de Tim Burton et Aladdin par Guy Ritchie sans compter le remake CGI du (Le) Roi Lion par Jon Favreau ainsi que La Belle et Clochard proposé directement sur la nouvelle plateforme Disney+ ; en 2020 Mulan de Niki Caro sorti directement sur Disney+ après que la sortie au cinéma a été empêchée en raison de la crise sanitaire de la Covid-19 ; en 2021 Cruella de Craig Gillespie centré sur la fameuse méchante des (Les) 101 Dalmatiens ; et enfin en 2022 Pinocchio de Robert Zemeckis sorti directement sur Disney+. Il faut également ajouter les suites de ces adaptations comme Alice de l'Autre Côté du Miroir en 2016 et Maléfique : Le Pouvoir du Mal en 2019.

Parmi tous ces remakes, se remarquent toutefois deux catégories. La première propose des films qui suivent au plus près le matériel de base, que cela soit le conte ou le film d'animation. Ainsi Cendrillon, Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête ou Le Roi Lion s'inscrivent dans cette veine. L'autre est formée de films qui s'éloignent du matériel de référence pour proposer une relecture de l'histoire originale. Ce fut le cas avec Alice au Pays des Merveilles, Maléfique, Peter et Elliott le Dragon ou Dumbo. Peter Pan & Wendy rentre dans cette dernière catégorie. David Lowery arrive ainsi à suivre un cahier de charges assez difficile : adapter une histoire classique, ayant elle-même servi d'inspiration à l'un des films d'animation les plus célèbres de Walt Disney, le tout en insufflant une vision personnelle amenant aux personnages un aspect plus torturé et moins manichéen. Le réalisateur avoue être fan devant l'Éternel de l'histoire de Peter Pan. Il a voulu pour autant chercher à insuffler un peu de réalisme dans le récit, qu'il a co-écrit avec Toby Halbrooks, afin d'apporter un regard neuf sur les personnages. Il sait aussi que la tâche s'annonce ardue pour que sa vision des choses parle aux fans de l’œuvre tout comme à ceux du film de Walt Disney. De par son aura, Peter Pan est bien plus connu que Peter et Elliott le Dragon et donc son remake bien plus attendu au tournant que la réadaptation de l'histoire de Peter et de son dragon dont la popularité était plus confidentielle. Pourtant, le pari est plutôt réussi. Peter Pan & Wendy arrive en effet à proposer une histoire qui reprend globalement la trame du film d'animation tout en changeant légèrement la personnalité des personnages. Néanmoins, pour vraiment l'apprécier, il vaut mieux appréhender le long-métrage comme une libre adaptation du classique littéraire avez un zeste d'hommage au film d'animation de 1953 mais sans attendre un décalque total du classique de Walt Disney. Ainsi, si la critique a dans sa majorité apprécié la vision du réalisateur, le public lui l'a complètement rejetée. Et ce rendez-vous manqué est fort dommage car si le remake n'est pas parfait, il possède de belles choses et des approches intéressantes.

Ce qui frappe en premier lieu dans Peter Pan & Wendy est sûrement la relation entre Peter Pan et le Capitaine Crochet. Le personnage de Peter Pan s'avère ici être bien plus ambivalent que dans le film d'animation. S'il garde son côté sans peur, bravache, sûr de lui, aventurier, il perd par contre son aspect sympathique. Peter Pan s'avère en réalité bien plus torturé qu'attendu, marqué par une fragilité cachée au fond de lui. Cette envie de profiter du temps figé à l'infini, cette frayeur de grandir, s'ancrent dans une certitude : celle où devenir adulte signifie se transformer en quelqu'un de méchant. Il veut donc que tout reste perpétuellement identique, sans changement à même de bousculer sa routine. Sauf que la vie est faite de bouleversements perpétuels. S'il reste inchangé, tout le reste autour de lui, en dehors du sanctuaire qu'il s'est construit, bouge. Ainsi, quand il quitte son nid pour aller voir comment le monde a évolué, il ne lui reste que la nostalgie et les regrets ; tout ce sur quoi il comptait ayant été balayé par les affres du temps avec son lot de bouleversements. Le personnage du garçon qui ne voulait pas grandir s'avère ici profondément mélancolique, avec une colère contenue dans une apparente jovialité. Le jeune acteur Alexander Molony offre ainsi un jeu convaincant et arrive à proposer un personnage plein de défauts, possédant notamment une certaine méchanceté en conscience, mais qui sait pourtant être touchant. Son parcours dans le film lui permet de comprendre qu'il a besoin des autres tout en mettant des mots sur ses erreurs passées. Il brise enfin la roue perpétuelle dans laquelle il s'était enfermé. Le nouveau film à prises de vues réelles arrive ainsi à dépeindre un Peter Pan beaucoup moins monolithique que son pendant animé.

Le Capitain Crochet est sans doute le personnage qui a le parcours le plus intéressant du long-métrage. À la différence du dessin animé, où il était un dandy méchant, colérique, impulsif mais avec un certain charme, il est ici davantage un être diabolique torturé, froid, empli de haine pour son ennemi. Pour autant, il est lucide sur les raisons de son état et sait qu'il ne peut revenir en arrière et changer. Peter Pan & Wendy approfondit ainsi beaucoup le passé de Crochet grâce aux dialogues des différents personnages : le méchant lui-même bien sûr, mais aussi Peter Pan. Cela permet de changer le point de vue que le spectateur peut ressentir sur le héros et l'antagoniste, dont les raisons de la dispute semblent s'être perdues dans les méandres des souvenirs des deux rivaux. Le Capitaine Crochet s'avère plus touchant, donnant presque envie de lui pardonner sa méchanceté, vu tout ce qu'il a vécu tandis qu’inversement Peter Pan apparaît bien plus égoïste et sans cœur, n'arrivant jamais à comprendre ce que ressentent les autres à son contact et ne prenant jamais en compte leurs sentiments. La grande force du film se trouve donc dans cette relation car Crochet est ce qu'il est devenu à cause de Peter Pan tandis que le garçon qui ne voulait pas grandir peut enfin évoluer, et apprendre de ses erreurs, grâce à la méchanceté de Crochet qu'il a lui même façonnée. La boucle est bouclée : les deux Némésis s'alimentant l'un l'autre dans leur haine mais aussi dans leur rédemption. Jude Law (Le Talentueux Mr. Ripley, Sherlock Holmes, Captain Marvel), grâce à son jeu, apporte une autre dimension à ce personnage iconique, plus émouvante et plus subtile, où derrière l'être violent et implacable se trouve un enfant perdu et rejeté qui voulait simplement revoir sa mère...

Wendy Darling est jouée, quant à elle, par Ever Anderson, fille de Milla Jovovich, qui a été vue récemment dans le film des Marvel Studios Black Widow. Là aussi, la jeune actrice amène une facette différente au personnage. Plus héroïque, plus aventurière, elle est aussi moins avenante et plus colérique que la jeune fille du film d'animation. Si en 1953, elle était censée être une mère de substitution pour les Enfants Perdus ou pour ses frères, Jean et Michel, elle est ici bien moins attentionnée comme le montre d'ailleurs le début du film où elle accuse ses frères au lieu d'assumer la responsabilité de ses actes en tant que grande sœur ayant fait elle-même la bêtise. Dans un premier temps, Wendy est effrayée par le changement, ne voulant pas quitter le domicile familial pour partir faire des études. Cette résistance au fait de grandir va déclencher la venue de Peter Pan et l'aventure qui s'ensuit. Mais, très vite, Wendy se rend compte que le Pays Imaginaire n'est pas du tout ce qu'elle avait imaginé et va vite se disputer avec le héros sur leurs attentes respectives. Elle va rapidement comprendre qu'à l'inverse de ce qu'elle pensait, le statu quo n'est pas ce qu'elle recherche. Elle remarque alors que ses pensées positives sont bien plus dans son avenir que dans son passé, aussi réconfortant qu'il puisse être. L'aspect intriguant de Peter Pan & Wendy naît ainsi dans un récit réorienté de telle façon que c'est bien Wendy qui se place au centre de l'histoire. La véritable héroïne, c'est elle ! Il y a d'ailleurs un beau passage de relais, dans une scène réinventée, très visuelle, où la jeune fille devient le nouveau Peter Pan. Pour autant, elle conserve quelques traits de caractère du film d'animation. Elle est, par exemple, encore la voix de la raison même si en 2023, elle ne résout pas les mêmes soucis qu'en 1953. Dans le classique de Walt Disney, elle convainc ses jeunes frères de revenir à la maison car ils vont manquer à leur mère tandis que dans le nouveau remake elle aide tous les habitants du Pays Imaginaires à évoluer, en particulier Peter Pan et le Capitaine Crochet.

Les autres personnages ont droit également à des changements plus ou moins importants et plus ou moins réussis.
La Fée Clochette s'avère ici bien plus lisse que dans le film d'animation. Elle a perdu son côté colérique, qui est plutôt parti chez Wendy, et son côté jalouse. Il faut dire que dans le nouveau film, la romance vis-à-vis de Peter Pan a complètement été gommée. Clochette devient donc une gentille fée, toujours souriante, seule phare de magie dans un monde qui en est finalement dénué à l'exception d'empêcher les gens de grandir. Si elle est nécessaire à l'action, car sans elle, les enfants tout comme Peter Pan n'auraient pas moyen de voler, elle devient un peu trop transparente dans le reste du récit car elle est bien trop parfaite. Ce sont justement ses défauts qui faisaient du personnage son attrait. Ceci dit, Yara Shahidi, connue pour sa participation dans les séries ABC Signature Black-ish et Grown-ish, arrive tout de même à apporter une certaine tendresse à la fée.
Inversement, Lily la Tigresse, jouée par Alyssa Wapanatâhk, est quant à elle bien plus étoffée. Elle n'est désormais plus une princesse en détresse à sauver mais prend directement part à l'action et va même avoir un rôle primordial dans le film. De plus, sa représentation est bien plus respectueuse dans la façon de dépeindre les Amérindiens, n'hésitant pas à la faire parler régulièrement son dialecte.
Monsieur Mouche (Jim Gaffigan) conserve, lui, toujours son côté débonnaire comme son pendant animé. Il est néanmoins bien moins bavard. Il gagne, par contre, et c'est assez intéressant pour le noter, un côté paternel totalement absent du classique de 1953. Dans le remake, le spectateur remarque que le vieux matelot agit vis-à-vis de Crochet comme un parent adoptif, le regardant souvent avec tendresse et respect, et ce malgré le caractère cruel et torturé de son Capitaine qu'il a élevé avec ses coéquipiers.
Michel (Jacobi Jupe) et Jean (Joshua Pickering) tout comme les Enfants Perdus sont eux bien plus bien anecdotiques que dans le dessin animé, même si les acteurs qui les incarnent sont tous au demeurant sympathiques et passent bien à l'écran. En particulier, les deux garçons Darling perdent beaucoup de présence par rapport à 1953. Aucune scène ne leur est dédiée : mis à part leurs nombreux kidnappings, ils n'arrivent jamais à briller et restent toujours dans l'ombre de leur sœur Wendy.

L'un des points noirs de Peter Pan & Wendy, qui a d'ailleurs gêné la quasi totalité du public, y compris la plupart de ceux ayant aimé cette nouvelle proposition, est sûrement l'apparence du Pays Imaginaire. En cherchant le réalisme à tout crin, David Lowery a voulu rendre son histoire très palpable. Il a ainsi choisi de tourner son film aux Îles Féroé, au nord de l'Écosse. Si les paysages sont objectivement magnifiques, ils sont malheureusement un peu vides et froids. Surtout, ils ne représentent pas du tout la vision universelle du pays de Peter Pan que les spectateurs s'imaginent, non seulement magique mais surtout chaleureux et tropical. Ici, la situation nordique de l'île se remarque tout de suite, et l'ambiance austère est accentuée par une photographie assez terne et kaki. De plus, à la différence du film d'animation ou des autres adaptations, une visite des lieux n'est pas offerte, ou du moins juste esquissée. Ainsi, les sirènes ou la tribu des indiens sont montrées de façon furtive à travers un seul plan pour chacune d'elles. Même l'apparence extérieure du Rocher du Crâne est proposée de façon tronquée. Finalement, comme les seuls éléments magiques réellement présentés dans le film sont les pouvoirs de la Fée Clochette, personnage plutôt transparent, il se dégage bien plus de la mélancolie et des regrets dans ce Pays Imaginaire, à l'image de ce que ressentent ses deux résidents principaux, devenus ennemis depuis qu'ils ont oublié la raison de leur lutte intestine, tombés qu'ils sont dans une routine assassine. Tout ceci donne au final une ambiance assez morne au film, qui, si elle colle parfaitement à l'histoire réinventée, n'est pas celle attendue par le grand public pour une histoire de Peter Pan.

Pourtant, Peter Pan & Wendy ne manque pas d'atouts techniques et visuels à commencer par des effets spéciaux plutôt convaincants pour une production prévue dès l'origine pour une plateforme de streaming. Le survol de Londres est ainsi réussi jusqu'au passage de Big Ben. L'envol du bateau du Capitaine Crochet et la bataille final sont aussi impressionnants. Il faut également saluer la qualité des costumes, que ce soit ceux des enfants tout comme ceux des pirates. Après, visuellement, tout n'est pas fatalement bien senti ; le crocodile étant plutôt hideux par exemple.
Pour la musique, David Lowery fait de nouveau appel à Daniel Hart avec qui il a déjà travaillé sur tous ses films dont Peter et Elliott le Dragon. Le compositeur offre une belle partition avec des morceaux vraiment épiques, magnifiquement orchestrés. Il s'amuse, par exemple, lors du survol de la capitale britannique à reprendre certaines notes instrumentales de la chanson de 1953 Tu T'Envoles. Si aucune chanson du dessin animé n'est reprise, le nouveau long-métrage en propose tout de même trois petites nouvelles plutôt sympathiques : la berceuse Devenus Grands et les deux ritournelles des pirates, À la Mort, à la Vie et Adieu, Bon Vent, Mon Ami.

Mal aimé du public, Peter Pan & Wendy possède pourtant plusieurs beaux atouts à condition que le spectateur ne cherche pas à y voir une adaptation du film d'animation mais plus une réinvention du classique littéraire. Il offre ainsi un bon moment porté par des personnages travaillés et torturés, interprétés par un casting globalement convaincant. Une certaine mélancolie se dégage de l'ensemble, ce qui rend son approche intéressante et originale. Il est juste dommage que la photographie et l'apparence du Pays Imaginaire soient bien trop ternes et maussades pour convaincre de s'y laisser transporter...

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